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[Rp] Au marché de Vannes

Domdom
Un vent glacial chargé d’humidité venu du proche océan soufflait sur Vannes depuis la veille.
Peu de monde au marché ce matin , aussi bien chez les marchands que du côté des chalands.
Rabaissant sa capuche , tout en se frottant les mains pour se les réchauffer , un grand brun frissonna en s’approchant de l’étal du père Kervallec :


Pas chaud Père Yanneg , s’pas ?

Comme v' dites , sergent . C'temps, ça fait pô v'nir l'client


La réponse du boulanger fit sourire l’encapuché :


Je ne suis plus sergent , mon brave
Je viens vous voir en tant que client , car j’ai besoin de bonnes miches pour partir en voyage vers le sud .


Partez où serg…euh…M'sire Dom ?

Haussement d’épaules du Normand :

Bah…Où le vent m’emportera , mon ami …
Disons qu’ actuellement , il souffle en direction de l’Angoumois
Mais le vent est un malin, il tourne souvent sa veste.


D’un oeil avisé , Dom commençait à apprécier la qualité des miches de pain posées sur l’étal ;
Il les aimait comme les femmes : croustillantes à l’extérieur et moelleuses à souhait à l’intérieur.


Il me faut des produits qui se conservent longtemps, Père Yanneg .
Passé Rieux , je ne pourrai plus me ravitailler avant Niort.
Je sais qu’avec Dame Aalys, vous êtes le meilleur boulanger de Vannes.
J’ai confiance.


Le boulanger accueillit le compliment avec un petit rictus :

Vous êtes gentil , mais ce n’est pas ce que me disent certains autres clients .
Un jour trop cuit…L’autre pas assez…trop salé….
Pfff…heureusement qu’j’aime mon métier, sinon y a longtemps qu’j’aurais éteint l'four.


Sourcil en accent circonflexe du Normand qui répondit au petit moustachu d’un haussement d’épaules:

vous savez , les gens…même en leur donnant, ils ne seraient pas encore contents
D’ailleurs, ça me rappelle une histoire qu’on m’a contée dans ma ville d'origine, à Bayeux…



Les pouces passés dans sa ceinture, le calvaphile s'adossa à l'étal du boulanger et commença à raconter son histoire , sous l'oeil distrait du commerçant :

Cette histoire se passe il y a longtemps , en Normandie , mais elle pourrait tout aussi bien se dérouler ici même et aujourd'hui...

Le colosse se râcla la gorge et commença son récit :

«Un jour , Maître Gauthier dit à Jeanjean son fils, alors qu’il atteignait sa douzième année :
- Demain, tu viendras avec moi au marché.
Tôt le matin, ils quittèrent la maison.
Maître Gauthier s’installa alors sur le dos de l’âne, son fils marchant à côté de lui...

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Quatre murs et un toit...et un vieux chêne : http://kersplann.forumactif.net/
Domdom
Petit à petit , quelques Vannetais , frigorifiés mais curieux , attirés par le timbre clair de la voix de l’encapuché , s’étaient approchés de l’étal de Kervallec.
Domdom haussa un peu la voix , de façon à ce que tout le monde puisse écouter la suite de l’histoire :


« A l’entrée de la place du marché, Maître Gauthier et de son fils furent l’objet de railleries acerbes :


- Regardez-moi cet homme, il n’a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.

Maître Gauthier dit alors à Jeanjean d'un ton calme et posé :
- As-tu bien entendu , mon garçon ? Demain tu viendras encore avec moi au marché ! »


Des gamins dépenaillés , arrivés comme un vol d’étourneaux , s’étaient joints au groupe d’auditeurs et se donnaient des coups de coude dans les côtes , en poussant des cris et en gesticulant.
Un froncement de sourcils du conteur les rappela vite à l’ordre et tout ce petit monde écouta sagement :

« Le deuxième jour, Maître Gauthier et son fils firent le contraire de la veille : Jeanjean monta sur le dos de l’âne et son père marcha à côté de lui.
A l’entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s’écrièrent :


- Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l’âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied ! »

Dom fit une pause dans son récit et considéra son auditoire .
Malgré le froid et la brume poisseuse qui collait les vêtements à la peau , accentuant encore plus la sensation glaciale , tout le monde était suspendu à ses lèvres .


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Lastree
Tout le monde, y compris la petite brune aux yeux gris emplis de larmes, que fort heureusement la capuche de sa mante cachait.

Elle aussi était venue faire quelques provisions pour le voyage qui l'attendait, elle ne savait pas combien de lieues la séparaient de l'île qu'elle allait rejoindre.

C'était la voix tant aimée qui l'avait guidée, et elle l'écoutait avec avidité, se rappelant le temps où il lui envoyait ses contes par missives ...
Quand avait-il perdu cet amour là ? Quand avait-il oublié d'être lui ?

Alors qu'elle allait partir, ce récit était comme un cadeau inattendu qui venait réchauffer son coeur ... cet amour là n'était pas mort avec elle, et il renaîtrait dès que l'éloignement permettrait au colosse normand de respirer ... enfin.

Elle l'observa tandis que ses mains et son visage s'animaient de la flamme des scelaig ... encore une chose qu'ils n'auraient pas menée à terme ... l'histoire de leur amour.

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Domdom
Le cercle de l’assistance s’élargissait peu à peu , au fur et à mesure des arrivées : femmes aux longs manteaux d’étoffe épaisse noire ,certaines serrant d’étiques formes faméliques tout contre leur sein , paysans taiseux au regard de charbon , voyageurs , baluchon à l’épaule , gamins piaillant et se courant après , passant entre les grappes serrées d’adultes captivés par le conte.

Le conteur allait reprendre le cours de son récit , lorsque son attention se trouva soudain captée par une forme grisâtre , parmi son auditoire.

C’était elle … Du moins ,ce qu’il pouvait en voir…
Son cœur et son âme l’avaient reconnue bien avant son cerveau…
Sentant un fulgurant éclair lui traverser le corps de part en part , l’encapuché crispa ses doigts sur le bois de l’étal sur lequel il s’était appuyé , à en blanchir ses jointures.

Déjà , des murmures et des grognements fusaient de la foule :


Alors sergent…la suite…
On s’les gèle , alors hâtez vous , didiou…


Le regard prisonnier de cette furtive vision essayait de la suivre parmi les mouvements de la foule se frayant le passage entre les membres immobiles de l’auditoire.


Cette scène, Domdom avait l'impression de l'avoir déjà vécue , des flashes lui revenaient à la surface de la mémoire .

C’était l’été dernier .
A la fête de la mer .

Ce jour là , Dom était appuyé contre un mur et écoutait Oban , son ami Fougerais , conter une histoire de mer.
Un mouvement de foule avait soudain découvert la même silhouette qu’aujourd’hui , comme le reflux de la marée qui dénude la grève.

La vie du Normand s’en était trouvée chamboulée : le véritable début de leur histoire commune.
Se pouvait il qu’aujourd’hui , dans quasiment les mêmes circonstances, c’en fut la fin ?

Le colosse aux yeux noisette en refusait l’éventualité : leur Amour survivrait au temps , à l’absence , à l’éloignement , il le fallait, il le voulait…

C’est mécaniquement , la cherchant toujours du regard qu’il continua son récit :




« Maître Gauthier se pencha vers son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras de nouveau avec moi au marché !

Le troisième jour, le père et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l’âne derrière eux, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d’eux :


- Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n’en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l’âne est fait pour porter des hommes


Maître Gauthier confia à nouveau à Jeanjean :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché ! »


N'y tenant plus , le Normand ,arrêta de nouveau sa narration : il fendit les premiers rangs et se planta devant Lastree , lui relevant la tête , entre ses mains en coupe.
Le visage qu'elle lui tendit alors le foudroya une seconde fois.

Après un échange de regards chargé d'amour mais aussi de chagrin contenu , il lui prit la main et l'emmena avec lui , reprenant sa place initiale , tout contre l'étal du boulanger et annonça à haute voix :


Messires...Dames ...avant de continuer...
Laissez moi dédier cette histoire à celle qui rythme les battements de mon coeur , que vous voyez à mes côtés , là , devant vous...

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Lastree
Elle su à son regard qu'il l'avait reconnue et tenta de se faufiler à travers la foule pour ne pas déconcentrer son récit, d'ailleurs déjà certains auditeurs s'impatientaient ...

Il reprit, sans jamais quitter sa trajectoire des yeux et si elle regardait ceux qui l'entouraient pour ne pas les bousculer, elle sentait son regard sur elle à chacun des mots qu'il prononçait.

Moment d'intense panique lorsqu'il termina cette partie du récit ... il avançait tel un vaisseau fendant les flots, droit sur elle et elle sentit son corps se ratatiner à mesure que la distance qui les séparait s'amenuisait.

Un regard, un geste tendre, un serment à demi avoué et il l'entraîna devant l'étal, face à la foule des amis, des voisins, de ceux qui étaient le coeur de Vannes.


"Messires...Dames ...avant de continuer...
Laissez moi dédier cette histoire à celle qui rythme les battements de mon coeur , que vous voyez à mes côtés , là , devant vous..."


Elle qui n'aimait pas être au centre de l'attention était servie!
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Domdom
Dom s’en voulait un peu d’avoir forcé la main à Lastree , dont la discrétion était une vertu reconnue et appréciée de tous , mais dans l’urgence de la situation , il avait fait fi de toute pudeur.
Après tout , il partait pour un long voyage ce soir et elle partirait bientôt pour une très longue retraite.
Le grand brun voulait profiter de ces dernières heures Vannetaises et les passer en compagnie de sa compagne était loin d’être un supplice.
Il savait que s’il n’était pas allé la chercher au milieu de la foule, elle ne se serait pas manifestée.

Tenant fermement la main gantée de sa belle dans ses paluches de batelier , l’encapuché continua , sentant que l’assemblée s’impatientait vraiment :




« Le quatrième jour, lorsque Maître Gauthier et Jeanjean quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l’âne. A l’entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :


- Regardez ces deux-là, ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête !

Maître Gauthier confia alors à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché ! »



Ce n’était pas la première fois que le Normand prenait la parole en public pour conter, même s’il préférait réserver la primeur de ses histoires à ses enfants : il savait donc comment tenir un auditoire en haleine .

Il sentait que ce matin , les Vannetais ne tiendraient plus longtemps avec ce froid mordant comme un loup.
Aussi décida-t-il d’accélérer son histoire :



" Le cinquième jour, Maître Gauthier et son fils arrivèrent au marché portant l’âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire :


- Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos.

Et Maître Gauthier de dire dit à Jeanjean :
- As-tu bien entendu ?
Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer. »


Une fois le conte fini , après avoir jeté un coup d’œil de connivence à la Fille de Lune ,l’encapuché considéra la population toujours massée face à eux.
Il aimait sentir les réactions de ses interlocuteurs , parfois débattre sur leur perception et leur analyse de l’histoire contée.
Le vieux Kervallec passa devant son étal et le remercia chaudement, lui prenant les mains dans les siennes :

Merci …merci m’sire Domdom…
Non s’lement vot’ histoire était très interessante, mais en plus , vous m’avez fait faire des affaires : regardez , plus une miche de pain sur mon étal !


Dom se retourna alors en direction de l’étal que le boulanger montrait du doigt : toutes les miches et brioches avaient disparu !

Se retournant vers Lastree, il l’interpella d’un air faussement contrarié :


Bon…Eh bien…Il ne me reste plus qu’à trouver un autre fournisseur..
Vous m’accompagnez, chérie ?


La belle ovate lui tendit la main et ils se fondirent dans la foule qui déambulait entre les étals .
L'un comme l'autre savaient que le temps leur était compté désormais et ils voulaient que ces derniers instants passés ensemble avant très longtemps fussent des moments d'éternité
.

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