--Meneur_du_jeu
[HRP : Post plus que fortement inspiré du début de La Peste, de Camus.]
Rappel : Le RP est ouvert à tous, mais il y a quelques règles à suivre. Voir le topic HRP pour toute remarque ou question.
Rappel : Le RP est ouvert à tous, mais il y a quelques règles à suivre. Voir le topic HRP pour toute remarque ou question.
Les curieux événements qui font l'objet de cette chronique se sont produits en 1458, à St-Aignan. De l'avis général, ils n'y étaient pas à leur place, sortant un peu de l'ordinaire. A première vue, SA est en effet une ville ordinaire, dans un Duché presque ordinaire. La ville n'est pas morte, mais pas exceptionnellement vivante non plus. Les jours de marché, la foule se presse dans les rues trop étroites : on ne peut plus vivre alors qu'à l'abri de ses propres murs.
St-Aignan est une ville du Berry et, comme telle, divisée en deux clans : ceux qui ont le temps, et les autres, les travailleurs acharnés, bisounours, tamagos...
Les Berrichons travaillent beaucoup, mais jamais pour s'enrichir. Ils s'intéressent bien plus à la forêt qu'au bois qu'ils y coupent, et ils s'occupent d'abord, selon leur expression, de s'abreuvager.
Naturellement, ils aiment aussi les gazoutes, le tir à la corde et la soule. Très raisonnablement, ils réservent ces plaisirs aux samedis et dimanches. Le reste du temps, ils essaient de gagner de quoi boire. Le soir, lorsqu'ils quittent la mine, les champs ou l'échoppe, ils se réunissent à heure fixe dans les tavernes, ils se promènent sur les remparts ou ils restent à l'abri chez eux, dans leur ville trop tranquille.
On dira sans doute que ce n'est pas particulier à St-Aignan, et qu'en somme, tous les sujets du roy de France sont ainsi. Sans doute, rien n'est plus naturel, aujourd'hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre au ramponneau ou en bavardages le temps qu'il leur reste pour vivre.
Mais il est des villes où les gens ont, de temps en temps, le soupçon d'autre chose. St-Aignan, au contraire, est une ville sans soupçon.
Il n'est pas nécessaire, en conséquence, de préciser la façon dont on se jaspine chez nous. Les uns et les autres, ou bien font dériver rapidement le débat en un odieux dialecte appelé hacherpé, qui nécessite l'intervention divine pour bâillonner tout le monde, ou bien s'engagent dans une longue habitude à plusieurs, les protagonistes changeant au fil des déménagements lassés.
Entre ces deux extrêmes, il n'y a pas souvent de milieu. Cela non plus n'est pas original. A St-Aignan comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de se jaspiner sans le savoir.
Arrivé là, on admettra sans peine que rien ne pouvait faire espérer aux Berrichons les incidents qui se produisirent à l'orée de l'hiver 1458 et qui furent, nous le comprîmes ensuite, comme les premiers signes des graves événements dont on se propose de construire ici le récit.
Mais il est peut-être temps de laisser les commentaires et les précautions de langage pour en venir au récit lui-même.
Le matin du 14 décembre 1458, une jeune fille sortit de la mairie et butta sur un rat mort, au milieu du parvis. Sur le moment, elle écarta la bête sans y prendre garde et descendit en direction de l'église, mais ...