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[RP]La peste.

Johanara
Lignières , Jour 1.


Le Château de Lignières se dessinait majestueux entre les grandes cimes de la forêt de Meillant. La sylve si verdoyante à l’accoutumée , était d’ivoire, la neige ayant recouvert et les arbres et la pierre.

Au milieu de cet écrin d’albâtre, le domaine paraissait singulièrement quiet.

Pourtant…

La porcelaine fine se brisa avec grand fracas sur les murs de la vaste salle à manger. Alors que la valetaille désertait l’office de peur de subir le courroux de la jeune Baronne, cette dernière s’empara d’une dernière assiette qui vint se briser au pied d’un pauvre marchand apeuré et tremblant.

Plissant son joli nez moucheté de quelques tâches de rousseur, Johanara mira avec satisfaction les débris d ‘un service de vingt pièces dont la valeur aurait suffi à endiguer la disette dans le bourg voisin.

Puis ses larges prunelles vertes ourlées de miel , étincelantes d’ire, fixèrent le malheureux qui tordait fébrilement les bords de con couvre-chef élimé.


Et bien? N’avais je point exigé la perfection? Au lieu de cela, vous me livrez des assiettes ébréchées dont le liserai d’or est aussi droit que votre nez rougeaud! Vous serez payés, je n’ai qu’une parole, mais foi de Lignières, vous ne quitterez pas ce Castel tant qu’il demeurera ne serait ce qu’un infime fragment de cette vile porcelaine sur mes sols! Allons mettez vous à l’ouvrage avant que ma grande clémence ne s’estompe et que vous soyez jeté aux oubliettes!

Lasse, la belle rouquine quitta la pièce sans un regard pour le bougre. Sa chambrière, la blonde et replète Mathilde lui emboîta le pas et se risqua à souffler :

Ma dame, ces assiettes étaient convenables, ce n’est pas comme si vous receviez quelque Duc ou Marquis…

Les yeux de la Baronne se firent plus brillants encore et forcèrent la volage jeune fille à baisser les yeux sur ses chausses.

Suffit. Encore une sottise de la sorte et je t’envoie comme lingère dans mon Château en Armagnac! Finies les culbutes dans le foin avec mes jolis valets , il n’y a que des vaches et de vieux domestiques là bas, si âgés que même ta croupe rebondie ne saurait les réjouir! Il vaut mille Ducs et je veux que le Château lui paraisse un véritable havre de félicité dont il ne voudra plus repartir.

Soudain le regard limpide de la dame aux Lys se fit plus inquisiteur et scruta avec minutie sa bonne , qui peut farouche et dotée de courbes plus qu’alléchantes multipliait les frasques amoureuses et les damoiseaux dans sa couche. Voilà qui plairait sans nul doute à son coureur d’angevin amateur de ribaudes et habitué notoire de lupanars.

Nous allons te faire couper cette abondante chevelure blonde. Ce n’est pas décent. Et puis cela doit te gêner dans tes tâches quotidiennes…

Devant la bouille contrite de sa domestique, Johanara laissa un profond soupir s’échapper de ses lèvres carminées.

Soit… Mais tu ne lui parles pas, tu le ne regardes pas, tu ne respires pas même devant lui. Si tu…

Quelques criements venant de l’office arrachèrent la Baronne à ses récriminations et harangues.

Ce basin empoté se sera certainement coupé…

Lorsque Johanara trouva le marchand recroquevillé dans un coin de la pièce, elle se précipita vers lui. .

Montrez moi lui souffa-t-elle avec douceur, toute arrogance et suffisance ayant quitté sa voix harmonieuse et légèrement rauque.

Etes vous blessé? Dois je faire quérir un médicastre?

Il secoua vivement la tête avant de désigner le sellier du doigt, interdit. Haussant l’un de ses sourcils joliment arqué, la jeune femme souleva ses jupons de soie azurée avant d’approcher à tâtons de la porte entrouverte.

Et d’hurler à son tour….


Mathilde!!!!!!!! A moi! A moi!! Le Château est assiégé!!! On nous attaque! On nous tue!!!!! Des rats!!!!! Malepeste mon épée! Mon bouclier ! Mon Heaume!!! Sus à la vermine!

L’invasion du Berry par ces sympathiques rongeurs n’avaient point épargné le domaine de la sulfureuse rouquine…
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Eriphile
[Sancerre, Jour 1, où quand Rattus Rattus colonise le nouveau monde. Premiers coups de canons sur le champ de bataille de Raterloo.]

Pour Eriphile, la matinée avait été une épreuve, car les rats qu'elle avait découvert dans sa chambre n'était pas les seuls et de toute part, des rats émergeaient des entrailles de la maison, couinant et trottant à travers les couloirs. La maisonnée s'était activée, Eriphile courait de chambre en chambre ; Pandorha était sortie avec Alexia et c'était donc à elle, jeune fille de onze ans, à qui revenait la lourde responsabilité de faire régner l'ordre en ces lieux.

"Berthe ! lâchez donc votre rôti et venez aider les autres ! Si vous ne faites rien, les rats l'auront bientôt dévorer!
Erasme ! Une tapette, apportez-moi une tapette, il y a un nid dans ce mûr là !
Miriam ! Cessez de geindre comme une gamine de ..."


Une gamine de onze ans, c'est ça? comme Eriphile quoi ? Bon et bien alors...

"Oui cessez de geindre comme une gamine et essayez d'y mettre autant de force que vous n'en avez quand vous pensez qu'on ne vous entend pas à la cave avec le garçon de cuisine!"

Euh... cette remarque, elle aurait pu s'en passer, mais il faut bien motiver les troupes

Sur l'étagère, Eriphile aperçoit un livre qui bouge, La Peste, de Bertal Musac, une lecture sordide à n'en pas douter. Soudain, elle voit affleurer un petit nez rose. Sans hésiter, la jeune file se saisit d'une carafe en verre fin de célèbre facture. D'un pas rapide, elle s'avance vers l'étagère, arme son bras et abat le lourd récipient sur le livre.

Dans un fracas assourdissant, l'étagère et la carafe volent en morceau. Eriphile, surprise par la puissance du choc est tombée à terre et se relève en chancelant. A l'autre bout de la pièce, elle aperçoit une queue rose qui file à toute allure.

"NON! Il ne s'en sortira pas! NON! NON! NON! Il n'est pas dit qu'on réussira à m'échapper à MOI!"

Enragée, elle se précipite vers le rat, son pied cogne une table qui se renverse sur son passage, Eriphile s'effondre.

"Reviens là ! Reviens là ! J'ai dit reviens là être infecte, absurdité de la nature. Je vous abhorre fétides créatures!" Autant de mots charmants sur une si adorable frimousse...

Loin d'être de s'avouer vaincue, Eriphile, plus déterminée que jamais, rampe à quatre pattes dans la direction qu'a emprunté le rat. Derrière elle, elle entend des pas, ce sont les domestiques, qui, au fait du vacarme qui provenait de la pièce, avaient commencé à s'inquiéter pour leur très jeune maîtresse.


"Oui, du renfort ! Il me faut du renfort ! Les chiens, allez chercher les chiens !"
"Madame reprenez vos esprits ! Qu'on aille cherchez un verre d'eau pour Mademoiselle de Hennfield, elle se sent mal."

Martine s'approche d'Eriphile et l'attrape par le bras pour l'aider à se relever, mais Eriphile dans un excès de fureur, la repousse et s'agrippe aux meubles pour se redresser.

"Non ! Je n'ai pas besoin qu'on m'aide!"

Soudain, Eriphile suspend son geste. Elle est là, dans le salon. Partout dans la pièce gisent des bris de verre et des éclats de bois, la moitié des meubles sont à terre. Mais sur le visage dément de la jeune fille apparait un large sourire ! Ses yeux pétillent, sur son front une goutte de sang perle d'un plaie légère. La guerre, alors ils veulent la guerre!


"Et bien ils l'auront la guerre! Les chiens, les chiens... Quelle cruche! Non, ce sont les chats qu'on va lâcher. Trouvez-moi des chats! Tout de suite!"
Anne_blanche
Jour 1, Bourges, Université

Un peu curieuse, Anne regardait autour d'elle. A Vienne, elle n'avait jamais eu l'occasion d'entrer dans le bureau de Dame Ulan. Elle s'était imaginé qu'il y avait partout des parchemins, reliés ou en volumes, comme dans son propre bureau à l'Académie Royale, mais aussi des tas d'autres objets, tous ces nouveaux outils dont on se servait pour naviguer, par exemple, et sur lesquels elle ne savait mettre de nom, ou des potions, des objets du culte, des truelles, des armes diverses et variées ; bref, tout ce qu'elle imaginait nécessaire à l'exercice de l'enseignement.
Or, elle ne voyait rien de tout cela. Tout était soit bien rangé dans les coffres, soit dans une autre pièce. Ou alors ... Mais oui, bien sûr ! Dame Ysabeau n'avait pas encore eu le temps de remettre en place tout ce qu'elle avait dû retirer de son bureau quand le duc l'avait limogée.


Oui, sans nul doute je viendrai vous rendre visite à Aupic, dès que poss...

La rectrice n'acheva pas sa phrase. Alarmée, Anne se demanda quelle bévue elle avait bien pu commettre. Elle s'était pourtant comportée selon les règles de la bienséance !
Elle s'avisa bien vite qu'elle avait fait erreur en interprétant comme de la contrariété les rougeurs de Dame Ysabeau. Celle-ci lui expliqua qu'elle avait pris froid sur la route de Sancerre. Elle semblait effectivement bien mal.


Votre voyage s'est bien passé ? Vous comptez rester quelque temps en Berry ? Je vous invite à Sancerre, si vous voulez...


Ce n'était pas le moment de se lancer dans le récit de l'aventure qui avait failli leur coûter la vie, quelque part entre Rennes et Rohan. Anne se serait plus volontiers étendue sur les raisons qui l'avaient amenée en Berry. Dame Ysabeau avait connu son époux, et celle qui, pour l'instant, était encore sa vassale. Elle comprendrait.
Mais pour cela non plus, ce n'était manifestement pas le moment.
Anne refusa le siège offert.


Dame, je ne puis rester plus longtemps. Mes enfants sont seuls à Aupic avec les servantes. Mais vous me semblez bien souffrante.

Moui... Tellement souffrante qu'Anne était partagée entre l'envie de prendre ses jambes à son cou et une compassion qui la poussait à rester. Elle coupa la poire en deux.

Je vais mander pour vous un mire. On m'a parlé, à St-Aignan, d'une dame Astérie. Étrangement, ils parlent d'elle, là-bas, comme d'une médicastre, mais semblent pourtant accorder plein crédit à son savoir.

Ce n'était point le parchemin qui manquait en ces lieux. Les plumes non plus. Anne griffonna rapidement quelques lignes, de cette écriture maladroite qui la navrait, mais qu'elle n'était jamais parvenue à corriger, et chargea l'huissier de la porter au plus vite à la dame Astérie.

Elle ne saurait tarder. Reposez-vous, Dame, en l'attendant. Je ferai prendre tantôt de vos nouvelles.

Une révérence, et elle quitta les lieux, mal à l'aise.


Jour 1, Aupic


Le coche la ramena à Aupic alors que l'après-midi était déjà bien avancé. On ne devait pas être loin de vêpres. Il faudrait trouver un chapelain, pour les offices, si l'on s'installait ici. La solution la plus simple serait de ramener le vieux Père Comis, quand on retournerait à Vienne pour y toucher le produit de la vente des terres. Il confirmerait le baptême de Sylvain et Anne-Marie, et instruirait les deux enfants en françois, latin, grec, astronomie, arithmétique ... comme il l'avait fait pour Anne. Son savoir était vaste, ses poches aussi, qui regorgeaient d'oublies et de poires surettes.
Anne se rendit tout de suite dans la pièce dont elle avait fait son salon, au premier étage. Elle était suffisamment vaste pour que les enfants y jouent à leur aise, suffisamment petite pour être aisément chauffée. Henry avait déniché dans les greniers quelques tapis, dont les couleurs étaient fanées, certes, mais qui isolaient bien des dalles. La jeune femme avait l'intention d'y rédiger quelques courriers, à destination des rares amis qu'elle comptait à Vienne. Elle eut une moue de contrariété en découvrant que Sylvain était déjà là. Il allait encore s'agiter, faire du bruit, babiller...


Le bonjour, Sylvain. Ne pouvez-vous jouer dehors, tant qu'il ne neige point ? Vous devriez profiter de ...


Elle s'interrompit. L'enfant était étonnamment calme, anormalement sage. Anne s'approcha.

Vous avez froid, malgré le feu ? Demandez à Matheline votre surcot fourré.

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Asterie
[Jour 1 au château de Bourges début après midi.]

Asterie sortit de son bureau passa devant plusieurs bureaux salua les uns et les autres.
Puis elle se dirigea vers la taverne du château son ventre commençait à crier famine.
On lui servit un repas une fois restaurer elle rendit aux écuries du château pour prendre sa voiture et se rendre à Saint Aignan …
Elle se rendit aux écuries qui se trouvaient un peu en dehors du Château …


Bonjour Maitre Ambparé,

Bien le bonjour Dame Asterie

Maître Asterie comment va votre journée ?

Bien le bonjour Messire comme vous porter vous aujourd’hui.

Par Aristote Dame je me porte très bien.

J’en suis ravie bonne journée à vous …

Elle remarqua quelques rats morts aux bords des ruelles.
Elle posa un mouchoir sur son nez non que les odeurs la répugnaient, non elle en avait l’habitude mais là…c’était différent.
Elle continua son chemin.
S’arrêta devant l’échoppe de Maître Barbier.
Il se tenait devant son échoppe.


Bien le bonjour Maître Ambparé comme se porte votre personne en se jour ?

Asterie sourit très bien Maître Barbier et vos affaires ?

Elles se portent très bien. Et vous ? Dites moi n’avez-vous pas senti une odeur plus persistante que les autres jours ?

Oui c’est étrange il faudrait nettoyer un peu tout cela.

A peine eu t’elle terminer qu’une servante déversa quelques eaux souillés non loin de là dans les rigoles…

[Aux portes de Bourges Direction Saint Aignan]

Asterie s’installa dans la voiture puis cala un coussin.
Un garde arrêta la voiture après avoir reconnu son blason.


Maître Ambparé on m’a demandé de vous demander de vous rendre à l’université si je vous voyais.

Je viens du Château je dois me rendre à Saint Aignan que s’y passe t’il ?

Ben sait pas moua on m’a dit Albert si t’y voit Maître Asterie dit lui faut qu’elle aille à l’université c’est important !


Elle soupira...

Important n’y a-t-il donc personne d’autres qui …

Ben moi j’fais c’qu’on m’dit !

Oui je me doute bien. Et bien retournons y …
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Sylvain_d_aupic
[Aupic, jour 1]

Sylvain était auprès d'un feu crépitant quand sa mère rentra au château. Les frissons n'avaient cessé d'augmenter, la fatigue devenait à chaque instant plus intense. Sylvain n'avait jusqu'alors été que très rarement malade, aussi vivait il difficilement les symptômes tels que la fièvre et les nausées qui le tiraillaient.

Le bonjour, Sylvain. Ne pouvez-vous jouer dehors, tant qu'il ne neige point ? Vous devriez profiter de ...

Vous avez froid, malgré le feu ? Demandez à Matheline votre surcot fourré.



Sylvain se leva pour s'executer mais ne se sentait vraiment pas en forme

Oui Mère, je crois également que je vais aller m'allonger, je me sens vraiment...

Le jeune garçon n'acheva pas sa phrase. La fièvre, trop forte déclencha chez lui une crise de convulsions. Celle ci fût impressionnante mais brève. Quelques instants plus tard, Sylvain était allongé sur le sol, inconscient...
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Sylvain d'Aupic
Clealan
Il était finalement revenu à l'Archange, il commenca pa renger un peu, lentement, il ne se sentait pas dans son assiette, son mollet le démangeait, il allait au ralenti comme nimbé de "coton", des frissons le parcoururent, mais que lui arrivait il?.....Mathurin l'observait du coin de l'oeil, lui toujours prêt à se reposer sur son maitre, il fronca les sourcils un peu inquiet de le voir si nonchalant.
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Ysabeau
Toujours à Bourges, bureau du rectorat de l'université

Dame, je ne puis rester plus longtemps. Mes enfants sont seuls à Aupic avec les servantes. Mais vous me semblez bien souffrante.
...
Je vais mander pour vous un mire. On m'a parlé, à St-Aignan, d'une dame Astérie. Étrangement, ils parlent d'elle, là-bas, comme d'une médicastre, mais semblent pourtant accorder plein crédit à son savoir.


Ysabeau avait à peine entendu la réponse d'Anne. Elle la laissa écrire le mot. Asterie... Oui, Asterie... le meilleur médecin du Berry, un de ses professeurs les plus assidus... Mais ce n'était peut-être pas la peine de la déranger pour un simple refroidissement.
Péniblement, elle se leva et raccompagna la jeune femme à la porte


Je serai ravie de vous rendre visite en votre domaine d'Aupic dame, il éveille en moi tant de souvenirs...

Elle épongea son front brûlant, et s'effondra dans son fauteuil, en proie au vertige. Son bras la grattait toujours. Résister... Résister... Attendre, convoquer les professeurs pour qu'ils soient à l'heure dans la salle de cours... Puis elle rentrerait à Sancerre, mais en coche cette fois, elle se sentait incapable de marcher
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Johanara
Lignières. Jour 1


La jeune Baronne pénétra dans la chambrée, une assiette de soupe encore fumante entre ses mains liliales.

Le pauvre marchand était alité depuis quelques heures à présent. De prime abord , il avait semblé à la rouquine que le pauvre bougre était bien trop émotif et que l’épisode avec les rats l’avait affecté plus que de raison. Mais à l’évidence , il s’agissait d’autre chose que d’une simple frayeur.

Son front était brûlant. De grosses gouttes de sueur perlait sur sa peau tannée et de nombreux frissons parcouraient son corps. Mathilde l’avait recouvert d’une lourde couverture de laine et quelques bûches de plus avaient été rajoutées au foyer de la cheminée.


Voilà de quoi ripailler mon brave…J’ai envoyé un laquais quérir un mire au plus vite mais avec toute cette neige il ne sera pas au village avant l’aube. Essayez de manger…

La main rugueuse du malade tenta de s’emparer de la cuillère avant de retomber lourdement sur les draps de satin. Ses yeux étaient vitreux, sa bouche entrouverte laissait échapper un flot de paroles incompréhensibles ainsi qu’un fin filet de salive. Une grimace vint altérer la jolie frimousse de la jeune femme puis elle se décida à le nourrir du mieux qu’elle le pouvait.

C’est du concombre…Vous souvenez vous de sa Grâce Jazzette le Poilu? Elle régna sur le Berry il y a quelques années de cela. C’est elle qui m’a appris cette vieille recette…Ouvrez la bouche voyons….
Pardon? Votre grand-mère en short? Norf, voilà qu’il délire….Mathilde prend le relais je te prie, il fait trop chaud je vais me rafraîchir un peu…


La jeune noble se réfugia dans l’intimité de sa chambre, le souffle court et les pommettes empourprées. Quel chaleur! Elle ouvrit la fenêtre quelques secondes et l’air glacial s’engouffra dans la pièce fouettant son visage et faisant voler autour d’elle sa rutilante chevelure bouclée.

Des bouffées de chaleur. Comme lorsqu’elle était enceinte. Aristote soit loué, cela ne pouvait être une nouvelle grossesse, son mari n’ayant pas honoré sa couche depuis plus d’une année. Son corset serré à outrance pour marquer la finesse de sa taille et la courbe de ses hanches opprimait sa poitrine et ses respirations. Elle fit glisser un à un ses jupons avant de lutter contre les lacets de satin mais fut bien obligée de quérir de l’aide avant de pouvoir se plonger dans un bain parfumé aux essences de jasmin.

La tête lui tournait. Ce bougre d’âne bâté de marchand lui avait certainement transmis ses miasmes et sa fièvre. Elle aspergea son doux visage d’eau fraîche et pria pour que l’aurore leur apporte soulagement et quiétude.

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Eriphile
[Jour 1, Sancerre, la chevauchée de Xenopsylla cheopis. La puce avant les pustules.]

Xenopsylla cheopis est là, sur son rat. A travers toute la maisonnée, elle chevauche, enjouée. Son rat traverse les couloirs, les sombres corridors, s'enfouit sous les couvertures, s'installe sur les fauteuils et sofas, escalade les tables et les étagères. Maintenant tout est à lui. Seulement ses rats ne font pas long feu. A peine ont-ils fait quelques pas la lumière du jour, à peine ont-ils eu le temps de pousser quelques cris, que les voilà qui s'effondrent !

Xenopsylla, la puce, émerge des profondeurs de la maison sur Rattus, son meilleur ami et généreux hôte. Chez lui, elle dispose de tout, peaux mortes ou boisson à volonté. Il lui suffit de se baisser un peu, de piquer une fois et de se servir. Le sang, c'est dément! Lorsque pour la première fois elle voit la lumière, son rat se précipite sur un morceau de fromage qui traîne devant son trou.

Et paf le rat. La tapette, sans pitié se referme sur lui en un instant. Terminus, tout le monde descend. Heureusement, derrière lui, la puce aperçoit ses petits. En un bond, elle change de véhicule. Le petit rat se précipite instantanément à l'extérieur de la pièce, il déambule dans le couloir. Étonnée, la puce observe toute cette agitation. On court dans tous les sens. Ce qu'ils sont stressés ces humains.

Scratch.

Là où se tenait auparavant le jeune rat de Xenopsylla, on ne distingue plus qu'une grosse tâche de sang et une fine queue rose.


"Bravo Bertrand tu as écrasé cette petite horreur!" s'exclame une voix de jeune fille.

Par chance, Xenopsylla s'en sort indemne, toujours sur la croupe du rat, elle bondit sur le fameux Bertrand et se faufile sous ses vêtements, entre ses poils. Bertrand est plutôt vieux et pas très appétissant! Aujourd'hui Xenopsylla a une très grosse faim, mais il vaut décidément mieux un gros rat qu'un vieux gars. Finalement, la puce arrive enfin à émerger de ce labyrinthe de tissus et de chairs. Rien d'intéressant à l'horizon. Rien ? Vraiment ? Une fille, plus petite que Bertrand et également beaucoup plus appétissante marche devant Bertrand. De son col, la puce aperçoit un joli coup pâle, lisse et fragile. Saisissant l'occurrence, Xenopsylla saute dessus. Surtout, il faut absolument ne pas se faire remarquer! la puce court en direction de l'épaisse chevelure blonde.

Huummm.... Ce qu'elle est bien ici, sous ses pattes Xenopsylla sent la douce chaleur de la jeune fille et le sang qui bat dans ses veines. Au moins, on est sûr d'avoir de la marchandise de qualité ici!
--Brianna
[Jour 1 au dispensaire de Saint Aignan ]



Brianna avait revêtu son tablier pour ne pas se salir ,elle faisait le tour avec Soeur Mariette des malades d’une des salles communes.
Celui-ci était réserver aux plus nécessiteux ,il y avait toutes sortes de gens la saleté y régnait malgré les efforts du personnel pour maintenir une certaine propreté mais l’état des vêtements et des personnes du à la crasses incrusté depuis bien longtemps était devenue pour certain une seconde peau...
Elle frissonna...Non décidément non, elle ne pourra jamais s’y habituer elle grimaça, Sœur Mariette s’en aperçue bien évidement et lui lança un regard qui en disait long.


Allez me chercher de quoi faire partir une partie de la saleté de ce patient.

Brianna soupira ...elle aurait voulu lui dire il n’en ai pas question je suis un futur Médecin je suis entrée à l’université avec mon …Elle n’eu pas le temps de penser plus qu’une main l’agrippa... elle se retourna et aperçue le large sourire édenté d’un patient.
Elle le regarda puis enleva délicatement son bras comme –ci de rien était puis tourna les talons et parti chercher ce dont Sœur Mariette avait besoin …


Toujours si mignonne la ptite hein sœur Mariette, mais c’est pas sa mère …

Sœur Mariette ne laissait rien paraître surtout devant les malades mais n’en pensait pas moins. Elle continua son inspection.
Brianna parti chercher un récipient puis un pain de savon de cendres.

Elle rouméga comme à son habitude. Elle n’était pas là pour être une fille de salle mais comme futur médecin… Elle était plus vexée qu’autre chose, elle n’était pas considérée comme elle le voulait. Comme au château et dans beaucoup d'endroit non là elle n'était que sous les ordres de Soeur Mariette et devait obéir , plus tard quand elle aura fait ses preuves .Elle sera un peu plus concidéré, mais pour l'instant elle devra aller en chercher pas mal de recipients et en laver des malades avant de pouvoir donner des ordres .
C'était les consignes de sa mère et bien entendu Sœur Mariette les suivaient à la lettre.
Elle aurait pu refuser mais là c’était sans compter sur sa mère autant elle pouvait avoir beaucoup de choses mais sur ce plan là rien à faire et ce n’est pas faute d’avoir essayé …
Soit elle travaillait ici et cela lui donnait de bonnes références soit elle devait le faire dans un autre hospice ou dans un cabinet .Elle avait donc choisi …

Elle vaqua à ses occupations puis lorsqu’elle se rendit dans la cour derrière ou l’on y étendait le linge elle se mit à crier.


HAahahahaha un rat, puis un autre ….

Elle sautillait sur place elle ne sentit pas vraiment la piqure …
Anne_blanche
Jour 1, Aupic

Oui Mère, je crois également que je vais aller m'allonger, je me sens vraiment...


Anne s'était retournée pour poser sur un coffre sa cape de voyage. Du coin de l'oeil, elle perçut un mouvement bizarre.

Sylvain !


Horrifiée, elle vit soudain son fils tomber, ses yeux se révulser. Elle porta les mains à ses joues, la bouche ouverte sur un cri muet. Le petit corps de Sylvain, tout raide, fut tout à coup agité de soubresauts. Anne se laissa tomber à genoux sur le sol. Elle voulait toucher son fils, mais n'osait pas. Rien ne l'avait préparée à ce genre de situation. Eperdue, elle se mit à appeler tous les noms qui lui passaient par la tête.

Nette ! Matheline ! A moi ! Bacchus ! Venez vite ! Oh venez vite !

Ce fut Nette qui se précipita la première, livide, et resta debout dans l'ouverture de la porte, appuyée de l'épaule au chambranle.

Mais faites quelque chose ! Matheline ! Matheliiiiine !

La servante entra enfin, rapide, pour une fois. Elle bouscula Nette, qui serait tombée à son tour si elle ne s'était pas rattrapée à la portière de feutre.


Norf de norf ! le mal Saint-Antoine !

Matheline avait des misères humaines une connaissance toute empirique, un savoir légué par sa mère. Anne l'avait vue plus d'une fois à l'œuvre, mais plutôt face à des blessures. La servante était un peu rebouteuse, et savait comme personne remettre en place une épaule déboitée ou un poignet foulé, à grand renfort de brins de laine rouge et d'onguents malodorants.
Quand elle prononça "le mal Saint-Antoine", Anne fut un peu soulagée. Matheline savait contre quoi lutter. Mais à mesure que les mots se frayaient un chemin jusqu'à sa conscience, Anne sentit la honte l'envahir. Le mal Saint-Antoine, l'épilepsie ! Son fils, l'héritier d'Aupic, était épileptique ! Elle se signa frénétiquement à plusieurs reprises.


Va-t-en m'quéri d'l'iau et d'l'écorce de saule, la Nette !

La petite Nette obtempéra, traînant des pieds, ce qui lui aurait valu une solide algarade de la part d'Anne si elle n'avait été si occupée à tenter de comprendre. Quelque chose n'allait pas. L'épilepsie ... l'écorce de saule ... Certes, elle n'y connaissait que ce qu'elle avait pu lire dans la masse de parchemins laissés par feue sa tante en sa librairie, mais quelque chose n'allait pas.
Matheline s'affairait auprès de Sylvain, dont le petit corps était devenu tout mou, comme ces poupées de son qu'on donne aux enfants pour les amuser. Il semblait dormir, à présent, mais de mauvaises plaques rouges lui marbraient les joues et le front.


Du saule, Matheline ?

Oui-da, Dame. C'est point le feu St-Antoine, j'm'a errancée qu'j'en suis câmaude.

Vous êtes sûre, Matheline ? Ce n'est point l'épilepsie ?


La servante ouvrit des yeux ronds.


L'épispellie ? Non point, Dame ! Que nenni. J'm'apensais qu'c'était le feu, mais c'est juste ren qu'la fièvre.


Il fallait reprendre ses esprits, et vite. Anne ne savait plus à quel saint se vouer. Elle ne comprenait plus rien, mélangeait les maladies, confondait tout. Et quand elle ne comprenait pas, la colère montait. Matheline, qui la connaissait depuis sa naissance, se dit qu'il valait mieux désamorcer la bombe avant une explosion qu'elle sentait imminente.


C'est rien, Dame Anne. C'est la fièvre qui fait faire ça aux bousous. Le petit aura pris froid dans c'te neige. Demain, il n'y paraîtra plus.


Matheline se releva, emportant dans ses bras l'enfant qui revenait à lui, suivie d'Anne qui ne savait plus ni que faire ni que penser.
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Ysabeau
fin du J1 puis début du J2, Bourges (université)

La rectrice, sa tâche journalière terminée, portes des salles ouvertes, professeurs titulaires et suppléants prévenus pour le lendemain, avait à pas lents et fatigués rejoint son bureau, se tenant aux murs de peur de tomber. Ah ces vertiges....
Elle s'y assit, attendant la venue d'Asterie qu'Anne, obligeante, avait fait prévenir.
Assise dans son fauteuil, elle ferma les yeux. S'endormit, épuisée. Fit des cauchemars. Des rats qui couraient partout, son amour malade, reviendrait-il un jour de Bourges ? Des démons grimaçants qui ricanaient, voletant lourdement autour d'elle... Un feu, un feu qui ressemblait à un bûcher, des cris...


Nooooooooooooooooooooon !

Elle s'éveilla, en sueur, courbatue, ne reconnut pas l'endroit où elle se trouvait. Il faisait encore nuit. Elle entendit les cloches de la cathédrale de Bourges sonner matines. Norf, elle était restée à l'université... La tête lui faisait mal, ses tempes battaient, et toujours ce vertige.
A nouveau, elle s'épongea le front. Sentit comme une grosseur sous son bras droit. Une grosseur ?
Elle ferma à clé la porte du bureau, alluma une chandelle, enleva sa houppelande, souleva sa chemise... Pâlit, manquant tomber. Sous son aisselle droite... deux affreux boutons noirs, bubons gorgés de pus...
Nooooon, pas ça... Les images, les souvenirs affluèrent. Quelques années auparavant... en Berry... la peste... La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom. Elle avait été atteinte, elle s'en était sortie, grâce à Mentaig... Mais celle-ci avait succombé... La peste, oui. Elle reconnaissait ces symptômes... les bubons, bientôt le délire, bientôt...
Vite, quitter l'université. Gagner Sancerre, prévenir. Puis se cloîtrer chez elle, écrire à Asterie pour l'informer de... Maintenant, écrire à Asterie. Elle passait souvent à l'université, étant un des professeurs les plus assidus.
Elle se rhabilla tant bien que mal, revint à son bureau, prit encre, parchemin, calame et écrivit un petit mot à l'attention de la médicastre


Citation:
Ma chère Asterie,

C'est d'une main tremblante que je t'écris ces quelques mots. Hier, Anne t'a envoyé un message te demandant de passer me voir à mon bureau, car je ne me sentais pas bien. Je pensais qu'il ne s'agissait que d'un simple refroidissement, car, imprudente, j'avais fait à pied et sous la neige la route entre Sancerre et Bourges.
Hélas... Hélas, c'est bien plus grave. Chère Asterie, je crois que je suis atteinte par le mal dont on n'ose prononcer le nom, celui qui est transmis par les rats... Et justement j'avais trouvé un rat mort devant chez moi, quand j'ai quitté mon échoppe... et justement le bras droit m'a gratté toute la journée..
Et voilà que ce matin, sous mon aisselle droite... deux affreux bubons remplis de pus noir. Et j'ai toujours la fièvre.
Ne viens pas me voir, tu risquerais d'être contaminée. Dis-moi seulement ce que je puis faire, quels remèdes prendre, quelles précautions pour éviter la contagion.
Je retourne à Sancerre. Je vais me cloîtrer chez moi, prier Aristote. Que faire d'autre ?
Pardonne-moi pour cette si mauvaise nouvelle. Et crois à mon désir de m'en sortir, mais seul Aristote sait ce qu'il en adviendra.
Ysabeau


D'une main tremblante, elle sécha l'encre, roula le parchemin, le cacheta, et appela un huissier.

Mon ami, portez cela dans le bureau des professeurs, à l'attention d'Asterie. Puis faites atteler un coche, je rentre à Sancerre sans plus attendre

Elle avait murmuré les derniers mots d'une voix presque inaudible. L'huissier la regarda d'un air inquiet, quitta le bureau.
Elle resta là, incapable de bouger.
L'homme revint au bout de quelque temps, lui dit que le coche était là, dans la cour.
Elle se leva péniblement, s'enroula de sa cape.


J'peux vous aider dame rectrice ? Z'avez point l'air ben vaillante...

Elle hocha la tête, ne protesta pas. Il la prit par le bras, lui fit descendre les escaliers, l'aida à monter dans le coche.
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Poumona
[Jour deux ]

Pou…Pourri … Pourritures Royaliste !!!

Le front perlant de sueur, la main sur la garde de son épée prête à frapper, Poum’ se réveilla en sursaut. Toujours sur le sol froid et sale de la taverne à Saint Aignan. La fatigue avait fini par l’emporter sur son énergie naturelle la laissant gisante sur la crasse maculée toute la journée par les chausses enneigées des personnes de passage. Elle se releva avec une certaine pesanteur dans la tête, cette dernière n’avait cessée de lui tournée et une sensation d’avoir quelques chose de bloqué au fond de la gorge n’arrangeait en rien son état…

Norf !! Didiou de cauchemar !

La raison, si si elle en a, si peu mais elle en a.. Bref la raison lui disait d’aller voir Astérie de suite mais sa peur bleu des soins et autre médicastre la rendait toute tremblante … Ou bien était ce le froid ? Ou la fièvre ? Les jambes en cotons elle se tenait à la table dont le bois marqué de nombreux coups de dague et autre brulure prouvait une certaine animation du lieu ..

Après une longue bataille mental elle décida de ce rendre au dispensaire d‘Astérie après tout elle se trouvait être à Saint Aignan il n‘y avait pas grande route à faire. Appuyée sur le pommeau de son épée la lame de cette dernière se plantant dans le sol elle sortit de la taverne chancelante. La neige avait continué de blanchir les rues de la ville et les rendre des plus glissante.

Avec grand mal elle s‘aventurait dans les rues Saint Agnanaise quand soudain une chose froide vint se coller dans sa nuque, la peau bouillante mains sur l‘endroit ou la sensation glaciale venait d‘apparaitre elle se retourna pour voir trois mômes qui s‘amusait à ce lancer des boules de neige… Elle aurait eu envie de les gronder mais lorsqu‘elle ouvrit la bouche ce ne furent pas des mots qui en sortirent mais son dernier repas… A genoux sur les pavés de la rue elle fini de vomir sous les regards écœurés des caniots…

Des larmes de panique coulaient sur ses joues, la respiration haletante elle sortit sa flasque d’alcool afin de ce rincer la bouche, une fois fait elle tenta de se relever tant bien que mal.. C'est au bout de vingt bonne minutes qu'elle arriva enfin devant le dispensaire...Une douleurs étrange à l'aine, passant sa main sur la partit de son corps endoloris elle y découvrit une sorte d'excroissance, sans plus attendre elle souleva sa chemise prise de panique et c'est ainsi qu'elle y vit une boules noire, elle n'avait jamais vu cela qu'es ce qui pouvait bien lui arriver ?

Elle ne pouvait pas laisser une chose pareille pousser sur son corps afin d'attraper sa dague elle laissa son épée tombé dans un bruit de fer brisé, la main tremblante, la vision embuée de larme, elle posa la lame de sa dague sur le bubons prêtes à couper.


Un... Deux.. TrOOOOOOOOOOOOOOOiaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaiiiiieee !!!!


La neige blanche se colorait doucement de vert et de rouge rappelant les couleurs des arbre d'automne... Malheureusement il ne s'agissait pas d'arbre mais de sang mêlé au pue du bubons... Perdant peu à peu ses forces récupérant malgré tout ses armes tombées au sol elle entra dans le dispensaire.

Astérie... Astérie..
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Eriphile
[Jour 1, Sancerre, vapeurs et frayeurs]

Eriphile, hors d'elle, court dans les couloirs, les rats sont de plus en plus nombreux, il y en a partout, d'ailleurs, ils commencent tous à mourir en groupes, et à travers toute la maisonnée, sur le superbe plancher ciré de noyer, gisent d'immondes tas de cadavres.

Soudain.

"Ahhhhhhhhhhh! Ca piiiqueee! Ca pique! Ca pique!"
Martine se jette sur Eriphile, inquiète.
"Mademoiselle! Tout va bien, Mademoiselle ? Que vous arrive-t-il ?"
Eriphile la regarde, épuisée, les yeux rouges et ulcérés, les cheveux en bataille.
"Une bestiole m'a piquée, Martine, et ça pique!"
La jeune fille se passe la main sur l'échine et se gratte.
"Montrez-moi ça Mademoiselle. Qu'avez-vous donc dans le cou ? C'est douloureux?"
Martine s'avance pour examiner la piqure.
"Non, c'est passé, mais maintenant ça me démange! même beaucoup Martine!"
"Oh Mademoiselle, mais c'est bien rouge, venez en cuisine, on va vous mettre quelque chose pour vous soulager un peu..."

La journée avait été pénible pour tout le monde, pour le personnel de maison, comme pour les fragiles épaules de la pauvre enfant. Tous les rats de la maison sont pourtant enfin mort, des nids dont la maison était pleine, plus aucune bête n'en sort. Lentement, mais sûrement, on se débarrasse de tous les cadavres, dans le jardin, Bertrand fait un grand feu de joie.

Enfin arrive l'heure du repas, le cou d'Eriphile la tourmente toujours, la zone est devenue écarlate et la piqure a commencé à enfler. A table, Eriphile n'a pas faim, elle fixe son assiette les yeux vides.

"Et bien Mademoiselle, vous ne mangez pas ?"
"Je n'ai pas grand faim Martine !"
"Enfin, Mademoiselle! J'ai préparé des Tailliz aux fruits et des Pastez spécialement pour vous. Vous n'en prendrez donc pas ?"
"Non Martine, je crois que je vais aller me coucher maintenant, je ne m'en sens vraiment pas bien. Merci pour cette si douce intention."
"Comment ça Mademoiselle ? Vous avez des vapeurs ? Faut-il faire appeler un médicastre ? Je vous en supplie, mangez un peu, si vous sentez faible, il faut prendre des forces!"
"Merci Martine, mais il ne me faut que du repos, la journée a été éprouvante!"
"Vous avez raison Mademoiselle et vous avez été extrêmement courageuse aujourd'hui!"
Eriphile sourit, elle sait bien qu'elle n'a pas beaucoup aidé et qu'elle s'est contentée de crier à travers la maisonnée, mais, trop exténuée pour en discuter, elle acquiesce d'un signe de tête, sans mot dire.
"Enfin... Nous en voilà débarrassés, après avoir déversé tous ces rats, la maison semble saine à présent. Pourvu qu'ils ne nous ait pas apporté quelques germes malfaisants !"
"Merci Martine, je vais monter."

Le front d'Eriphile est humide, sur sa tempe on distingue une perle de sueur. Chancelante, elle tente de se lever, elle essaie de redresser sur ses bras, mais s'effondre au premier pas.

"Mademoiselle!" s'écrie Martine en accourant vers elle.
"De l'aide! Qu'on vienne aider Mademoiselle Eriphile!"

De tous côtés, des valets aux livrées des Hennfield pénètre dans le salon et vienne secourir la jeune fille.
"Emmenez là dans sa chambre! Mademoiselle a besoin de repos! Et surtout qu'on ne la dérange pas!" ordonne sur un ton sec la vieille femme.
Martine s'approche d'Eriphile et lui glisse à l'oreille :

"Ça va aller Mademoiselle Eriphile... Je vais faire quérir un médecin et je resterai auprès de vous jusqu'à ce qu'il arrive. Reposez-vous! Je veille sur tout."
Johanara

Lignières. Jour 2



Tout un chacun dans l’état de Johanara, resterait au chaud , près d’un bon feu à lipper quelque tisane infecte mais salvatrice en attendant l’arrivée du mire.

Mais non. Pas cette gourgandine.

Enveloppée d’une pelisse d’hermine, la belle patientait au balcon, scrutant l’horizon de son œil limpide dès fois que le coche frappé aux armes de Lignières apparaisse plus vite au détour d’un chemin…

L’inquiétude la rongeait. Ses doigts longs et fins tordaient avec force le tissu soyeux de ses jupes et ses lèvres gourmandes ne semblaient plus qu’un pli, rictus d’angoisse, qui ne se défit que pour laisser échapper un soupir….

Son jeune valet Léopold était parti depuis deux jours vers le village en quête d’un médicastre. Bien qu’elle vouait à tous ces gens une certaine forme d’affection, le blondinet à la crinière bouclée gardait en son cœur une place particulière. Sa mère, veuve et sans le sous avait déjà sept autres bouches à nourrir et avait bien failli abandonner le petit dernier dans la forêt de Bourges. Mais l’enfant était si beau avec son petit nez en trompette et sa chevelure dorée qu‘elle ne put s‘y résoudre. Lorsqu’il eu quinze ans, Johanara, son aînée d’à peine deux années alors, le prit à son service et jura sur sa vie à la pauvresse qu’il n’arriverait jamais rien de fâcheux à son dernier né.

Et pourtant…Combien de fois avait il frôlé la mort depuis qu’il servait la Lignières?
Des loups l’avait attaqué alors qu’il suivait sa maîtresse dans quelques folles aventures, Mathilde lui avait refilé la syphilis, une mauvaise chute à cheval, plusieurs fractures dues à l’inconséquence de l’ivrogne de cocher…

S’était il égaré? Son cheval avait il cabré le laissant pour mort au milieu d’une clairière enneigée?

Et le pauvre marchand qui agonisait. Le front de la Baronne se fit plus soucieux à cette pensée. Il ne se nourrissait point et c’est à peine si elle réussissait à lui faire boire un peu d’eau….

Elle se gratta vivement le bras. Depuis peu elle souffrait de démangeaisons mais n’en fit que peu de cas.
Un hurlement la détourna de ses pensées et de la route.



Ma dame! Ma dame!!! Le marchand est mort! Il ne bouge plus! Ma dame!!!


La pauvre Mathilde venait de la rejoindre après avoir traversé la moitié du Castel en courant. Elle haletait, le visage rubicond et n’eut guère le temps de reprendre son souffle , que sa maîtresse l’entraînait par la manche de sa robe de lin dans la chambrée du malade.

Cette dernière poussa un hurlement en découvrant l’homme, inerte et baignant dans son vomis.


Apporte moi une bassine d’eau et de nouvelles couvertures. Cet homme mérite une mort décente.

La pauvre Baronne souleva du bout des doigts la couverture de laine pour découvrir le spectacle apocalyptique de plaies purulentes et de bubons noirs et gonflés.

Interdite , elle se signa. La peste…

Il fallait brûler les couvertures , se débarrasser du corps, éloigner son fils et prier…

Un râle franchit alors les lèvres desséchées du pauvre bougre.

Sainte vierge! Il est en vie…
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