Cymoril
Après le passage de la guérite désertée, elle avait mené le petit convoi au travers des ruelles, s'enfonçant dans la cité, la charrette cahotant parfois sur les pavés mal posés, en quête d'un bouge où se poser quelques jours.
Un peu étonnée de découvrir un patelin qui tendait à ressembler à la Cour des Miracles, où la populace commune raserait les murs et éviterait de sortir à la nuit tombée. L'idée lui arracha un rictus qu'elle s'efforça d'effacer rapidement.
Nul doute que ses compagnons de route seraient comme poissons dans l'eau.
Elle...
S'accommoderait comme elle le faisait toujours.
Sans trouver sa place, puisqu'elle était toujours trop quelque chose.. ou pas assez. En dépit de son ambivalence. Ou à cause de ça justement peut-être.
Le petit saut en taverne à la rencontre des indigènes l'avait confortée dans l'idée d'ailleurs. Elle leur avait offert sa présentation habituelle, de Fourmi, petite noireaude et moche, histoire qu'on lui foute la paix et qu'on évite de commencer les flagorneries idiotes pour tenter de la culbuter derrière un bouge cradingue. Gentille fille, marchande de produits de luxe que la plupart des gueux n'avaient même jamais vu, étudiante et voyageuse.
Pas de quoi se taper le cul par terre, ni attirer l'attention.
Elle avait toutefois fini par trouver un endroit d'aspect acceptable. Du moins, l'espérait-elle. Et comme elle était la seule à avoir certaines revendications au sujet de la qualité du service..
A l'écurie, elle avait dételé elle même sa monture, vérifié les cordages qui serraient la bâche sur la charrette, délivré la pauvre bête de son attirail et l'avait pansé. En bonne cavalière qu'elle était encore. Elle ne savait si la fratrie Noc se joindrait à elle, ne voulant décider pour personne. Un sourire léger à leur attention après le silence de la route, et c'est au chirurgien qu'elle s'était ensuite adressée.
Achim... Pourrez passer me voir une fois installé ?
Loin d'être un ordre pour la demoiselle qui se promenait avec son docteur attitré.
Quelques mots échangés rapidement avec le tenancier qui voulait pinailler sur le prix des chambres, de ses requêtes qu'il trouvait saugrenues. Trois chambres pour quatre, lui qui avait l'habitude d'entasser les voyageurs dans un même coin... Mais comme elle insistait, payant rubis sur l'ongle et d'avance, il avait fini par céder. Même à l'idée de devoir se trimballer un baquet et faire monter quantité astronomique de flotte pour la dame qui voulait se laver séance tenante. C'est qu'elle a de la suite dans les idées, et son bain... 'fin c'est son bain. Son truc. Son obsession à elle.
La chambre ressemble à toutes celles anonymes qu'elle a croisé au long de son existence sur la route. Fonctionnelle, vide.. Un côté pratique et sordide... Tant d'histoires s'étaient peut-être écrites ici et dont il ne subsistait rien.
Elle avait posé ses affaires non loin du lit, en attendant que le feu soit rallumé et que le baquet fut rempli, se défaisant de son épée et de la fine cotte de mailles qui lui servait de seconde peau en dessous de la lourde cape de laine.
De longues minutes plus tard, le temps semblant toujours si long lorsqu'on attend, elle avait vu avec soulagement la porte se refermer sur la servante en tablier qui n'avait eu cesse de râler à chaque fois qu'elle venait verser un seau d'eau chaude dans le baquet. Fourmi n'avait rien dit, se contentant de lui adresser un sourire blanc.
Enfin... elle avait pu laisser choir au sol ses vêtements, défaire les bandes qui lui enserraient la poitrine et se laisser glisser dans l'eau fumante. Alanguie, jouant avec les bulles provoquées par les aller retours incessants du savon sur sa peau, à peine entend-elle la porte s'ouvrir à nouveau...
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Un peu étonnée de découvrir un patelin qui tendait à ressembler à la Cour des Miracles, où la populace commune raserait les murs et éviterait de sortir à la nuit tombée. L'idée lui arracha un rictus qu'elle s'efforça d'effacer rapidement.
Nul doute que ses compagnons de route seraient comme poissons dans l'eau.
Elle...
S'accommoderait comme elle le faisait toujours.
Sans trouver sa place, puisqu'elle était toujours trop quelque chose.. ou pas assez. En dépit de son ambivalence. Ou à cause de ça justement peut-être.
Le petit saut en taverne à la rencontre des indigènes l'avait confortée dans l'idée d'ailleurs. Elle leur avait offert sa présentation habituelle, de Fourmi, petite noireaude et moche, histoire qu'on lui foute la paix et qu'on évite de commencer les flagorneries idiotes pour tenter de la culbuter derrière un bouge cradingue. Gentille fille, marchande de produits de luxe que la plupart des gueux n'avaient même jamais vu, étudiante et voyageuse.
Pas de quoi se taper le cul par terre, ni attirer l'attention.
Elle avait toutefois fini par trouver un endroit d'aspect acceptable. Du moins, l'espérait-elle. Et comme elle était la seule à avoir certaines revendications au sujet de la qualité du service..
A l'écurie, elle avait dételé elle même sa monture, vérifié les cordages qui serraient la bâche sur la charrette, délivré la pauvre bête de son attirail et l'avait pansé. En bonne cavalière qu'elle était encore. Elle ne savait si la fratrie Noc se joindrait à elle, ne voulant décider pour personne. Un sourire léger à leur attention après le silence de la route, et c'est au chirurgien qu'elle s'était ensuite adressée.
Achim... Pourrez passer me voir une fois installé ?
Loin d'être un ordre pour la demoiselle qui se promenait avec son docteur attitré.
Quelques mots échangés rapidement avec le tenancier qui voulait pinailler sur le prix des chambres, de ses requêtes qu'il trouvait saugrenues. Trois chambres pour quatre, lui qui avait l'habitude d'entasser les voyageurs dans un même coin... Mais comme elle insistait, payant rubis sur l'ongle et d'avance, il avait fini par céder. Même à l'idée de devoir se trimballer un baquet et faire monter quantité astronomique de flotte pour la dame qui voulait se laver séance tenante. C'est qu'elle a de la suite dans les idées, et son bain... 'fin c'est son bain. Son truc. Son obsession à elle.
La chambre ressemble à toutes celles anonymes qu'elle a croisé au long de son existence sur la route. Fonctionnelle, vide.. Un côté pratique et sordide... Tant d'histoires s'étaient peut-être écrites ici et dont il ne subsistait rien.
Elle avait posé ses affaires non loin du lit, en attendant que le feu soit rallumé et que le baquet fut rempli, se défaisant de son épée et de la fine cotte de mailles qui lui servait de seconde peau en dessous de la lourde cape de laine.
De longues minutes plus tard, le temps semblant toujours si long lorsqu'on attend, elle avait vu avec soulagement la porte se refermer sur la servante en tablier qui n'avait eu cesse de râler à chaque fois qu'elle venait verser un seau d'eau chaude dans le baquet. Fourmi n'avait rien dit, se contentant de lui adresser un sourire blanc.
Enfin... elle avait pu laisser choir au sol ses vêtements, défaire les bandes qui lui enserraient la poitrine et se laisser glisser dans l'eau fumante. Alanguie, jouant avec les bulles provoquées par les aller retours incessants du savon sur sa peau, à peine entend-elle la porte s'ouvrir à nouveau...
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