Iban
Le Basque chut une fois de plus sur le parterre de neige. Son épaule droite suintait un répugnant mélange de sang, de sueur et dun pus blanchâtre et nauséabond. Son visage, rougi par des bourrasques dune violence peu commune, était transis par le vent et la neige. Il faisait nuit noire et Iban était visiblement perdu. Ses accès de douleur étaient parfois si grands quil sarrêtait, prenant appui sur le tronc dun arbre proche pour reprendre ses esprits. Ainsi avançait-il, petit à petit, luttant pour fendre de ses bottes éculées une neige épaisse et traitresse, sans trop savoir si malgré intempéries et déconvenues, sa mémoire et son sens de lorientation lavait rapproché du bon port. Sa force et son enthousiasme variaient en flux et en reflux, au rythme des rafales et des moments de répit de cette méchante tempête de neige. Tantôt persuadé davoir aperçu quelque lumière dans les ténèbres opaques, il trouvait la force de courir deux ou trois enjambées avant de sapercevoir de son erreur, tantôt il sentait poindre en lui le désir terrible de se laisser tomber mollement sur la neige et de fermer les yeux. Mourir congeler lui semblant néanmoins une mort bien trop peu glorieuse, il trouvait toujours le courage davancer un pas de plus.
Plus le mercenaire avançait, plus il prenait conscience que seule une aide miraculeuse de la Providence le sortirait de ce mauvais pas, à son plus grand regret. Non pas quil se trouvât affligé par linfime probabilité quune telle aide lui échût : cela eut été après tout fort normal quelle ne lui fût pas accordé, étant donné les innombrables blasphèmes et autres insanités que le mercenaire avait proférés à lencontre de son Très Saint Créateur durant toute sa triste vie de débauché. Non, ce qui attristait grandement le Basque, cétait dêtre désormais convaincu quil ne pourrait en réchapper par ses propres moyens. Lidée quil lui faudrait le secours de quelque puissance, humaine ou divine lui répugnait : une intervention du Très Haut serait dautant plus humiliante que le Basque savérait mécréant.
Il lui faudrait pourtant ce soir subir plus dune humiliation.
Vents et neige sétaient apaisés quelque peu. Alors que lépuisement commençait à lui dérober ses jambes pour de bond, le Lynx aperçut cette fois ci bel et bien de la lumière. Derrière les eaux glacés et tempétueuses dune vaste rivière, sélevait des bâtisses qui, bien que faiblement éclairées, lui étaient familières. Il se trouvait sur la rive Sud du Tarn, enfin de retour à Montauban. Péniblement, il tituba en direction du pont. Si près du but pourtant, ses forces se dispersaient rapidement par cette plaie béante et corrompue de laquelle émanaient de méphitiques exhalaisons. Etxegorry, brisé par sa perte de sang et la morsure du froid, seffondra de nouveau. Il était à proximité dune vaste demeure aux murs épais et aux vastes tourelles recouvertes de neige. Des lumières animaient encore la bâtisse. Il pourrait trouver du secours.
Il eut tout juste le temps dasséner deux grands coups sur la porte de bois avant que ses yeux ne se voilent tout à fait et que tout son corps engourdi après un vertige dun instant ne chût lourdement sur le tapis de neige qui recouvrait le pavé.
L'on devrait toujours s'aviser du propriétaire d'une demeure avant que de frapper à la porte de celle-ci...
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Plus le mercenaire avançait, plus il prenait conscience que seule une aide miraculeuse de la Providence le sortirait de ce mauvais pas, à son plus grand regret. Non pas quil se trouvât affligé par linfime probabilité quune telle aide lui échût : cela eut été après tout fort normal quelle ne lui fût pas accordé, étant donné les innombrables blasphèmes et autres insanités que le mercenaire avait proférés à lencontre de son Très Saint Créateur durant toute sa triste vie de débauché. Non, ce qui attristait grandement le Basque, cétait dêtre désormais convaincu quil ne pourrait en réchapper par ses propres moyens. Lidée quil lui faudrait le secours de quelque puissance, humaine ou divine lui répugnait : une intervention du Très Haut serait dautant plus humiliante que le Basque savérait mécréant.
Il lui faudrait pourtant ce soir subir plus dune humiliation.
Vents et neige sétaient apaisés quelque peu. Alors que lépuisement commençait à lui dérober ses jambes pour de bond, le Lynx aperçut cette fois ci bel et bien de la lumière. Derrière les eaux glacés et tempétueuses dune vaste rivière, sélevait des bâtisses qui, bien que faiblement éclairées, lui étaient familières. Il se trouvait sur la rive Sud du Tarn, enfin de retour à Montauban. Péniblement, il tituba en direction du pont. Si près du but pourtant, ses forces se dispersaient rapidement par cette plaie béante et corrompue de laquelle émanaient de méphitiques exhalaisons. Etxegorry, brisé par sa perte de sang et la morsure du froid, seffondra de nouveau. Il était à proximité dune vaste demeure aux murs épais et aux vastes tourelles recouvertes de neige. Des lumières animaient encore la bâtisse. Il pourrait trouver du secours.
Il eut tout juste le temps dasséner deux grands coups sur la porte de bois avant que ses yeux ne se voilent tout à fait et que tout son corps engourdi après un vertige dun instant ne chût lourdement sur le tapis de neige qui recouvrait le pavé.
L'on devrait toujours s'aviser du propriétaire d'une demeure avant que de frapper à la porte de celle-ci...
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