Jusoor
Le bois sous ses mains jointes avait tiédi. A peine glissaient-elles de coté que la Moineaute percevait la singulière sensation de froid, celle qui fait dire qu'on n'est pas à la maison, et s'empressait de leur rendre leur position initiale, avec soulagement.
L'automne avait été rigoureux, l'hiver n'en serait pas moins. Et l'air sec d'ici le lui avait bien rappelé quand elle était entrée et avait senti sa peau se soulever dans un frémissement.
Maintenant, la sensation de froid s'était atténuée, sauf quand ses mains glissaient sur le prie-Dieu. Mais en vérité, et bien qu'elle ne le perçut pas ainsi, la Capitaine était plus engourdie que réellement réchauffée. L'illusion de bien-être venait sans doute des lumières irisées qui coulaient des vitraux ou bien de sa concentration nécessaire au repli sur soi qui lui faisait oublier le reste.
Elle priait, Ju. Du moins elle s'exprimait mentalement, elle cherchait réponse à ses questions, le pourquoi du comment, l'enchevêtrement des évènements... Elle formulait des voeux aussi et énumérait ses espoirs. Elle avait dorénavant à l'esprit des espérances que jamais elle n'aurait eues auparavant.
Aujourd'hui, propulsée Capitaine d'un Ost qu'elle ne connaissait pas, elle qui n'avait jamais su manipuler avec prouesse que de menues choses, elle devait faire sa place, elle devait mener ses hommes, faire la fierté de la Bourgogne avec eux, répondre aux exigences qui lui incombaient. Elle devait aussi affronter une guerre, assurer le retour d'un maximum de ses soldats et le sien peut-être. Douce folie finalement pensa-t'elle. La peur du combat ne l'étreignait pas, la redoutable et néanmoins salutaire inconscience était entrée en jeu et la petite se sentait sinon invincible, tout du moins indifférente. Son impression changera sans doute bientôt.
Relevant son front qui avait rejoint les mains en prière, Ju fut frappée par l'atmopsphère colorée qui baignait l'air depuis les vitraux : plus douce, plus feutrée qu'à son arrivée... Le soleil descendait, il allait être temps. La Moineaute se redressa, une douleur ankylosée au genou. Après une seconde d'observation, le temps de revenir au moment présent et quitter ce monde d'espoirs et de questions, elle redescendit la nef et entrebailla la lourde porte de l'Eglise, fronçant les sourcils sous la lumière subite.
Le parvis se remplissait, le martèlement des bottes sur les pavés se faisait entendre, les soldats de l'Ost, ces hommes et femmes en qui elle avait toute confiance arrivaient. Parmi eux, des civils qui avaient accepté de participer à la défense de la capitale. Ne manquait plus que l'homme de Foy.
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L'automne avait été rigoureux, l'hiver n'en serait pas moins. Et l'air sec d'ici le lui avait bien rappelé quand elle était entrée et avait senti sa peau se soulever dans un frémissement.
Maintenant, la sensation de froid s'était atténuée, sauf quand ses mains glissaient sur le prie-Dieu. Mais en vérité, et bien qu'elle ne le perçut pas ainsi, la Capitaine était plus engourdie que réellement réchauffée. L'illusion de bien-être venait sans doute des lumières irisées qui coulaient des vitraux ou bien de sa concentration nécessaire au repli sur soi qui lui faisait oublier le reste.
Elle priait, Ju. Du moins elle s'exprimait mentalement, elle cherchait réponse à ses questions, le pourquoi du comment, l'enchevêtrement des évènements... Elle formulait des voeux aussi et énumérait ses espoirs. Elle avait dorénavant à l'esprit des espérances que jamais elle n'aurait eues auparavant.
Aujourd'hui, propulsée Capitaine d'un Ost qu'elle ne connaissait pas, elle qui n'avait jamais su manipuler avec prouesse que de menues choses, elle devait faire sa place, elle devait mener ses hommes, faire la fierté de la Bourgogne avec eux, répondre aux exigences qui lui incombaient. Elle devait aussi affronter une guerre, assurer le retour d'un maximum de ses soldats et le sien peut-être. Douce folie finalement pensa-t'elle. La peur du combat ne l'étreignait pas, la redoutable et néanmoins salutaire inconscience était entrée en jeu et la petite se sentait sinon invincible, tout du moins indifférente. Son impression changera sans doute bientôt.
Relevant son front qui avait rejoint les mains en prière, Ju fut frappée par l'atmopsphère colorée qui baignait l'air depuis les vitraux : plus douce, plus feutrée qu'à son arrivée... Le soleil descendait, il allait être temps. La Moineaute se redressa, une douleur ankylosée au genou. Après une seconde d'observation, le temps de revenir au moment présent et quitter ce monde d'espoirs et de questions, elle redescendit la nef et entrebailla la lourde porte de l'Eglise, fronçant les sourcils sous la lumière subite.
Le parvis se remplissait, le martèlement des bottes sur les pavés se faisait entendre, les soldats de l'Ost, ces hommes et femmes en qui elle avait toute confiance arrivaient. Parmi eux, des civils qui avaient accepté de participer à la défense de la capitale. Ne manquait plus que l'homme de Foy.
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