Charles
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... Où l'impromptu croisade des bois.
L'hiver et son lot de fête. Le solstice venait de frapper le glas d'une nouvelle saison, celle des chaumières fumantes et des paysans payant leur dîmes avec leurs maigres réserves, mais pour le bien de leur salue. Pour le Baron, c'était presque aussi traditionnel que les divers banquets des Seigneurs par ci, par là, il avait sa petite habitude, une sorte de rite qui s'offrait à lui chaque année. Son père lui avait jadis enseigné ce noble art et aujourd'hui encore, il le perpétra avec fierté et l'égo d'un Margny, dans le respect et le silence, une commémoration en somme.
Les gens de Condé passaient en sa maison, les uns après les autres, l'accompagnant sur ordre du Chancelier qu'il était. Il aimait à garder auprès de lui, une personne prête à le servir en tout instant pour une affaire ou une autre, bien que laissant ces derniers dans une certaine liberté durant ses heures creuses à trimer dans son salon. Mais depuis son dernier retour, c'était un homme étrange qui l'accompagnait, un marchand germain qui disposait de son savoir faire pour la maison princière et qui avait quelque peu charmé l'italien. L'ayant questionné sur ses activités et ses connaissances, il a très vite compris qu'il venait de trouver l'homme parfait, prompt à l'art de la diplomatie, chevronné en stratégie martiale et surtout à l'humour sec et bien germanophone, ce qui avait le don de toujours faire sourire le Margny ?
Il lui avait donc été ordonné par Charles de préparer ses affaires pour le Mercredi, second jour de l'hiver, le premier ayant été tout de même offert aux prières, afin de favoriser les prochaines récoltes local et condéenne. Il serait malheureux d'oublier les bienfaits de quelques paroles au très sacré Aristote.
[...]
Jour-J. Tout est prêt ! Sur les lisières de la forêt sémuroise, deux hommes. Bien installé sur leurs montures respectives, deux limiers retenus par le Germain et fait des plus étranges, carquois, flèche et arc dans le dos de l'italien.
Petite mou du germain, quelque chose le tracasse, Charles le regarde, le sourcil gauche légèrement remonté.
Es ist du braconnage, nein ?
Nous faisons la chasse à notre façon Wies.
Ja, aber hast du le troit dé chasser izi ? Es war nicht votre térre ...
Qui viendra nous déranger ? On fait bien ce que l'on veut lorsque l'on sert le Très-Haut.
Ach Ja ! La France und seine Coutumeuh !
Ja, ja ... C'est ça Wies !
Petit rire moqueur de l'italien, le regarde qui se tourne vers les bois qui s'offrent devant lui. Point de gros gibier pour ce jour, juste du petit gibier, un lièvre au mieux, quoique, cette forêt regorge sans aucun doute de ces animaux dont les Duc environnants raffoles. Léger mouvement et voilà le cheval du Baron qui s'avance, ce dernier tout sourire se tournant vers son compère.
En avant ! Et lâches les chiens !
Les ziens ?
Die Hund !
Ah ja Herr Charles !
Les limiers laissés libre, partant vers les premières cimes, livrés à eux mêmes pour offrir au lombard de quoi contenter sa première sortie hivernale. À défaut du Graal, une belle biche ferait déjà l'affaire ... Au moins au fin palet Margny. Et les deux hommes suivirent leurs éclaireurs, s'enfonçant dans le bois ...
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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne