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[RP] Tous les matins du monde ...

Charles
    ... Où l'impromptu croisade des bois.

    L'hiver et son lot de fête. Le solstice venait de frapper le glas d'une nouvelle saison, celle des chaumières fumantes et des paysans payant leur dîmes avec leurs maigres réserves, mais pour le bien de leur salue. Pour le Baron, c'était presque aussi traditionnel que les divers banquets des Seigneurs par ci, par là, il avait sa petite habitude, une sorte de rite qui s'offrait à lui chaque année. Son père lui avait jadis enseigné ce noble art et aujourd'hui encore, il le perpétra avec fierté et l'égo d'un Margny, dans le respect et le silence, une commémoration en somme.

    Les gens de Condé passaient en sa maison, les uns après les autres, l'accompagnant sur ordre du Chancelier qu'il était. Il aimait à garder auprès de lui, une personne prête à le servir en tout instant pour une affaire ou une autre, bien que laissant ces derniers dans une certaine liberté durant ses heures creuses à trimer dans son salon. Mais depuis son dernier retour, c'était un homme étrange qui l'accompagnait, un marchand germain qui disposait de son savoir faire pour la maison princière et qui avait quelque peu charmé l'italien. L'ayant questionné sur ses activités et ses connaissances, il a très vite compris qu'il venait de trouver l'homme parfait, prompt à l'art de la diplomatie, chevronné en stratégie martiale et surtout à l'humour sec et bien germanophone, ce qui avait le don de toujours faire sourire le Margny ?

    Il lui avait donc été ordonné par Charles de préparer ses affaires pour le Mercredi, second jour de l'hiver, le premier ayant été tout de même offert aux prières, afin de favoriser les prochaines récoltes local et condéenne. Il serait malheureux d'oublier les bienfaits de quelques paroles au très sacré Aristote.


    [...]

    Jour-J. Tout est prêt ! Sur les lisières de la forêt sémuroise, deux hommes. Bien installé sur leurs montures respectives, deux limiers retenus par le Germain et fait des plus étranges, carquois, flèche et arc dans le dos de l'italien.

    Petite mou du germain, quelque chose le tracasse, Charles le regarde, le sourcil gauche légèrement remonté.


    Es ist du braconnage, nein ?

    Nous faisons la chasse à notre façon Wies.

    Ja, aber hast du le troit dé chasser izi ? Es war nicht votre térre ...

    Qui viendra nous déranger ? On fait bien ce que l'on veut lorsque l'on sert le Très-Haut.

    Ach Ja ! La France und seine Coutumeuh !

    Ja, ja ... C'est ça Wies !


    Petit rire moqueur de l'italien, le regarde qui se tourne vers les bois qui s'offrent devant lui. Point de gros gibier pour ce jour, juste du petit gibier, un lièvre au mieux, quoique, cette forêt regorge sans aucun doute de ces animaux dont les Duc environnants raffoles. Léger mouvement et voilà le cheval du Baron qui s'avance, ce dernier tout sourire se tournant vers son compère.


    En avant ! Et lâches les chiens !

    Les ziens ?

    Die Hund !

    Ah ja Herr Charles !


    Les limiers laissés libre, partant vers les premières cimes, livrés à eux mêmes pour offrir au lombard de quoi contenter sa première sortie hivernale. À défaut du Graal, une belle biche ferait déjà l'affaire ... Au moins au fin palet Margny. Et les deux hommes suivirent leurs éclaireurs, s'enfonçant dans le bois ...

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
    "Ceux qui vont au bois, c'est l'homme et sa maitresse... Le valet va, chantant, et la femme soupire.
    - Qu'avous à soupirer, ma noble dame ?
    - J'ai bien trop d'ire en moi, et n'ose te le dire..." Tri Yann


Au détour du chemin suivant, il y a un petit attroupement formé, près d'un carrosse renversé. Les hommes s'essayent, à ce qu'il parait, à remettre dans le bon sens l'habitacle en bois sur le coté, mort, et qui a chaviré par les trous dans la chaussée neigeuse.
S'en étant écartée, Blanche de Pannecé marche à pas lents avec son valet le plus proche, celui qu'elle a choisi, seul, de ses terres bretonnes pour l'accompagner jusqu'en France. Les autres ne sont là que pour un temps, ils ont été arrachés à un destin de servage pour quelques écus, les temps troubles en Bretagne facilitant les transactions humaines. Mais elle ne les gardera pas, pour la plupart... Ils ont les mains trop craquelées, et le regard vide d'illettrés incompatibles avec la fonction qu'elle leur réservait.

Elle marche et concerte l'avis du domestique avec le sien. Quoiqu'inférieur, il est arrivé à la même conclusion qu'elle : à savoir, que leur cockpit est en mauvais état, et qu'ils n'ont, si aucun moyen de le redresser avant la nuit, qu'à prendre les chevaux pour gagner la ville la plus proche. Car elle tombe vite, la nuit, sur la chape de neige glaciale qui enrobe la Bourgogne...

- Entends-tu ?
Les cris des chiens leur parviennent, étouffés à leur naissance par l'ambiance hivernale. Où la pureté blanche sévit, les hurlements, même traditionnels et reconnaissables, ne guettent l'angoisse de leurs auditeurs qu'avec un train de retard...
- Qu'est-ce ? On dirait... on dirait... des chiens ?
... diaboliquement dangereux !

Marche arrière, elle retourne, suivie de près par son domestique, vers le carrosse éventré dont les chevaux leur seront à l'évidence utiles. Quoique point trop angoissée, car elle a cru distinguer, en fond des aboiements rauques, des hennissements équins, elle empoigne néanmoins les épaisseurs superposées de ses jupons, et en élan sur le dos accroupi d'un domestique prévenant, grimpe en haut de la première monture qu'on lui sert.


- Reste près de moi, ordonne t'elle.
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Charles
    Cavalcade à travers les bois, les limiers semblent avoir trouvés proies du matin. Les sabots de chevaux qui frappent la neige, de temps à autre une branche morte à terre qui vint à être fendu par l'assaut déchainé des deux destriers, c'est ainsi qu'ils avancent. À croire qu'ils sont à la chasse de bandit plutôt que d'une simple chasse matinale, car il était bien évident que cet art était habituellement pratiqué de manière bien moins cavalière et l'aspect rudimentaire qui se noue en ce jour, est bien particulier aux mœurs du Margny.

    Alors qu'au devant, c'est un renard, un goupil fendu d'une lueur sordide dans ses yeux qui vinrent braver les deux limiers, le Baron fit halte à son cheval et se prépara à sortir flèche. Le bras armé, l'arc pointé en direction du renard se livrant au combat avec les deux limiers, à croire que ce dernier voulait se faire respecter en son domaine.


    Tu vois Wies, le renard ... Rien n'est plus tenace que ces bêtes la, il m'en faudra bien plus d'une flèche pour le faire tomber.

    Und ?

    Tu t'en iras donc lui assener un coup fatal

    Töten der Fuchs ?

    Ja, und macht achtung, er kannt noch aggressiver werden.

    Gut !


    L'arc en branle, la main qui relâche le bout de la flèche et cette dernière qui s'envole, fend l'air et venant se marquer droit dans le flanc de l'animal. Le combat avec les chiens prend alors fin lorsque la blessure se fait ressentir et son premier réflexe, qui surprend Charles est de le voir fuir à travers les bois.


    Hâte toi Wies ! Il ne faut pas le laisser partir !

    Ja !


    Et les deux compères qui reprennent en chasse l'animal blessé, les limiers étant un peu dépourvu, reprirent également route pour suivre le renard, mais déjà avec un train de retard. Alors que les arbres défilaient, le brun eut l'idée suprême, à nouveau il dégaina une flèche, fit stopper son cheval et alors qu'il s'apprête à tirer, il découvre non loin de là, droit sur leur ligne de prédation, des hommes, des femmes et quelque chose de bien étrange autour du quel ils se pressent. Retournant rapidement son attention sur sa future victime, il décoche à nouveau et vît le carreau se planter droit dans la nuque de l'animal qui en tombe sur le coup.


    Désolé Wies ... Je crains qu'il nous aurait été fatal de ne pas l'abattre de suite.


    Un coup de tête en direction du groupe de breton au plus loin pour signifier qu'il fallait mettre l'animal blessé à terre avant qu'il ne vienne s'enclaver sur ces gens.


    Ach ja !


    Et les deux compères s'avançant alors vers l'attroupement, laissant le goupil en chien de faïence aux deux limiers qui s'étaient rapidement posté autour du regretté animal. Et c'est quelques pas plus loin, la barbe frileuse que le Baron se retrouva nez à nez avec une blonde. Devant lui, une femme, bien joliment habillé pour se pavaner ainsi sur une monture qui lui faisait face.

    Ma Dame ?

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
La découverte de la Bourgogne passait, apparemment, par des coutumes locales qui déplaisaient à la Walsh-Serrant. Tuer des animaux, certes. Rats, lapins, biches, cerfs, sangliers, oui, oui oui ! Mais un renard...
L'acte était par trop odieux. Plus encore, pour Blanche qui avait, selon les légendes contées par les gens de sa terre, un contact privilégié, une relation, presque, avec ces bêtes à fourrure. N'avait-on jamais dit, qu'un renard (ou une renarde, plus précisément) n'était venue s'installer dans les bois aux alentours du Rohannais, lorsque la duchesse avait enfanté sa fille cadette ? On avait raconté, même, qu'elle avait mis bas deux engeances, l'une rousse, l'autre blanche, à l'image des deux héritières du duché breton.
Et puis, Blanche avait grandi. Pour renforcer les rumeurs, et créer un mythe, elle avait laissé dire les gens sur elle, sur cette histoire de conte et de korrigans. Et il y avait eu cette aura blanche autour d'elle, qui la faisait aimer depuis Kastell Paol, jusqu'à Nantes... Elle avait été Princesse, enfantée par l'union improbable d'une Druide et d'un Duc, et elle était obéie par les goupils et les leus.
On raconta même, quelque temps, qu'elle faillit en épouser un. (Histoire contée ici)

La bête, au poil sali par le sang, s'écrasa à quelques mètres d'elle. Prise d'un dégout profond, car l'odeur de la mort et sa vision l'écœuraient, la môme détourna la tête. Le vent, contre ses yeux gris, fit étinceler alors ses yeux d'un éclat clair ; répondant à l'homme en le fixant sans faillir, elle passait pour une enfante émue par la mort d'un fennec. Mais elle s'en fichait !
Elle s'en fichait, car elle trouvait cela vraiment triste, cette mise à mort devant elle, et surtout, de n'avoir rien pu faire pour la bête, imaginez, son mythe entier qui tremblait, n'était-elle pas, comme on le disait, l'enfante à l'hermine ?
Sa voix gronda, avant qu'elle ne réponde.


Táimid ag deireadh ní an t-aon barbarian...
soupira t'elle à son homme de main. Puis, au baron, sans sourire. Avec ce petit accent, inimitable, qui trahissait ses origines avec fierté. Faisait elle un seul effort pour bien parler ?
Damoiselle.
Je viens de Bretagne, et...
soupira t'elle en montrant la carcasse de son carrosse, nous avons eu un léger contretemps. Seriez vous assez aimable pour m'indiquer la route de Nevers, où réside Béatrice de Castelmaure ?
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Charles
    La langue barbare, saxonne, peut être celte, une once de normand peut être ? Arrière gout d'un sicilien, amenuisé à celui qu'une réplique germaine, un ton suave et la blancheur d'une peau qui n'a rien de cul poisseux.

    Sur son fier destrier, prenant ce groupe d'étranger -tout autant qu'il l'était- de haut, scrutant les différentes personnes, qui exceptés cette maitresse, n'avait point la même allure chaste du sang bleu. Un détail, surement encore une charrette de noble venu rendre allégeance où on ne sait quel autre sombre affaire diplomatique, jouer sous le coude des puissants. Il en était pourtant bien âpre de constater qu'une perte de roue, chute de cheval, pouvait mettre bien en mal ces petits voyages si souvent glorifié dans les petites salles sombres de quelconque coin du château.

    Et on en revient au français, un français tout digne d'une bretonne, demoiselle bretonne. Demoiselle ? Fille d'un quelconque Duc ? Assurément, à la vue du char renversé, il devait bien y avoir dot intéressante et que venue en Bourgogne n'était surement pas qu'affaire de fanfreluche, enfin il pouvait y germer quelques étonnements aux vues des velléités locales à l'encontre de l'engeance indépendantiste et reconnu que fut le Grand Duché de Bretagne.


    Demat à toi !


    Et oui, il savait un mot en breton ! Ce n'était pas encore les grands épithètes lexicaux, mais s'il s'agissait de savoir saluer bonne personne avec les formes qui lui accommodaient. Il est vrai que le cours de breton n'était point le plus enseigné sur les rivages de Venise, mais il avait eu vent de quelques mots durant sa plus grande jeunesse du célèbre Conseiller Inutile Fingal Ier à la cour comtoise.


    Ainsi donc, c'est sa grâce Castelmaure à qui vous rendez visite ?


    Les Castetmaure ou les Von Frayner avaient-ils encore fils à vendre ? Il avait souvenir impétueux de l'Empire ou divers noms de la famille lorraine étaient encore à pourvoir à femme. Enfin à ces dernières nouvelles, les quelques têtes encore connus étaient promis à diverses personnalités, telle là si peu vertueuse famille Sparte. À croire que les envies de marier ne freinaient même plus l'ardeur d'une diplomatie soutenue dans le cercle francophone. Autant que Yanahor fut défait par sa femme, encore que l'on puisse comprendre mariage purement lorrain, il avait plus récemment eut vent d'épousailles futurs de lorrain à comtoise, de Von Frayner à Sparte, de deux paternels qui jouissaient d'une haine l'un contre l'autre ... Original. La bretonne participerait-elle à ces mascarades de cours ? Rien n'est moins sure.


    Vous êtes ma foy, déjà bien avancé sur la route de Nevers, si de la pointe bretonne vous veniez. Mais sachez que d'ici vous rendre sur les bords de la Loire, ce n'est point avec vos montures que vous tracerez route. La remontée du fleuve vous aurez surement été plus propice que voyage en char durant ces mois d'hiver.

    Enfin soit, Charles de Margny, pour vous servir, ma bien gente Da .... Demoiselle.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
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Blanche_
Dieu que Blanche le trouvait laid !
C'est ce qu'elle se disait, en le regardant, la tête penchée très légèrement, comme pour se défaire de la vision peu agréable qu'il lui proposait. Les nuages, si bas dans le ciel, ne devaient certes pas améliorer les traits du baron, mais Blanche, considérant pourtant les aléas météorologiques, décréta qu'elle profiterait de la première occasion pour se défaire d'une compagnie si peu lumineuse.
D'autant qu'il avait la fâcheuse habitude, outre ses remarques peu pertinentes, et ses coups d'oeil guère discret vers son attelage, à jauger les uns et les autres, et surtout... elle. La postérité accordera à Blanche l'incapacité totale de soutenir une remarque affligeante à son encontre, ce qui sera, avouons-le, relativement exagéré, puisque cette fois-ci, n'étant cependant point coutume, elle n'haussa pas le ton, et le laissa critiquer son organisation.

Elle était occupée à éviter son regard qui la mettait mal à l'aise, et à songer à ce nom qu'il venait de donner, un de Margny, Margny... Boarf, inconnu, un français, il n'y avait que des français dans ce coin paumé, ce trou-du-cul du monde, ce no man's land puant d'humidité.
Occupée, aussi, à resserrer autour d'elle le manteau d'hermine de Pannecé, qui comme l'avait dit Aimbaud, était le symbole typique de la ringardise bretonne. Ou la classe ultime, si l'on considérait que même les couronnés de France portaient des pelages blancs aux queues noires.


Gwenn de Walsh-Serrant.
Et j'te servirai si tu me montres la route !
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Charles
    Gwenn de Walsh-Serrant, bienvenue en Bourgogne.

    Ironique, voir même tendancieux à une profonde moquerie de sa prétentieuse personne. C'est qu'il en arborait presque sourire sur le pâle visage qu'il présentait à la lisière de cette forêt, perché sur son cheval à guetter les hommes de mains de la baronne bretonne.

    Oscillant la tête de gauche à droite, voyant les gens s'affairer à l'on sait trop quoi, il se tourna alors vers le germanique de compagnon qui le servait si bien. La main qui repasse dans sa barbe, l'idée de se raser l'une de ces prochaines soirées lui esquiva l'esprit alors que son regard maraudeur, finissait par atterrir sur la victime de la chasse et c'est à cette vision, qu'il reprit parole.


    Wies, ramasse la charogne, elle te fera bonne victuailles, je te laisse la maison.

    Du bist trop pon !


    Léger sourire amusé en coin, il était toujours drôle de voir le germain tenter d'endurer au mieux son français, mélangeant allemand et langage aborigène avec une légèreté qui avait tout de fleuri. Le laissant donc s'occuper par emmener avec lui le renard faisandé, Charles reporta son attention sur la délégation bretonne qui devait retourner chez la Duchesse de Nevers.


    Vous désirez donc toujours vous rendre en Nevers ? Je tiens en horreur le galop de longue durée au petit matin, mais je saurais me permettre un écart douloureux pour mes entrailles pour le plaisir de votre charmante personne.


    Il est italien, hein !

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
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Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
Avouons qu'elle le trouvait rustre. C'était vrai, mais pas pour les raisons évidentes : oui, il se moquait d'elle, riait en coin, et elle aurait trouvé cela indécent sur sa terre natale, or ici, l'étrangère, la Sassenach déguisée, c'était elle... A elle, donc, de se fondre, se cacher dans la masse, et si elle n'y arrivait pas, eh bien... Il se moquerait, et il aurait raison.
Comme, déjà, il se moquait d'elle et de son accent, c'est ce qu'elle croyait, en tous cas, elle eu très honte, rosit jusqu'aux racines de ses cheveux blonds, si blonds qu'ils en étaient presque blancs, et elle devint très peu attirante, rouge et blonde, rouge et blanche, avec sa superbe de perdue.
Vite, elle se reprit, calma aussi, la bête entre ses jambes qui donnait du sabot contre les pierres du chemin, piaffant à l'idée de bientôt galoper.

L'homme avait du mal avec les longues courses, semblait-il. Il était pourtant d'usage, dans les pays civilisés selon la blanche Hermine, que d'aller dans la nuit suivre son roi, dans la forêt et les chemins de terres ombrageux, quand l'on fêtait la Samhain ou l’avènement de Nathan. Visiblement, le baron était de ces nobles peu attaché au protocole, et les actes qu'elle-même vénérait pour n'avoir droit d'y participer, il s'y refusait avec un dégoût certain.
Elle l'observa un instant, étonnée. Avant de se décider à répondre.

N'ayez crainte, Monsieur. Je prierai pour elles, et tout ira bien.
Elles, sous-entendu... Celles-là, oui.
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Charles
    Il était amusant de voir la raillerie qu'elle venait émettre à l'encontre du brun Margny, même pas marqué pour un peu. Certes, il aurait mal pris pareil affront en autre circonstance, mais il était bien avisé d'admettre que ce jour, la posture de la blonde, son égarement, tant de détail, lui serait bien malvenue de mettre le Baron de Fondi en mauvais esprit.
    C'est donc par un bref sourire, mais franc celui-ci, qui vint marquer le visage émacié par le temps et les mauvaises rencontres de Charles. Un tantinet poussif que l'on eusse cru, mais il était bien présent et d'une ferveur certaine de sa part.


    Elles sauront vous remercier.


    Tout aussi rustre qu'il était ou qu'il se présentait, il savait jouer de sa malice afin de satisfaire la situation à sa personne. Il ne lui serait pas venue à l'esprit de délaisser dès lors la jeune Walsh-Serrant et bien plus encore, dompté d'une galanterie, c'est de la bonté qu'il allait presque excellé dorénavant, plus par démagogie que par réel intérêt. Il savait que s'il venait à fendre route en compagnie de la Dame, il serait bienvenu que le trajet se fasse de bonne entente et bien plus encore, car la discussion viendrait en bon temps afin de satisfaire l'angoisse de l'ennui, il était préférable qu'elle soit chaude comme l'été, surtout en ce temps d'hiver précoce. Et c'est donc des roturiers, de ces gens dont il pouvait bien évidemment se moquer avec vergogne qu'il alla s'empêtrer en futile barbarie pour le simple fait d'être bien vue. Tout l'art d'un clerc me direz-vous ? Rien de moins, en effet !

    S'approchant alors du haut de son cheval, lentement en direction de la baronne, le regard braqué sur ces gens qui continuaient à s'affairer autour de la carriole dorénavant bien prise en terre. L'oeil qui vagabonde de manière à distinguer chaque tête. Qui sait, un terroriste breton dans le lot ? Ne serait-il pas étonnant que ce peuple si enclin à offrir une amitié durable avec les bourguignons eusse si joyeuse idée que de faire fondre l'un des siens en un cortège tout benêt pouvait-il paraitre pour jouir du fruit de son projet.
    La tête qui se tourne alors en direction de Gwenn, la main qui se tend vers ses gens.


    Et eux ? Allons nous les laisser à se morfondre du malheureux sort qui vous a fait échouer tel le Burgundia sur le rivage de ce bois ?


    Antipathique proposition que venait de faire l'italien, bien plus qu'il savait qu'un bon breton en Bourgogne, ne serait qu'un breton mort et que cela fut déjà statué maintes fois. La corde étant peu d'usage en cette contrée, c'était plutôt l'option sanglante d'une rencontre avec une bannière ducale ou toute franche et démagogue qu'elle soit pour disloquer le corps d'un voyageur armoricain.
    Mais c'était bien peu de chance de se faire ainsi outrager dans ce coin, là où jugulait les dernières cimes de la forêt de Sémur.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
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Blanche_
A qui ce sourire mesquin, orienté dans sa direction, avec la nonchalance d'un pachyderme, et le tact d'un pourceau, à qui, oui, cela peut lui faire bien penser ?
Elle voit la barbe, et son regard amusé, en lorgnant sur les poils longs en devient une franche appréhension. Désorientée, confuse, apeurée, un peu des trois, les trois ensemble, aucun, qui sait ? Mais même si les règles changent, et qu'elle perd -semble til...- l'avantage, Blanche use t'elle de subterfuges pour regagner la manche ?
Que nenni. Elle répond par ce qu'elle sait faire le mieux ; et ce qu'elle aurait fait si l'homme qu'elle avait en face était celui à qui il ressemblait tant. Ce qu'elle aurait fait, si elle était redevenue, ou restée, la femme aux loups, l'Hermine au Leu.
Elle retient un grognement, qui passerait moins bien, elle croit, dans la bouche de la dame de compagnie de la Reyne, que dans celle qui fut Princesse de Bretagne. Elle le retient, mais le rictus lui lui échappe, plissement des lèvres qui lui montre, odieux, à quel point elle méprise sa petite farce verbale.


Elles ?
Elles ont mieux à faire, je crois.


Il parle d'une chose. Le Burgundia. Elle ne sait pas ce que c'est. Et, tellement honteuse de ne le savoir, tellement confuse d'être mise à défaut s'il devait s'en rendre compte, elle répond, empressée et un peu énervée, si vivement que, peut être, il pourrait remarquer qu'elle se sent mal à l'aise, elle répond, et grogne presque, cette fois...

Ce sont des simples gens, mais ils reniflent les pistes mieux que mes chiens, et sont très débrouillards. Gageons qu'ils sauront s'en sortir, Monsieur.

Et, en guise de "on y va?" Elle donne un coup ferme de talon au flanc de sa monture, qui décolle en hennissant dans la direction où le baron s'était précédemment tourné. Elle crie, en passant près de ses domestiques, quelques recommandations en gaélique, que déjà ils exécutent, mais la langue celte est si barbare, que le baron, assurément n'en comprend mot. S'il ne comprend pas, il sera forcé de croire à la supériorité des gens de Bretagne, lorsque les domestiques de Pannecé arriveront à Nevers.
Pour Blanche, et pour sa fierté originelle, les domestiques s'affairent à faire semblant de redresser la petite voiture de bois, et savent, qu'aussitôt que le baron aura tourné le dos, ils partiront à pied vers la Duchesse du Nivernais.
Que ne ferait-on pas, pour une victoire gwenn ha du ?

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Charles
    Le sourire narquois du lombard était bien affiché durant cette scène. Rien n'était plus propice qu'écraser quelque peu la venue d'une cohorte de breton sur le territoire de Bourgogne, bien plus encore quand il s'agissait de tendre la main pour mieux leur assener le coup fatal.
    C'est qu'elle en avait tout de même d'un certain virtuose à ainsi considérer ses gens bien assez talentueux pour se frayer seul un chemin à pied qui déjà au galop de leurs chevaux leurs prendraient plus d'une journée. Mais il n'émettrait pas de doute quand à la réussite de l'entreprise qui sera menée par les bretons pour retrouver leur maitresse chez la duchesse de Nevers.

    Il ne serait guère plus ouvert lorsque la Dame offrira quelques ordres dans le dialecte du profond Armorique, laissant les grivoiseries et sottises qui eurent été transmis de côté, peu lui en fallait. Il s'en allait donc poursuivre et prendre derechef la même allure saccadé que lors de la course du goupil mis à terre plus tôt. S'approchant alors de la douce blonde en perdition sur le territoire de Bourgogne, il reprit parole avec un sourire en coin, un tantinet carnassier, mais surtout moqueur comme il aimait à s'en donner à cœur plein à son oncle lors des décisions de ce dernier.


    Je crois que distancer votre guide serait une fatale erreur. Il serait bien malheureux, que la gente Dame que vous êtes s'égare sur des terres ou n'importe quel brigand saurait la désarçonner, non ?

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
Distancer son guide...
"Son" guide...
Qui possédait qui, dans l'histoire ? Car il y avait bien un rapport de force, mais il était si déséquilibré, et balançait d'un coté comme de l'autre, que parfois Blanche ne savait si c'était elle, ou lui qui menait la danse. Poser la question aurait été désobligeant, et lui mentirait pour lui répondre, comme les règles du jeu l'exigeaient.
Ce qu'il fallait savoir, au sujet de Blanche-Anne de Walsh-Serrant, c'est qu'elle n'avait jamais vraiment eu de Maman. Elle avait eu une Mère, une Duchesse très occupée, et très irritable, mais de très grande notoriété, et qu'on avait connu et méprisé, détesté et voulu tuer, d'antan, parce qu'elle avait épousé l'un des plus grands ducs de Bretagne. Le plus grand, peut être.
Donc, oui. Elle avait eu une Mère, et des nourrices, tout un tas, des tas, des tripotées de nourrices, de paires de seins pour allaiter, de bras à mordre qui vous berçaient, d'amies et de confidentes. Mais de Maman ? Aucune.
Et si Aliéniore jouait, un peu, ce rôle oublié de temps en temps, celle qui l'avait fait des années durant, à défendre l’indéfendable devant la Mère, c'était une autre femme, Anastriana. Marrant, non ?
Et Anastriana, quoique dotée du même caractère que la vraie, était devenue la mère de Blanche si longtemps, qu'elle avait eu le temps de lui apprendre à monter les chevaux des terres bretonnes mieux qu'un homme. A sentir les lombaires se mouvoir entre ses cuisses, et ordonner le moindre mouvement, même imperceptible, d'une pression infime d'une cuisse vers l'autre.


Elle contracta la jambe, et la cuisse en réponse devint dure du coté gauche. Comme guidé par le membre en bois, tant il était serré, l'animal braqua vers l'autre, le poussa un peu, suffisamment pour que l'enfante attrape les lanières de cuir qui guidait au mord, et tire brutalement dessus.
La tête charnue ploya soudainement, et le corps en écho de celui de son propre cheval, ralentissait pour s'arrêter. Les deux masses lourdes et imposantes se tenaient, l'une contre l'autre, alors que leurs cavaliers, se jaugeant du regard, sentaient chacun la chaleur de l'autre qui leur parvenait, cuisse contre cuisse, maintenues dans un étau douloureux, de deux poitrails énormes.

Elle redressa le nez, fière. Le toisa d'un regard glacial, qu'elle avait volé à un chef de clan irlandais, rencontré l'été précédent. Il ne lui manquait, pour parfaire le tableau d'une Reine du Nord, qu'une couronne en anneau simple, qui serrerait son front entre les boucles blondes, pour enorgueillir l'éclat de ses yeux, et répondre à l'or pendant entre ses seins.


Je ne suis pas n'importe quelle dame.

Alors ta gueule, et avance, blaireau !
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Charles
    Toutes paroles que pouvaient débiter le barbu semblait profondément faire convulser la bretonne. Affrontement verbale, au bord du physique dès lors de deux entités morales, la fureur de la glace nordique face au feu follet méditerranéen. L'étincelle était promise et l'embrasement ne pouvait dès lors plus être refréné, tant l'ardeur virulente qui animait les deux être savait être attisés et pour le mieux jugés par les deux protagonistes.

    Le Margny ne perdait pas son arrogance, digne héritage du gras Coluche et de la classe à l'état pure et perfectible de son paternel qui valsait dans l'allégresse de réduire la minorité pensante au néant. Alors qu'elle harponnait les fiers destriers, qu'elle venait à en immobiliser leurs courses par on ne sait quel vice encore issue des rites druidiques ou la pierre et le laurier romain font l'éclat de l'austère puissance des mages bretons.

    A sa réplique virulente, alors que la stupeur aurait pu le prendre, il se contenta d'esquiver un haussement de sourcil pour mieux quitter son sourire moqueur et affiner une légère tendresse aux paroles de la blonde. C'est qu'il n'en attendait presque pas moins, rien de plus évident ne pouvait arriver et à coup sûr le voyage qui leur étaient offert afin de rejoindre la duchesse de Nevers serait un sempiternel débat de la suprématie de l'un ou de l'autre. A qui saurait le mieux jauger l'autre et impliquer une victoire qui se dessinerait le soir prochain sous les remparts de la citée du Nivernais.


    Une bretonne qui vient se morfondre en Bourgogne, je veux bien croire que la candeur qui vous anime fait de vous l'être unique qui se visse sous la hulotte blonde.


    Une main qui vient se poser sur l'une des mèches de la Dame, le visage toujours le même, rien ne pouvait donc lui faire perdre ses rides et sa laideur habituelle, tout juste ses crispations diverses, dans ses craintes les plus folles. Juste quelques doigts qui se faufilent et s'en retirent au plus vite afin de reprendre place sur les harnais du cheval et de reporter son regard sur la plaine qui s'offre à eux.


    Nous allons toujours à Nevers ? Deux jours à ainsi se fourvoyer, voilà qui est de bonne augure ma Dame.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
Les règles.
Si elles sont là, c'est pour une bonne chose. Quand il pique, elle grogne, et vice versa, non ? Alors le voir, et pire, le sentir frôler et sourire, si ce n'est pas déconcertant, ça a au moins le mérite d'attirer son attention.
Un peu comme un jeu de paume, où il aurait envoyé la balle dans un ricochet identique, mais avec un geste légèrement différent, qui lui aurait semblé un rien discordant.
Mais la discordance, quand l'on a si longtemps à passer dans la compagnie de l'autre, cela est pile ce dont on a besoin, non ? Oublier les règles, les transgresser, inventer un nouveau jeu ; le principal, avant toute chose, c'est de s'amuser aux frontières de ce que la bienséance exige.

Elle ne répond pas à la main qui a frôlé sa joue. Même si la joue lui brûle, et qu'une toison ardente semble avoir recouvert ses tempes. A t'on idée, lorsque l'on est homme de bien, de trouver à toucher, de cette façon, les cheveux d'une étrangère ?
Une pression plus intense de sa cuisse, et la lourde masse équine s'écarte en embardée brutale de l'homme. Pile lorsqu'il retire sa main.
Finalement, ces nouvelles règles, c'est un peu une danse entre deux grands qui se chevauchent l'un l'autre, se repoussent et semblent se détester. A la manière de deux armées qui s'affrontent, la bretonne cogne l'italien, se moque et s'enorgueillit, à tort, d'être quelque chose de plus que lui.
Le pas suivant l'amène à lever les yeux vers le ciel, ciel de Bourgogne, qui se teinte de lourds nuages gris.
Anocht Feicfidh mé a bheith níos áille ag damhsa le dul...
Ce soir je s'rai la plus belle pour aller danser...


Bien sûr, vous pouvez nous abandonner ici et courir après vos animaux roux. J'ai entendu dire que les braconniers français attrapaient les lapins avec leurs dents...?

"Si tu lui donnes la cadence,
Elle, elle te donne le La !"

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Charles
    Tout juste effleurée et la douce rose blanche venait déjà à faire voler ses pétales plus loin. Le regard boisé du Margny qui suivait la croupe du cheval dont l'assaut donné par la bretonne lui avait donné l'entrain pour reprendre la course. Le voyage serait certes long, mais fort intense en humour aux vues des réactions de l'étrangère, si peu docile qu'elle était et si aigri que l'italien se tendait à faire croire.

    Et elle était repartie, le brun s'en retourna alors à son destrier et reprendre route pour rejoindre la cavalcade dorénavant mener par la bretonne qui semblait apprécier de voguer au loin sans connaitre la route et laisser son guide sur ses pas. Cela aurait été surprenant de prime abord, mais Charles avait un peu dompté la Dame pour mieux saisir sa façon d'être, un brin rebelle, toute espiègle qu'elle était et tel le renard abattu plus tôt, il ne ferait qu'une bouchée de cette dernière. Nul ne saurait se permettre de laisser un Margny pantois et de lui laisser l'âpre constat d'une défaite.

    Elle harangue, la route continue, il se rapproche à nouveau et en gardant sa course, il répond, le sourire aux lèvres, presque amusé maintenant. Son regard porté vers l'horizon, ne perdant pas la route à mener, les mots filent sur les lèvres, laissé à la juste appréciation de la blonde.


    Pas que les lapins Dame ... Pas que les lapins.


    Et la route continuait, il n'offrait pas plus de questionnement. Il savait que bientôt se profiler longue plaine, champs à perte de vue avant de rejoindre quelques bourgades ou l'arrêt serait bon pour un futur déjeuner avant de reprendre route jusqu'au soir. Ils n'étaient pas encore à Nevers, le défile de pique ne faisait donc que débuter.

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Charles de Margny
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