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[RP] Tous les matins du monde ...

Blanche_
Elle apprécie.
Oh ça, oui, elle apprécie !
Elle a chaud, ça tiédit, ça bouillonne que dis-je, c'est un infernal chauffe-eau sur ce cheval, et qui trépigne, et qui ne sait sur quelle cuisse se tenir. L'inconcevable serait d'imaginer que la réponse percutante du baronnet puisse lui faire un quelconque effet, aussi elle incombe à son engeance grandissante la toute culpabilité de son bouleversement hormonal, et ce en tirant soudain sur le mord, pour stopper et la discussion qui frôle les frontières, et son canasson qui frôle l'apoplexie.

Mon cheval est un peu fatigué, dit-elle simplement.
Le quadrupède dissipé, choisit le moment parfait pour tâter du sol, et battre l'air d'un sabot agacé. Des deux, la plus fatiguée, c'est sans doute elle, qui est rouge et peine à trouver sa respiration.
Elle croise son regard. Le contour ridé de ses yeux, qu'elle trouvait si repoussant tout à l'heure, lui parait, quoique doré, et rendu étincelant par la sueur, l'endroit parfait pour y poser les lèvres.

Le rose devient presque rouge.
Aussi, comme je ne voudrais pas qu'il s'abîme, je propose que l'on s'arrête à la prochaine poste, et que l'on y loue une voiture.
Maintenant, c'est presque cramoisi. Mais c'est seyant, le rouge doré, n'est ce pas ? Tout aussi déroutant que ce petit sein qui palpite, qui cherche à battre, et qui peut être, succombe un peu.

Saloperie de mouflard !
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Charles
    La victoire ne s'obtient qu'avec force et ardeur. Toujours un brin de chance, mais juste un peu, de quoi faire la différence quand l'adversaire qui vous fait face ne veut vous offrir sa charogne puante à déguster. Quand bien même le combat dure, l'important est de ressortir vainqueur, mais étrangement, voir même subitement, l'affrontement venait de prendre fin lorsque la bretonne fit stopper net le cheval déjà prêt à brouter le sol.

    Devant lui, halte fut faite, fatigue fut prétexté, excuse piteuse lui était en somme annoncé. Et le brun, tout fier de mettre pied à terre à la Dame, ne pouvait que se réjouir d'en finir concrètement avec cette dernière, mais bien malheureux car l'annonce de sa rédition sonnait comme la séparation. Tout guide qu'il pouvait être ainsi accompagnant, il n'aurait plus le loisir de jouir de cette position quand la blonde aura trouvé de quoi satisfaire ses gouts oisifs.

    Approchant alors du haut de son destrier, le galop abandonné, pas à pas vers la baronne de proie qui s'offrait à lui. Derniers mètres qui les séparent pour mieux esquisser sur son visage ingrat et pourtant tout digne du sang qu'il porte, le sourire du dominant, vainqueur à cette heure.

    Ma Dame ne saura donc se priver bien longtemps de ses modestes habitudes ?

    Se mettant à nouveau à ses côtés, toujours ce sourire traitre, narquois et bien évidemment prêt à narguer qui se pointe sous son nez. Le regard vers cet horizon qu'ils ne parcourons donc plus à dos de leur deux étalons, préférant ainsi reprendre leurs bonnes vieilles habitudes.

    Ainsi donc nous vous satisferons ... Nous trouverons de quoi faire plaisir à votre céant.

    Les yeux qui viennent jeter leurs orbites sur ceux de la blonde, dorénavant il pourra la narguer avec ce plaisir qu'il éprouvait et sentait monter en lui depuis quelques instants. L'esprit étroit qui vivait en lui, prêt à déchainer le rire qui lui foudroyait l'esprit d'ainsi avoir su prendre le meilleur sur le sexe faible.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
    "Dans la vie comme aux échecs, on peut bien céder une tour, mais non la dame."


Blanche était la dame.
Elle posa un pied à terre, comme l'avancée d'une pièce sur un terrain en damier blanc et noir. Gwen ha du. Elle avait un chapeau comme une couronne, et était si pâle qu'on l'aurait dit sculptée. En levant les yeux vers le ciel, elle y vit de gros nuages qui lui rappela ceux de Bretagne, et elle se sentit apaisée.
Mais qu'y avait t'il d'apaisant dans un avenir sombre et rougeoyant, d'un coucher de soleil en Bourgogne ?
L'assurance de ne pas soutenir son regard plus longtemps, que l'infini insupportable de leur solitude en sous-bois. Elle tourna la tête vers lui, en inspirant assez fort pour se sentir puissante et, bien que perdant l'avantage, pas encore perdante tout à fait. N'était-elle pas la Reine ? Ne devait-elle pas, justement, garder son roi* ?
Elle frissonna, et referma autour d'elle le manteau d'hermines, un peu plus.

Modestes ? demanda t'elle en prononçant, consciemment, les syllabes d'une façon si étrangère, qu'il était presque difficile d'en reconnaître le mot, s'il ne l'avait pas lâché juste avant.
Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire, semblait-elle dire, en l'ignorant complètement, réajustant une boucle blonde qui s'évadait sous le vent.

Vous êtes trop aimable, rajouta t'elle en jouant si bien l'indifférente, que le paradoxe en devenait impoli.
Insidieusement, la dame avançait. Si discrètement, et si perfidement, qu'elle aurait pu toucher le roi du bout des doigts, si elle avait eu le courage de le tendre. Mais, au delà des règles léguées par les dalles blanches et noires, ce qui l'empêchait, plus sûrement que sa stature stoïque et imperturbable, c'était bien que ni les noires, ni les blanches, n'étaient jamais autorisées à fraterniser. C'était comme une auréole brûlante autour de lui, une barrière, une carapace intouchable.


Elle tendit le bras, dans un instant silencieux. Les arbres seuls, chantaient une complaintes aux nuages gris. Et le vent, soufflant dans les uns et les autres, tamisait cette symphonie douce par un glissement sonore vert et froid.
Le bras tendu narguait l'homme. Et les doigts, tout au bout, trouvèrent la joue et en contournèrent les traits. Piqués par les poils, ils s'enfuirent, comme blessés.

L'intouchable, c'était la Reine.



* Plus tard, Blanche donnera ce surnom affectueux à son fils premier né, en hommage à son ascendance princière.
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Charles
    Elle aimait à jouer, encore plus à déjouer et c'est ainsi qu'elle l'enjouait. La blonde qui se pavanait au devant du brun, du cheval descendue, prostrée devant l'italien au chapeau qui lui rendait la parade du regard qui ne quittait désormais plus la bretonne. Elle taquinait de ses répliques, elle s'en offusquait presque, ce qui avait pour effet de rendre le fringuant Margny plus en terre conquis que jamais, car elle ne se laisserait pas dompter.

    Une main qui s'approche, le nez qui se courbe légèrement, les lèvres mouillée au bon soin de l'hiver qui s'écartait comme pour présager l'intervention d'un croc pour mettre à mal l'avancé de la blanche poigne. Les yeux fixe vers le petit membre qui s'avance vers lui, le visage qui se relâche, les rides démolis sous l'effet de l'attention porté sur ces doigts qui bientôt allaient l'effleurer. Un, deux, trois ... La main entière qui venait se poser sur le flanc de la jouer vieilli par le temps et sombrement hirsute du Baron qui semblait s'accommoder d'une douceur qu'on ne lui connaissait pas, laissant cette dernière glisser sur sa peau. Et elle repart ...

    Un instant de stupeur, une éternité à voir s'enfuir celle qui venait de lui rendre chaleur dans la brise glaciale de l'hiver bourguignon. Les nuages files, la brumes épaisse des environs n'y fait rien, l'homme en restait las, droit et adroit, la langue sans mot, paralysé par la venue de ces quelques doigts.

    Il se reprend, un léger tressaillement intérieur et repend de plus belle à la dernière annonce de la blonde. Une main qui remonte vers sa barbe, s'offrant le vice de visiter le flanc voisin et la bouche qui sans un zèle reprenait son droit familier en offrant la parole du condéen.

    C'est bien mérité ...

    Pas plus, pas d'autres mots qui venaient sortir de l'affre glacé qu'était le vieillard sous son couvre chef, humilié, ébahi, prosterné devant la blanche fleure debout à ses côtés. S'il aurait voulu répondre plus, c'est la fatale sentence qu'il se serait imposer devant le mur qu'il venait de se bâtir à vouloir la mater.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
Le reste du trajet se fit dans un silence presque complet. Sauf, au contact d'une pierre plate, les sabots qui crissaient, et les souliers vénitiens qui cancanaient à qui mieux-mieux. L'art de marcher sans prononcer mot, Blanche y était étrangère. Mais elle ne savait plus quoi dire.
Elle avait au bout des doigts un feu brûlant qui s'estompait, pour gagner discrètement d'autres endroits de son corps ; en premier, les lèvres, pétillantes et chaudes, qui tiédissaient sous les nuages gris. Brillantes. Sensuelles. Désirant un écho chaud à en crever.
Sous la capeline sombre, un nouveau foyer prenait naissance. Près de là où l'enfant naîtrait à son tour.

Elle l'attisa soudain, en resserrant son étreinte autour des lanières de cuir. Il lui fallait sentir ce qu'elle touchait, à en avoir mal aussi, car chacune de ses sensations soudain, se décuplait. Et c'était bon, c'était divin et agréable, reposant après un aussi long voyage.

La silhouette du hameau se détachait de plus en plus. A cent pas, ils sentiraient déjà les fumets du dîner que l'on préparerait, peut être, pour leur chauffer la panse.
Celle de Blanche n'avait pas besoin d'être chauffée.
Se retournant vers l'homme, ayant perdu et son sourire, et ses joues rosées, elle annonça innocente, qu'ils méritaient tous deux de se reposer.

La flamme soudain, devint si grande qu'on aurait pu la deviner.
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Charles
    Et la route avait reprit, laissant au brun quelques devinettes bien sordides à résoudre, car quand bien même tout ceci n'était que théâtrale on pouvait presque juger une atmosphère plus pesante, une onde psychique dont les répercussions n'étaient pas encore connues. Le silence du voyage donnait encore plus cette impression étrange, la lune qui fait son apparition à l'extrême Est, une légère brise qui venait foudroyer le sang du cavalier qui pourtant n'en ressentait presque plus l'abime qu'elle avait la haine d'offrir.

    Un coup d'œil par ci, un autre par là, Charles était intrigué par la bretonne, douce chevelure d'or parsemé à cette hermine qui lui allait à ravir, il la dévisageait. C'était un guide qui se perdait, mais heureusement pour lui son fidèle destrier assurait la marche et emmenait son locataire vers un lieu plus propice à résoudre la question qui se posait au brun : Mais que pouvait-il se passer ?

    Les chaumières donnaient la fumées, le soupé déjà leur volait dans les narines et c'est à la remarque de la belle que le baron impérial sortie de sa torpeur, revint à lui, plus à l'écoute que jamais et devina qu'ils étaient arrivés.

    Allons donc trouver une auberge ou un bon bourguignon pour nous offrir le gîte !

    Une soirée romanesque ne pouvait que les attendre, ici dans la campagne, ou le plus délectable des plats étaient un reste de cote d'agneau et où le couché se ferait sur les brins de paille, au fond d'une grange ... Tout du moins pour les bêtes, humaines ou non.

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Blanche_
- Viens don' odir, Béraude, l'attrapoire qui mande une pitance !

L'homme était gros, quoique gras était plus vrai. Sous sa ceinture en corde simple, rien ne pendait, tout était serré, perverti par des braies de bonne facture, recousues à l'aine, et que les cuisses lourdes tendaient à l’extrême. Sa femme arriva. Ils étaient semblables en tous points, sauf que le chef de l'un, dépourvu de poils, était épilé sur le front.
Elle avait voulu se faire belle, ce qu'elle avait peut être été, avant que l'opulence de leur statut d'aubergiste ne la changea en génisse ruisselante. D'autant que la sueur, que l'on humait dès la porte aussi bien que le fumet du repas, embaumait l'un aussi bien que l'autre.
Blanche les regardait, l'un et l'autre, complètement subjuguée. Elle était, aussi étrangère à ces gens de peu, qu'une bachelette avec tous les charmements en tête que seul le couvent prodigue, et rien n'aurait pu lui détacher le regard de ces deux naseaux parlants, si les deux bovins bourguignons, de leur dialecte paysan, n'avaient fait gigoter leur gorge d'une façon bien désagréable à regarder.
La graisse, dans ces deux arbres quinquagénaire, n'avait plus rien de seyant.

- Gente Dame, et Damelot, cousu la femelle d'une voix déconfite, et intriguée, nous avons bonne flambée, et bonne salle.

Blanche sourit. Ils s'inclinaient devant elle et courbaient l'échine, en bêtes dociles qu'ils étaient. Si leur aspect n'avait pas été à ce point repoussant, elle aurait offert à leur obéissance, un batelage digne des meilleurs chevaux.
Mais elle n'avait comprit à leur manège, rien qui n'indiqua l'élégance et la raffinerie d'une couche mandée. Il était question de souplette et de pitance heureuse, mais les lit, oui les lits, personne n'en soufflait mot.
La gorge palpitante de l'homme, tournée vers la grange en fierté ridicule, prônait une nuitée qu'elle n'aurait pas même offerte à ses gens. Heureusement, miraculeusement, elle n'en avait rien comprit.
Et les deux bêtes, en traînant leurs carcasses dans leur tanière, ouvrirent une antre de feu et de crasse à la plus pure des femmes.

Erk !
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Charles
    Et si la gourmandise était devise de la roture ? Excellence de la gueusaille ? Ce n'était tout de même pas la bleusaille qui irait sans moquer, car tout bons hommes qu'ils sont, l'estomac crie autant famine chez l'un comme l'autre ... Le dernier ayant juste un bétail plus fournit ... Et encore. Il suffisait de voir la posture de ces gens qui accueillaient ces petits nobles, tout aussi obtus , tout bien fait, ils ne manquaient certes de rien, peut être juste les manières, mais on s'en moquait bien dans ce genre de situation.

    L'œil hagard devant la prestation fort peu propres des deux bons vivant qui leurs offraient soupé, le brun gardait un certain sans froid, ne pensant qu'au crépitement du feu qui venaient les réchauffer et à l'éventuel bien fait d'un repas réparateur. Le tout était de mépriser dignement ces gens tout en s'assurant que la bretonne n'en vienne à tourner de l'œil devant les grognements que pouvaient émettre le fort bon, le bien gros, le mari de la cuisinière aux gouts, pas si décevant que cela.

    C'est au détour d'une déchiqueté de cuisseau que le barbu coupa court à la ripaille gastronomique bourguignonne qu'il lança la question presque fatidique, mais à l'état du logis, importante aux yeux des deux sangs bleus.

    Mon bon homme, toi qui nous offre tablée, as-tu couches suffisantes pour gens de notre trempe ?
    C'qu''faut pô t'inqu'ter mon gars, l'foin fait d'bien aux cochons, toi et ta p'tite y s'raient bien ! Vous irez bien créchez, t'verras !
    Fort bien ...

    Laconique réponse, dépit de l'homme qui vient se morfondre dans son repas, une tranche de pain qui s'enfourne dans sa mouche, il mâche. Intense réflexion, car il le savait bien qu'à par s'offrir lune comme seul couverture, il lui fallait accepter ce dilemme, bien qu'en tant qu'ancien militaire ce n'était pas pire atrocité, mais sa tête doucement se tournait vers la blonde.

    Il cherchait son regard, quelque peu gêné, s'excuser de lui offrir si rudimentaire couche, bien peu pour la palote Dame qu'elle s'efforçait d'être. Le seul luxe, sera celui de l'humour, car bon Dieu, cela le faisait bien rire intérieurement !

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
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Blanche_
Il aboya une réponse dans un dialecte si étranger à Blanche, qu'elle n'en comprit mot. Et les brides, minimal sens qu'elle trouvait peut être, n'était si peu proche de ce qu'elle espérait, qu'elle pria soudain pour avoir tort.
Mais le regard tristeusement sincère de Charles acheva de la convaincre.
Il était, apparemment, question qu'elle passa sa première nuitée en terres bourguignonnes dans une bâtisse d'ordinaire réservée aux verrats.
La cuiller chut dans l'assiette. Bois contre bois, le bruit était si mat et si faible, noyé dans une sauce bien grasse, que Blanche fut déçue de ne point faire résonner la salle entière.
Fait amusant, les gens autour d'eux s'étaient tus. Ils écoutaient, amusés, la réponse de la gourgandine en bas de soie, qui semblait trouver à redire à son logement de fortune. Les nobles, c'est bien connu, chipotaient sur le moindre détail.

- Vous n'envisagez pas sérieusement de me faire dormir dans une grange ?

Il tournait sa sale trogne vers elle, cependant que la brune et les révélations dernières l'empêchaient de le trouver beau. Il était bien laid, vilain, osé et couard, et elle aurait voulu, si tous les visages de coqueberts n'étaient pas tournés dans sa direction, laisser une empreinte gantée à sa joue.
Derechef, elle tourna une moue aigrie à l'aubergiste, lui signalant son mécontentement. D'une membru dense, il ordonna aux autres de reprendre leur mangeaille, mais la menuaille semblait-il, avait alors mieux à faire que de picorer leurs lardons.

- Jouvence fleurit mieux sous la lune ! beugla un olifant éméché.

Rentrant la tête dans les épaules, l'hermine se tut. On leur apporta poularde dans une sauce ruisselante, qui brillait à la lueur de l'âtre. Mais Blanche, bien loin d'une considération gastronomique certaine, se contenta d'une cuillerée insignifiante, suffisante cependant à calmer sa panse mécontente.
Elle voyait juste, se faufilant entre les tables, une silhouette féminine, à la croupe large, qui se devait d'être la fillote rondelette de leurs hôtes. Elle en avait, sinon le profil, au moins l'allure, comme lui en attestait sa manie en portant les draps au dehors, de se gratter le fessier.

Elle voyait cela, ces vas-et-viens incessant, de celle qui menait à la grange de quoi les loger. Lui, le bourguignon, l'autochtone et le maître, et elle, la "petite", l'insignifiante à l'accent éhonté. Elle voyait, et tout en elle, depuis le coeur jusqu'à la peau, se recroquevillait pour être plus petit, devenir invisible, et ne point sortir sous la lune.

- Je déteste ça.

Ça. Les regards imbibés et pervers d'une merdaille de province, les sous-entendus grivois du patron, la tenue d'une grosse aubergiste, digne d'un affublement de carême, et la bastaille en son être qui lui enjoignait, pour se parer de la froidure hivernale, de retrouver dans la paille un barbu provocateur.
Oh, "ça" aidant, elle s'en souviendrait, de son arrivée en Bourgogne !
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Charles
    Le soupé devenait une torture, un effroyable guet-apens aux bonnes mœurs. L'ambiance était de cristal, prêt à voir la glace se briser à tout moment tant la braise qui vivait à côté de lui semblait outré, mais aucune réaction de l'italien n'arrivait à s'élancer à travers la tablée, il en restait muet.

    Étrangement le brun ne savait trop quoi répondre, il n'avait plus vraiment affaire à la même Dame que celle perdue sur les chemins, tout juste frondeuse, loin de la honte qui pouvait désormais sévir. Si sa réaction pouvait en être virulente, le Baron gardait néanmoins un calme à en avoir peur pour sa santé mental, car comme tout Margny, c'était un véritable affront qu'on lui faisait, mais n'étant point sur terre familiale il aurait été mal venu de tuer les citadins pour s'approprier leurs couches.

    La main qui glisse le long de la table et vint se poser sur celle de la blonde, attitude assez inattendu du condéen, surprenant même pour cet homme qui n'avait pas pour habitude de pousser contact, quand bien même la candeur en fut attirante. Serrant ses doigts sur les siens afin d'arriver à peut être la contrôler, la calmer, tout du moins asphyxier l'angoisse qui grandissait autour de la table ou les gras paysans régnaient en maître du gite.

    Je crois que le repas nous a fort bien nourrit bons gens ... Nous allons donc nous retirer dans notre lit de ... de fortune.

    Un instant de dépit, puis s'étant reprit, il se tournait vers la belle bretonne, un sourire forcé sur les lèvres, une invitation à quitter la table pour s'en retourner, tout deux, au saint lieu qui leur était offert. Le yeux qui allaient se perdre un instant sur les détours de la jeune femme, allant faire divaguer le brun, juste de quoi lui offrir un instant de réflexion, puis de reprendre ...

    Si l'hôte de ce gite le souhaite ?

    Une invitation ? Plutôt un conseil ... Conseillé ? Un tantinet forcé !

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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé
Teckel à poil ras d'Autun
Porte Parole de l'Assemblée Bourguignonne
Charles
    Une sortie, ils se le devaient. Point d'esclandre, c'est bien ce qui était souhaité par le barbu. Surveillant la blonde muette, prêt à l'attraper si cette dernière se mettait à faire une crise d'angoisse et déverser toute sa puanteur bretonne sur les malheureux bourguignons -rien de nationaliste la dedans, non non ^^- Charles tentait donc la sortie parfaite.

    Levé, prêt à quitter la tablée, il invita gracieusement et de toute la classe qui l'accompagne à voir la belle blonde le suivre dans l'atroce demeure qu'on leur eut promis pour la nuit prochaine. C'est avec un sourire compatissant, une main tendu amical qu'il réussit donc à convaincre la baronne de ne point fulminer devant la gueusaille local et de se résoudre au taudis alloué.

    [...]

    Un temps plus tard, dans une bâtisse tout ce qu'il y a de plus accueillant pour un élevage de porc, la pair de baron venait à découvrir le lieu qu'on venait leur offrir pour cette nuit. Un brin qui visite le lieu, un regard qui scrute tout les coins de cette étable ou le foin bien entassé au milieu promettait une couche, tout ce qu'il y avait de plus pittoresque dans cette région. Le plus gênant n'en serait peut être pas le confort, mais l'héroïque combat de survivre à la nuit glacé qui les attendaient déjà ...

    La bretonne n'a jamais eu loisir de visiter les douces nuits françaises ?     De son air le plus autant et bien antipathique qu'il sait offrir.
    Blonde qui lève les yeux vers la charpente grinçante, ce serait pas étonnant que le plafond de la grange leur tombe sur la tête !     Si, bien sûr, mais jamais dans un lieu si pittoresque.
    Si les porc y trouvent leur plaisir, je ne doute pas un instant qu'il sera propice à une bonne nuit. Le tout sera de se réchauffer ... Bien se réchauffer De la buée qui venait à s'échapper des poumons du bas, il en aurait en effet bien besoin de se réchauffer.
    la fille entre, laisse tomber sur la paille des draps secs, et une couverture. Une. Unique. Blanche grimace, détourne les yeux brusquement. On pourrait tout faire brûler. On devrait. Qui sont ces gens, enfin ? Je ne suis pas faite pour dormir dans une porcherie !
    Sourire, sourire sadique presque, tout au moins satirique. Bienvenue en Bourgogne ! La vraie, celle qui sent bon la pisse de chèvre et l'excrément de porc, la vie, la vraie ! Brulez cette bicoque, vous serez mise sous le couperet de la duchesse .... Les bretons ne sont fort apprécié par ici ... Pas plus que des personnes de ma trempe. Vous prendrez donc ce taudit, toute porcherie qu'il est, comme toit à votre nuit. Au moins les choses étaient clair dorénavant.
    Vous.. Hausse un sourcil, se mettant à rire. Mon Dieu, vous me donnez... un ordre ?
    Vous une étrangère, perfide vipère bretonne ... Disons alors que ... Oui ! Visiblement satisfait.
    Crétin ! Grommelle, énervée, et s'assoit sur une pyramide de paille sèche. Je refuse de dormir ici.
    Ne dormez pas ! Allez traire les vaches, faites la folle dans les patures ... Rien y changera. Vous disiez vos gens assez débrouillard ... Ils eurent bien besoin de cela pour tenir une maitresse telle que vous. Cassant ? Non, une sympathie toute Margny.
    Vous êtes arrogant, Monsieur. Mais c'est votre inconnaissance qui vous le permet.
    Il rit de bon cœur et s'approche de la blonde, toute enfoncé dans son siège de fortune. Évidemment que je suis arrogant ... Je suis Charles de Margny.
    La poularde sent encore dans votre bouche, c'est très désagréable.     Le fixe sans sourciller.
    Il sourit. Vous avez encore faim que vous lorgnez sur les divins mets qui viendraient à se glisser entre mes dents ?
    La bretonne passant une langue contre les siennes, de dents. J'ai l'odorat sensible, c'est tout.
    Le baron hausse les sourcils, étrange coutume que celle des bretonnes. Même osé dirons nous ... Il l'embrasse. Et le gout, tout aussi sensible ?
    Une fureur venue de l'Ouest lui mord la lèvre, et le repousse, furieuse. Il recule. Je ne suis pas une catin française, Charles de Je-ne-sais-quoi !
    Le brun passe alors lentement une manche sur sa bouche. Tant mieux ... les françaises ne sont pas de mon gout.
    Une Blanche colombe qui se relève, essuie sa bouche, comme dégoutée. Sortez immédiatement !
    Ainsi donc, vous décidez enfin de vous contenter de cette batisse comme couché pour cette nuit ? Un Margny gagne toujours. Et si les désir de notre princesse sont telles, je m'en irais trouver autre grange ... Ça ne manque pas.
    Mes intentions ne vous regardent pas, Monsieur. La bonne nuit. Reculant vers le fond de la grange, rappelons quand même que Blanche est pathologiquement stressée par les hommes...
    Soit ... Je vous souhaite une bien bonne nuit, dans votre glaciale, seule ... Bonne proie à tout malandrins S'en va quitter la grange.
    Heu ! A la réflexion.
    Il s'arrête, dos à la blonde, face à la porte.
    Je vous laisse la paille, je prends la couverture.
    Il se retourne, main toujours plaqué contre la porte. Je reste ?
    Devant la porte, oui. Pour les malandrins...
    Je fais le pet ? ... Toute la nuit ? ... Et s'ils rentrent par on ne sait quelle porte dérobée ? Taquin, malin, malandrin lui même ...
    Vous aurez alors loisir de nous montrer vos talents, Monsieur.
    Charles en sourit. Ses loisirs ? Vieux souvenirs des batailles sur le front sicilien. Nous nous acquitterons donc de cette charge princesse ...
    Altesse.
    Votre Altesse...
    Elle se saisit de la couverture et lui, la suivant du regard, ne pouvant que sourire, fier et hautain qu'il était. Elle s'enfonce alors dans le noir, au fond de la grange. D'où elle le voit, mais lui, la voit-elle ? la suivant toujours et encore du regard, elle disparait dans l'ombre, n'étant plus qu'âme mouvante et lui, s'en va vers le foin tant promis.
    Bonne nuit ! Ou comment clore une conversation, il lui fout la trouille.
    Levant les yeux au son de la blonde voix. Vous aussi ... Votre Altesse. s'enfonce dans le foin et passe son mantel par dessus .

    La nuit ne fait que commencer ...

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Charles de Margny
Baron de Fondi
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