Pattricia, incarné par Brygh_ailean
L'hiver était bien là... Cela faisait bien des jours que la môme au loup et la rouquine avait quitté le P.A. Les provinces traversées étaient endormies sous le manteau neigeux qui recouvrait le Royaume de France.
Mélie conduisait le coche où les enfants étaient sensés se trouver, mais c'était sans compter sur les garçons qui voulaient profiter de cette occasion bien rare de voyager avec leur mère. L'équipage se retrouvait légèrement modifié dans la forme, d'abord Cantor avait demandé à chevaucher avec Pat, ensuite Floris ne voulant pas être en reste, c'était installé près de Mélie à l'avant et jouait les cochers, quand il ne s'évertuait pas à dessiner les paysages et animaux croisés, dans un petit carnet que la nounou lui avait cousu.
Avait suivi une crise existentielle, dont elle a le secret, de la part de Lucie, abandonnée sous une pile de fourrures -la pauvre...- dans le coche, bien au chaud. Tout ça pour finir par alterner chevauchée en compagnie de Mari, observation et commentaires sur ce que dessinait son frère et retour sous les fourrures en maugréant que nous étions tous une bandes de déséquilibrés de rester ainsi dehors par un tel froid.
Les trois adultes, amusées du manège des triplets, se contentaient de sourire et de continuer à mener bon train. Le soir, après un repas mijoté par les soins de Mélie et Mari, toute la petite famille se blottissait autour d'un feu et les filles racontaient chacune leur tour "une histoire qui fait peur".
Ce soir là, la bise c'est calmée et, malgré le froid cinglant, les enfants se balancent des boules de neige à tout va pendant que les femmes se partagent les tâches habituelles, deux à la préparation du diner et une au bouchonnage des chevaux. C'est en attachant les sacs de grains pour ces derniers afin qu'ils mangent que Pat est interpelée par une Vindic toute excitée qui passe en rase-motte au-dessus de sa tête. - La paix Vindic, tu auras ta viande séchée quand on sera tous bien installés ! La buse continuant son manège, la jeune femme se met à scruter le ciel. C'est alors qu'elle voit un volatil pour le moins singulier lui foncer dessus et se poser sur le toit du coche. La bestiole lui est familière, mais sans plus, et le drôle de piaf se met à faire des bruits étranges, des sortes de grognements peu communs chez les oiseaux d'ordinaire. Prenant quelques graines de fourrage, Pat s'approche et lui tend, paume ouverte et le piaf de venir picorer le plus naturellement du monde ne se laissant pas impressionner par Vindic qui s'évertue à montrer sa réprobation.
Avisant le minuscule parchemin attaché à la patte de la bestiole, la Périgourdine lui retire, et après que l'oiseau se soit posé plus loin, s'approche du feu pour entreprendre la lecture de la missive. C'est la signature qui fait tilt. - Mais oui ! La barge à queue noire de la non moins barge nippone ! Punaise mais c'est quoi cette histoire !!!
Citation:Patsan,
Toi rentrer Péricor immédiate... Porte Neuve, grand danger !
Bryn, être très malade ! Pas possible !
Grand malheur ! Grand malheur !
Sachiko
- Mariiiiiii vient lire ça vite !!!
Pendant que la rouquine est à sa lecture, la môme au loup entreprend une marche de long en large maugréant de temps en temps, s'arrêtant, invectivant le ciel nocturne et finit par foncer dans le coche. De l'intérieur...
- Bon... pas de panique, c'est Sachiko, donc tout ce qui n'est pas conforme à sa vision des choses est toujours forcément "très grave", surtout quand il s'agit de la Grande.
Sortie en brandissant son écritoire et arrachage de la missive des mains de Mari, pour finir par s'assoir près du feu. Doigts tremblants, -ben ouai ça caille j'vous f'rais dire- Pat griffonne vite fait deux missives, sable et cachète à la cire.
Citation:Sachi,
Je connais ta tendance à tout dramatiser, donc on va faire dans l'ordre si tu veux bien.
Primo, tu me dis que Bryn est malade, tu veux dire quoi exactement ?
Secundo, je suis à des centaines de lieue du Périgord, en passe de me retrouver dans un autre Royaume d'ailleurs, alors si je dois revenir, en supposant que j'arrive à temps, donne moi des détails non d'Aristote !!!
J'attends ta réponse dans les plus brefs délais.
Merci,
Pat
Une fois cette première missive récupérée, la jeune femme l'attache à la patte de la barge et la renvoie d'où elle est venue.
Citation:Salut Duchesse,
Je t'adresse cette missive alarmée. Je viens de recevoir un courrier de Sachiko, la nippone de la Grande, qui me demande de rentrer immédiatement en P.A. car Bryn est malade et en grand danger.
Étant donné qu'elle ne me dit rien de plus, je t'en conjure dis-moi ce qui se passe et si je dois effectivement rentrer. Si c'est le cas, nous en aurons pour plusieurs jours et je devrais prendre au moins le temps de présenter mes excuses aux personnes auprès de qui je me suis engagée.
Je t'envoie Vindic, j'espère qu'elle ne t'auras pas blessée, tu connais son manque de courtoisie quand elle vient de faire un grand voyage et qu'elle a faim. Espérons que tu auras un stock de viande séchée près de toi quand elle te rejoindra...
Je t'embrasse,
Marie en panique...
Bon... là opération plus délicate, d'abord la bouffe, ensuite la missive, sinon je vais me retrouver avec un doigt en moins. Après avoir nourri "copieusement" Vindic, Pat lui attache la missive. - Tu portes ça à Gadzelle ok ? Et pas de blague hein ! Tu feras ta mijaurée plus tard, c'est urgent !!! Regard torve de la buse et envolée dans la nuit... - Combien de temps vais-je devoir attendre pour être fixée...
Gadzelle
Encore toute chamboulée, la brune n'avait pas dormi de la nuit. Impossible de savoir si c'était le départ plus ou moins attendu, les adieux courts, ou cette clef.
Depuis qu'il l'avait déposée dans sa main, la brune était rentrée chez elle, l'avait posée sur la table, avait tiré une chaise et s'était assise. Devant, à fixer l'objet tout simple. Même ici dans sa propre demeure elle n'avait pas de serrure, donc pas de clefs. Enfin à la porte d'entrée. Elle en avait bien une dans chacune de ses caves - comment ça, vous n'avez pas deux caves chez vous ? Il fallait bien de la place pour emmagasiner toutes ses victuailles - mais pas de serrures aux portes, uniquement des barres intérieures.
Les pensées s'étaient suivies les unes aux autres, sans lui permettre d'y comprendre quoi que ce soit. Bref, cette clef, plutôt que d'ouvrir lui fermait les portes de la compréhension. Ou alors ouvraient celles de l'incompréhension, au choix.
Il fallait qu'elle en parle à quelqu'un.
Quelqu'un qui saurait quoi faire.
Quelqu'un qui était la tempérance même.
Quelqu'un de doux et d'attentionné.
Quelqu'un qui connaissait les histoires compliquées dans lesquelles la brune se perdait toujours.
Bryn.
Oui. Hem.
Bon, elle ne pouvait en parler qu'à Bryn, tant pis si elle ne collait pas exactement à tous les points énoncés !
Résolue, la clef au creux de la main, pas rafraichie, pas coiffée, pas pomponnée, la brune sortit de chez elle.
*PAF* Elle ne s'était pas pris la porte, mais la buse. Une collision de deux buses en quelque sorte. Ce qui n'arrangea rien à sa coiffure...
Mais qu'est-ce que c'est que cet oiseau de malheur... Arf. La Marie et sa buse...
Dépliage rapide du courrier et lecture de celui ci.
Citation:Salut Duchesse,
Je t'adresse cette missive alarmée. Je viens de recevoir un courrier de Sachiko, la nippone de la Grande, qui me demande de rentrer immédiatement en P.A. car Bryn est malade et en grand danger.
Étant donné qu'elle ne me dit rien de plus, je t'en conjure dis-moi ce qui se passe et si je dois effectivement rentrer. Si c'est le cas, nous en aurons pour plusieurs jours et je devrais prendre au moins le temps de présenter mes excuses aux personnes auprès de qui je me suis engagée.
Je t'envoie Vindic, j'espère qu'elle ne t'auras pas blessée, tu connais son manque de courtoisie quand elle vient de faire un grand voyage et qu'elle a faim. Espérons que tu auras un stock de viande séchée près de toi quand elle te rejoindra...
Je t'embrasse,
Marie en panique...
Mais mais mais... Regard vers l'oiseau perché sur son bras, les serres lacérant la chair. Bon. Décision, action. On va chez Bryn. Grimace sous la douleur. Non, on va d'abord dans ma cave, j'imagine que tu ne me laisseras pas tranquille avant.
C'est donc bougonnant sur : "ces oiseaux abrutis qui mangent affamés l'équivalent d'un chien féroce et en plus de son meilleur jambon cru" que Gadzelle put enfin sortir de chez elle, clef en main et buse au bras. La Grande habitait un quartier voisin au sien, ça ne lui prit guère de temps.
Décider le castrat à la laisser entrer fut une autre paire de manche. L'homme ne voulait pas lui faire dépasser l'entrée tant qu'elle n'aurait pas retrouvé le ton correct et la petite moue avec les joues qu'il lui avait apprise. Après l'avoir bassiné avec une sombre histoire de clefs, d'étalon, de buse - "Komment ça je zuis une buze ?" - de grand danger et de "Mais vous allez me laissez passer oui ! Vous êtes pire qu'une veille bique !" enfin la brune pénétra dans la demeure. Une entrée très désordonnée, somme toute assez normale pour une aristoch'. Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que c'est que ce b... Regard éberlué sur la pièce. Les trois femmes entouraient Bryn qui semblait un ilot de calme dans un océan de perplexité. Le service et la collation... soit. Les boissons toutes prêtes... quoi de plus normal ? Mais les tissus... Alors là elle ne comprenait pas. Eeeeuh... Quelle entrée en matière fabuleuse après le juron qui avait failli sortir de ses lèvres ! Ajouté au courrier et à la clef toujours dans la main, à la mine pas très correcte, aux cheveux décoiffés... L'image même de la tempérance, comme elle cherchait. Bonjour mesdames, comment allez vous ? Par la force des choses, elle s'assit sur un siège libre. Toute fougue muselée par le calme des lieux. Vous reste-t-il de quoi déguster? Ça m'a l'air fameux. Mais qu'est-ce qu'elle avait trouvé la Grande avec cette réception ?_________________
--Sachiko
C'en était trop pour elle. Se vautrer comme une grand-nez avait déjà passablement entamé sa patience. Surtout que la patience n'était pas vraiment son fort dans ce genre de situation. A peine avait-elle eu le temps de se relever que sa barge à queue noire entrait placidement par la fenêtre ouvert pour lui remettre le pli de Pat.
Descendue, elle s'était casée dans un coin, assise en tailleur et essayait de maîtriser l'écriture à la plume de ses foutues lettres, quand il aurait été si facile de dessiner quelques idéogrammes à l'aide d'un pinceau.
Citation:Pat,
Bryn très grave... Déjà dans tissu...
Toi rentrer. Moi désespoir.
Elle allait se relever pour remonter envoyer cet ultimatum pour le moins alarmiste à la troisième commandeure du désordre, lorsque Gadzelle était entrée.
Pas totalement mécontente que la brune ait bouleversé l'odieux germain maniéré, sa colère avait ensuite atteint son summum en regardant bryn avec ce fichu morceau de peau de bestiole.
Mais qu'est que...
D'un bond, elle avait sauté sur sa compagne, massacrant d'un coup le chignon si harmonieux. La seconde suivante, ses pieds touchaient à nouveau le sol et elle secouait désespérément la grande par les bras.
Toi pas parler chiffon ! Toi pas mettre chiffon dans cheveu... Ca être pour femelle !!! Toi pas femelle !!! Non, toi pas femelle !!!
S'arrêtant alors, elle jeta son dernier argument.
Toi Bryyyyyyyyn !