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[RP]Qui dit neige dit būche, qui dit būche dit borgne. Nié ?

Orantes
Non ni cataclop ni tagada tagada, la vieille monture du jeune Orantes avançait silencieusement sur le tapis feutré que formait une épaisse couche de neige. Pas plus de bruits dans la nature endormie environnante que dans le monastère du coin à l’heure du repas. La campagne dijonnaise était comme morte, étouffée par ce tapis laineux sans couleur. Le Très Haut semblait avoir fait disparaître toute trace de vie sur cette route isolée, seul le souffle d’un vent d’Est parvenait aux oreilles du cosnois. Le claquement de ses dents, que provoquait la bise glaciale lui permettait au moins de savoir qu’il était encore vivant dans ce mirage hivernal. Quelle étrange idée il avait eu là de rejoindre la capitale bourguignonne sous des cieux si hostiles ! La politique, la politique encore une fois ! Sa dévotion envers son duché perdrait à coup sûr un jour le jeune Volvent.

A l’entrée d’un bosquet pourtant, trois corneilles perchés sur un chêne dénudé vinrent troubler la torpeur du bourguignon par leurs croassements lugubres
.

Croaaaaaa Croaaaaaaaaaaaaaa faisaient les bêtes à plumes. Et Orantes de lever la tête, de fixer leurs yeux noirs de démons et, afin de couper court à toute velléité de conversation des corbaques, de lancer :

Rhoooo vos gueules les volatiles ! On se passera volontiers de votre gazouillement disgracieux…Mon cheval et moi ne supportons que le chant du rossignol et uniquement les jours de beaux temps !

Croyez-le si vous le souhaitez, mais Orantes n’avait pas encore fini de ravaler son rire moqueur ( oui le jeune homme est un peu vaniteux et adore ses blagues ) que les trois volailles basanées s’abattirent sur lui afin de lui picorer l’ensemble des extrémités. L’orgueilleux avait moins fier allure céans se débattant et cherchant à se s’extirper de cette envolée belliqueuse. A force de frétiller, de gigoter et de se trémousser sur sa monture, arriva ce qui devait arriver : Le palefroi passablement excédé de supporter les pitreries du cavalier opta pour une ruade magistrale qui envoya Orantes dans le décor. Décor qui, rappelons-le, est pour grande partie constitué de cette petite poudre blanche et froide appelée neige. Autant dire, que le malheureux corps du bourguignon n’eut aucun mal à glisser, tête la première, dans une belle congère. C’est donc le postérieur du jeune homme qui succomba aux derniers assauts de ces infâmes volatiles, avant de les voir disparaître.
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Anya.
[En vadrouille en Bourgogne]

Anya pestait. Oui elle pestait, et royalement. Tout d'abord parce que son séjour en Bourgogne avait été écourté par la fermeture des frontières mais surtout parce que la neige s'était une fois de plus invitée sur son chemin. Comme si la neige ne pouvait pas rester en Savoie pour engloutir les hérétiques ! ...Bah non, elle était bien là, en masse, épaisse par endroits, collante, mais surtout, froide. Mais finalement, ce n'était peut être pas la neige en elle-même qui provoquait le ralentissement de la borgne, non, c'était plutôt son fils qui adorait lancer des boules de neige sur sa mère. Forcément, au bout d'un moment, ça lasse.

Mais la jeune femme s'inquiétait surtout d'être seule avec son fils sur les chemins. Une attaque pouvait survenir, même dans ce décor désertique et froid. Aussi s'impatientait-elle de plus en plus et avait une certaine tendance à réprimander François plus que de raison. Anya s'apprêtait à lui faire comprendre une fois de plus que « non ce n'est pas drôle de se mettre de la neige dans les yeux » quand ses oreilles furent titillées par des bruits. Inquiète de nature et un chouïa trop protectrice Anya prit François dans ses bras et décida de se cacher derrière un buisson ayant survécu au manteau neigeux.

La Von Haareweiss tendit l'oreille pour percevoir l'origine du bruit quand trois corneilles en décidèrent autrement en se mettant à chanter. Agacée, Anya tenta de faire déguerpir les oiseaux quand elle se rendit compte en regardant à travers les branches qu'un cavalier arrivait. Et visiblement lui non plus n'aimait pas les corneilles, ce qui se révéla réciproque. Anya amusée regarda l'homme se faire attaquer par la moinaille puis faire la figure de sa vie : un vol plané double salto avant et tête piquée dans la neige. Note attribuée : 10. Merci cheval.

A cet instant précis la jeune femme éclata de rire. Il faut avouer qu'elle se retenait depuis quelques minutes déjà et que cette cabriole était le clou d'un spectacle qui avait eu le don de tirer Anya de son profond ennui. François aussi riait (mais lui c'est parce qu'il se prenait pour un buisson rieur).
Néanmoins, après cinq bonnes minutes d'un fou rire tenace, Anya se décida à sortir de sa cachette pour voir comment le cavalier se portait.
Avec l'aide de François la jeune femme dégagea l'homme de la congère sous laquelle il était enseveli sans pour autant mettre fin à son fou rire. La scène était si cocasse et cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas rit aux larmes qu'elle ne pouvait qu'en profiter. D'une voix un peu railleuse Anya s'adressa au cavalier des glaces.


« - Hum...on ne vous a jamais dit que se moquer des corneilles ça jette généralement un froid ? C'est vil comme bête... »

Avisant le jeune homme qu'elle avait sous l'œil et la monture sur laquelle il siégeait si fièrement quelques minutes plus tôt, Anya haussa un sourcil. Un homme de bonne condition de toute évidence, ce qui ne fit que redoubler le rire de la borgne.

« - Désolée de me moquer, mais j'ai rarement l'occasion de voir quelqu'un se planter aussi lamentablement, alors merci beaucoup, ça égaye mon voyage qui était un poil trop monotone ces derniers temps. »

La blonde sourit de toute ses dents avant de prendre la main de François dans la sienne pour éviter qu'il ne profite cette petite pause dans leur marche pour partir à l'aventure en solitaire.
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Orantes
C’est donc un Orantes tout solidifié par la neige et le givre, rigide comme un beau glaçon tout bleu que nous retrouvons là ; le postérieur en forme de sorbet dépassant de la congère où loge pour le moment le pauvre nez du malheureux. Encore tout étourdi par cette bûche, pour le moins magistrale, il entendait pourtant autour de lui des pas qui crissaient sur l’épais manteau neigeux et le bruit étouffé de quelqu’un qui grattait afin de le délivrer de ce piège de glace. Voilà ses paupières, enfin dégagées des derniers cristaux blancs, qui s’ouvrirent sur le visage d’une étrange créature qui ne cessait de le regarder en riant à gorge déployée. La longue chevelure claire presque argentée, la bouche ouverte comme un gouffre et le rictus qui déformait son visage blême lui donnait l’air d’une chimère du septentrion. Orantes, toujours aussi groggy, ne put contenir un mouvement de recul qui lui fit régurgiter tout rond la belle boulette blanche qui obstruait encore sa bouche… Beau spectacle !

« - Hum...on ne vous a jamais dit que se moquer des corneilles ça jette généralement un froid ? C'est vil comme bête... »

La raillerie fit reprendre un peu des ses esprits au bourguignon. Point de yéti ni même de démon des neiges, Orantes avait à faire à une damoiselle à un œil. Oui seule une petite prunelle bleue était visible sur ce visage pâle qui, à bien y regarder, était d’une délicatesse certaine. L’autre côté du visage, certainement meurtri, était dissimulé sous une sorte de bandeau. Le cavalier qui arborait désormais une couleur rouge ( celle de la honte de s’être donné en spectacle associée celle que donne l’application trop prolongée d’une substance froide sur une peau jeune ) resta bouche bée et ne sut quoi rétorquer à la malicieuse. Et le ricanement limite niais du gamin qui accompagnait la jeune femme ne l' aida pas, lui, de nature habituellement si sarcastique, à retrouver ses esprits.

Il fallut donc attendre que le cosnois se relevât et la seconde charge railleuse de la borgne pour qu’Orantes puisse réellement réagir.



« - Désolée de me moquer, mais j'ai rarement l'occasion de voir quelqu'un se planter aussi lamentablement, alors merci beaucoup, ça égaye mon voyage qui était un poil trop monotone ces derniers temps. »

Eh bien Dame vous me voyez fort aise d’avoir pu contribuer à l’agrément de vos pérégrinations et il est vrai que le malheur des uns fait le bonheur des autres…

Puis, reprenant un air fier,

Toutefois, je me serais bien gardé de vous donner un spectacle si burlesque mais ces tristes volatiles en ont semble-t-il décidé autrement.

Enfin il épousseta les quelques flocons qui ornaient son chapeau et fit une large révérence aux deux voyageurs.

Orantes de Volvent, saltimbanque et équilibriste à ses heures perdues, pour votre plus grand contentement apparemment !
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Anya.
Le néo-bonhomme de neige était enfin sorti de sa cachette et s'était relevé, reprenant toute la dignité qu'il avait perdu dans sa chute acrobatique. Néanmoins le jeune homme avait fait preuve d'élégance en riant de lui même. L'heure était donc aux présentations après cette crise de fou rire et ce sauvetage à deux écus.

Volvent ? Il avait bien dit « Volvent » ? Ce nom disait quelque chose à la jeune femme, sure d'avoir entendu parler de ce nom par le passé. Anya haussa le sourcil, tenta de se souvenir pourquoi ce nom lui était familier avant d'abandonner en remarquant que sa mémoire lui faisait pour une fois défaut.


« - Anya Von Haareweiss. Et voici mon fils, François. »

Le silence s'installa. Anya avait presque des remords après s'être moquée si fortement de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas et qui avait manqué de mourir sous une congère.

« - Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? Ce serait bête de souffrir pendant que je ris de votre vol plané. N'empêche que vous portez bien votre nom...Vol Vent... »

Oui, l'humour d'Anya était définitivement abominable mais elle ne savait que dire pour cacher sa gêne. Pour détourner l'attention elle releva la tête vers les corneilles qui étaient retournées sur leur chêne comme si rien ne s'était passé. Le vent se levait et faisait trembler les branches dénudées par l'hiver. Alors la borgne se pencha vers François puis lui murmura quelque chose. L'enfant se dirigea derrière le buisson où ils s'étaient tous deux caché auparavant tandis qu'Anya reposa son regard vers Orantes.

«  - J'espère pour vous que vous n'avez pas beaucoup de voyage à faire encore. Le vent se lève, vous allez attraper la mort, surtout après avoir eu la drôle d'idée de se prélasser dans la neige. A moins que... »

La Von Haareweiss leva l'index et attendit que François la rejoigne, trainant un immense paquetage depuis le buisson. Une fois auprès d'elle, la jeune femme le remercia d'une bise sur ses joues roses puis commença à défaire l'amas d'affaires qu'ils trimballaient depuis leur départ de Savoie. Anya attrapa tout d'abord une petite couverture (le genre de couverture qui gratte et que l'on déteste mais qui tient pourtant très chaud) et la tendit à sa rencontre du jour.

« - Tenez ! Prenez ça, ça réduira vos chances de clamser en chemin. Vous me la rendrez plus tard, je vous fait confiance. Ah et...'ttendez... »

Petit à petit le contenu du paquetage s'échouait sur la neige. Des vêtements d'Anya et François, aux provisions du voyage, en passant par le petit couteau qui servait à couper les plantes de leurs racines, mais aussi divers objets accumulés depuis le début de leur mini-périple comme des cailloux par exemple. Mais non, Anya ne trouvait pas ce qu'elle voulait.

«  -Humpf...les voici...ah non c'est pas ça. Bon ça vient, enfin peut être, je ne sais pas si j'en ai vraiment en fait. Si j'en ai pas vous êtes mal barré ou alors il va vous falloir beaucoup de chance. »

La recherche prit encore dix bonnes minutes jusqu'à ce que l'herboriste de seconde zone trouve le Graal au fond de ses affaires.

«  - Niaaaah ! Les voici ! Des branches de gui ! Ca servira si...ah mais non c'est pas ça. Ca sert à quoi le gui déjà ? ...Ah si...ça sert aux guerriers à devenir plus fort. Si jamais vous êtes guerrier, prenez cette branche, je me rends compte que j'en ai plein là. »

Contrariée de ne pas trouver ce qu'elle cherchait, Anya renversa entièrement le paquetage. Et cette fois, elle avait bel et bien trouvé « son précieeeeeeeeux ».

« - Forcément ce qu'on cherche est toujours au fond du sac. Bref, pour vous, de la bourrache. J'ai plus de marrube blanc, donc ce sera de la bourrache. A prendre en tisane, ça aide à mieux respirer...les problèmes respiratoires sont si vites arrivés vous savez. Accessoirement ça sert d'aphrodisiaque chez des peuples lointains à ce qui paraît...mais bon c'est pas l'utilisation première. »

Quand Anya prenait soin des gens, elle avait une certaine tendance à en faire trop, malheureusement elle ne s'en rendait compte que trop tard. Aussi elle s'arrêta net, se disant que sa bonté allait peut être mal prise.
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Orantes
Le regard médusé, Orantes examinait chacun des gestes frénétiques de la dame des neiges. Elle semblait bien en peine de trouver dans son gros sac de toile usé les divers produits nécessaires à l’état moribond du cosnois ( à entendre la jeune femme le bourguignon risquait en effet les syndromes et les traumatismes les plus graves après sa chute glacée ). Entre une galéjade vaseuse sur le nom des Volvent et deux trois furetages dans cette besace, qui tenait plus de la grande foire de Dijon le jour de la Saint Bynhar que d’un véritable bagage, Anya Von Haareweiss parvint à extirper une sorte de couverture pour le moins défraichie. Le jeune et infortuné cavalier l’accepta pour autant de bonne grâce tant le vent hivernal commençait à le gifler méchamment.

La générosité d’Anya ne voulut pas se circonscrire à cet accessoire laineux qui procurait déjà un doux réconfort à Orantes. La jeune femme entama encore une longue fouille quasi-archéologique de l’énorme ballot. Tête la première dans le contenant, la jeune femme avait tout d’une taupe creusant une galerie, ce qui amusait beaucoup le bourguignon. Après quelques cailloux et une branche de gui, l’apothicaire en herbes mit enfin la main sur ce qui semblait être l’objectif de cet énorme capharnaüm : une vulgaire branche d’aromate, tout du moins d’après ce que pouvait en juger Orantes.
Orantes, cependant, qui ne voulut pas contrarier la jeune femme qui l’avait sauvé de cette maudite congère, feignit l’étonnement et l’admiration pour sa trouvaille.


De la bourrache !!! Oh ! De la bourrache, voyez-vous cela !

Le malheureux se trouva bien en mal de poursuivre et l’idée de boire de la tisane n’était pas pour l’enchanter. Seules les vertus secondaires de la plante lui parurent avoir un peu d’intérêt. Il saisit donc la branche et la remisa par devers lui.


Je ne manquerais pas de faire ces décoctions, soyez-en sûr….dès que je pourrais me procurer un peu d’eau chaude … Je vous remercie infiniment Dame Anya !

Puis voulant rompre cette conversation médicinale qu’il aurait été bien en mal de poursuivre, compte-tenu de ses maigres connaissances dans le domaine, il interrogea tout sourire la borgne :

Mais que diable une aussi jolie dame que vous fait-elle sur ces chemins enneigés en plein milieu de la Bourgogne ?

Puis jetant un œil au fatras qu’avaient causé les recherches de la bourrache.

Vous êtes de surcroît bien chargée, et votre fils paraît bien jeune pour errer ainsi dans la neige…Voudriez-vous profiter de ma monture ? D’ailleurs où vos pas vous mènent-ils ainsi ?
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Anya.
En voyant la réaction du Volvent lorsqu'elle lui expliqua l'utilisation de la plante qu'elle avait cherché pendant si longtemps, Anya plissa l'œil. On ne la lui faisait pas à elle, l'étonnement exagéré ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Néanmoins elle n'en parut pas chagrinée, tout le monde ne pouvait pas s'y connaître en plantes. La jeune femme fut malgré tout satisfaite en voyant qu'il prenait la plante de bon cœur.

Commençant à ramasser son bazar sans tenir compte d'un ordre qui lui aurait permis de fermer le baluchon correctement, Anya s'arrêta net quand elle entendit Orantes parler d'elle en utilisant les mots « jolie dame ». Déconcertée -parce qu'il y avait longtemps que l'on n'avait pas usé d'un terme mélioratif pour parler d'elle- elle lâcha le caillou qu'elle s'apprêtait à déposer dans son sac et regarda Orantes. Avant de lui répondre elle tenta de reconstituer la phrase qu'il avait prononcé, s'étant focalisée sur « jolie dame » plus que sur le reste qui était en fin de compte plus important. Après vingt secondes d'arrêt, elle lui répondit en reprenant son détachement légendaire.


«  - Nous rentrons en Lorraine. Il y a...oulaaaa...un an que nous sommes partis. Je n'avais pas prévu de retourner là-bas après ce...cet...hem...accident. »

Anya grimaça un peu en se remémorant ces souvenirs douloureux, tant psychologiquement que physiquement.

«  - Bref. Il nous reste encore beaucoup de chemin, j'espère que la suite sera moins enneigée. »

Quant au chargement, il était vrai qu'il était imposant, mais n'était-elle pas une femme ? Quoi de plus normal alors que de se munir de tout ce qu'elle pouvait avoir besoin. Sans compter les affaires de François qu'elle habillait chaudement pour qu'il supporte le voyage. Aussi Anya ne rechigna pas à un coup de pouce pour leur voyage, on leur proposait une monture, il était par conséquent difficile de refuser.

« - Je ne sais pas où nous nous trouvons exactement. Mais si vous nous proposez votre monture, j'accepte. Du moins durant le temps que vous le souhaitez, je ne sais pas où vous vous rendez. D'un autre côté vous nous devez bien cela, nous vous avons sauvé et il est probable que nous allons vous éviter la mort si le mal venait à vous prendre »

Sur ces derniers mots Anya désigna de la tête la bourrache offerte peu de temps avant et se mit à sourire d'un air malicieux.
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Orantes
C’est avec un contentement certain qu’Orantes accueillit l’agrément de la jeune femme à sa proposition. Un œil avisé aurait pu déjà remarquer dans ses yeux cet infime scintillement propre au pèlerin solitaire qui aperçoit après de longs jours de marche la première fumerolle d’un foyer tout proche. Bref, cette lueur qui montre à quel point les hommes et les femmes ne sont pas faits pour la solitude. Le cœur léger donc, le bourguignon harnacha l’attirail volumineux des deux voyageurs avant de prendre François dans les bras et de le déposer sur la selle du canasson. Il tendit ensuite la main à Anya afin de l’aider à grimper sur la monture. Puis fixant le cheval, le harnais en main, il ajouta d’un air goguenard:

Cette fois maudite bourrique ne t’avise point de dépêcher ces gentes personnes dans le décor ou je serais contraint de faire étape dans la boucherie la plus proche ! Et c’est en longs chapelets de saucisses que tu finirais alors !

Puis d’un air amusé, il se tourna vers la dame-à-l’œil-unique
Il ne nous faut plus perdre de temps si nous voulons rejoindre Dijon avant la tombée de la nuit. Si la fortune nous sourit une bonne paillasse doit déjà nous attendre dans une des hostelleries de la capitale du duché.

La borgne au teint diaphane, le jeune François et le cavalier tout mouillé formait là une bien belle escouade. La curieuse petite équipe s’en allait maintenant au travers de la campagne bourguignonne jusqu’à ne plus apparaître que comme un minuscule point sombre dans le paysage qui avait alors la couleur de l’albâtre.

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Anya.
Le soucis lorsque l'on a des jambes pas bien longues, c'est pour monter sur les chevaux. Elle avait bien voyagé à dos de cheval par le passé, mais jamais sur des chevaux aussi hauts. Bon bien sur, elle ne se trimballait pas à dos d'âne comme sa sœur, mais quand même, force était de constater que ce n'était pas pratique. Aussi l'aide proposée par Orantes fut acceptée de bon cœur.

Cette fois maudite bourrique ne t’avise point de dépêcher ces gentes personnes dans le décor ou je serais contraint de faire étape dans la boucherie la plus proche ! Et c’est en longs chapelets de saucisses que tu finirais alors ! 

Anya fit la moue. Il n'allait tout de même pas lui faire ça ? Le cheval n'allait quand même pas la balancer par dessus bord, pas elle ! … Moui bon...c'était fort probable en fait, elle était si chanceuse...

« - Je ne sais pas si je vais plaindre son sort s'il osait faire son capricieux une fois de plus... »

So, direction Dijon-city ! La Von Haareweiss ne savait pas s'ils étaient encore loin de la capitale mais à écouter Orantes, il y avait moyen d'y être avant la nuit. Alors ils partirent.

[Dijon, Capital of Burgundy -comment ça le narrateur se la raconte avec son accent anglois ?]

Si la neige tombe en hiver, l'hiver fait aussi tomber la nuit plus rapidement. Et ça Anya l'avait totalement oublié. C'est donc une capitale de Bourgogne qui commençait à s'illuminer qui apparut devant eux, tandis que le soleil avait entamé sa chute derrière l'horizon occidental.
Les gardes les ayant laissé passer, l'équipée sauvage arriva au cœur de la ville ou ce qu'Anya aurait communément appelé : le Paradis.

Des échoppes à pertes de vue, peu de monde dans les rues à cause du froid mais surtout, une boutique d'apothicaire et juste à côté, une herboristerie. Jour de chance pour la blonde qui souhaitait remplir ses réserves de plantes et de potions en tous genres juste pour pouvoir les étudier. Sachant son étape à Dijon courte, Anya descendit de suite du cheval -manquant par ailleurs de se gaufrer royalement- et regarda Orantes.


« - Je reviens ! Je n'en ai pas pour longtemps. Vous pouvez surveiller François s'il vous plait ? Et faites attention, il est un peu comme vous, il aime bien la neige, il serait fichu de partir se cacher pour faire un bonhomme derrière un tonneau... »

Et pfiouf, disparue, déjà partie en direction de la boutique d'apothicaire. Un bon quart d'heure plus tard elle en ressortit les bras chargés d'onguents, de potions et autres produits dont elle n'aurait probablement jamais l'utilité. Puis elle enchaina avec l'herboristerie qu'elle quitta avec un gros sac empli de plantes et deux gros livres détaillant les meilleures façons de soigner les blessures, les maladies voire les cas de folie.

« - Bon...il faut trouver une auberge, François et moi devons nous reposer avant de repartir demain. J'en ai repérée une non loin d'ici, on va voir ? »
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Orantes
Alors que la belle des glaces sautillait d’une échoppe d’herbes à l’étal d’un apothicaire, Orantes se retrouva bien désarmé face au jeune François. Le lecteur doit ici savoir à quel point tout ce qui touchait au domaine de l’enfance était étranger au bourguignon. Il n’avait, jusqu’à présent, guère côtoyer de bambins, pas plus que lardons ou autres loupiots. Et c’est donc avec une certaine maladresse que le bourguignon s’adressa au petit.

Alors mon petit euh…gaillard, c’est que tu as l’air bien … grand pour ton âge…hummm… mais au faiteuhhh quel âge as-tu ?

Le jeune François écarquilla les yeux à la suite de l’interpellation. Le garçonnet paraissait décontenancé face au ton lourdingue de son interlocuteur. Aussi resta-t-il silencieux.

Le dos plié en deux le bourguignon se sentant complètement stupide essaya alors de rattraper le coup.
Bon ben c’est pas bien grave ça hein….tu ne t’en rappelles plus …bon ben…ça peut arriver tu sais …
Le cosnois cherchait en vain une idée pour lier contact avec le gamin.
Le jeu oui c’est cela, proposons lui un jeu… Les morveux ça aime jouer non ?


Connais-tu le jeu des charades mon garçon ? François toujours muet regardant le pauvre Orantes se débattre comme il pouvait.
Bon aloreuhhh ben une charadeuuu… Ah oui j’y suis !!! Mon premier est une voyelle, mon deuxième est une couleur et mon tout est une saison ? Alors ! Alors ?? Une idée, petit ?

Silence du petit, le regard toujours aussi perdu face à cet agitation du jeune cosnois, de plus en plus penaud de voir l’absence de réaction du garçonnet.

Bon ben c’était l’hiver…ben oui tu comprends I – Vert … ben oui I c’est la l….

C’est à ce moment précis que revint Anya, et il faut le reconnaître, Orantes accueillit son retour avec un grand soulagement tant ses multiples tentatives avec le gosse avaient été infructueuses.

« - Bon...il faut trouver une auberge, François et moi devons nous reposer avant de repartir demain. J'en ai repérée une non loin d'ici, on va voir ? »

Le Bourguignon allait lui répondre mais quand il voulut se tourner vers le gamin pour justement évoquer son comportement pour le moins étrange, il ne vit qu’une ruelle totalement vide. Le chenapan s’était fait la malle !!
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Anya.
Anya attendait en vain une réponse quand elle se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Suivant le regard d'Orantes la jeune femme vit qu'il manquait quelque chose. Ou quelqu'un. Quand la Von Haareweiss réalisa que son mouflet avait une fois de plus décidé de jouer à cache-cache, elle ne put contenir un long soupire. Elle n'en voulait pas à Orantes dans la mesure où il ne semblait pas bien à l'aise avec l'enfant, ce qui se comprenait aisément ne connaissant François que depuis peu de temps. Anya en revanche, avait l'habitude de ces escapades sauvages et c'est justement parce qu'elle avait l'habitude de courir après François qu'elle afficha un air blasé.

« - C'était trop beau...il était resté calme trop longtemps...ça sentait l'arnaque, forcément. »

Le plus compliqué maintenant c'était de retrouver le dit gamin. Et connaissant le monstre, ils allaient devoir chercher longtemps. De plus Anya n'était passée à Dijon qu'une fois auparavant et ses souvenirs lointains n'en étaient plus que flous. Autant dire qu'ils étaient dans une magnifique galère.

«  - Bon...soit il est à l'autre bout de la ville et on est vraiment mal. Soit il est tout proche et se cache très bien. Il se cache souvent aux mêmes endroits, genre derrière des tonneaux, derrière des charrettes...voire dedans mais c'est plus rare. Le pire c'est quand il va dans les échoppes... »

Encore un long soupire. A cet instant, elle se souvint de la dernière fois où elle avait osé passer la porte d'une échoppe avec lui, un moment...terrible.

«  - Quand il va dans les échoppes, il renverse tout. Il trouve ça drôle, il dit que c'est pour « jouer ». Logiquement quand il fait ça, on a juste à suivre les cris des marchands qui voient leur présentation en vrac. Mais sinon il est mignon hein, faut pas avoir peur, enfin...normalement.»

Même elle n'était pas sure de ce qu'elle avançait. Élever un enfant seule n'était pas une chose simple, surtout quand cet enfant avait des prétentions artistiques (même si son talent était relatif...) et des gouts bien affirmés...voire étranges. Soudain, Anya eut une idée, une idée de génie qui allait très probablement leur permettre de localiser François. Prenant le bras d'Orantes comme pour l'interpeller Anya commença à s'expliquer.

«  - Si ça trouve la fin du voyage lui a donné faim, il est comme ma sœur, il a toujours faim... et si ça se trouve il est quelque part où on peut trouver à manger !...pas une boucherie parce qu'il aime pas voir la volaille déplumée...pas auprès d'un étal de légumes...mais auprès d'une boulangerie ! ...il faut qu'on aille voir toutes les boulangeries de la viii...lle... »

Ville qui faisait office de capitale. Capitale égale grande ville et qui dit grande ville...dit beaucoup de boulangeries. Les recherches allaient être longues.

« - Les boulangeries ne vont pas tarder à fermer, il faut se dépêcher. Dites...je sais que vous n'avez rien à voir avec cet enfant et que vous n'avez peut être pas que cela à faire...mais est-ce que vous pouvez m'aider à chercher ? Vaut mieux se séparer pour avoir plus de chances de le trouver et on se retrouve ici dans une heure...enfin...si vous acceptez. »

La jeune femme avait peur d'abuser, après tout si elle avait l'habitude de courir après le petit garçon elle aurait pu se débrouiller seule. Mais ce qui inquiétait Anya était surtout la nuit tombante et tous les risques que cela comportait pour François. La borgne regarda le Bourguignon, la main toujours posée sur son bras en attente d'une réponse qu'elle espérait positive.
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Orantes
Orantes n’était pas homme à laisser une dame dans un tel désarroi et le contact du bras de la borgne sur le sien acheva de le convaincre, s’il était encore nécessaire, de l’aider dans sa recherche. Il faut bien aussi reconnaître que le bourguignon se sentait coupable : n’était-ce pas lui qui avait la charge du gamin ?

Dame Anya , je suis en partie responsable de ce qui arrive …J’ai du agacer le petit avec mes charades, j’en suis confus ! …Le mieux est en effet de nous séparer : j’irai voir de côté de la vieille chapelle, vous n’avez qu’à vous diriger vers les halles.

Voilà donc notre bourguignon, seul, déambulant à la nuit tombée dans les venelles sinueuses et les passages sombres de Dijon, apostrophant chaque manant, chaque mégère :

Un marmousset à c’t’heure…Pure folie ! Comment qu’z’avez pu bien le perdre le pauv’gosse. ?! Et avec les coupe-jarrets et les malandrins qui traînent la nuit venue f’riez ben de vous hâter mon bon sire !!

Merci bien la vieille pour tes paroles rassurantes vieille morue ! Elles me soulagent grandement pfff… Mais où ce chenapan a pu donc bien passer ?

Voilà bien une heure que le cosnois avait examiné le moindre jardinet, scruter avec attention chaque échoppe. Rien pas le moindre gosse en vue.
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Anya.
Anya ne répondit rien à Orantes. La jeune femme se contenta d'un sourire en coin lui faisait comprendre qu'il n'y était pour rien et qu'il était temps de partir rechercher le vil gamin.

[...]

Mamma mia. Les halles. Le style d'endroit où même le soir c'était bourré de monde. Petite, pas bien épaisse, Anya grimaça en se disant qu'il allait falloir jouer des coudes. Mais avant, il fallait tester la méthode humaine, soit la méthode la classique :

« -Françoooooooooooooooooooooooooooooooiiiiiiiiiis ?! »

Avez vous déjà vu : Une borgne blonde haute comme trois pommes et qui crie dans une rue agitée ? Maintenant oui.
En attendant personne ne réagissait, hormis certains qui la regardait d'un air étrange en se demande qui était cette folle et qui était ce fameux François. Un amant qui a fui ? Un chien ? Son mari qu'elle avait envie de tuer ? Rien de tout cela mais la rumeur allait soudainement bon train.

Repérant une boulangerie encore ouverte, Anya eut l'espoir d'y trouver le petit brun, la boulangerie en question n'étant guère loin du lieu d'où il avait disparu. Discrètement la Von Haareweiss entra, attendit qu'un client termine de raconter sa vie fort peu intéressante puis s'adressa au boulanger, un homme imposant, faisant trois têtes de plus qu'elle et probablement trois fois son poids.


« - Hem. Bonjour. Vous n'auriez pas vu un enfant par hasard ? »
« - … »
« - Il est très jeune...brun. Des yeux noirs. Un air joueur. »
« - … »


Perdant un peu patience la jeune femme regarda l'homme dans les yeux et le fixa jusqu'à ce qu'il réagisse. Le boulanger se tourna alors vers l'arrière boutique et se mit à crier en direction de quelqu'un qu'Anya ne pouvait apercevoir.

« - Hey Germaine ! T'as vu un p'tio dans l'coin ? Y a une cocotte qui l'recherche. R'garde dans l'four ! On sait jamais...Héhé. »

Silence. Anya appréciait peu l'humour du boulanger mais attendit, juste pour voir. Qui sait, peut être que l'enfant était dans l'arrière boutique et se cachait. Soudain une voix retentit, forte, partant pourtant parfois dans les aiguës.

« - Ah non ! J'pas vu ça. Et pis si j'lavais vu il aurait dégagé vite fait bien fait ! J'te l'dis moi. J'ai pas vu d'chiard dans les environs ! »

Anya ne répondit pas. Le message était clair. Elle salua à peine le rustre en sortant puis pris la direction de la rue de droite, croisant les doigts pour avoir plus de succès.
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Orantes
Orantes était consterné, il avait entrepris une véritable battue pour retrouver le gosse, mais aucune trace du petit fugueur. Soudain à l’approche d’un petit jardin clos, il entendit la voix d’une vieille femme rouscailler…

Mortes couilles l’gamin, qué que t’fous dans mon pôôlailler !!


Le bourguignon sauta au-dessus du petit muret de pierres grises et s’approcha de la matrone qui était sur le seuil d’un cabanon tout branlant qui devait servir d’abri pour sa basse-cour. En s’approchant le Renart - association un peu douteuse dans notre tableau, mais le surnom de la famille Volvent n’est-il pas celui-ci ? – Le Renart, donc, par l’entrebâillement de la porte délabrée, reconnut la chevelure couleur de houille de François. Le chenapan était allongé de tout son long dans la paille crasseuse constellée de fientes de volatiles divers et variés. Tout autour de lui s’agitait une nuée jaune de canetons qui s’agitaient sur leurs deux petites pates palmées. Le gosse semblait au comble de l’enchantement en compagnie de ces canardeaux et serrait entre ses mains l’un d’eux. En pleine euphorie, François fixa Orantes et réussit enfin à lui exprimer un vague sentiment…

Ze veux !

Orantes tout en joie de voir le petit enfin daigner s’adresser à lui se tourna vers la commère et lui proposa quelques deniers pour l’achat du caneton si désiré. La vieille accepta à contre cœur mais fut bien heureuse de se voir débarrassé du loupiot qui avait fait de sa basse-cour un véritable foutoir.

Le bourguignon releva François qui trônait encore dans la paillasse, secoua ses braies afin de le débarrasser du guano collant et résistant. Et c’est sans tarder, qu’ils prirent tous deux le chemin de la ruelle où Orantes avait laissé Anya.
C’était chose bien agréable que de voir ces deux là, sourire aux lèvres, l’un parce qu’il avait un caneton doré entre les mains, l’autre parce que lui aussi avait retrouvé un drôle d’oiseau !

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Anya.
Désespoir. Mais où pouvait-il bien être ? La jeune femme avait écumé toutes les boutiques en privilégiant les boulangeries. Mais rien. Nada. L'obscurité tombait et pas un cheveux du nain. Anya devait se hâter car bientôt toutes les échoppes auraient fermé leurs portes. Elle repéra alors une ruelle marchande enneigée et un peu gelée, où seuls les chats se croisaient. Le coin étant désert la blonde pensa qu'il pouvait être une excellente cachette pour François. Alors elle s'élança dans la rue, en courant, et arriva ce qui devait arriver.

Le crash.

La neige c'est blanc, c'est donc vraiment bien visible, même sous une faible obscurité, ce qui n'est pas le cas de ce qu'elle recouvre quand de gros ivrognes laissent leurs bouteilles à trainer. Et forcément c'était pour la borgne.
Bilan du craquage : De la neige dans l'œil, dans les cheveux et dans la bouche, plus une entaille à la main gauche -qu'elle s'était faite sans comprendre pourquoi-, plus longue que profonde mais d'où s'échappait un peu de sang. Pas grave, elle en avait vu d'autre. Anya se releva donc et repartit un peu plus lentement pour éviter de se vautrer une seconde fois.

Arrivée au bout de la ruelle. Rien. Toujours pas de François à l'horizon.
Elle tourna donc dans une autre rue, plus fréquentée cette fois. Et plus Anya avançait dans la rue, plus elle se rendait compte qu'elle ne trouverait probablement pas François ici non plus. Trois quatre ivrognes s'y trouvaient, dont certains en train de cuver et de chanter des chansons paillardes. L'un d'eux vint à la rencontre de la jeune femme.


« - B'jourrreuhgrmpfgrmpgf. »
« - Euh ? »
« - Beeeeuhaaa vous z'allez bieeeen hein ? »
« - Pardon ? »
« - Z'êêêêtes bien jolie héhéhé...OooOoÔon vous l'dit s'vent nan ? »
« - Non...rho et en quoi ça vous regarde hein ? »
« - Et euh...euh...beeeeeuarp...c'normal le truuuuc sur vot' œil droiiit...Hips ! »
« - Quoi ? »
Incompréhension totale.
« - Baaaaah l'machiiiin lààà...humpffeugrmpfgrmpf »
« - Quoi ? »
Incompréhension totale 2, le retour
« - Mais z'êtes bloOooOnde heeeeinhéhéégrmpfgrmpf... »

Liaison coupée. Fin de transmission. Pinard – 1 Ivrogne – 0.
Anya regarda l'homme qui semblait mort avant de se rendre compte qu'il était tout simplement endormi. Discrètement la jeune femme quitta la rue en espérant du fond de son cœur qu'un autre ivrogne ne vienne pas lui faire la cour à sa manière. Pour une fois, elle eut de la chance.

Tout ça c'était bien joli, mais en elle n'avait pas récupéré François et maintenant elle n'avait plus aucun espoir de le retrouver dans une échoppe. Résignée, elle se décida à retourner sur la place où avec Orantes ils s'étaient séparés un peu plus tôt. Mais un nouveau problème se posa : par où repartir ? Où était-elle cette fichue place maintenant ?

Anya prit donc une rue, puis une autre, revint sur ses pas, se retrouva sur une place où elle n'était même pas passée avant, demanda son chemin, suivit ce chemin, se reperdit en ayant la sensation d'être possédée par le sens de l'orientation incroyablement pourri de sa sœur jumelle, fit une pause pour évaluer la situation, se remit à marcher une nouvelle fois pour finalement retrouver la dite place qu'elle n'avait jamais trouvé aussi belle maintenant qu'elle l'avait atteinte.

Orantes, lui, était là, tranquille avec François et...un truc. De loin elle n'arrivait pas à visualiser ce que tenait François dans ses petites mains. La surprise fut de grande taille lorsqu'une fois devant eux elle vit : un caneton. Anya se baissa devant son fils et secoua ses cheveux de sa main non-blessée. Puis elle lui sourit avant de reprendre un air sensiblement plus sérieux.


« - François. Combien de fois je vais devoir te dire qu'il ne faut pas partir comme ça. C'est dangereux. Et on ne peut pas garder ce...ce caneton. Qu'est-ce qu'on va en faire quand il aura grandit ? »

Malheureusement pour elle, l'enfant semblait décidé à le garder. Pas le choix, il allait falloir négocier. Après quelques minutes de discussion entre les deux, Anya autorisa François à le garder jusqu'à leur arrivée à Verdun et qu'ils trouvent un étang où le déposer une fois adulte. Ce compromis obtenu, Anya se releva et s'adressa à Orantes.

« - Merci beaucoup de l'avoir retrouvé...mais il sent un peu...il était où ? »

La blonde prit la main de François pour être sure qu'il ne s'échappe pas une nouvelle fois. Gênée de ne pas savoir comment remercier Orantes pour son grand service, elle allait reprendre quand …

« - Zé faim ! »

Quelle surprise. Anya lui sourit et lui promit qu'il allait bientôt manger. Et cette fois elle reprit vraiment, sans être interrompue.

« - Vous voulez boire une bière en taverne ? Je crois que vous l'avez amplement mérité. »

Sourire. Non sans blague elle avait trouvé ça toute seule ? Il avait manqué de se transformer en Hibernatus, avait du supporter son humour pourri, avait cherché le mouflet infernal pour finalement le retrouver en payant très probablement le caneton...évidemment qu'il l'avait méritée sa bière !
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