Après la première bataille, alors qu'elle cherchait Erwin, un soldat lui apporta un pli. Le coeur battant la chamade, elle lut le message, son visage pâlissant au fur et à mesure de sa lecture... Acis... Son ami... Celui qu'elle avait appris à connaître et à apprécier...
Cela ne pouvait être, pas lui... Les médicastres se trompaient, il allait arriver à survivre à ses blessures !
Se tournant vers le porteur de la terrible nouvelle, elle l'attrapa par la chemise.
Vous l'avez vu ? Le gouverneur est-il vraiment au plus mal ?
La mine dépitée de l'homme lui fit prendre conscience que cette lettre serait certainement la dernière qu'elle recevrait d'Acis.
Attendez soldat !
Vous vous êtes occupé des blessés ? Hein ! C'est ça ?... Oui !...
Mon... mon époux... Erwin... Oui... oui ! Le fils du baron rouge...
Blessé ?... Rapatrié sur Saint Claude... avec Acis... et qui d'autre encore ?
Ayant laissé le soldat repartir, Dina donna des ordres aux hommes qui l'accompagnaient puis regagna sa tente. Dans un état second elle ramassa les affaires laissées là par son mari ce matin... Elle ne lui avait pas même dit au revoir, encore en colère après la discussion qu'ils avaient eue la veille au soir... Elle ne supportait pas l'air désapprobateur d'Erwin qui aurait préféré la voir rester à l'abri à Dole, lui reprochant de mettre en danger la vie de leur futur enfant...
La grande intendante s'allongea sur la paillasse jetée dans un coin de la tente, s'enroula dans une chaude fourrure et, le visage dans une des chemises de son époux, se mit à prier pour lui, pour Acis, pour tous ceux qui souffraient...
Ce fut le bruit des soldats qui se préparaient au deuxième jour de guerre qui la réveilla. Raoul, le jeune garçon qui lui servait d'aide, l'avait laissée dormir, lui préparant un bol de soupe bien chaude, chose qu'elle apprécia vu le froid polaire qui régnait depuis quelques jours.
Le nouvel affrontement fut terrible. Autour d'elle tombaient ses compagnons. Dans un état second, elle faisait voler son épée, évitant adroitement les coups de ceux d'en face. Elle avait la rage au ventre, se battant pour ceux qui étaient tombés la veille, pour sauver sa vie aussi...
Au second soir, les terribles nouvelles continuèrent de tomber. Le capitaine, le nouveau gouverneur, le parrain d'Erwin... Tant de combattants blessés. En face aussi on comptait certainement les morts... En face il y avait des amis, elle le savait. Il lui avait même semblé reconnaître Frimoden... Les bruits étaient donc vrais, elle s'était alliée aux réformés... Anna le lui avait dit et depuis elle avait espéré qu'elle s'était trompée...
Le retour vers la FC fut long et pénible. Tous pensaient aux êtres chers blessés les jours précédents... Vite ! Arriver et enfin aller serrer une main, caresser une joue...
Sitôt arrivée à Saint Claude, Dina, sans même prendre le temps de se changer, courut prendre des nouvelles...
Entrer dans cette immense salle fut une première épreuve... partout des brancards... des blessés... des gémissements... des cris... mais aussi des pleurs...
S'avançant vers le lit où reposait Acis entouré de ses proches, elle se pencha sur le mourant et posa un baiser sur ses lèvres glacées en murmurant
Adieu mon ami ! Elle regarda Aaricia, lui caressa la joue et partit à la recherche d'un médicastre.
Les blessures d'Erwin étaient nombreuses, mais à ce que l'homme lui raconta, Dina fut soulagée. Son époux était en vie et toujours aussi impossible, ce qui semblait encourageant. Malgré qu'elle fut pressée de le rejoindre à l'auberge où il avait pris une chambre, elle prit le temps de passer vers chaque blessé qu'elle connaissait...
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