Nuit de veille avant la bataille, quelque chose dans latmosphère, marque de nervosité sur des visages tentant en vain de réprimer lanxiété du lendemain. Des bruits de troupes. Au loin des feux, de la fumée, des cris qui se rapprochent. Sembre avait fuit cette ambiance, se retirant en lui-même mais le paysage et le bruit de son âme étaient plus cahotiques et inquiétants encore que ce qui se passait au-dehors. Alors passé minuit, il sortit prendre un verre
le dernier ?
Taverne obscure, enfumée, fréquentée par des gens en armes. Consignes de la chef de troupe, conversations sourdes
des mots filtrent : épée, Savoie, attaqueront à laube, nous résisterons. Nous vaincrons, n ous sommes les plus forts
sommes prêts,
sus aux savoyards .. A mort Armoria et sa maudite moutarde qui nous monte au nez. Sourires vite transformés en rictus. En taverne toujours, une fille, jolie. Mieux même son visage et sa chevelure sont semblables, à lil exercé de Sembre à ceux de la mère de son fils. Crainte pour elle
belle
entêtée
le plus dur étant de devoir les lui taire
mal aux tripes soudain
quimporte
regarder la fille
sourires échangées. La demoiselle est avenante
Frimoden son nom, Sembre croît lavoir entendu
à vrai dire, il na écouté quà moitié. Elle et celui qui semblent son compagnon ont dailleurs une idée précise de la manière de se préparer au combat. Une idée qui nest pas dans les manuels militaires qui placent le repos du guerrier après laffrontement.
Repartir à lauberge. Amener Léandre endormi chez Dame Felyna
que lenfant semble apprécier tant et plus. Revenir, boire une gourde deau claire comme pour se purifier. Se vêtir, méticuleusement comme pour une noce ou un rendez-vous trop longtemps différé. Tout y est
Epée, bouclier baudrier et papiers, lettre pour le notaire, pour P., son portrait toujours malgré tout. Lettre pour Tatoumi au cas où, le coquin de sort ferait coup double.
Rejoindre la troupe, garder la position coûte que coûte. Nuit presque noire
on se frôle, on est nombreux mais à ce moment chacun est seul
clameurs devant, cris, bruits, métalliques, éclairs de feu du fer contre le fer « Attention. Ils sy sont mis à quatre. Quatre armée qui nous pressent » crie quelquun. Puis soudain, des soldats, en rouge avec la croix pectorale de lEA débouchent de la nuit. On ne réfléchit plus, on cogne, on frappe, on ahane. On ne sent plus le froid au contraire une brume née des souffles des combattants mélés diffusent sur les prés.
Nuit de bataille, histoire de bruit et de fureur (Que personne ne rajoute "contée par un idiot"
)
Le premier vise Sembre, le touche. Miracle, cest du plat de lépée sur la tempe et le front. Pas fort le coup. On se relève. En voilà un qui passe. Ne pas le rater
cest fait
il tombe
Un autre arrive, pas de temps à perdre
celui là, est un noble, il en a larmure
Un coup destoc paré
on le désarme et on se rue sur lui, le bousculant à terre
Poignard sortie
sauvagerie
Vive la République
on lui ouvre la gorge
le sang jaillit jusquà cinq pas et en saccade
Pas le temps de sattarder
Merdre
le premier assailli rampe
on ne la que blessé
Un autre se présente
. On porte un coup dépée dEstoc encore
touché mais pas coulé
Soudain un cri de femme assailli qui sétrangle en un râle
. Coup dil sur le coté
Elle est vêtue de noir
les cheveux de Phonya
. De Frimo aussi
Le temps de voir
trop noir
Un temps darrêt bien bref mais pourtant bien trop long un choc sourd sur lEpée qui casse en deux
Le bouclier qui pare mais qui éclate soudain
métal tordu senfonçant dans la hanche et labdomen
Douleur
cri
de rage
de peur
de colère
. Le tueur ou plutôt la tueuse est à son tour agressée et se détourne
Se replier sur soi, mains crispées sur le ventre,
liquide chaud visqueux
mon sang
Macarel
Pute borgne
jurons de Montauban qui étaient oubliés et séchappent de soi, tel le vital liquide
Se replier autrement
ramper
séloigner en essayant de ne pas trop faire frotter le ventre. Les cris sont toujours là. On ne les entend plus. On distingue des ombres jusquà la rencontre
un bâton
porte-enseigne transformée en béquille. On séloigne courbé comme atteint dun seul coup par le temps en plus que par lépée. On manque défaillir
on se mord les lèvres
ça y est. Les premières rues dAnnecy. Pas de panique, jai reconnu le Temple du Hel, j'y suis entré. La boîte était pleine comme un uf. Deux ou trois violeux faisaient le buf. Je brûlais de fièvre, je voyais les murs, les bouteilles qui tournaient.
Une chambre et des flasque dalcool
du Oasky ma dit laubergiste empochant mes derniers Ecus.
Un lit, de leau, couper ses vêtements
cris de bête chaque mouvement
plus rauques et douloureux que ceux dun enfantement
. La plaie à vif
du sang
Pas de tripaille
ouf
ça guérira
Le Oasky partagé en frère moitié sur lextérieur appliqué sur la plaie, moitié à lintérieur dans le gosier en pente
brûlant des deux cotés
brulûre salutaire
Au matin pas de fièvre
apaisement du corps
cest plutôt propre. Mais lâme est dévastée
mortellement inquiète
désabusée
On peut sasseoir reprendre sa viole. Léandre est là, tout babillant. Sa douleur à lui vient des dents et passera bien vite. Sourire
cordes pincées et esprit libre. Un chant venu du fond de soi.
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Annecy, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés. (La chanson de Craonne)
Goût amer comme une défaite pourtant Genève a bien gagné. Regard à Léandre qui vit tranquille sa vie de bébé sans savoir ses parents grièvement blessés.
Tiras pas à la guerre mon gars. Je te le jure.