Marzina

Le sacre approchait à grands pas maintenant, J-18, et la jeune princesse avait un boulot monstrueux. Heureusement que sa sœur ainée Awena l’aidait dans cette tâche, tout comme Maeve de Dénéré-Malines était d’un soutien précieux. La blonde ne ménageait pas sa peine pour organiser les festivités dont rêvait son père, l’établissement de la liste des invités étant presque terminée, il fallait maintenant mettre de l’ordre dans le programme des réjouissances, et s’assurer d’avoir suffisamment de personnel pour s’occuper de l’accueil et de l’ambiance. Autant dire que le travail était loin d’être terminé…
Mais alors que ses coéquipières lui parlaient de la cérémonie elle-même, orchestrée par Son Eminence Tonton, le Duc Clodeweck de Montfort-Toxandrie, Marzina déglutit difficilement.
« Ah ouiiii…C’est Son Eminence Tonton qui fera le sacre…»
Sourire de convenance de la blonde, qui n’était que façade, pendant que les pensées se bousculaient dans sa tête. Si son oncle revenait et apprenait sa vie dissolue, cela passerait encore il l’aimait bien, du moins elle le pensait, mais s’il apprenait qu’elle n’avait pas été en confession depuis qu’elle était rentrée d’Angleterre, et qu’on avait perdu son certificat de baptême, qui sait ce qu’il lui ferait…Elle frissonna, puis prit congé auprès de ses collègues de travail, prétextant quelque affaire urgente à régler. Elle déposa la pile de parchemins sur le bureau de sa chambre, et sans même prendre le temps d’enfiler autre tenue, passa sa cape bleu nuit doublée d’hermine sur ses épaules, avant de sortir du Château, se dirigeant sur son cheval, Farouche, vers l’établissement religieux le plus proche. Il fallait qu’elle résolve ces soucis avant le sacre, où Son Eminence Tonton déciderait peut-être de se débarrasser de sa pécheresse de nièce avant cette date…
Marzina frissonna à nouveau en poussant la lourde porte de la cathédrale. Elle resserra sa cape sur elle, mais cela ne la réchauffait pas plus. Ce n’était pas sa robe légère, au décolleté avantageux qui lui donnait froid, elle avait l’habitude de ce genre de tenue. Non, c’était plutôt sa foi qui était mise à mal, et la crainte qu’Aristote ne lui en veuille pour toutes ses frasques. Elle étala soigneusement sa cascade de boucles blondes sur ses épaules, avant d’aller vers le premier ecclésiastique qu’elle vit. Elle lui parla d’une voix douce, lui demandant :
« Bonjour mon père, je suis ici pour voir un confesseur. Sauriez-vous qui pourrait me recevoir en confession ? »
Le père ne la regardait pas dans les yeux malheureusement, mais il finit par le faire, et après avoir réitéré sa question, de manière légèrement agacée, celui-ci finit par lui indiquer :
« Monseigneur Hugo de Botherel est présent en ces lieux Votre Altesse, nul doute qu’il souhaitera se charger lui-même de votre confession. Vous le trouverez un peu plus loin, par là. »
Pendant qu’elle s’avançait dans la direction qu’on lui avait décrite, elle sentait le regard du Père dans son dos. Nul doute qu’il aurait bien aimé entendre la suite de la conversation… Marzina vit alors une silhouette. Observant les attributs de l’ecclésiastique, ayant quelques membres de l’Eglise dans la famille, elle en déduisit qu’elle avait devant elle l’homme qu’elle cherchait. Elle effectua une gracieuse révérence, annonçant :
« Monseigneur Hugo de Botherel ? Je suis Marzina de Montfort-Penthièvre, et je souhaiterais vous rencontrer pour… »
Petit instant d’hésitation, la chose était toujours difficile à avouer. Dire qu’on va en confession, c’est toujours avouer au monde entier qu’on a péché. Et même si la Bretagne, probablement toute entière, connaissait ses mœurs légères, cela n’en était pas pour autant un exercice facile. Elle prit tout de même une profonde inspiration, et débita :
« Je suis ici pour la confession Monseigneur de Botherel. Il y a certes, de nombreux membres de ma famille qui auraient pu s’en charger, mais vous comprendrez je pense aisément qu’il y a certaines choses que je ne pourrais confesser à un oncle ou un cousin, et qu’il est plus facile d’avouer à un inconnu, sauf votre respect bien sûr. »
Elle se redressa, lui adressant un sourire chaleureux, bien qu’un peu inquiète. Il faut dire qu’elle avait entendu parler en Breizh de certaines confessions qui avaient reçu bien pénible pénitence. Et pourtant, malgré le fait que Marzina ne sache pas ce qui avait été confessé, celle qui s’était confessée n’était pas une grande pécheresse. Alors elle, avec sa collection de vices, qu’est-ce qu’elle allait devoir subir ?
Un frisson parcourut à nouveau le corps de la blonde.
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* * * *Il y a dans la jalousie plus d'amour-propre que d'amour.* * * *
Mais alors que ses coéquipières lui parlaient de la cérémonie elle-même, orchestrée par Son Eminence Tonton, le Duc Clodeweck de Montfort-Toxandrie, Marzina déglutit difficilement.
« Ah ouiiii…C’est Son Eminence Tonton qui fera le sacre…»
Sourire de convenance de la blonde, qui n’était que façade, pendant que les pensées se bousculaient dans sa tête. Si son oncle revenait et apprenait sa vie dissolue, cela passerait encore il l’aimait bien, du moins elle le pensait, mais s’il apprenait qu’elle n’avait pas été en confession depuis qu’elle était rentrée d’Angleterre, et qu’on avait perdu son certificat de baptême, qui sait ce qu’il lui ferait…Elle frissonna, puis prit congé auprès de ses collègues de travail, prétextant quelque affaire urgente à régler. Elle déposa la pile de parchemins sur le bureau de sa chambre, et sans même prendre le temps d’enfiler autre tenue, passa sa cape bleu nuit doublée d’hermine sur ses épaules, avant de sortir du Château, se dirigeant sur son cheval, Farouche, vers l’établissement religieux le plus proche. Il fallait qu’elle résolve ces soucis avant le sacre, où Son Eminence Tonton déciderait peut-être de se débarrasser de sa pécheresse de nièce avant cette date…
Marzina frissonna à nouveau en poussant la lourde porte de la cathédrale. Elle resserra sa cape sur elle, mais cela ne la réchauffait pas plus. Ce n’était pas sa robe légère, au décolleté avantageux qui lui donnait froid, elle avait l’habitude de ce genre de tenue. Non, c’était plutôt sa foi qui était mise à mal, et la crainte qu’Aristote ne lui en veuille pour toutes ses frasques. Elle étala soigneusement sa cascade de boucles blondes sur ses épaules, avant d’aller vers le premier ecclésiastique qu’elle vit. Elle lui parla d’une voix douce, lui demandant :
« Bonjour mon père, je suis ici pour voir un confesseur. Sauriez-vous qui pourrait me recevoir en confession ? »
Le père ne la regardait pas dans les yeux malheureusement, mais il finit par le faire, et après avoir réitéré sa question, de manière légèrement agacée, celui-ci finit par lui indiquer :
« Monseigneur Hugo de Botherel est présent en ces lieux Votre Altesse, nul doute qu’il souhaitera se charger lui-même de votre confession. Vous le trouverez un peu plus loin, par là. »
Pendant qu’elle s’avançait dans la direction qu’on lui avait décrite, elle sentait le regard du Père dans son dos. Nul doute qu’il aurait bien aimé entendre la suite de la conversation… Marzina vit alors une silhouette. Observant les attributs de l’ecclésiastique, ayant quelques membres de l’Eglise dans la famille, elle en déduisit qu’elle avait devant elle l’homme qu’elle cherchait. Elle effectua une gracieuse révérence, annonçant :
« Monseigneur Hugo de Botherel ? Je suis Marzina de Montfort-Penthièvre, et je souhaiterais vous rencontrer pour… »
Petit instant d’hésitation, la chose était toujours difficile à avouer. Dire qu’on va en confession, c’est toujours avouer au monde entier qu’on a péché. Et même si la Bretagne, probablement toute entière, connaissait ses mœurs légères, cela n’en était pas pour autant un exercice facile. Elle prit tout de même une profonde inspiration, et débita :
« Je suis ici pour la confession Monseigneur de Botherel. Il y a certes, de nombreux membres de ma famille qui auraient pu s’en charger, mais vous comprendrez je pense aisément qu’il y a certaines choses que je ne pourrais confesser à un oncle ou un cousin, et qu’il est plus facile d’avouer à un inconnu, sauf votre respect bien sûr. »
Elle se redressa, lui adressant un sourire chaleureux, bien qu’un peu inquiète. Il faut dire qu’elle avait entendu parler en Breizh de certaines confessions qui avaient reçu bien pénible pénitence. Et pourtant, malgré le fait que Marzina ne sache pas ce qui avait été confessé, celle qui s’était confessée n’était pas une grande pécheresse. Alors elle, avec sa collection de vices, qu’est-ce qu’elle allait devoir subir ?
Un frisson parcourut à nouveau le corps de la blonde.
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* * * *Il y a dans la jalousie plus d'amour-propre que d'amour.* * * *