Artheos
Le jeune Arthéos, sorti de chez les moines pour une légère convalescence causée par une maladie qu'il fallait soigner uniquement par les prières, était de retour en ville. Ah Compiègne... ville qui lui avait tant manquée. Ville enneigée désormais. Enchanté, il posa ses mains dans l'or blanc avant de les essuyer sur ses vêtements et de partir vers le marché et la grand-place. Les temps étaient difficiles... Arthéos ne savait rien faire. Il ne forgeait pas, tuait pas, n'arrêtait pas. Il n'était pas bûcheron, pas boucher, pas charpentier. Il n'avait même aucune échoppe, aucune culture, aucun élevage, et de ce fait, aucun revenu... Ainsi sa vie n'irait pas loin. Combien de gens mouraient l'hiver, de froid et de chagrin ? Perturbé par cette pensée, le jeune homme se permit quelques instants de réflexion. Quelle activité pouvait le faire dormir et manger contre ses services ?...
"Le servage !
Cette solution s'était imposée dans son jeune cerveau assez rapidement. Beaucoup de nobles cherchaient des serviteurs pour leurs activités quotidiennes. Arthéos ne recevrait peut-être pas d'or, mais au moins serait-il nourri et logé. Certain de son choix, il rentra chez lui. Il faisait parti de ces rares vilains qui avaient eu la chance de savoir écrire. Lui le devait à un vieux professeur qui avait passé ses journées à enseigner l'écriture et la lecture à de jeunes disciples ne demandant que cela.
Se saisissant d'une plume et de l'encre, priant pour qu'elle ne soit pas gelée car la température extérieure équivalait celle de l'intérieur dans sa masure miséreuse.
Citation:
Jeune serviteur cherche maître noble !
Si vous cherchez un jeune domestique sachant balayer, nettoyer, laver le sol comme vos vêtements, faire le marché, vous porter à manger... sachez, Très Honorables Nobles Champenois, que moi, Arthéos, sans titre et sans reproche, j'offre mes services à la maison qui voudra bien de moi. Drôle, inventif, poète aux heures perdues, je ne demande qu'à survivre, moi l'orphelin et le misérable, face à l'épreuve qu'est la vie.
A Vous, Respectables Nobles Champenois, mes salutations,
Arthéos.
Jeune serviteur cherche maître noble !
Si vous cherchez un jeune domestique sachant balayer, nettoyer, laver le sol comme vos vêtements, faire le marché, vous porter à manger... sachez, Très Honorables Nobles Champenois, que moi, Arthéos, sans titre et sans reproche, j'offre mes services à la maison qui voudra bien de moi. Drôle, inventif, poète aux heures perdues, je ne demande qu'à survivre, moi l'orphelin et le misérable, face à l'épreuve qu'est la vie.
A Vous, Respectables Nobles Champenois, mes salutations,
Arthéos.
Il relut plusieurs fois sa lettre et, convaincu qu'elle ferait l'affaire, il se précipita à l'extérieur. A la place publique, il l'accrocha au panneau d'affichage. Peut-être, pour sa survie, un noble passerait par là... N'ayant laissé de coordonnées, n'en ayant pour la bonne raison, aucune, il resta près du tableau, assis contre le mur, en tailleur et regarda les bourgeois, paysans et autres passer devant lui. Bîentôt, de légers flocons de neige tombèrent du ciel, peu au chaud dans ses vêtements, peu au chaud dans son coeur.