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[RP] Quand le besoin se fait sentir

Artheos



Les douces, fragiles et froides mains de la baronne vinrent toucher le visage d'Arthéos sur tous les recoins. Tremblotant et peu rassuré, le jeune homme se demandait ce qu'elle cherchait sur lui. Elle se retira ensuite, l'air satisfait, et demanda de lui dire le nombre de doigts qu'elle lui montrait. Il répondit le juste chiffre et c'est Ana.Lise qui sembla alors soulagée ; elle lui adressa même un sourire auquel Arthéos répondit. La baronne lui tendit ensuite sa gourde et lui désigna un rocher sur lequel elle lui demanda de s'asseoir quelques instants. Le valet s'approcha de la pierre et se remit de ses émotions quelques instants tandis que sa maîtresse lui tournait le dos en redressant le matériel des chevaux. Il regarda la gourde et refusa de l'ouvrir. Non, il ne gâcherait pas l'eau d'Ana.Lise. L'infime quantité qu'il absorberait pourrait mieux servir à sa maîtresse. Pour tout dire, il ne boirait pas une seule goutte pendant le voyage. Il ne mangerait peut-être même pas. Il avait connu tant de famine, tant de cris de faim de la part de son ventre... alors, une seule journée sans manger n'était rien.

Quand Ana.Lise bondit sur son cheval, Arthéos revint vers son cheval, tendit la gourde à sa dame et écouta ses conseils avant de remonter sur sa bête. Droit mais pas trop... suivre le mouvement du cheval... mais pas trop. Serrer les flancs de la monture pour tenir. Tenir les brides et tirer dessus pour ralentir ou s'arrêter : c'était donc cela qui lui avait échappé.

"On y va... pardonnez-moi...

Le pardon... droit divin à ce qu'on disait... droit humain avant tout lorsqu'on commettait des fautes humaines. Il regarda Ana.Lise et lui sourit, quitter immédiatement ses yeux. Arthéos avait plutôt le regard fuyant. Regard que devait avoir tous les domestiques et les gueux selon lui, sinon c'était la provocation. Surtout si on fixait des nobles. Mon dieu, rappelons-nous des pauvres histoires du jeune valet ! Mais le pardon, qui lui avait dit un jour ce simple mot ? Personne, même lorsqu'il était dans son droit ; là était l'affreuse vérité de l'époque. Les bourgeois et les nobles ne connaissaient pas ce mot mais jubilaient de l'entendre prononcer par les inférieurs. Les inférieurs ? Ils sortaient ce mot un millier de fois dans le mois. Arthéos devait l'avoir prononcé plus qu'il ne l'imaginait... Que de justice, que de force, que de puissance pour les plus haut ! Que de faiblesse, de silence et de chaos pour les plus bas...

Arthéos finit par sourire et donna un léger coup dans les côtes du cheval qui suivit les pas d'Ana.Lise. Les remparts étaient là, les remparts furent franchis. Adieu la ville... Tout concentré qu'il était sur sa bête, le jeune valet s'amusait au fil des chemins à changer la direction du cheval. Oui, il lui obéissait ! Ce n'était pas sorcier du tout en fait... Se pencher à gauche pour virer à gauche... légèrement mais trop et se pencher à droite pour se redresser ! Il n'avait certes pas l'allure du cavalier, il faisait même très paysan mais il se débrouillait plutôt bien. Une idée lui vint alors...

Quand la baronne tourna la tête pour regarder si son valet était toujours sur son cheval, celui-ci passa comme une flèche à côté d'elle. Au trot ou au galop, il ne savait pas ! Ce qu'il savait c'est qu'il était heureux... Un léger rire s'éleva dans les airs quand il passa près d'Ana.Lise. Courir dans la campagne, plus vite qu'en courant, presque en volant, c'était une sensation magnifique... La neige défilait sous les sabots du cheval entraînant avec elle le paysage champenois. Bientôt sa maîtresse était à côté de lui. Il lui sourit. Tirant légèrement sur les brides, l'allure fut modérée.

"Que voilà d'étranges sensations ! Les ressentons-nous toujours lorsque nous sommes habitués ?

Quel évènement pouvait bien enlaidir le tableau...

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Ana.lise


Décidément quelle merveilleuse journée pleine de surprises. Au regard du réveil qui avait si mal débuté pour Ana.Lise, perdue, empêtrée dans ses pensées qui lui grignotait le cœur et l’âme, la jeune femme prenait du plaisir à voir son valet prendre de l’aisance sur son cheval. Si les premières lieues furent faites avec méfiance de sa part, sommes toute modérée mais méfiance quand même, depuis un petit moment, la confiance semblait grandir en Arthéos qui s’essayait à faire ce que tout cavalier parvenait à maîtriser après quelques séances de monte. Il faisait corps avec son animal et s’embarquait dans des petites prouesses afin de dominer sa peur et le danger que pouvaient représenter ces derniers. Et finalement, il y réussissait très bien au vue du peu de temps qu’il avait eu pour s’y adonner.

Et soudain, Ana.Lise le vit passer comme une flèche en riant. D’abord surprise, la jeune femme ne put retenir à son tour un éclat de rire. L’allégresse d’Arthéos était si communicative qu’Ana retrouvait, grâce à ses yeux si innocemment déterminés et si impunément candides une joie de vivre qu’elle croyait avoir oublié quelque part au fin fond de son cœur. A vouloir toujours jouer les femmes fortes et surtout maitresse d’elle-même, elle avait fini par faire taire la saveur de ces petits bonheurs qui arrivaient sans crier gare, la faisant rire en toute innocence, la laissant subjuguée par ce qu’elle voyait, l’envoyant à mille lieues de ce qu’elle vivait.

Se calant sur l’allure de la monture de son valet, Ana fut attentive à sa question tout en reprenant son souffle qui lui manquait légèrement après avoir mis « troubadour » au galop afin de jouer le jeu d’Arthéos. Et la jeune femme prit son temps, cherchant en elle-même la réponse à ce questionnement.

Et bien, les sensations se manifestent de diverses manières par la suite. Cette joie que tu ressens si fortement aujourd’hui sera plus modérée demain mais ces impressions seront toujours en toi, prête à revenir au galop si tu les sollicites. Regarde, j’avais oublié comme il était bon de cavaler en toute insouciance et grâce à ton formidable désir d’apprendre, tu m’as fais touché du doigt cette félicité qui m’a enveloppé durant cette course folle… C’était si merveilleusement bon …

Laissant courir dans ses veines ce sentiment d’extase qui avait su la transporter l’instant d’avant, l’emportant à la limite de l’euphorie, Ana.Lise se vit petite fille lorsqu’elle apprenait à monter sur un des chevaux de son oncle Martino. C’était lui qui lui avait enseigné ce qu’elle savait, c’était lu qui avait pris le temps de lui dire comment se placer, comment avancer, comment se tenir en toute circonstance, tante Isabeau s’était contentée d’approuver ou rectifier les quelques bêtises qu’elle commettait par-ci, par-là. Que de patience il avait fallu à cet homme pour arriver à faire entrer cet enseignement dans la tête de sa nièce mais aujourd’hui, cette demoiselle devenue femme pouvait se féliciter de monter comme personne, de pouvoir galoper comme elle le désirer et même suivre une chasse sans craindre de tomber de sa monture. Et si elle pouvait transmettre ce savoir de Martino à quelqu’un alors elle serait la plus heureuse des femmes.

Tout encore à sa joie, Ana ne se rendit pas compte que cela faisait un moment qu’ils étaient suivis. Oh les ombres étaient franchement bien dissimulées au travers des bois enneigés et aucun autre son ne les trahissaient. Mais pour l’heure, il était temps de faire une pause car la faim commençait à titiller la jeune femme. Galopant encore quelques lieues, elle fit signe à son valet qu’il allait devoir stopper son animal afin de s’arrêter. Lentement, la baronne ralentit la course de troubadour pour arriver à un rythme plus lent du cheval jusqu’à trouver un endroit approprié pour s’arrêter. Quelques branches et troncs feraient l’affaire pour se positionner pendant leur déjeuner frugal. Il était hors de question de perdre du temps mais sans force, ils n’iraient pas bien loin. Mettant pied à terre, Ana.Lise attacha les brides de son cheval à un branchage, attrapa sa besace puis posa son séant sur un petit bout d’arbuste qui se trouvait plus ou moins protégé de la neige. Fouillant dans son sac, elle en sortit pain et fromage qui lui ouvrirent déjà l’appétit. Souriante, elle invita Arthéos à la rejoindre pendant que quelques branchages craquaient sous le poids de la neige. Mais était-ce seulement la neige ?



Si l'envie vous en dit de participer à ce rp sous la forme de brigands de grands chemins, n'hésitez pas. MP moi et ça pourra s'arranger

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Jeffeson
[Sur la route vers Reims]

Il ne l’avait pas lâché du regard. Déjà pour sa beauté ensuite pour sa richesse certaine. Même un aveuglé aurait ou détecter l’odeur alléchante des écus qui fleurissaient à la ceinture de cette femme. Quelle femme paye pour ce que nous nommerons un valet ? Une femme riche … ou une femme qui avait l’intention de profiter de sa soirée … Le repérage ne s’arrêtait point la, que nenni ! Noblement vêtue : pas sous catégorie des nouveaux arrivistes non point, une richesse bien encrées dans sa famille. Sa démarche, ses manières et sa façon de s’exprimer l’avaient clairement trahie.

Un homme avec elle, surement un domestique. Vêtu pauvrement et une dégaine de gueux de premier la suivait un peu partout. Jeff avait prit sa monture pour suivre les deux sur les chemins. Son cheval blanc les suivait à bonne distance, l’habitude de la filature … ressentir l’envie monter … faire naître un besoin encore éteint. Cela lui rappelait de longue chevauchée dans la foret de Conflans. Une pauvre ignorante lui avait accordée logement pour ensuite passer une folle nuit pour enfin se rendre compte que le Blond l’avait sèchement dépouillé de tous ces biens ayant un minimum de valeur. Pas de demi-mesure : tout ce qui était prenable, il prenait. Il arrivait toujours à revendre … souvent à des personnes fréquentable. A se demander qui est le véritable brigand dans l’affaire.

Il caressa le cou de son cheval pour le faire stopper … les deux venaient de mettre pied à terre. Parfait. Il posa à son tour, pied à terre et s’engouffra dans la petite foret. Il laissa son cheval à bonne distance pour une fuite en grande classe. Il déposa son manteau sur son cheval … se retrouvant ainsi en simple chemise. Point simple quand la neige vous agresse la peau. Il se décoiffa, prit de la terre et s’en mit sur les vêtements faisant ainsi croire à sa propre attaque. Pour terminer, il se déchira un bout de chemise pour y faire une déchirure. Il sortit sa dague de sa ceinture et la fourra dans sa botte.

Il avança vers le pique-nique des deux autres et une fois arrivé à quelques mètres … que le spectacle commence. Le plus dur était de se faire passer pour victime et de chasser ce regard supérieur de son visage pour paraître plus convaincant. Changer la façon de s’exprimer aussi … sinon il serait directement repéré. Il se mit à courir … Evitant les branches qu’il pouvait puis sauta par-dessus un tronc et sortit de son buisson pour venir s’affaler devant les pieds de la Belle. Il garda la tête baissée, prenant la fameuse image de jeune innocent et releva le nez, apeuré se tenant le bas du ventre.


Aidez moi !! J’viens d’me faire - s’essuie d’un revers de main son front - La bas … un, un homme vient de me voler, tout voler. J’ai plus rien -lui montre la direction de l’agression -.

Il s’agenouilla devant la dame, faisant exprès d’ignorer l’homme assis non loin. Dans l’affolement simulé, il prit la main de la femme, les larmes aux yeux.

Mon petit frère … je ne sais pas s’il … oh mon dieu … j’implore votre aide, par pitié, ne me laissez plus seul.

Il resta les yeux baissés, fuyant tout contact visuel avec ces deux victimes. Il avait déjà repéré les bijoux de la donzelle … La sacoche … absolument tout.

J’implore votre clémence et demande soin et repos auprès de vous … Je … je vous payerai une fois chez moi .. J’ai plein d’écus - commence à prendre une voix affolée - . Pitié ma Dame …
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Ana.lise


Allez Arthéos, mange quelque chose sinon avec la froidure qu’il fait, tu vas tomber dans les pommes et je t’assure qu’une chute de cheval par jour c’est déjà satisfaisant…

Regardant le jeune homme droit dans les yeux, Ana.Lise ne put contenir plus longtemps ce rire qui menaçait de sortir à chaque instant, l’image de la première chute du brun ne l’ayant pas amusé du tout sur le coup, elle prenait conscience du comique de la situation seulement maintenant. Et son valet était un timide certes mais refuser de la nourriture par ce temps neigeux qui s’était abattu sur la Champagne depuis quelques jours c’était là une idée farfelue aux yeux de la baronne. Heureusement la jeune femme le prenait sur le ton de l’amusement plus que de l’offense et finalement avait opté pour laisser son rire cristallin remplir l’espace qui se trouvait à quelques pas de la forêt quand soudain, les branches bougèrent et l’on put voir arriver un jeune homme apeuré qui se jeta aux pieds d’Ana.Lise. Cette dernière, d’abord surprise par l’arrivée de nulle part de cet être errant mit du temps à réagir lorsque ce dernier se jeta aux pieds de la jeune femme. Lâchant soudainement la pomme qu’elle était en train de manger, Ana se précipita pour s’accroupir à la hauteur du visiteur.

Arthéos vite, amène-moi la gourde…

Puis décrochant sa propre cape, Ana la fit glisser sur les épaules du blondinet qui semblait bien jeune et d’une fragilité extrême. Cherchant du regard si ce dernier présentait quelques blessures quelconques, elle ne put que constater l’étendue de la boue sur ses vêtements et son visage. En l’absence d’ecchymose ou de plaie voyante, la jeune femme aurait dû se méfier mais son grand cœur avait pris le pas sur sa raison. Aussi, délicatement, elle redressa le blessé afin de l’aider à venir prendre place sur le tronc qui juchait le sol non loin de là.

Je t’en prie, économise ton souffle et boit ceci, cela te fera du bien. Nous ne voulons point tes écus et si nous pouvons te ramener chez toi, nous le ferons ne t'inquiète pas de ça !

Lui tendant la gourde remplie d’eau fraîche, elle observait ce petit être sans défense qu’il représentait à ses yeux sans penser à mal, espérant même qu’il n’ait subit aucun mauvais coup qui pourrait lui provoquer une blessure interne dont on ne soupçonnerait pas la gravité.

Mais tu parlais de ton frère… Il est restait là-bas dis-tu ? Dans quelle direction ?...

Ah réfléchir avant de faire quoique ce soit, parfois c'est trop demandé surtout lorsqu'on a du cœur et que le danger rôde. Sans vraiment attendre la réponse à sa question, la brunette se tourna vers son valet, l’inquiétude se lisant soudainement dans son regard azuré.

Vite Arthéos, prend troubadour tu iras plus vite et va voir ce qu’il en est, il ne doit pas être loin, du moins je l’espère pour lui. Mais fais attention je te prie, ne va pas te fourrer dans un guet-apens s’il te plait… Tu es seul alors prudence je ne tiens pas à te perdre… Pendant ce temps, je vais rester avec notre jeune ami…

Se tournant vers le jeune homme, Ana le gratifia d’un sourire d’une extrême douceur, de ceux qu’elle gardait pour réconforter les êtres en peine qui l’entourait. Puis sa voix douce et harmonieuse s’éleva à nouveau pour lui parler.

N’aie crainte, on ne va pas t’abandonner icelieu… mais où habitues-tu et quel est ton nom ? Dès que tu auras repris tes esprits et qu’Arthéos sera revenu il nous faudra nous rendre auprès du prévôt le plus proche afin de signaler ton attaque et ensuite te ramener chez toi… il va te falloir beaucoup de courage tu sais…

Les mots moururent sur les lèvres d’Ana.Lise. Si Arthéos revenait bredouille cela voudrait dire que la vie du petit frère serait sans doute à tout jamais perdue et cette éventualité lui faisait mal à un point qu’elle ne pensait pouvoir l’imaginer. Arracher son dernier souffle à un adulte n’était guère acceptable mais un enfant… l’imagination vagabonde d’Ana commençait déjà à faire des siennes et ce fut les larmes aux yeux qu’elle regarda l’inconnu. Toutefois, elle préféra se focaliser sur le chemin qu’avait emprunter Arthéos afin de partir à la recherche du disparu.


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Jeffeson
Il s’écœuré tout seul … lui qui détestait être souillé et parler comme un vulgaire paysan, il était garni. Un simple jeu de rôle pour changer un peu du brigandage habituel et sans réelle mis en scène … à son grand regret, les brigands faisaient bien trop souvent plus dans l’utile que dans l’agréable. Ce jour, il fut surpris dans le bon sens du terme de la réaction de la jeune dame. Jeune dame qui devait être à peine plus âgées que lui. Il faillit la remettre à sa place lorsqu’elle déposa sa propre cape sur les épaules du Blondinet. Un reflexe qui aurait pu lui être fatal … quoi qu’il n’avait pas d’esseulé d’arme à porté de main.

Je m’appel Jérémy … J’avais toutes mes récoltes avec moi … je me rendais à la Capitale afin de pouvoir vendre et pouvoir nourrir ma famille. Maintenant, je suis ruiné et la honte de ma famille. Je suis incapable de subvenir à leur besoin … madame, vous devriez m’achever.

La gourde en main, il s’assit, faisant mine d’être gravement blessé ne lâchant point sa main de son ventre. Une fois assis, il but quelques gorgées … mais fut déçu car il s’agissait bien d’eau. Il posa la gourde à ses pieds et par un avalement violent, s’étouffa dans sa propre salive. Bougre d’idiot va ! Le jeune homme partait … encore mieux, il aurait préféré qu’il assiste, impuissant au dépouillement de sa Maitresse mais soit. Il ne releva pas les yeux … son regard le trahissait bien trop sur ces intentions, il se contenta de répondra que très vaguement et affolé :

La bas … Je suis un frère indigne de l’avoir abandonné ainsi mais … mais j’ai eu si peur. Ils étaient plusieurs je crois. Je sais plus, un coup sur la tête … Je, je je devrais y retourner.

Il se leva difficilement, posa la cape par terre et commença à faire quelques pas vers la foret. Au passage, il laissa un œil se poser sur la sacoche de la Belle. Il avait aussi repéré un sublime collier qu’elle arborait avec grande classe. Il ne ressentait pas de culpabilité … il ne savait même pas ce que se mot voulait dire à vrai dire. Il avait été conditionné pour réagir comme il le faisait. Il en était de sa survie personnelle … pourquoi culpabiliser pour quelque chose qui nous plait ? Aucune raison de faire l’inverse de ce que notre idéal nous dit de faire.

Je n’oserais plus jamais regarder ma famille et mes amis en face. J’ai honte de moi, je suis pathétique et …

Il resta de dos et regardait le jeune valet partir au galop, il avait un drôle d’allure sur un canasson d’ailleurs. Il baissa la tête et sourit en coin très satisfait de sa petite mise en scène. Il pourrait ainsi rester plus longuement en compagnie de sa bienfaitrice. Il posa une main sur son genou et termina les genoux à terre. Dernier acte avant la scène finale. Il resta accroupi au sol, la main relativement proche de sa botte. Il tenta de refermer sa chemise discrètement voulant ainsi cacher plusieurs cicatrice encore rouge vive. Le froid n’arrangeait pas la chose : la douleur alors endormie commençait à se réveiller … drôle de retournement de situation.

Il tenta de se lever pour s’affaler de nouveau un peu plus loin … simulation d’une perte de conscience, il ferma les yeux et resta immobile poussant même le vis de retenir sa respiration. La tête dans la neige … cela aurait au moins le bienfait de lui enlever cette crasse immonde qui le rendait d’une mocheté extrême. Allait elle s’approcher ? Ou le laisser inconscient dans le froid ? …

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Artheos



Une tout petite clairière, enneigée par ci et par là. Quelques oiseaux d'infortune qui cherchaient en vain de la nourriture en becquetant la neige et les arbustes avoisinants. Arthéos descendit tant bien que mal de sa monture et accrocha la bride à une branche, comme l'avait fait Ana.Lise. Cette dernière l'invita à venir déguster les victuailles à ses côtés. Souriant, le valet s'approcha et resta debout, acceptant plus ou moins bien la nourriture que lui offrait sa maîtresse. Il préférait la lui laisser, afin qu'elle ne manque de rien... Il lui sourit lorsqu'elle évoqua ses chutes... ma foy, c'étaient les erreurs elles-mêmes qui se détruisaient par la suite, avec l'habitude. Alors que le domestique grignotait un qui quignon de pain, un étranger s'immisça subitement dans la scène. La mine meurtrie, les vêtements sales, il était visiblement dans un sale état... Ana.Lise s'approcha tout aussi rapidement vers lui et s'accroupit pour être à sa hauteur. Tombé dans la neige, agenouillé, ses airs étaient pathétiques.

Dès que la baronne lui ordonna la gourde, Arthéos se précipita vers les montures et lui apporta l'eau. Il se retira ensuite, restant en retrait. Il n'écouta guère leurs paroles, ne voulant pas les gêner. Le valet avait plutôt peur des hommes blessés. La souffrance, les meurtrissures et la mort avaient toujours hanté le jeune homme. Pour ne pas faillir à ses instincts, Arthéos s'éloigna donc. Il resta légèrement pensif, légèrement concerné, prêt toutefois à obéir à Ana.Lise. D'ailleurs, lorsque celle-ci lui demanda de prendre son cheval et de partir à la recherche d'une seconde victime, Arthéos hocha la tête, se dépêchant.

Marchant à grands pas vers Troubadour, le valet posa un pied dans l'étrier mais s'arrêta un instant et regarda derrière lui. La baronne restait là avce un inconnu... voilà qui ne lui plaisait pas... Arthéos regarda plus intensément l'étranger mais ne perçut aucune traces de sang sur la neige comme sur ses vêtements... trouvant cela curieux, il retira le pied. Mais devant les yeux terrifiés et tristes d'Ana.Lise, le serviteur fut convaincu et grimpa sur le cheval. Donnant un léger coup dans les côtes de Troubadour, Arthéos s'engagea dans la direction montrée par l'inconnu. Sceptique et anxieux, il les regarda une dernière fois avant de filer. Et si c'était vrai ? Si quelqu'un gisait effectivement un peu plus loin ? Mieux valait vérifier bien qu'il en doute. Mais le doute convainc, aussi, au trot, Arthéos quitta la clairière pour les bois et suivit les traces de l'étranger afin qu'il parvienne au lieu du brigandage.

'Selon ma dame, il faut te murmure de gentilles choses pour que tu sois sympathiques avec moi... alors, écoute-moi...

Ralentissant l'allure du cheval, Arthéos se concentra d'avantage sur les oreilles de la bête tout en suivant les traces de pas.

"Nous allons retrouver son frère, pour notre maîtresse... si jamais il n'y en a pas... je compte sur toi pour retourner au galop d'où l'on vient... tu sauras retrouver le chemin, j'en suis certain... Qu'est-ce que c'est ?

Après une bonne dizaine de minutes, Arthéos voyait non loin, un cheval, attaché à un arbre. Curieux, il s'approcha et descendit de Troubadour. Approchant lentement, seul le bruit sourd de ses pieds dans la neige résonnait avec quelques cris d'oiseaux. La bête était calme, aussi le jeune valet en profita pour la caresser. Sur la selle reposait quelque chose. Tournant la tête à droite et à gauche, ainsi que derrière lui, Arthéos deplia le linge : c'était un manteau. Ses pensées basculèrent rapidement vers l'intrus : lui qui était en simple chemise ! Ses traces s'arrêtaient d'ailleurs ici ! Le fourbe ! Le jeune homme comprit tout, le plan était affreux. Et si la baronne en pâtissait ? Jamais il ne le pardonnerait. Courant vers Troubadour, Arthéos se prit le pied gauche dans une racine d'arbre et s'écroula au sol. Il se releva difficilement, boitillant, et grimpa sur la bête. Terrorisé, il lui donna de mauvais ordres... le cheval se cambrait, refusait Arthéos et finit par le faire tomber. Sans doute tout aussi effrayé, Troubadour s'enfuit.

"Non ! Je ne t'ai pas parlé comme il fallait...

Sans doute s'était-il foulé la cheville, peut-être même s'était-elle brisée, qu'importait, Arthéos commença à marcher dans l'autre sens. Combien de temps mettrait-il pour atteindre le parcours qu'il avait fait avec le cheval ? Peut-être serait-il trop tard. Suivant les traces précédentes, il boita dans cette direction, remontant son léger manteau sur son cou, s'engouffrant dans sa cape. Des larmes commençaient à s'écouler le long de ses joues. Où était Troubadour, où était sa maîtresse ? La vie pouvait-elle se jouer en quelques minutes ? Tout perdre d'un coup, était-ce là son éternelle destinée ? Le froid gagna son coeur tandis que sa volonté triomphait de tous ses maux.

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Ana.lise


Ana jeta un coup d’œil au jeune homme qui quelques instants plus tôt avait débarqué en se trainant jusqu’à ses pieds et qui venait de lui donner son nom. Lui dire qu’elle était heureuse de le rencontrer aurait été déplacé et n’aurait servi à rien surtout dans ces circonstances aussi préféra-t-elle se taire et observer. Observer les alentours, observer la route qu’Arthéos s’apprêtait à prendre, observer là-bas au loin l’horizon où rien ne bougeait. Quelque chose n’allait pas, comme une sensation qu’il manquait quelque chose d’évident. Cet inconnu disait qu’il avait été attaqué mais personne ne semblait à ses trousses hors les bandits ne lâchaient rarement leur proie surtout s’ils en avaient une deuxième dans les pattes. La peur que le fuyard parle était trop lourde de conséquence pour laisser une prise se carapater de la sorte.

Mais alors que la baronne était toute à ses pensées, Jérémy l’en tira à nouveau, l’extirpant de ses doutes en gémissant sur son triste sort. Effaçant immédiatement ses doutes et autres spéculations qui lui trottaient dans la tête, le visage de la jeune femme prit un air navré. Elle aurait aimé le soulager de ce sentiment de culpabilité qui semblait étreindre ce pauvre jeune homme mais jamais elle ne pourrait se mettre à sa place et effacer ce qui avait été fait. Elle-même avait déjà été rançonnait sur la route avec son époux et mise à part des larmes de colère, de frustration et de désœuvrement, rien n’avait pu modifier la situation.

Prenant une longue inspiration, Ana.Lise tourna son buste dans la direction du blondinet. Sa voix se fit douce, elle prit la parole en cherchant ses mots pour ne pas lui paraître trop cruelle tout en restant réaliste malgré tout.


Jérémy, je suis désolée pour vous que vous ayez subi cette attaque. Perdre tout ce que l’on possède sur une simple rencontre est à la fois si frustrant et si écœurant que l’on a envie d’hurler au monde sa colère toutefois vous êtes en vie, pensez-y. Votre famille aurait pu perdre bien plus si vous n’aviez pas réchappé de cette agression alors reprenez vous je vous en conjure. Vous êtes jeune, vous avez certainement des tonnes de qualité qui vous permettront de retrouver la fortune que vous méritez… Et que diable, un peu de nerfs. Vous êtes un homme alors ne vous apitoyez point sur votre sort mais relevez la tête pour continuer à avancer.

Elle le sentait mal le bon petit gars qui avait tout perdu aujourd’hui et savait qu’elle ne pourrait jamais soulager sa frustration. Et ce fut à cet instant qu’il se vautra dans la neige. Ana se précipita à ses côtés sans même prêter attention à ce qu’elle faisait, elle se mit à genoux dans la neige afin d’essayer de retourner le corps de l’homme qui semblait … mort.

Oh non !
gémit-elle tout en regardant dans la direction dans laquelle était parti Arthéos. Elle aurait bien eu besoin de lui à cet instant pour l’aider à transporter le corps inerte de Jérémy vers un endroit plus sec afin de s’assurer qu’il n’était pas mortellement blessé même si, au premier abord, la jeune femme n’avait constaté aucune lésion sanguinolente. Avec rapidité, Ana glissa ses doigts autour du poignet du blondinet afin de s’assurer que ce dernier vivait encore. Elle n’osait imaginer le cas contraire, son esprit galopant déjà dans toutes les spéculations possibles et inimaginables.

Jérémy…. Jérémy je vous en prie, réveillez-vous ! Oh par le Très-Haut, ne mourrez pas ici et maintenant…


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Jeffeson
Il avait perdu le fil de la conversation lorsque son visage atterrit brutalement dans la neige gelée. Il frissonna de l’intérieur sentant cette matière lui courir sur le visage. Elle ne mit pas longtemps à venir à son secours tel un bon samaritain qui vient apporter chiffon afin d’essuyer le visage d’un pauvre être sans défense. Il serra son autre poing quand il sentit les doigts de la Belle venir le toucher … diable qu’elle ôte ses pattes. Bizarrement, une voie intérieure aurait voulu lui crier de fuir avant qu’il ne soit trop tard. Sa conscience reprenait parfois le dessus … c’en était le cas présentement. Il chassa ses mauvaises pensées de sa tête et ce qui devait se passer allait se passer.

Il gémit d’une fausse douleur et commença à gigoter, remontant sa jambe -et donc sa botte et donc son glaive- vers sa main sans pour autant s’en saisir. Non, il allait laisser monter encore un peu le plaisir. Il se retourna pour se retrouver face à elle, toujours allongé. Il entre ouvra les yeux, faisant une scène grotesque et resserra sa main autour du poignée de la femme.

La force me quitte et j’ai l’impression que l’appel du Très Haut est plus fort. Je suis un homme mais je suis humain, je n’ai pas la prétention d’être immortel. Mon esprit est torturé par la visage de cette homme … il me hantera chaque jours dorénavant. Ma seule raison de vivre sera d’y mettre la main dessus.

Il referma les yeux, avala sa salive et sentit que le moment était le bon pour passer à l’attaque. Alors qu’elle semblait dépitée, il referma son poing violement sur son poignet et de son autre main, lui lança une gifle. Il garda son poignet bien en main et se glissa derrière elle rapidement, portant sa main libre dans sa botte pour en sortir son glaive qu’il déposa sous le cou de sa victime.


Le jeusne homme innocent vous fait il toujours de la peine, gente dame ?

Il ferma les yeux et huma son odeur avec délectation. Il regardait à droite puis à gauche, s’assurant que personne ne vienne le déranger puis décida de mentir … encore une fois sur le jeune homme qui était partis et qui avait du se perdre vu le temps qu’il mettait. Il lâcha un rire cristallin avant d’enchainer, en appuyant légèrement la lame sous son cou :

Vostre jeune domestique … en comptez point le revoir de si tôt. Il a du se faire, malencontreusement, brigandé et saigné à blanc comme un goret.

Il déposa une bise sur sa joue et se releva, la gardant toujours prisonnière d’une étreinte de doigts qui se resserré méchamment. Il se posta devant elle, la lâchant, un grand sourire dessinait sur les lèvres.

Allez, vide tes poches, tout ce qui a de la valeur est mien maintenant. Bijoux … marchandises … uhm tout … Tu me charges ta sacoche rapidement. Tout ira bien, je ne te veux aucun mal ma douce.

Pour finir, tu compteras devant moi tous tes écus qui viendront dans mes poches. Exécutes toi jeune donzelle.
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Ana.lise


C’était un cauchemar, elle allait se réveiller elle en était persuadée. Ana.Lise était encore quelques instants plus tôt penchée sur le corps du jeune blondinet à palper son poignet afin de savoir s’il était vivant ou mort et maintenant, il lui faisait face après l’avoir giflée et menacée d’un poignard. Sentant encore la douleur de la main qui s’était abattue sur sa joue, la baronne avait eu du mal à sortir de son incrédulité mais finalement, son esprit avait repris le dessus pour lui faire comprendre la situation. Et ses yeux lancèrent des éclairs. La fourberie, la duplicité, l’hypocrisie se lisaient sur chaque trait du blond qui paraissait si mal en point quelques instants plus tôt qu’Ana aurait tout fait pour le sortir de sa situation. Ça lui apprendra à être si dangereusement confiante en l’être humain et de ne jamais se méfier d’autrui.

Déglutissant avec difficulté, Ana.Lise se sentait humilié et en colère. Oh oui, la colère quelques fois mauvaise conseillère pouvait devenir salvatrice dans certains cas et la jeune femme sentait cette dernière prendre possession de sa personne. Baissant légèrement la tête afin de chercher comment échapper à son tortionnaire, elle rouvrit les yeux et le fixa lorsqu’il lui affirma qu’Arthéos mourrait là-bas, seul, dans ce froid et cette neige. Jamais elle n’aurait dû l’envoyer à la recherche de ce frère qui, elle se demanda rapidement, devait ne pas réellement exister. Elle aurait eu envie d’hurler devant sa propre naïveté. Mais qu’avait-elle donc à vouloir sauver tout le monde constamment, était-elle si mentalement limité qu’elle ne faisait pas la différence entre un brigand et un honnête homme ? La jeune femme se faisait maintenant reproche sur reproche, la peur au ventre de voir le blond jouer de sa lame un peu trop rapidement sur sa peau, elle sortit de sa léthargie lorsque ce dernier se permis de lui déposer une bise sur la joue. Rebelle, elle rejeta sa tête en arrière comme on venait de la brûler et tenta de tirer sur le bras qu’il retenait prisonnier dans l’étau de ses doigts.


Vous êtes pathétique ! Vous croyez quoi, que je me promène avec un coffret remplit d’or et d’écus ? Faut pas abuser non plus et j’ai beau posséder quelques piécettes au fond de cette escarcelle vous n’aurez pas grand-chose.

Pour les bijoux, il repasserait le blondinet parce que la brune n’en possédait aucun. Ce n’était pas maladif de sa part si elle n’en avait aucun mais elle n’aimait pas ça, de plus son mari ne lui avait offert que sa bague qu’elle possédait et s’il la voulait, elle lui arracherait les yeux plutôt que de la lui donner. Ana décrocha la dites bourse en cuir de sa ceinture puis la jeta aux pieds du brigand.

Comptez-les vous-même vos écus, je ne suis pas votre servante !


Ana le regarda droit dans les yeux. Elle n’était plus à une provocation près car de toute manière s’il avait l’intention de la tuer, il ne tergiverserait pas alors autant mourir dignement et non pas avec un genou à terre. Redressant les épaules puis le menton, la jeune femme se moqua ouvertement de lui.


A moins que je ne sois tombée sur le seul malandrin qui ne sache pas compter ! Ça serait un comble cette histoire et quelle risée dans le royaume…

Plus ses mots sortaient de sa bouche, plus Ana souhaitait qu’il se rapproche d’elle. Au moins elle tenterait quelque chose, n’importe quoi du moment qu’elle essayait.

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Jeffeson
Il se nourrissait en la regardant. La regardant impuissante cherchant la provocation pour se sortir de cette situation des plus déplaisantes pour elle et fortement jouissive pour lui. Il ricana comme jamais, il savais très bien qu’il y avait une petite fortune dans sa sacoche … peut être pas pour elle mais pour lui, diantre, il s’en délectait d’avance. Sa main le démanger à chaque fois qu’elle osait le prendre de haut, si cela se trouve il était bien plus haut placé … enfin du passé tout ceci. La naïveté de certains faisait le bonheur des autres.

Je me prenais point de haut. Vous estes naïve et incrédule. Je n’aurais jamais réussi sans vostre aide à vrai dire, je pourrais partager le butin. La mort de votre domestique ne sera point sur ma conscience mais sur la vostre.

Il se rapprocha d’elle, tapant dans le butin qu’elle avait jeté à terre, pointant toujours son arme vers elle avec une certaine fierté d’avoir pigeonné une si belle femme. Le butin se retrouva de nouveau au pied de la donzelle et, ne lâchant pas son regard, il lui lançait un regard foudroyant, emplis de mépris.

Vous n’este point en position de force, ramassez donc le butin et je vous laisse en vie. Un si beau visage ne devrait pas être abimé pour si peu. Vous semblez avoir bon cœur … bien trop bête pour avoir un enfant, sinon je le plains.

Une maman ? Peut être bien que oui ou non. Dans les deux cas, le sujet était sensible … une femme est souvent irritable dès lors qu’on parle de leur enfant. Allez savoir pourquoi, ce désire protecteur prenant le dessus sur la raison.

Je sais compter … je puis vous assurer la survis de vostre écuyer si vous me ramassez ce butin, vous n’este point ma servante mais je suis point vostre domestique.

De toute façon, son écuyer ne devait plus être très loin. Il avait du repérer son cheval à peine plus loin et devait être en pleine panique sur le chemin du retour. En outre, cela aurait été plus simple si celui-ci n’avait point joué au héro devant sa Maitresse.

Il continuait d’avancer vers elle sans la lâcher du regard. Il releva même la main qui la menaçait de son arme … quelques instants, puis un instant de colère et il lui lança le glaive dans sa direction, ne sachant pas du tout où cela mènerait. Il visait très mal mais quand même … une femme devait rester à sa place !

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Ana.lise


Ajouter foi à ce que disait ce brigand ne l’aiderait pas, Ana le savait et s’abaisser à ramasser la bourse qu’elle avait jeté auparavant dans la neige ne lui rendrait pas Arthéos. Aucun brigand n’avait de parole, elle l’avait constatée par elle-même lors de la prise de Reims l’année précédente, lorsque ces malandrins étaient venus en taverne, affichant leur bonhommie à qui voulait bien la voir mais en agissant à l’opposé de ce qu’ils disaient. Et là, la jeune femme restait persuadée que son serviteur était déjà passé de vie à trépas alors ses compromis il pouvait se les garder pour lui. Crispant ses muscles sous la contrainte que le blondinet lui imposait, Ana.Lise serra les dents pour lui répondre. Ce qu’il avait dit à propos d’avoir un enfant avait fait mouche mais ce n’était pas à lui qu’elle allait s’en ouvrir, loin de là.

Racontez ça à d’autre. Si vous avez des complices, Arthéos est déjà mort à l’heure qu’il est. Vous et les vostres n’avaient aucune parole alors arrêtez de ma chanter la chansonnette, je connais l’air.


Ses pupilles céruléennes captèrent le regard du brigand et ne le lâchèrent plus. Le temps s’arrêta quelques instants assez pour que la jeune baronne puisse noter ses traits à jamais et elle dut admettre qu’il n’était pas quelconque, loin de là. Les lignes de son visage étaient d’une grande finesse et en d’autres circonstances, elle l’aurait trouvé même fort à son goût si elle n’avait pas été mariée mais là, la jeune femme n’en avait cure de la beauté du bonhomme. Il pouvait remballer son visage d’ange et ses manières de rustre. Certes elle n’oublierait pas de sitôt son regard, sa voix et toute sa personne mais certainement pas pour les mêmes raisons que pouvait invoquer une dame lorsqu’elle le croisait d’ordinaire au détour d’une taverne. Bref, Ana finit par sortir ses drôles de pensées qui lui trottaient dans la tête qu’elle mis sur le coup de la frayeur que le blond lui inspirait avant de le voir s’avancer à nouveau vers elle.

Déglutissant rapidement, elle sentait que sa chance avait tourné, il était temps pour elle de faire quelque chose, rapidement, sinon elle ne passerait pas un jour de plus auprès de sa famille. Son pouls s’accéléra, sa respiration se fit saccadée, la peur se lut dans son regard qui se voila légèrement mais elle essaya de maîtriser ce tremblement qui tentait de se faire maître de son corps. Et tandis que le jeune homme secouru par ses soins devenait colère, la lame du glaive brilla sous l’effet d’un reflet de lumière. Alors très vite, Ana.Lise n’attendit pas son reste et tandis que l’arme s’abattait sur elle, son corps se décalla sur le côté tandis que son bras se pliait et que son coude venait se fracasser dans l’estomac de l’homme. Malheureusement, elle ne put retenir un hurlement lorsque la lame tranchante du glaive vint déchirer sa robe, filant sur sa peau comme un rasoir avant d’atteindre le sol. Déjà elle sentait le sang s’écouler de son épaule mais pas le temps à perdre, il lui fallait s’enfuir. Remontant ses jupes afin de courir plus vite, la jolie brune se retourna et prit ses jambes à son cou. Il était hors de question qu’elle reste une minute de plus dans les pattes de son tortionnaire. Et elle n’allait pas attendre que le souffle qui devait lui manquer revienne.


Sa progression dans la neige était lamentable, son bras lui cuisait mais Ana serra à nouveau les dents et continua à avancer malgré les larmes qui lui noyaient les yeux. Cette journée ne finirait-elle donc jamais, aurait-elle droit à un moment de répit ? Se retournant afin de voir ce que faisait le jeune homme, elle trébucha dans la neige immaculée, la souillant de son sang qui ne faisait pas semblant de s’écouler de sa plaie. Mais vite, pas le temps de penser, il fallait se relever, se redresser et continuer. Continuer jusqu’à ce que quelqu’un vienne. Et justement, là-bas au loin, une silhouette se profilait. L’espoir la regagnait, sa prière au Très-Haut lorsqu’elle s’était rebiffée avait donc était entendue. Mais soudain un doute s’empara d’Ana. Et si c’était un complice du jeune homme, et s’il venait finir le travail à sa place. Il avait eu la bourse, il lui restait le cheval de l’auberge avec les provisions alors peut être qu’il la laisserait en vie, peut être qu’il serait indulgent. Ses larmes redoublèrent mais d’un geste rageur elle les essuya du revers de la main. Jamais elle ne baisserait les bras comme jamais elle n’accepterait de les supplier alors s’ils voulaient en finir, qu’ils s’approchent et ils verraient de quel bois elle se chauffait. Et d’un pas hargneux, elle continua son semblant de course dans la direction du deuxième inconnu.

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--Artheos



Depuis combien de temps marchait-il ? Depuis combien de temps s'enfonçait-il dans cette forêt en suivant ses propres traces ? Il était perdu... Pourtant il avançait toujours, faisant fi du froid malgré la douleur qu'il commençait à lui infliger. Sa cheville le faisait atrocement souffrir. C'était un mal étrange qui le rongeait et le lançait de l'intérieur. Dès qu'il posait son pied au sol, la souffrance reprenait. Toutefois, la neige et le froid engourdissaient la blessure et la soulageait dangereusement. Trop forcer était mauvais, aussi faisait-il extrêment attention. Arthéos savait néanmoins qu'il fallait se dépêcher. Si l'homme était un brigand, Ana.Lise n'était pas en sécurité. Quelle horreur s'il lui arrivait quelque chose ! Ses pensées lui permettaient d'avancer mais bientôt, il fut incapable de continuer. Sa cheville, le froid et la fatigue l'avaient beaucoup affaibli. Le jeune valet tomba à genoux sur le sol glacé. Regardant au loin, il ne voyait rien. Seuls des arbres et des buissons recouverts de cette neige qu'il commençait à maudire. Passant sa manche sur ses yeux et ses joues pour essuyer ses larmes de misère, il ne savait plus quoi faire. Il souleva délicatement le bas de ses braies d'infortune et scruta sa blessure. Enflée, sa cheville gauche était d'une couleur rouge écarlate. Arthéos posa une main tremblante et poussa un soupir de malheur. Quel vil acharnement avait-on sur lui !

Puis soudain, un hurlement strident s'éleva de la forêt faisant frissoner un peu plus le jeune homme. Qui cela pouvait-il bien être ? Un animal ? Nenni... seule une femme en danger pouvait crier d'une voix si puissante et paniquée. Or, elles ne devaient pas être foule dans cette forêt, les dames... surtout en plein hiver... la baronne ! Cet hurlement, cette pensée et la suite probable des évènements firent immédiatement lever Arthéos qui se remit en route. Que s'était-il donc passé ? Le brigand l'avait-il touchée ? Frappée ? Ou... pire ? Grinçant des dents, le valet chassa cette terrible réflexion quand au loin, une silhouette apparut. Claudiquante et mystérieuse. Par Aristote et Christos... ce devait être le criminel ! Il venait d'occire sa maîtresse et retournait là où il avait laissé son cheval pour s'enfuir vers d'autres victimes... Les tremblements d'Arthéos devinrent plus inquiétants... Il ne voulait pas mourir. Il avait vu si peu de choses, il n'avait jamais vécu de bons moments sur Terre... et c'était là que tout devait s'interrompre ? Et bien soit... on ne pouvait pas échapper à son destin, c'était là une chose philosophique que son professeur lui avait enseigné. Nos vies sont toutes tracées. Les hauts, les bas et les autres moments... Se sachant agonisant, Arthéos ne sa cacha pas. La silhouette s'approchait et devait l'avoir vu. Cela importait finalement. Ana.Lise était morte, il mourrait aussi... Deux vies en moins en une journée, et alors ? Où serait la différence dans le monde ? La pluie s'arrêterait-elle de tomber ? Le soleil disparaîtrait-il ? Les noirs cavaliers frapperaient-ils de l'ombre à ce moment ? Non.

Un vent violet et froid obligea Arthéos à fermer les yeux. Mais lorsqu'il les rouvrit, il reconnut sa maîtresse, non loin de lui. Son coeur et son âme se réchauffèrent d'une joie de vivre inouie. Non, elle n'avait pas trépassé ! Elle était bien là en face de lui. Le domestique s'approcha d'elle, plus au moins transis par le froid tous les deux.

"Ma dame ! Qu'est-il arrivé ! Oh vous êtes blessée ! Où se cache le brigand ? Oh ma dame... comment me faire pardonner ! Si je n'avais pas perturbé Troubadour, j'aurais pu vous retrouver plus vite et vous empêcher cette blessure...

Une larme de réconfort et peut-être de remord longea les joues rouges d'Arthéos pour finir dans la neige.

"Ma dame, il faut nous cacher ! Si cet homme nous retrouve, il nous tuera...

Arthéos lorgna discrètement la blessure de sa maîtresse et semblait souffrir pour elle. Un couple hors du commun. Boitant, blessé, meurtri, affaibli et apeuré... Le jeune homme se tenait prêt de la baronne au cas où elle aurait besoin d'appui. Malgré sa cheville, il supporterait celle qui l'avait aidé en l'engageant. Serrant les dents, il les conduisit au travers des arbres, se frayant un chemin entre les branches et les racines... Mais ne supportant bientôt plus cette situation, le frêle Arthéos tomba une nouvelle fois à terre. Il sentait ses yeux rouler, ses paupières se fermer... Et bientôt, un hénissement se fit entendre... peut-être était-ce cela la mort ?

"Pardonnez-moi ma dame... d'avoir failli...

Il avait voulu soigner le bras blessé d'Ana.Lise, la rassurer de sa présence, aussi fragile fusse-t-elle, la réconforter de ses mots malgré cette rencontre fortuite mais l'évanouissement était trop fort. A côté d'un arbre, le valet ferma les yeux. C'était un endroit où l'on entendait un ruisseau, ou plutôt une rivière, s'écouler lentement malgré le froid. La neige s'était dissipée dans ce coin de la forêt. A moins qu'il ne rêve ? Le sommeil forcé, agité et douloureux d'Arthéos n'était pas revigorant... Au contraire, dans ses cauchemars, le brigand blond le retrouvait et, son épée sifflant dans les airs venait s'abattre sur son pauvre corps endormi. Ana.Lise... Troubadour... où êtes-vous ?


[RP posté pour et avec l’autorisation du joueur]
--Ana.lise


Vivre, ce mot raisonnait sans cesse dans l’esprit d’Ana.Lise. Ne pas se laisser submerger par la peur et la douleur, avancer vers cette ombre, quelle qu’elle soit et si par malheur ce n’était pas celle que l’on attendait, résister avant de trépasser, ne jamais offrir de mort facile.

Heureusement pour la jeune femme, cette silhouette qu’elle avait aperçue un peu plus tôt et vers laquelle elle se dirigeait ne lui apportait pas le danger qu’elle semblait redouter mais belle et bien un réconfort qu’elle attendait avec espoir. Arthéos, son pauvre servant qu’elle venait d’engager, semblait bien mal en point lui aussi et tandis que la jeune femme se mettait la main sur l’épaule entaillée, il se répandait en excuses.


Arthéos tout va bien, nous sommes en vie c’est là le plus important. Maintenant, il ne faut pas rester dans le coin… J’ai échappé aux mains de ce brigand mais pour combien de temps, je ne saurais le dire aussi il est préférable de…

Sans qu’elle ait le temps de poursuivre, le jeune homme l’entraînait déjà à sa suite afin de se mettre à l’abri. Ils ne devaient pas rester au milieu du chemin c’était trop tentant pour l’homme ou ses complices que de tuer deux pauvres êtres sans défense afin de cacher leur méfait et le temps qu’on retrouve les corps, les brigands seraient loin. Rien qu’à cette pensée, Ana eut une sueur froide dans le dos. Mais bien vite, leur progression au travers des branchages et autres feuillus leur fut pénible. Toutefois, la jeune femme serra les dents, trop habituée à ne rien dire et faire comme si de rien n’était. Malheureusement le pauvre Arthéos souffrait lui aussi en silence et Ana se rendit compte qu’il était au bout de ses forces lorsqu’il s’écroula à ses pieds. Heureusement, non loin de là un vieux chêne se dressait afin de faire de son tronc un refuge et à bout de forces mais l’esprit encore combattif, le jeune homme s’y hissa pour se reposer quelques instants.

Le froid, la peur, la douleur eurent raison d’Arthéos et sans aucun doute d’Ana.Lise l’espace de quelques instants. Les yeux fermés, la jeune femme reprenait sa respiration comme elle le pouvait, grimaçant sous la brulure que ses chairs ressentaient là où la lame l’avait atteinte. Il fallait qu’elle bande au plus vite cette plaie sinon elle s’infecterait et là, cela ne serait pas beau à voir. Regardant au loin afin de voir si le blondinet bougeait et constatant que finalement il ne cherchait pas à les poursuivre, ayant eu ce qu’il désirait, Ana se leva tant bien que mal, titubant sous l’effet de l’effort, du poids de sa maudite robe lourde de neige pour inspecter les alentours. Un léger murmure d’eau qui s’écoule se faisait entendre non loin. Au moins elle pourrait se nettoyer un peu et aviser la profondeur des dégâts de son bras mais avant toute chose, elle devait absolument sortir Arthéos de son état comateux sinon le froid risquait de l’engourdir et adieu au jeune homme. Arrachant un bout du jupon de sa robe, Ana fit rapidement l’allée-retour jusqu’au ru afin d’humidifier le linge et l’appliquer sur le front du valet tandis qu’elle lui tapotait les joues.


Arthéos… Arthéos, ce n’est pas le moment de dormir l’ami. Allez, réveille-toi…. Il nous faut sortir de cette galère !

Et soudain elle lui mit une grande gifle. Au moins, il la sentirait passer et reviendrait à lui rapidement parce que sinon, demain ils y étaient encore à ce rythme là. Surprise elle-même de son geste, Ana rosit tout en grimaçant.

Désolée si j’y ai été un peu fort mais on n’a pas le choix. Le froid revient et la nuit ne va pas tarder à redescendre… il nous faut bouger Arthéos…

Et tout en parlant, la brunette appliquait un deuxième linge humide sur sa plaie tout en faisant un pansement de fortune. Au moins le sang s’arrêterait de couler et de se répandre partout. Elle n’avait pas envie que les brigands les suivent à la trace, déjà qu’il leur fallait repartir à pied. Quoique, si la baronne n’était pas complètement abasourdie par les derniers évènements, elle entendrait elle aussi un hennissement non loin de leur refuge. Faisant signe à Arthéos de se tenir cacher, elle prit une branche d’un arbre entre ses petites mains et s’avança dans la direction d’où venait le bruit. Et là, posé tranquillement, Troubadour se tenait, grattant le sol à la recherche d’une quelconque brindille. *Ils étaient sauvés* se pensa Ana qui toute à sa joie aurait fait des bonds sur place si le danger ne rôdait pas autant.

Un peu avec précipitation, la baronne se dirigea vers son cheval à qui elle offrit quelques caresses à l’encolure afin de lui faire savoir son bonheur de le retrouver puis elle vérifia que l’animal n’était pas blessé pour finalement tirer les brides et l’amener jusqu’à Arthéos qu’elle fit lever tant bien que mal. Ils allaient devoir voyager l’un avec l’autre sur la même monture et même si cela n’était pas inscrit dans le manuel des convenances des nobles, Ana.Lise s’en foutait comme de sa première chemise. Il y avait urgence et elle n’abandonnerait pas son valet au milieu des bois pour une quelconque étiquette, ça il ne fallait pas y compter. Grimpant sur le dos de son frison, la jeune femme tendit la main à Arthéos afin qu’il se hisse sur la croupe de Troubadour puis elle lui demanda de se raccrocher à sa cape ou même à sa taille s’il le fallait car ils ne resteraient pas longtemps dans les parages. Et à peine eut-elle finit sa phrase qu’Ana talonna le flanc de l’animal. Ce dernier se mit à galoper comme il le pouvait avec son fardeau sur le dos. Reims n’était plus guère loin et ils s’en sortiraient, Ana y croyait.

Alternant chevauchée et pas plus lent afin que le cheval puisse se reposer, les lieues s’avalèrent sans grande difficulté. La peur leur ayant donné du cœur à l’ouvrage, personne ne se plaignit de cette promenade à un rythme effrénée et ce fut une fois arrivée près des remparts de la ville qu’Ana.Lise prit le temps de faire promettre à Arthéos de ne jamais divulguer cette mésaventure à quiconque. Elle ne voulait en aucun cas qu’on brime ses envies d’évasion avec une garde rapprochée aussi elle préférait faire promettre le secret à son valet. Dorénavant, elle et lui étaient liés. Le silence était d’or car si l’un comme l’autre parlait, la colère de son époux ne se ferait pas attendre. Et ce fut avec un sourire de circonstance, après avoir rabattu le capuchon de son mantelet qu’Ana passa les lourdes portes de la ville.


Merci à ljd Jeffeson d’avoir participé à cette aventure. Cette rencontre a pimenté ce retour à cheval comme nous nous l’attendions… que du bonheur ! Encore merci.
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