Yolanda_isabel
- Le Château de ma Mère
Une corolle rose étalée, un cur dorée, un bourgeon délicat.. Ca ressemblerait presque à une uvre dart si on fait abstraction des machouillements qui accompagnent le tableau idyllique. Elle est rentrée en Anjou depuis plusieurs mois déjà, elle est rentrée chez Maman, voilà ce que ça veut dire. Et dans sa chambre de bébé, elle retrouve ses poupées de chiffons, ses figurines de bois sculptées, les prémices dune grande vie pour un si petit être. Assise sagement, entre un drageoir garni de friandises et sa gouvernante entre de lui raconter une énième fois lhistoire de Tristan et Iseut, roman courtois par excellence, elle joue en écoutant dune oreille lhistoire quelle connaît par cur et dans toutes ses versions.
- A ces mots, elle l'embrasse. Et, sitôt qu'elle l'eut baisé, l'âme quitta son corps. Car elle mourut, comme je vous le conte.
- Le Château a été pris ! Le Château a été pris !
- Bah non pisquil lest là !
- Aux armes ! Le Château dAngers a été pris !
Un autre château que Château-Gonthier ? Il y en a dautres, elle le sait. Mais le choc est accusé doucement, aussi sûrement quelle est blonde, alors dans la caboche juvénile, les neurones et voix sagitent.
- Cest dommage.
- Ja faim, on mange quoi ce soir ?
- Attia a fini ma nouvelle robe ?
- Je mangerai bien des côtelinettes de chevreuil avec des marrons.
- Les marrons, cest bon.
- Pourquoi le château sa fait prendre, il est pas intelligent ?
- Pourquoi y a des méchants en Anjou ?
- Ou des châtaignes, cest plus sucré..
La robe est lissée du plat de la main, et elle se hisse debout, une vieille figurine du Chevalier du Chaos ayant appartenu à son grand frère dans la main. Sa grande tante, future presque Reyne de France, son autre tante, maîtresse des Froufrous, son grand frère, pourfendeurs de brigands et pourfendu par les mêmes, son père, pair de la France et terreur des grands crus classés et gros culs crasseux, et sa Mère, ah sa mère, Reynette dAnjou. Un doute, un seul, elle attend quil vienne ce doute qui lempêcherait daller sauver la terre de sa mère, à la gloire de ses pairs, mais quand lazur se pose sur la figurine de bois, il y a un calme, elle est de la lignée des Grands de lAnjou, elle est la fille de la Reynette, la Princesse dAnjou. Un sourire naïf joue sur le visage rebondi.
- On y va.
- Votre Gracieuseté ?
- On y va, cest tout. Mais dabord, ja faim. On a des châtaignes ?
Quelques châtaignes plus tard, une nouvelle robe passée, rose toujours évidemment, la petite troupe est prête au départ, et au devant de tous et suivie de près par la fidèle et gravide Constance, la princesse angevine à sa tête.
- Taïaut ! Taïaut !
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- Taïaut, tu navances pas beaucoup !
Taïaut, destrier princier, coursier à la fière allure et surtout, adorable petit poney, cadeau de son père pour son périple Anjou-Bourgogne.
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- Y A TAÏAUT QUI FAIT RIEN QUA PAS VOULOIR SAUVER LANJOUUUUUUUUUUUUUUU !
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- Rigole, rigole, tu vas voir qui cest qui va rigoler vers la fin ! Toi.. Euh .. Machin !
Machin de son vrai prénom, Renaud, de rejoindre la capricieuse du moment et de la hisser sur son cheval devant lui.
- Sus aux pas beaux ! Que la force du Chevalier du Chaos soit avec nous !
Angers, lAnjou, la terre de ses ancêtres et surtout de sa jeunesse, naméoh !
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