--Abel_hindley
[ Tu seras bon mon fils ]
- Sur les terres des long bow -
Hindley... De toutes les choses que l'on ne choisit pas, la famille fait partie du Panthéon. Son prénom est Abel, car "le Tout-Puissant mérite que la Sainte Histoire soit perpétuée par le biais de ses enfants". Brave père... Non pas le curé, le daron voyez ? Non ?
Un homme brave, d'une gentillesse attachante, un dévouement familial méconnu, bridé aux papiers sacrés, accompagné d'une femme au foyer très aimante, sérieuse et pieuse. Ah un beau tableau... Vraiment. Jusqu'à l'arrivée du bambin. Un garçon. Ô joie, la femme avait fait tout le boulot, mais le mari remercia le Divin de lui être si généreux pour un être si misérable.
Le petit Abel ne pouvait cauchemarder pire. Et pour cause... Il ne pût rester plus longtemps chez ses anglois de parents, lui le jeune bandit, amateur de sensations fortes et d'aventures. Une seule solution, la fuite. D'une certaine manière, le jeune homme avait pu se soustraire aux contraintes habituelles, comme un humain emprunte la voie de l'église. Il fit de l'eau son élément, son domaine, sa boite à souvenirs, son défouloir... Sa vie. Le british se décida donc à découvrir mondes et merveilles par-delà la Mer et l'Océan, en bon marin, petits boulots à terre ou larcins, selon l'offre et la demande.
Évidemment, quand aurait-il pensé que la vie sur bateau n'est pas si belle que le contremaitre lui avait dit ? De bonnes leçons de vie malgré tout, essayer de ne pas être pris pour une poire, et prendre des mornifles un peu partout, le temps de se faire aux lois de la Fougueuse. Aussi belle et calme qu'une femme repue, aussi impitoyable et sévère qu'une lame plantée en plein cur. Le courage s'apprenait petit à petit, surtout lors de situations critiques...
Comme ce jour maudit.
[ Tu seras présent mon fils ]
- Normandie, un port en été -
Six ans sont passées depuis la nouvelle. Lui le sec aux yeux noisettes et cheveux courts châtains, amateur de croupes fraiches de joie et de bonnes flasques, comme de pêches en côtes normandes : une petite chose à assumer. Une fille... Oh il n'avait rien choisi bien au contraire, du haut de ses quinze ans, pas loin de l'autre d'ailleurs. L'anglais s'était vite tiré vers le premier bateau prêt à partir. Lui aux ordres d'un marmot ? Jamais.
Il n'aurait pas dû lâcher ce dernier mot d'ailleurs. Des mois sans lettres à cette gentille brune aux beaux yeux verts, engrossée par ses graines... Puis un an. Le bébé naquit... Toujours rien. Deux ans... Rien ne vint. Trois... La maman s'y fit et porta plus que son attention au petit être.
Puis arriva ce fameux anniversaire des cinq printemps, à la grâce de la brise marine. Marin sans fierté et plus carré, cicatrices bien dégoutantes sur le dos. Preuves qu'à force de fouetter la viande, on fait rentrer n'importe quoi.
Abel osa revoir celles qu'il avait tant délaissé. Ambiance.
Je suis...
Baffe. Colère bien visible dans ces yeux-là.
Dé...
Baffe. Il ne l'avait pas volé. Désolé ?! Les excuses ne valent rien, sauf les actions!
Par...
Baffe. Car jamais deux sans trois, et que ça détend. Pour autant, la maman ne lâcha pas le morceau si aisément.
Tu t'occuperas de cette fille !
Pourquoi suis-je ici déjà moi...?
Beh...
Regard noisette à cette môme inconnue de l'équipage. Enfant d'ailleurs plus qu'interloquée "bizarrement"; Maman ne doit pas user de la main souvent.
Comment...
Alara.
[ Tu seras responsable mon fils ]
- Un an plus tard, Normandie, un port en été, comme toujours -
Ou pas. La descente de bateau est vertigineuse.
Elle est morte.
Un instant de flottement... L'esprit refuse la réalité. Le corps tremble d'effroi. Non, elle n'a pas le droit ! Pas maintenant !
Q...Q...Et...
Désolé Abel... Ton fils n'a pas survécu aussi.
C'EST IMPOSSIBLE ! IL EST UN HINDLEY !!! C'EST UN CORIACE, UN CRÈVE-CUR, COURAGEUX, COMME... Comme son p...
Les mots se perdent dans un étranglement. Allais-tu dire Papa ? Toi qui commence à peine à comprendre ton rôle, qui n'a vu que quelque fois ta propre petite ? Tu n'es même pas un Père, juste... Un fantôme. Une admirable brume qui a pris un revers puissant de la médaille du Destin.
Calme toi... Réfléchis. Pas de whisky frelaté maintenant... Ou bien si... Trois goulées de la flasque.
O-où... Où est... Où est ma fille...?
Le compère n'hésite pas à emmener le british retrouver son sang trop longtemps mis de côté. Et malgré les pensées toutes plus ténébreuses les unes que les autres tout le long du chemin, le silence pesant, les yeux embués de la perte d'une âme autant admirée qu'aimée... Là, dans ce salon où les bottes usées de l'anglais ont fait craquer le parquet de temps à autre, où réside le visage le plus blanc et perdu d'un enfant...
Alara...
L'étreinte n'attend pas. Doigts d'artisan jouant avec les mèches couleur onyx, tête infantile ramenée sur une épaule qui se veut rassurante et éponge, deuxième main veillant à caresser le dos avec le peu de tendresse qu'il reste au marin rodé.
Il le jure dans un murmure...
Dis...
Aujourd'hui...
Tu veux voir l'Océan avec moi ? Maman...
Ce sera le plus beau jour de la vie de sa princesse.
Maman m'a fait promettre de t'y emmener.
Même s'il faudra un peu mentir.