Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4   >   >>

[RP] Modra Necht

--Cael_
Il n’a rien compris. Une force l’a brusquement tiré sur l’arrière et avant qu’il n’ait pu crier on lui a pressé la bouche d‘une paume solide. Sa main a lâché la poignée de crin qui s‘est éparpillée sur le sol. Le petit rebelle s’est débattu, mais le froid qui s’est subitement abattu sur sa gorge la rapidement calmé. Il a tenté de rouler des yeux pour apercevoir ce qui était plaqué sur sa gorge et la vision de la main sous son menton lui a très vite fait comprendre l’ampleur du désastre.

Gloups! Désormais il n’ose même plus déglutir.

Dans sa petite tête blonde ça tambourine, sans qu’il y comprenne quelque chose. Un souffle derrière lui chaud lui hérisse les poils de la nuque. A chaque fois qu’il tente de se dégager l’emprise se resserre sur sa bouche et sa gorge. Caël cherche alors les prunelles rassurantes de Maman.

Quand enfin le regard du gamin trouve les saphirs tant aimés, l’effroi inhabituelle qu’il y devine le remplit de peur. Une voix se fait entendre sur sa gauche… Mélusine! Quand il comprend que sa sœur aussi et en mauvaise posture, le garnement fronce ses sourcils blonds Non! C’est lui l’homme de la maison, c’est lui qui doit protéger Maman et Mélusine! Quand la lame de l’homme vient écorché la gorge de sa sœur, il n’a besoin de le voir pour le comprendre: c’est comme s’y c’est sa propre gorge qui s’entaille.

Le brasse bouillon gesticule entre les mains dominatrices, baragouinant malgré la paume qui emprisonne ses lèvres.

_ Momon… ch’ai la pus forteuh!

S’il le pouvait, ces doigts il les mordrait et voilà une chose à laquelle il tente de parvenir. Non, il n’a pas peur parce que Maman, elle a pas peur! Il invective quelques insultes étouffées cherchant à se dépatouiller comme il le peut, mais le hurlement soudain de Maman le glace subitement.

L’argent cherche les saphirs. Non… Maman elle a pas peur. Non…
Voyant Maman ployé, le garçon perd toute son assurance. Maman ne s’abaisse jamais. Maman elle chasse les méchants. Maman elle protège la ville, Maman, elle a jamais peur…

_ Momon?

Parole tremblante étouffée par la chaire inconnue. L’incompréhension gagne les prunelles enfantines. C’est un colosse de pierre qu’il voit s’agenouiller devant l’ennemi…

Il tremble…

--Gladriel
[Le sommeil de l’Eternelle]

Les doigts se referment sur la bourse. Avec précaution, elle en délace les liens, libérant une bouffée d’effluve qui a tôt fait de lui grimper au cerveau. Une grimace lui tord les lèvres et un ultime regard se rive dans les yeux froid du sadique.

N’est elle pas en train de faire sa plus belle erreur? Qu’est-ce qui lui assure qu’à son réveil, ses enfants seront en vie? Qu’est-ce qui lui dit qu’elle ne se réveillera pas dans le seul but de livrer son dernier soupire, la gorge ouverte, crachant son sang? Une seule parole, la parole d’un inconnu. On ne peut pas avoir confiance en un homme qui brandit une arme.

Le doute lui ronge les entrailles, mélanger à cette peur corrosive des conséquences de son acte. Dans la paume de sa main sommeille son unique espoir, échappatoire empoisonné sans garantis d’un réel retour. Gladriel ne peut pas se permettre de jouer avec la vie de ses enfants… Ses enfants: sa chaire et son âme, miroirs d’une joie de vivre qu’elle a abandonné depuis des années. Miroirs aujourd’hui entachés de carmin.

Les saphirs de la mère viennent tour à tour trouver les prunelles de sa progéniture. Elle aimerait sourire, les réconforter, les rassurer, mais ses lèvres restent figées, alors que son regard déborde d’un amour maternel troublé par un voile de crainte qu’elle voudrait tant dissimuler.

Mélusine, sa petite fille muette, elle, quelle avait faillit perdre le jour de sa naissance, quand une femme l’avait enlevé. Gladriel avait donné la vie sous les hurlements des loups et les psalmodies d’une femme détraquée. Ses enfants trouverons t’ils leur mort, baignés dans cette même folie? Le monde est malade… Le monde est fou.

Un appel feutré attire son attention sur son fils, Caël, et elle porte sur lui son regard tendre et glacial. Pour son petit bonhomme, et si ce doit en être le cas, elle ne donnera pas l’image d’une mère éclatant en sanglot dans son désespoir… non, voilà depuis bien longtemps qu’elle n’avait pas pleurer, pour eux.

Les doigts se referment sur l’éponge et d’une main hésitante, elle l’approche à son visage pour y enfouir son nez. Son premier reflexe est de retenir sa respiration.

Le visage se tend au ciel, le regard plongé dans les astres voilés par quelque lambeau de nuage encore gonflé de neige. L’hivers, elle l’aime tant, mais l’hivers lui a tant pris. Une image lui revient en mémoire, une soirée près du feu ses bras enlacant les corps fêlent de Caël et Mélusine.

"Le monde n’épargne personne parce que les Hommes , cupides, l’ont rendu mauvais. La haine des Hommes est devenue implacable, surtout envers ceux qui sont comme nous. Ils nous jalousent, ils nous craignent, parce que nous, nous n’avons pas peur de la mort. Nous vivons chacune de nos vie avec la même intensité parce que nous ne craignons aucun jugement divin. Nous ne nous abaissons pas devant nos dieux, car ils ne cherchent pas à nous asservir comme le font le leur… Ils nous haïssent pour çà, par ce que eux, ils sont aveugles.
Vous ne devez jamais perdre votre foi, et vous ne devez pas avoir peur de la mort. Mourir, c’est revivre… ailleurs. On a plus a craindre de vivre seul que de trépasser, par ce qu’au final, nous ne disparaissons jamais.

Nous somme des âmes éternelles."


Tremblement de sa main. Les poumons quémandent leur souffle vital. Les mâchoires se crispent, alors que la poitrine se gonfle lentement.

Dans son esprit qui frémit sous l’assaut des fragrances narcotiques, une imploration fuse pour la déesse mère Brigit… pour ses enfants.

Dans un dernier frémissement des paupières, son âme rejoint le ténèbres de l’inconscience.

Le néant.

__________________
Alara
[L'échiquier se dévoile lentement]

Le Fou devient Maître du jeu et entame la partie. Peu à peu les pions sont posés, tels les jalons d'un cadre sinistre.

La Fidèle toujours collée au cou gracile du garçon, la brune ne peut réprimer un frisson qui lui glace le dos. Réminiscences d'un passé chaotique. Mais la prise reste ferme, la main armée ne tremble pas ... Tenir son engagement sans dépasser ses propres limites.

Et quand le bleu rencontre le vert, il se heurte au refus d'obéir aux paroles désespérées. Un hochement de tête, accompagné d'un sourire aussi malsain que celui du mentor, clos toute tentative de discussion.
Une épreuve de force commence entre la proie et le Hibou, chacun d'eux plaçant ses pièces pour remporter la partie.

Course contre le temps pour elle.
Distillation du poison pour lui ...

Et la frêle progéniture tant aimée qui n'est plus que monnaie d'échange. La carotte que l'on fait miroiter sous le nez de l'âne pour qu'il avance dans la bonne direction ...
Mère devenue esclave de sa progéniture dont la vie ne tient à un fil de lame.

Le garçon tente une rébellion bien vite étouffée. Les petites nacres qui se veulent menaçantes se heurtant sans succès contre la paume qui le bâillonne.

Pour augmenter le poids de son argumentation, le Hibou n'hésite pas à faire couler le carmin infantile, qui lentement glisse sur la lame hostile qui se reflète dans l'anthracite torve.

Le mat du Lion.

Elle abdique et se plie aux exigences du Maître du Jeu.

Inhalation soporifique pour la "Reyne". Exhalation terrifique pour sa descendance.

Silence pesant. Frêles petits corps terrorisés devant la chute de celle qu'ils estimaient inébranlable ...
Les perles enfantines se croisent et on peut y lire la même frayeur.

De leur côté les deux Ombres se regardent et se mettent au diapason pour la suite des évènements.
La lame de la Fidèle quitte la gorge palpitante et avant même que le gamin tente une nouvelle rébellion, le pommeau damasquiné vient s'abattre avec une violence contenue sur l'arrière du crâne. Le petit corps s'affaisse puis émet un bruit feutré en heurtant le manteau neigeux.

Le marchand de sable est passé ...

La frêle chose est ligotée solidement, non pas qu'il puisse se détacher par la force, mais à cet âge là, ça se faufile telle une couleuvre. Le petit paquet ainsi saucissonné est hissé sur le garrot du rétif et retenu par une Sauvageonne maintenant en selle.
Nouveau convoi qui se prépare pour la seconde partie du Jeu ...

_________________
--Rumwald



[ Cérémonie de la Chaîne ]


- Gel soporifique -

La Muse lui appartient. Un dernier rire du germain s'inscrit à vie chez la muette jeune fille, alors que le dernier pilier familial s'effondre sur la douceur hivernale. L'enfant se débat aussi peu que son frère de sang, venant vite rejoindre le royaume des songes, pour le grand plaisir des kidnappeurs. Chaque frêle petite chose est rapidement enroulée dans une couverture, tout comme la mère, puis amenée aux deux impatients destriers. Rumwald ne se gène pas de retirer tout ce qui peut servir d'arme à la matriarche, tant que le froid ne viendra pas éteindre la dernière flamme de son âme. Tout doit rester parfait...

Quelques lieues plus loin, le petit convoi humain stoppe enfin sa marche devant la demeure désignée par le véreux, lors de l'entrevue. Le malin avait pris bien des précautions pour l'occasion, ce qui n'allait en rien miner le moral des ombres. L'artiste perd cependant peu à peu patience, tant l'appel à son Art lui est vital. A chaque pas sur la pierre froide, le Fou s'oblige à ne rien commettre d'irréparable, l'odorat bloqué sur le parfum d'une femme aux mains de Morphée. Les freluquets sont quand à eux enfermés sous bonne garde dans une salle à part, loin d'une abysse macabre, loin d'un marginal passionné et d'une coéquipière avide de savoir.



- Avant l’Éveil -

Un homme lui apporte LA sacoche, LE pouvoir. Si dangereux à maitriser, si complexe à comprendre, si tentant à détenir. L'éternel croissant du visage fantomatique reprend sa teinte sadique. D'un geste sec, il défait les deux boucles, laissant une symphonie métallique emplir les grandes voutes. Ah... L’acoustique...
Le squelettique ose fermer ses paupières un instant, le temps d'apprécier le seul son continu du cliquetis des chaines de la païenne endormie à peine vêtue, ou de l'âtre rougeoyant non loin, où repose un fer désabusé. Les doigts blancs effleurent chaque outil, des pinces aux crochets, évitant soigneusement une bête coupure sur un scalpel arrogant. Les enseignements du passé sont revisités dans le même temps, d'un souvenir à un autre... Des effets que peuvent avoir quelques matériaux usuels...

Puis les iris clairs se rouvrent au monde, enflammés d'une nouvelle lueur, un brasier qui fixe quelques secondes l'attentive brune. Le germain ne dit mot à l'élève, certain qu'elle ne viendra pas entacher la scène d'une prose quelconque. Regarde et tais-toi, c'est ce qu'on pourrait deviner à lire chez les pupilles d'un maitre.

Tout est prêt.

Le bourreau s'approche lentement du feu crépitant. Muni de gants, il s'empare de la douloureuse. C'est ainsi qu'il surnomme un bout de fer aux couleurs de Mars, tant son baiser n'épargne aucune vive blessure. Gladriel tient un nouveau prince charmant ce soir... Laissons-les faire connaissance.

Le corps ballant, les poignets enchainés et les bras en l'air, la mère ne pourrait même pas bouger un pied, les deux chevilles liées en corde. En parfait martyr, la femme reçoit sa première morsure fumante, au creux des reins. Juste un échauffement... Juste une phrase en l'air...


La gloire n'attend pas ma Muse.

***Musique : Hunter de Jesper Kyd***
_________________

--Gladriel
Une respiration.

Souvenir. Une course effrénée. Claquement des sabots sur le pavé, cœur martelé par l’angoisse. Une église. Une moiteur oppressante. Un refuge tel un tombeau.


Frémissement des paupières.

Elle se souvient, son visage. Regard vert acéré, main sévère aux doigts d’harpie. Elle se souvient de leurs danses, armes aux poing, sourire aux lèvres. Elle entend encore, la gorge fragile se fendre sous sa lame, elle ressent cette sensation qui lui étreint la poitrine. L’instinct de survie de l’animal prit au piège. Ils l’encercle, elle les hait. Elle se souviendra toujours de ce bras qui se tend, cette dague qui siffle. Assez longtemps pour la voir venir, trop rapidement pour pouvoir la fuir. Et la chair de sa cuisse qui éclate quand l’acier s’y loge.

Réveil en sursaut.

Un cri étouffé lui arrache la gorge alors que ses yeux s’écarquillent. Une douleur l’assaille soudainement aux bras et l’esprit en panique en perte de repère tente d’ordonner au corps de toucher le sol, qu’elle arrive à peine à effleurer des orteils. Le rythme de son cœur s’accélère subitement. La femme relève la tête pour aviser ses poignets pendu au dessus de sa tête. Quoi?!

Panique.

Retrouver son calme. Respirer. Oublier ce mal de crâne qui tambourine à ses oreilles. Elle ferme les yeux, se mord la lève en sentait ses reins fumer. Une image clashes alors dans son esprit. Deux billes grise cerclées de noire. Les paupières s’ouvre subitement.

_ Ca..Caël! Mélusine!

Comme réponse, un échos et ce long frisson qui lui remonte le long de l’échine. Elle le sent… Près d’elle. Elle se démène, pour tenter de l’apercevoir, ce visage fendu d’un sourire comme elle n’en a jamais vu. Malsain, inhumain. Les saphirs croisent le yeux de la femme, mais lui, elle ne le voit pas. Elle ressent, elle l’entend respirer. Horrible sensation qui lui grimpe sur la peau. Une boule de haine mêlée d’angoisse lui oppresse l’estomac. Les dents se serrent, les lèvres se délient.

_ Où sont mes enfants?!


Elle ne porte aucune attention au monde qui l’entoure, tout son esprit enveloppant cet être qu’elle voudrait lacérer. Elle ne voit pas les outils posés plus loin, eux qu’elle a si souvent tenu entre ses mains. Elle n’entend pas le feu qui crépite plus loin. Elle ne ressent pas le froid qui parcoure son corps presque dénudé. Elle ne ressent que cette présence, qui l’inonde d’une haine viscérale.

_ Si tu as toucher à mes enfants...


Qu’importe ta réponse, je grave ton visage dans mon âme. Qu’ importe le mal que tu leur à fait, je te ferais cracher ton venin par les tripes. Je le jure, que dans cette vie ou dans l’autre je te ferais payer l’affront que tu fais à ma famille.


Le silence lui parait long. Ce souffle dans son dos lui hérisse le poil. Chacune de ses respirations est une insulte. Nerfs à vif.

_ Parle!



__________________
--Rumwald



[ Purge ]


- Corrosion de l'Âme -

Elle ne comprend pas encore. La louve aura beau crier, gigoter, rire, pleurer, l'insulter, le menacer, le mordre, le haïr... Ici, rien n'est humain. Ici, rien n'a plus d'importance que les outils. Ici, elle ne vaut pas mieux qu'un grain de pissenlit venant lentement mourir sur le sol. Ici, il est le Roi. C'est SON Monde.

Que me feras-tu ?...

Du souffle à la nuque, le germain passe au jouet du père Fouettard, et laisse cette fois une trace pour la nouvelle insulte au corps féminin. Tandis que le dos saigne d'une nouvelle fissure, les blanchâtres oreilles profitent avec allégresse du cri déchirant emplissant la salle. Il sait que la chair est comme un instrument... Où chaque coup donné à un certain endroit offre une nouvelle note de musique. Et quelle meilleure place que celle-ci pour un concert...

Allons, allons... Si déjà par ma première lâcheté tu te retiens si peu... Que va être la suite ?

Le bourreau laisse le temps à la païenne de se faire à sa fraiche cicatrice, que toute sa peau imprègne à vie la douce descente du fluide rubis... Une sensation bien unique que de voir sa vie se perdre en petites gouttes de pluie. Rumwald ricane, fort de son pouvoir irréversible sur la nature humaine, puis fait enfin face à sa nouvelle peinture d'un soir, les canines figées à leur fourbe sourire.

C'est drôle... Jusqu'ici, je ne me souciais pas du sort de tes chers petits. Tu étais ma seule ambition de la nuit. Mais puisque tu insistes...

Le Fou plaque la menotte meurtrière libre sur la gorge palpitante, les serres bien décidées à ne pas lâcher le tube vital d’Éole.

Je vais peut être faire d'eux les prochaines marionnettes de mes clients assoiffés. Ne t'en fais pas... Si toi tu ne te soumettras pas complètement, eux deviendront de parfaits esclaves. Tu ne les reverras jamais... Ni adultes, ni morts si par hasard ton sang chaud s'écoule trop dans leurs veines à l'âge ingrat. J'ai hâte de voir les progrès de ta fille... Muette elle a une voie toute réservée.

Le regard gris s'éclaire soudainement, cachant la petite folie relâchée l'espace du dialogue. Dans le même temps, le Hibou offre l'air salvateur, et d'un sourire narquois se redirige vers la table de tout les dangers. L'esprit malsain s'interroge sur la manière à suivre... Tandis que les fines lèvres se rouvrent :

Alors... Où en étions-nous ? Oh ! Le souffre. Sais-tu combien il est dangereux ? Très utile pour nombre de choses bien vulgaires... Mais pour toi, il ne sera que plus embellissant ma Muse. Je vais te redonner des couleurs...

Gantée, une main vient s'emparer de quelques morceaux de cette poudre compacte à l'odeur si significative, et l'autre d'un semblant de torche, plus petite que les autres aux sombres murs. Le simple effroi provenant de sa victime est une raison supplémentaire de continuer. Elle nourrit son Art... Brave femme. Enfin, elle commence à saisir le sens.

Apprécie... Délecte-toi.

Rapidement, la poudre s'embrase pour ne laisser derrière elle que tâches et hurlements de douleur pour l'épiderme brulé au cou et aux épaules. La femme pourrait se débattre en se balançant que cela ne changerait rien au final... C'est la nuitée des marques éternelles. Son œuvre à exprimer.

Mieux... Je vais peut être devenir raisonnable avec ton jeune sang... Si tu sais encore rester parmi nous pour la suite.

Les abominables yeux cerclés de noir ne cessent de détailler la faiblesse et les formes alléchantes, sans répit. Il se rappelle combien la gente générale ne supporte pas les pupilles fixées sur leur être. Une gène dont il se délecte sans une once de remord... Tout est si intéressant chez l'homme et ses manières, ses actions et ses pensées.
Philosophie mise à part, le jeune squelettique redonne vie à sa Muse, trop détendue à son goût, de cette écorcheuse liane, sans changer de surface.

Serre les dents... C'est un bon début qui ne doit pas souffrir d'erreur. Je peux ménager ta peine, le sais-tu...?

Dans son monologue, Rumwald attrape un seau posé non loin, puis asperge les plaies dorsales de son contenu. Il ne se lassera pas de ce bruit d'un autre-monde... Là où colère et douleur prennent une force toute particulière et se lient avec l'immonde peur de la Mort. Car qui veut réellement rejoindre l'éternel silence du plus profond de son être ? Menteurs sont ces suicidaires... Pour le germanique, rien ne vaut le lot de plaisirs à portée de mains des vivants.

Tu n'aimes pas le rhum ? Ou plutôt...

Le Fou revient à l'intérieur de l'espace vital et attrape sans ménagement le bas du visage pour le tourner dans la direction voulue. Le sourire reprend une teinte carnassière.

Serait-ce flambé que tu adorerais ?

Oui ? Non ? Les gesticulations ne lui donnent pas vraiment de réponse satisfaisante.

Pourtant... Tu guérirais dans la seconde. A moins que tu ne tiennes plus à tes beaux cheveux ?

Le tableau souffrirait-il de beauté sans ces filins si présomptueux... Telle est la question qui hante l'artiste de l'ombre. Finalement, quelques lourds halètements plus tard, les billes du bourreau sont captivées par cette petite lame dont le proverbe "l'habit ne fait pas le moine" convient parfaitement. Une nouvelle esquisse machiavélique se pose sur le visage fantomatique.

Laisse... J'ai une meilleure idée... Passons du côté face au pile. Je n'y ai pas encore apporté assez d'attention. Quelle négligence...

Le chef d'orchestre laisse un dernier soupir à sa diva avant la reprise :


Tu seras... Divine.

La Religion ne l'aura jamais autant inspiré...

***Musique : Sanitarium de Jesper Kyd***
_________________

--Gladriel
Elle n’aura pas le temps de la réponse.
Sa prochaine parole est un cri qui éclate dans la nuit. La douleur brulante suit le bruit de la chair qui se déchire. Les mains se tendent et se crispent, cherchent à empoigner la prise qui l’aidera à supporter sa douleur, mais elles n’enserrent que du vide. Première cicatrice fraiche rejoignant sa comparse qui zèbre sa hanche depuis bien des années. Elles sert les dents à se les briser.

L’odieuse main s’agrippe à sa gorge et les promesses insoutenables glissent à son oreille. Ultime respiration sifflante et elle cherche son air. La gorge tente de fuir la main qui la retient alors qu’il écoule des paroles qui lui sont insupportables. Mon fils… Ma fille…

L’étreinte se relâche et les poumons se gonflent subitement. Le soulagement est de courte durée. Nouvelle agonie qui résonne entre les murs. L’odeur nauséabonde de sa propre chair qui brûle lui envahit les narines. Malgré ses hurlements, elle entend le crépitement de ses cheveux qui se réduisent en cendre, le bruit de sa chair qui carbonise. La respiration se saccade, siffle. La douleur et l’odeur infecte lui donne un haut le cœur. Elle veut vomir sa souffrance. Comme si la bile qu’elle veut verser est la cause de sa douleur. Elle sert le dents, retient un sanglot alors que chaque expiration se ponctue d’un gémissement.

Pourquoi…Pourquoi! Qu’ont-ils fait?! Qu’a-t-elle fait! Par tous les dieux pourquoi le monde s’acharnent-il sur elle! Elle a toujours été la victime, l’appât, le poids mort. Par ce qu’elle a été la filleule d’un meurtrière, parce qu’elle a été la fiancée d’un assassin, parce qu’eux ils étaient forts, on leurs a fait payer leurs crimes en s’en prenant à elle, elle l’agneau parmi les loups. Elle leur en veut d’avoir été si fort, elle les détestes car ils l’ont abandonné et elles se hait d’être si faible. Celui là pour qui vient t’il, pour Mélianos, pour Arami ou encore pour son oncle Dragonet? N’a-t-elle donc pas assez payé?!

Un coup, un bond. Elle se cambre retenant sa plainte entre ses dents férocement serrées. " Je peux ménager ta peine." Vague intérêt de la mère en proie au désespoir. Un glapissement se mêle à son souffle. Elle s’ébranle nerveusement au bout de ses liens quand ses chairs se mettent à cuire de plus belle. Autoritaire, la main se saisit de son menton. Gladriel ouvre les yeux retenant les larmes qui lui borde les yeux pour soutenir les billes d’acier qui lui glace désormais le sang.

Il la lâche, la tête retombe mollement sur sa poitrine qui se soulève de soubresaut douloureux. Une ultime prière couvre les gémissements, le ton sanglote, la fière louve supplie.

_ Je ferais ce que tu veux… mais ne touche pas à mes enfants… pitié…pas mes enfants…

Fais de moi ce que tu veux. Fais de moi ta putain, ta bête de foire, ton esclave ou même ta chienne. Je serais ta marionnette, obéissante et dévouée. Je me trainerais à tes pieds si c’est ton désir. Mais je t’en pris, laisse le fruit de ma chaire en pleine santé. Laisse les en vie.

Les larmes lui viennent. Qu’importe sa fierté, qu’importe sa dignité quand la vie de ses enfants est menacées. Elle est comme un macchabée, pendu aux derniers fils de sa vie, le cœur glacé d’effroi dans l’attente de sa prochaine tortue.

Elle tremble. Au sang qui ruisselle le long de ses chairs brûlées se mêlent les larmes qui s’écrasent mollement sur le sol…

Macabre métronome.

__________________
--Rumwald



[ Maitre du précipice ]


- Touche finale -

Le bourreau s'est arrêté, oreilles aux aguets. La soumise implore pitié. Dieu que ce mot est laid... Qui ose encore aujourd'hui croire à de telles fables ? Comme si ce faible pourparlers avait la force de faire ployer toute fierté humaine, comme si cet espoir digne de naïveté allait changer la face du monde, comme si la Muse pouvait avoir un droit entre ces murs... Le germain ricane. La femme est à bout, s'accroche aux moindres prises qu'une paroi dangereuse puisse lui offrir. L'arrogance prend une proportion extravagante chez le squelettique. C'est à lui de décider si la mère plonge dans les abysses de la folie. Un voyage aller-retour dans une venimeuse dimension avide de chambouler tout un être.

Ce que je veux ?...

La belle affaire. La louve est là, devant lui, et ne peut rien contre sa personne. Crois-t-elle seulement lui avoir donné un moindre fil à retordre ?... Une main gantée vient se poser sur une joue humide.

Tu le fais déjà. Dis adieu à tes chérubins...

Quelques secondes... Un regard brillant de haine qui s'éteint dans l'instant. Un cri aux portes de la bouche qui ne s'élèvera jamais. Un coup sec à la mâchoire pour dominer le reste de lumière dans cette poche maternelle. Qui croirait le marché d'un illuminé ?... Il n'avait jamais eu l'intention de les libérer. La petite muette serait au goût d'une clientèle peu avertie, et le jeune pur un excellent élève pour de sombres associés. Plus tôt la gangrène s’insuffle chez les petits, mieux ils sont aptes à ne jamais trahir.

Détache-là... Il reste une dernière touche à poser.

Les billes grises reviennent sur la brune aux bras croisés, bloquée dans un demi sourire malsain, fruit des joyeusetés des geôles. Rumwald n'aura pas fait l'erreur de garder un ton normal avant de renvoyer Gladriel au royaume des songes. La jeune piquante brune n'a pas à savoir le futur des deux bambins. Mercenaire payée, pas d'information à divulguer. Et le plus rapidement sera le mieux. L’Église a déjà été bien généreuse... Ce devrait être aussi le cas pour la rançon familiale.

Un autre ange déchu...

Canines ressorties pour l'occasion, devant l’œuvre allongée, le bourreau joue du scalpel avec attention, la lame léchant la peau comme un couteau dans du beurre. Très vite, la louve peut s’enorgueillir d'une dernière cicatrice bien nommée. Pourvu qu'elle ne perde pas bêtement la vie à son réveil... Un éclat de voix lui serait fatal.

Tout le monde appréciera ton nouveau visage... Tu verras.

La tableau terminé, l'artiste de l'ombre se tourne vers les gardiens.

Appelez le sorcier pour coudre cette perfection. Et si l'un de vous souhaite se faire plaisir, qu'il se retienne le temps qu'il faudra. La mort du colis vaudrait votre place à la torturée... Et je prendrais mon temps.

Le Fou pendrait les tripes de l'idiot. Pas de bavure... Il faut que la peinture sèche. Faisons-en donc une règle icelieu. Très vite, le jeune homme entraine Alara au dehors, vulgairement intéressé de l'avis de cette dernière spectatrice, et surtout de lui donner le privilège du bâton pour les prochains jours de prison. Il faut bien entretenir la rage...

***Musique : Winter night de Jesper Kyd***
_________________

Alara
[Les hommes, dans tous les temps, ont fait de la religion un instrument d'ambition et d'injustice. *]

Elle était restée là à observer, sans qu'un seul mot ne franchisse la barrière de ses lèvres soudées.
Seul l'émeraude attentif prenait enseignement sur le maître de cérémonie.
Ses gestes habiles et précis, cette aisance dans la torture tant physique que psychologique.
Du grand art ...

Subjuguée, elle se nourrit et parfait son initiation. Quel séduisant monde que celui du vice.

La valse des instruments, l'ivresse de voir le carmin s'écouler jusqu'à la fin de l'œuvre.

Puis l'artiste se retire, emmenant avec lui cette "étudiante", avide de recueillir ses impressions.
Elle le complimente, l'interroge sur certains gestes dont elle a pu apprécier l'exactitude. Et lui, d'enseigner, de transmettre son savoir, en partie ...

Et cette offre alléchante, de terminer le travail.
Elle qui n'avait connu que les "bons" côté de l'église, elle en découvre les inavouables. Future armes pour elle de régler des comptes personnels. Autant lier l'utile à l'agréable.

J'accepte 'vec grand plaisir. J'f'rais en sorte d'pas gâcher le travail. Sourire malsain glissé au coin des lèvres.

Mission acceptée. Il ne reste plus qu'à passer à la pratique et se montrer à la hauteur des espoirs du Maître.

Commence alors la longue attente du réveil de la suppliciée. Afin de continuer de modeler la chair attendrie jusqu'à ce qu'elle abdique ...


[color=#009933*[/color] Jacob Grimm

_________________
--Gladriel
"Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne ; Le jour succède au jour, et la peine à la peine."
    -Alphonse de Lamartine-


La main vient glisser sur sa joue en une caresse d’une tendresse meurtrière. Ultime insulte. Les saphirs humides se relèvent et se noient dans les deux perles d’acier. Captive de ses yeux elle demeure, comme l’insecte prit dans une toile qu’il se plait à tisser selon son bon vouloir. Le cerf à perdu ses nobles ramures, misérable il s’écrase devant l‘hiboux exécrable. Implore, pauvre mère, prie et adjure, tu ne trouveras pas la pitié dans ces yeux où suinte l’injure. Folie. Artiste de l’outrage. Je te maudits, je te supplie.

"Dis adieu à tes chérubins."

La phrase fauche les saphirs en pitié. Le cœur éclate quand la conscience se brise. Choc. Le voile des mondes se déchire et la plonge dans des limbes tortueuses. Océan chaotique de l’inconscience. Le coups n’a pas porté assez fort. Elle se débat entre deux eaux. Néant imparfait, le corps ressent le monde que les yeux ne peuvent concevoir. Froid de la pierre. Papillonnement des paupières. Soupçon de conscience qui bascule quand les joues s’incisent. Néant.

Dance petite plume, au grès de ta houle. Dans ton flots d’inconscience, tu te noie et tu émerges. Parfois le corps semble se raviver, avant de sombrer de nouveau dans les méandres du néant. La pensée frôle un instant de réalité et dans le bourdonnement masculin d’un monologue presque imperceptible, l’esprit se raccroche à un mot. Un seul.

Païenne
Païenne
Païenne.
Païenne.


L’aiguille vient percée la joue meurtrie. Replonge douce enfant. Echappe à ton supplice dans ta narcose salvatrice.

Durant la besogne de l’homme qui peaufine l’œuvre du boucher, elle ne se réveille plus. Puis On la soulève, on la transporte. Seul le cri infantile raisonnant dans un couloir ramène la mère à la raison. Les paupières s’ouvrent sur une vision brouillée. La main cherche à se tendre. Elle veut crier leurs noms. Ses enfants.

Quelque secondes de perception ruinées par une douleur dévastatrice.

__________________
Alara
[La douleur est le grand peintre des portraits. Il est bien rare que le modèle aime son peintre.]

Gladriel a été emmenée dans une des infâmes cellules et Alara veille attendant son réveil. Consignes prises au près du germain, elle attend de pouvoir exécuter les derniers sévices.

Devant elle gît le corps supplicié de la païenne, le minois défiguré, rehaussé d'ecchymoses et de sang séché.
D'extérieur ce n'est plus la même femme, mais il faut que de l'intérieur il en soit tout autant.

Parfaire l'œuvre autant que possible.

Après plusieurs heures d'attente, enfin la suppliciée donne signe de vie, elle grogne et lutte contre ses douleurs pour se relever.
Mais la Hindley est là pour la gardée clouée au sol. Tout d'abord à l'aide d'un bâton. Elle frappe un à un chaque genou. Mais la rebelle se bat encore, alors c'est à coup de botte qu'elle lui fait comprendre qu'elle n'est plus rien.


Païenne ! Tu n'mérites pas de t'dresser ... T'es qu'un animal ... Païenne ! Et le rire malsain de s'envoler jusqu'à rencontrer son écho que lui renvoient les murs humides couverts de salpêtre.

T'n'es plus rien ... Tu as défié l'Dogme par tes pratiques païennes ... T'en paies les conséquences.

La pointe de la botte vient rencontrer les côtes, déjà mises à mal, en même temps que l'ordre fuse.

De qui dépends-tu infidèle ? Le ton est volontairement menaçant, laissant présager le courroux si la réponse attendue n'est pas la bonne.
La Hindley joue de son bâton, le faisant tournoyer entre ses mains, susceptible de frapper en guise de correction.

Voyons si tu as bien retenue la leçon très chère Gladriel ...


*André Suarès

_________________
--Gladriel
Tumulte d’une inconscience sans rêves.

Quand les paupières daignent à s’ouvrir la douleur la rattrape comme une gifle en pleine figure. Et de figure, il en est question. Brulée. Le dos, la nuque…. Brulée… mais ce visage, il pulse d’une douleur ardente qui lui vrille les tempes. Un mal comme elle n’en a jamais eu. Insupportable.

Maladroite, elle tente de se relever, mais le bâton bien vite sévit et quand c’est la botte qui la percute elle s’étale lourdement dans un jappement de chien battu. Le souffle lui manque. Elle va pour écarter les lèvres, trouver cet air qui lui fait défaut, mais quand la bouche s’agite c’est un cri qui s’en extirpe. Douleur. Les deux paumes viennent planées, tremblantes sur les deux joues qu’elle ne peut toucher. Douleur. Un sanglot se forme et s’étouffe dans la bouche meurtrie.

Les parole de la femme se brouille dans sa tête et bien qu’elle en comprenne les mots, son esprit n’arrive pas a en saisir toute la teneur.

Païenne…

L’échos du rire raisonne dans son crâne et lui tire un tremblement d’effroi incontrôlable. " Tu as défié le Dogme ". Défié? J’ai simplement voulut vivre… vivre à ma façon.

La femme n’a pas la force de relever les yeux sur celle qui la toise et qui jubile. A cet instant elle n’a même pas la force de la haïr. Seul l’instinct de survit palpite encore dans son esprit ankylosé. Plus tard, elle haïra l’émeraude, car les femmes les plus infâmes, elle les a toujours connu ainsi, avec ces yeux de vipère et des cheveux de jais.

Une question. La mâchoire qui veut répondre et le sanglot reprend. Tout son être lui hurle de parler pour échapper à la sentence mais elle ne peut pas. Scellée, ses joues éventrées cousues c’est sa parole qu’on a réduit à néant. Les lèvres frémissent pourtant en un murmure qui peine à sortir.

" Personne "

Pas de père, pas de mère, pas d’époux. Une famille exilée en Guyenne. Personne ne viendra pour elle. Personne ne payera pour la retrouver. Lui donné le nom de cette famille que le Limousin couvre d'opprobre ne fera qu'accentué le maux qu'on lui reproche et la Castelcerf ne s'y risquera pas.

Une peur sans nom la prend aux tripes, comme un chien qui se sait coupable et qui craint la punition de son maitre. Elle veut se recroquevillé, mais elle ne peut pas. Le corps ne répond plus.

Les saphirs se voilent de leurs paupières, le souffle se coupe. Misérable, elle attend son prochain supplice.

__________________
Alara
Grognement de mécontentement. Le bâton se lève avant de fendre l'air et de venir s'abattre violemment sur les reins de la suppliciée.

Mauvaise réponse ...

Avec lenteur, elle tourne autour de son souffre-douleur. Le pas est mesuré, comme un métronome, le talon de la botte claque sur le sol glacé.

J'vais te le r'demander une aut'fois ... D'qui dépends tu maint'nant ?

La pointe du bâton claque sur le sol, une première fois. Elle continue de tourner autour du corps recroquevillé à ses pieds.
Second coup, plus appuyé qui résonne dans la pièce sombre et humide.


JE veux la bonne réponse à ma question. Il m'semblait pourtant que le premier traitement était suffisant pour que tu r'tiennes la leçon ...

Et un troisième coup de s'abattre avec encore plus de violence.
Trois coup, comme avant le levé de rideau, sauf que celui là n'augure rien qui ne fasse rêver ou qui émerveille celui qui assiste au spectacle. Sauf peut-être le Germain, mais il est un être à part ...


Alors maint'nant réponds ! D'qui dépends-tu ? A qui dois-tu te vouer corps et âme ?

Le bâton tourne et siffle, impatient de meurtrir un peu plus cette chair immonde de païenne.
La pointe de pied frappe le sol à un rythme rapide et agacé.
Réponds ou je ne réponds plus de rien pauvre folle ...

_________________
--Gladriel
"L'hérésie est la vie de la religion. C'est la foi qui fait les hérétiques. "
    -André Suarès -

Premier coup qui la recroqueville.

Les mains se crispent devant son visage, les deux saphirs exorbités, à peine visible entre les fentes de ses doigts. Elle voit passer les talons qui claquent et résonnent dans sa tête avec la puissance du clocher d’une église qui sonne son glas funeste. Une question vient recouvrir le tintement macabre.

De qui dépends-tu?

J’ai déjà répondu…

Second coup qui vient marbrer le dos calciné.

Un gémissement s’extirpe de la gorge nouée. Les mains tremblantes dévoile le visage meurtri. Elle ne comprend pas. Elle n’aura rien compris de début jusqu’à la fin. La païenne redresse mollement la tête, les saphirs cherchant la réponse dans les émeraudes de la vipère. La suppliciée n’a pas le temps de se protéger le visage. Le bâton fauche l’air et se fracasse contre sa mâchoire. Elle étouffe une plainte rauque avant de gratifier le sol d’une gerbe écarlate.

Nouveau gémissement du chien battu. Douleur.
La tête lui tourne de plus belle et l’inconscience manque de la happer une fois encore.

A qui dois-tu te vouer corps et âme ?

Et là, la phrase prend un tout autre sens dans l’esprit de l’hérétique. Il n’est pas question d’époux, pas de famille, pas de rançon. Il est question de quelque chose de bien plus profond et puissant. Quelque chose que certain ont, gravés au fond du cœur. Une ligne de vie. Une foi.

C’est alors que la tête pivote lentement. Les yeux viennent trouver ceux de l’impitoyable avec une hargne que le supplice avait fait taire.

Mon nom est Gladriel de Castelcerf, fille d’Amaël le Druide et de Gallia l’Amazone, dévote de l’ancien religion, je crois en Cernunos comme en Korridwen, Lug et bien d’autre. Aucune blessure n’arrachera ma foi car elle est celle de mes ancêtres et mes enfants, aucune brulure ne consumera mes convictions car elles sont gravés jusqu‘au plus profond de mon âme. Aucune mort ne me convaincra à l’abandon, car je ne meurs pas, je revis…

Un discours que la bouche éventré n’aura pas le loisir de prononcer. Le regard se fait provocateur et les lèvres frémissent faiblement, désireuse lui craché ce sourire sarcastique transpirant l’insulte mais la douleur l’en empêche. L’envie de se révolter se confond avec le besoin de se soumettre. Se rabaisser pour qu’aucun mal ne soit fait au deux seuls êtres qui comptent pour elle. Et à l’ambivalence de s’affirmer dans un murmure:

_ Ton putain d’Aristote…


__________________
Alara
Long silence pendant lequel les regards se défient.
Cette impie va-t'elle perdurer dans son blasphème ou bien va-t'elle céder sous la contrainte ?

La brune reste le visage fermer face à la suppliciée. Ne pas montrer qu'elle-même émet quelques doutes ...
On la paie pour ça, ce qu'elle pense ne compte pas.

Elle devine la rébellion dans les saphirs emplis de haine et pourtant la bouche finit par abdiquer. Certes de manière peu orthodoxe, mais la soumission est là.

C'est le sourire vissé au coin des lèvres qu'elle ressort de la cellule, abandonnant la martyre maintenant inconsciente.


Débarrassez-vous d'elle comme il était convenu. Notre travail est terminé.

La Sauvageonne se retire sans même chercher à savoir ce qu'il adviendra de la jeune femme.
Après avoir récupéré sa rétribution, elle croise un groupe d'hommes aux allures peu recommandables emmenant les enfants cagoulés.

Ne pas s'apitoyer. Une seule personne est responsable de cela, une seule est à brimer. Et ce n'est pas elle ...


Au petit matin, le corps d'une jeune femme, entre la vie et la mort, sera retrouvé aux abords d'une ville.

Dans ce monde, l'Église a tout Pouvoir.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)