[ Maison de Gladriel]
Petit à petit la lumière qui guidait les 3 cavaliers sévanouit dans la nuit. La vieille nourrice avait sourit et remontant son châle sur ses épaules dune poigne noueuse, elle héla le vieux chat qui trainassait à ses pieds.
_ Aller Chaussette, on rentre maintnant, on va passer la nuit toutes les deux!
La lourde porte de pain se referma. Aussi rapidement que ses vieilles guiboles le lui permettaient, la Corinne sempressa de rejoindre le coin cuisine, séparé du reste par un petit muret surmonté de quelque barreaux de bois senfonçant dans le plafond. Le chat toujours collé dans les pattes pour quelle aie matière à râler, elle sactiva à débarrasser la table pour entreprendre de faire sa vaisselle dans le grand bac à eau.
_ Fais gaffe que jty trempes po, toi!
La vielle chatte grise était prévenue, elle navait plus quà bien ce tenir. Mazette! Toute cette ménagerie! Trois chevaux, un piaf et un chat, cest que la bonne Dame ne sarrêtait jamais.
Largenterie enfin séchée, astiquée et rutilante se retrouve rangée dans le buffet sa place. Un regard satisfait se pose sur le coin cuisine et les mains noueuses calées sur ses hanches, elle affiche un sourire satisfait.
_ Cpo beau çà, hein?
Le travail terminé, le repos mérité! Désormais, son temps lui appartient. Lentement, la vielle nourrice se dirige vers le grand fauteuil qui trône près de la cheminé face à son semblable. Un râle de satisfaction filtre entre ses lèvres quand elle senfonce dans le velours vert de son siège. Au chat de sauter sur ses genoux et une main calleuse vient caresser le poil gris avec affection.
Seul le crépitement des flammes grésille dans le calme silence. Lentement, affectueusement, les mirettes émeraudes de la vieille embrassent une fois encore cette pièce quelle connait dans les moindre recoin. Elle sefforce de retenir tous ces détails quelle connait déjà, comme si cétait la dernière fois quelle les voyait. A son âge, Aristote sait bien que tout peu arriver, et plus que la mort, cest loubli que lon craint.
La bonne Dame avait sut mener sa barque. Tisserande, lieutenant, animatrice et directrice de bains, bien que la plupart de ces activités navaient pas été accompagné de salaire, largent, elle avait su le gagné, mettant sa famille à l'abris du besoin. Ce quelle apprécie la vieille, cest que malgré cette aisance, la coquette petite maison ne transpire pas lopulence. La maisonnée ne déborde pas de richesse, cest juste que chaque élément qui la compose se montre finement ouvragé et raffiné, car la Dame Gladriel apprécie lart sous toute ses formes.
La Dame aime lire, et les nombreux livres qui jalonnent les trois petites bibliothèques en témoignent. Des piles de vélin, il y en a aussi sur le bureau au bois vernie, encore éclairé par une bougie au bougeoir finement décoré. Le regard glisse sur les deux étagères accolées au mur, à côté de la porte dentré. Celles-ci encadre un lourd coffre. Cest peut être lobjet le plus simple dapparence et le moins raffiné qui occupe la maison, mais la solide serrure qui le tien scellé témoigne de son importance. La clef? La Bonne Dame la garde toujours secrètement caché. Dans cette malle, cest les souvenirs quelle y enferme. Des habits, des armes, des lettres de guerres
tout ce qui lui reste de son défunt fiancé.
Lattention se porte ensuite sur les épais rideaux et les tentures qui les isolent du froid. Une fois encore, la Bonne Dame a sut se montrer de bon gouts. Pas particulière coquette, sil y a bien une chose pour laquelle la Dame se permettait quelque folie, sétait bien ce qui concerne les étoffes. Rideaux, linge de maison et robe, ah! Elle aime le beaux tissu, les belles coutures! En même temps, on ne pouvait en attendre moins dune tisserande de son talent et de son expérience. Sa garde robe? Cest un vrai petit trésor.
La vieille se lève lentement du fauteuil, faisant grincer ses vieux os. Elle sapproche du mur qui lui fait face, celui là même qui sépare la maison de la grange qui y est accolée. Tirant sur une cordelette, elle ouvre une trappe. Cest que les bêtes produisent naturellement de la chaleur, même si ya le feu, un peu de chaud de plus ne fait pas de mal! Et puis cette bonne odeur de foin
hum!
_ Ah cest quy va flloir ouvrir là haut!
Une trappe identique à été construite dans la chambre de la Dame Gladriel ainsi que dans la salle deau qui lui fait face. Ah la salle deau! Voilà un luxe que peu peuvent se payer -ou prenne la peine de ce payer. Alors que la plupart vont dans les bains municipaux, la bonne Dame avait souhaité avoir ses bains personnels. Cest agréable, elle dit pas, mais elle avait jamais trop compris doù venait cette manie de se tremper tous les jours dans un bac deau.
"Pour lhygiène" quelle avait dit,
"çà vient de Rome." " Rhum? Voilà un nom quil est bizarre, zaurait pu trouver autre chose
" Cest une ville du sud apparemment, de celui là même doù quil on apporté les routes pavées.Oui la vieille est pas doué en géographie.Elle connait Bourganeuf est c'est déjà bien assez! Tout de même
Habiter à Rhum.
"Jsuis po une ivrogne moi!" Voilà ce quelle lui répondait quand la bonne dame lincitait à prendre un bain. Elle na dailleurs jamais compris pourquoi elle ne comprenant pas cette remarque
Menfin bref, depuis elle avait fait des efforts. Deux bains par semaine cest bien suffisant!
_ Boh on montra après tiens!
Et la vieille de retourner poser ses fesses sur le fauteuil. Voilà bien des années, quelle était au service de la Dame Gladriel, juste à la naissance des petiots. Trois mois avant sa grossesse, elle avait perdu son fiancé
assassiné. Quel horreur!
Ah! Elle en avait passer du temps à létage, dans la chambre des ptits, chantonnant quelque comptine en les berçant sur la chaise à bascule tandis que leur mère patrouillait dans la ville.
Ah! Ces ptits angelots. Un sourire étire les lèvres ridées. Pour sûr, elle ne les quittera pas de si tôt. De nouveau elle caresse Chaussette qui a retrouvé sa place.
A tous les coups, la vieille sera en plein roupillon quand la petite famille reviendra.