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[RP] Maison close de la rose noire

Anaon
" Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance ! "
    - Charles Baudelaire -

    De son côté c’est l’explosion des sens. Les mains se sont agrippés à l’angle du matelas derrière elle pour épargner les chairs et la mâchoire serrée à s’en briser les nacres étouffe les plaintes qui ne demandent qu’à s’exaucer. Violence animal qui lui met les sens à vif. Elle veut se cambrer sous ce corps qui l’écrase. C’est un supplice. C’est un délice. Elle ne voit plus, elle n’entend plus: elle le ressent dans tout ce qu’il a de plus charnel. Douce virulence, succube qui lui bouffe les sens jusqu’à ce que vienne la délivrance. Lui dans un râle, elle dans une ultime plainte étouffée qui passe la barrière de ses lèvres. Jouissance douloureuse

    Petite mort qui la fauche…

    La respiration en saccade cherche à retrouver contenance tandis que l’esprit s’ankylose d’une torpeur de velours. Elle se laisse le temps. A son âme de s’alanguir. A ses sens de se calmer. Sans se soucier des conséquences de l’acte présent. Elle aurait du le repousser une toute dernière fois, avant qu’il ne se libère en elle, avant qu’il ne la souille d’une semence qui pourrait la perdre. Pourtant elle ne l’a pas fait et pour l’heure, elle ne s’en soucie guère. Pauvre sotte…

    Les azurites s’ouvrent lentement sur le plafond qu’elle fixe d’un air vague. Une inspiration, pour humer une fois encore son odeur et elle vient parfaire la tableau qui sera son souvenir. La respiration s’est faite plus calme, tout son corps s’est relâché. Elle est bien. Bien comme elle ne l’a pas été depuis tant d’année. Elle n’ose pas le pousser pour qu’elle puisse enfin profiter totalement de son air sans qu’elle n’ai à se battre à chaque mouvement de poitrine sous le torse qui la surplombe. Elle veut savourer une dernière fois cette peau contre la sienne, la peau d’un inconnu, cette peau qui n’ai pas celle du seul homme qu’elle avait aimé. Un sourire sans saveur viendrait presque faire frémir ses lèvres. Pour la première fois depuis douze ans, j’ai été infidèle à ta mémoire.

    Le corps s’ébranle du simple geste d’une main qui vient passer dans ses propres cheveux pour les écarter de son visage enfiévré. Puis le visage pivote légèrement pour que la joue trouve la contact de la chevelure auprès d’elle.

    Pas un mot.


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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
Le.jules
[chambre de Jules]

L'esprit vide, il mit quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il l'écrasait de son poids, et de rouler sur le dos lui aussi, yeux au plafond, cherchant son souffle. Comme chaque fois, Jules s'en voulut de n'être pas versé dans les compliments et les mots doux, de ne rien trouver à dire. Serait-il un jour ce courtisan consommé qui sait exactement que dire et que faire en toutes circonstances ? Probablement pas, mais pour l'instant aucune de ses clientes ne s'était plaint à la Rouge de ses silences.

Celle-ci, d'ailleurs, n'était pas plus loquace que lui. Rassasié à présent, sa frustation envolée, il roula sur le coté et chercha de sa main caleuse le corps d'Anaon, glissant sur son ventre jusqu'à ce que son avant bras trouve mollement sa place en travers de son abdomen, et observa le profil abimé de sa cliente en silence.

Il n'est pire blasphème pour un courtisan que de gâter l'instant précieux qui vient après la jouissance, ou les sens allanguis et les membres allourdis vous tirent délicieusement vers le sommeil. Aussi resta-t-il allongé tout proche d'elle, la respiration réguliere à présent, et profita de l'instant de grâce. Plus tard, il s'interrogerait peut-être sur la pensée qui l'avait amené à l'orgasme, s'inquièterait, sûrement, de s'attacher trop à une future catin, se demanderait peut-être aussi ce qu'il fichait là, à fuir les mignons et à se plier aux désirs changeants des femmes, en échange d'un toit et d'une paie. Mais pour l'heure, aucune de ces pensées ne venaient perturber l'engourdissement bienfaiteur qui l'envahissait.
Anaon
[ Chambrée de Jules ]

    Il n’y a certainement pas plus vexant pour une femme que de savoir que le plaisir de l’autre ne venait pas de soi, mais de la pensée et de l’envie d‘un autre corps. De cela, l’Anaon n’en sera jamais rien et quand bien même, elle n’aurait pas à l’en blâmer. Pour l’heure elle accueille le bras sur son ventre sans broncher, venant même l’effleurer du bout des doigts d’un air absent. Les yeux se ferment pour gouter à la rare saveur du sommeil qui se fait ressentir dans chaque membre de son corps. Quelle douce sensation pour cet être qui ne connait que trop bien les nuits d’insomnie et les repos agités. Prise dans sa torpeur délicieuse, elle reste sans mot à caresser le bras de Jules, quelque secondes, plusieurs minutes, elle ne sait pas. Dieux qu’elle y resterait des jours à dormir ainsi…. Mais ici c’est un bordel. Ici tu payes et tu te barres.

    C’est sur cette pensée qui la refroidit que les azurites s’ouvrent sur le plafond. Une pensée pour briser toute la grâce de l’instant. Fin de l’ultime acte. Fin de la comédie. Il est l’heure. Le visage balafrée se tourne pour faire face à celui de l’homme et les perles azurs se logent alors dans les yeux qui la fixe. Que faire? Que dire? L’embrasser comme un amant? Le remercier comme un courtisant? Merci. Merci d’avoir oser toucher mon corps sans m’avoir montré ni dégout ni pitié.

    Comme il est des gestes qu’il faut taire, il est des mots à ne pas dire. Ainsi le geste de sa main se meurt en une dernière caresse sur le bras masculin. Les azurites se posent une seconde sur le plafond avant que tout son corps ne roule doucement sur le côté pour s’asseoir calmement. Les rideaux n’ont pas été tiré et les rayons de la lune pénètre mollement dans la pièce. Ses pensées se perdent un moment dans la lueur blafarde avant de réagir qu’elle offre au soldat la vue de son dos ravagé par le feu et le fouet. Alors elle se lève et restant dos au lit elle entreprend de se rhabiller lentement. Chaque couche de tissu qu’elle enfile est comme une barrière qu’elle place entre elle et lui. Et aussi surement qu’elle s’est ouverte, elle se referme comme une huitre qui vient de livrer son unique perle. Le manteau est enfiler dans un lourd froissement de cuir et d’un demi tour elle vient faire face au lit.

    Elle caresse d’un regard le corps alanguit de Jules pendant que ses mains s’affairent à redonner contenance à sa chevelure débraillée. Elle ne sait si elle va devoir redescendre seul ou bien s’il l’accompagnera. Elle ne sait rien des coutumes de ce genre de lieux et elle en sait encore moins sur ce qu’il veut lui. Elle reste perdu un instant sur la vision qu’il lui offre avant que la main de la balafré ne vienne tâter son aumônière. Les doigts agiles s’y infiltre avant de ressortir avec la maigre poignée d’écus qu’il lui reste. Les azurites regardent les rondelles avec un air étrange.

    _ Je t’apporterais le reste, demain au petit jour.

    Murmure lourd.


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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
Le.jules
[chambre de Jules : l'art délicat de passer pour un c... *]

Il avait ouvert les yeux en la sentant bouger avec une derniere caresse sur son bras, et bientôt ses gestes se firent mirroir à ceux de sa cliente. Se rhabiller, la raccompagner en bas. Et puis, selon l'heure, se coucher ou se baigner pour la prochaine. Il retint un soupir et se prit à espérer que la nuit était finie.

Alors seulement son regard capta le geste d'Anaon vers son aumonière. De concert avec les azurites, les yeux sombres se posèrent sur la poignée d'écus, avec surprise d'abord, gêne ensuite. Rapidement, il se leva, referma la main sur celle, pleine de pièces, de la cliente.


Je... c'est à La Rouge qu'il faut...

Evidemment, elle ne pouvait savoir qu'on payait la maquerelle et non les courtisans, afin qu'elle prélève son pécule.... Evidemment, elle n'était pas une habituée. Les mots de la Rouge, glissés alors qu'il revenait de la chambre de Baudouin, lui revinrent. Dieu qu'il détestait parler d'argent et sortir de cette masquarade bien pratique, qui d'ordinaire lui permettait d'oublier qu'il se vendait. Et pourtant, il fallait bien lui dire...

Elle m'a dit... ahem. Que c'est moitié prix.

Sa langue soudain pâteuse vint tenter d'humidifier ses lèvres.

A cause de l'incident.

Repoussant très lentement la main qui tentait de le payer, il fit la seule chose qu'il savait faire quand les mots lui manquaient, c'est à dire souvent. Jules déposa un baiser dans le cou de celle qui un instant plus tôt était encore nue près de lui.

Revenez s'il vous plait de le faire, mais point pour... cette somme suffira...

Sans compter les écus, il n'en avait en réalité nulle idée, mais il doutait fort que la Rouge ait à la tête à pinailler cette nuit... Au pire, il prendrait sur ses gages. Tout, pour ne pas avoir à compter la poignée d'ecus qu'elle voulait lui donner. Avec l'ombre d'un sourire gêné, il redressa la tête. Maintenant était l'instant où il devrait lui sourire, lui dire... mais que lui dire...? Prenant conscience de son cruel manque d'expérience, lui qui s'était toujours contenté de répondre aux remerciements et aux tendres déclarations de clientes bien plus prolixes que celle-là, il ne put que la regarder, solenellement, comme pour s'assurer qu'elle partait satisfaite...

Je vous raccompagne.

[*tété]
Anaon
[ Chambrée de Jules: Ou l’art délicat de passer pour deux c****…]

    Parler d’argent. Un tabou alors qu’on entre pas dans ce genre de lieux sans en connaitre les règles. Est-ce par ce que l’on assume pas d’acheter un corps comme une marchandise? Est-ce la cause d’un soupçon d’humanité? Pourtant, celle qui n’hésite pas à torturer et à tuer pour quelque écus ne pourrait pas se targuer d’avoir beaucoup le sens de l’humanité. Par pure égoïsme alors, peut être. L’argent signe la fin de la comédie. L’argent fait comprendre qu’on ne dépend que de lui pour un peu de tendresse. L’argent gène. L’argent vexe. L’Anaon aurait voulut finir ce geste avec toute l’indifférence qui est sienne ordinairement, mais ce soir elle n’y arrive pas. Ou est l’insulte pourtant? Il vend son corps pour l’amour et elle pour la haine. Elle méprise les êtres de luxure autant qu’elle méprise ceux de sa propre espèce. On achète son corps en tant qu’amant, on achète le sien en tant qu’arme. L’un être de chair l’autre chair à canon.

    Comprenant alors qu’elle l’insulte plus qu’elle ne lui rend grâce en montrant sa gène, l’Anaon laisse simplement les doigts masculins refermer les siens. Sourcil qui se perche quand il lui parle de l’incident. Incident? Ah oui. Etrange sensation quand il vient de nouveau embrasser son cou. Puis un pâle sourire vient redessiner le trait de ses lèvres entaillés.

    _ Tu n’as pas fait les choses à moitié, toi….

    Alors se sera donnant-donnant. La main se défait délicatement de celle de Jules pour replonger dans l’aumônière qui engloutit sa poignée d’écus. L’Anaon ne se permettra d’avoir aucun créancier. Ainsi demain matin elle épongera sa dette du soir. A elle alors de se diriger la première vers la porte pour entamer la descente des marches grimpées bien plutôt.

    Surprise de ne trouver qu’un salon vidé de toute ses pandores et ses clients, la mercenaire s’arrête un instant. Il n’y a même plus la petite abeille à qui elle doit un verre d’absinthe. Un regard vers le sas dont la tenture est restée dégager le dévoile vide de son gardien. Tient! Le jeune coq n’est plus là? Grimace. Ce n’est pas se soir qu’elle récupérera ses armes alors. Est-il lié de près à l’incident qui a eu lieu plus haut? Le dérouler de la soirée apparait alors en flash dans l’esprit alanguit de l’hérétique. Venue pour rencontrer une saleté de blonde qui lui a posé un sacré lapin, elle avait galérer pour entrer puis elle avait commencer par le comptoir pour finir dans un lit. Ironie.

    Le corps s’ébranle de nouveau et la femme se laisse patiemment guider jusqu’à une sortie. Et à la porte du Lupanar de s’ouvrir sur la nuit. Sur la réalité.

    Dur contraste qui la glace sur le coup. Dehors, c’est la vie, les insomnies, c’est ta folie. La salive a du mal à passer et l’Anaon galère à déglutir. D’un lent demi tour elle vient faire face à Jules, et dans ce silence qui est toujours sien, elle vient poser un baiser des plus chastes sur la joue du courtisant. Pas un mot, Maistre pantomime elle restera. Geste éloquent pour elle, peut être insignifiant pour lui. Quand on a pas les mots, autant taire les paroles inutiles.

    Alors dans un dernier regard, elle partira se lover dans les bras de la nuit, l’esprit habité des soupirs échangés.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
La_dame_rouge
[tôt le matin aux Cuisines]

Un an avait passé. Un an après l'incendie qui avait ravagé le bordel. La Rose noire avait essuyé le pire, pendant cette année de conflits internes et d'incidents mystérieux. Ainsi la maison avait vu des catins s'en aller, d'autres se faire exclure, des nouveaux arriver et des anciens tomber aux oubliettes.

Le métier était rude. Chaque jour apportait son infime part de renommée, son heure de gloire, les catins se prenaient pour des dames à trop chatouiller les égos des Nobles sieurs et gagnaient en influence sur leur petite communauté. Le revers de la médaille, c'était la rapidité avec laquelle, malgré tous leurs efforts et leurs manoeuvres elles retombaient dans l'oubli le plus total lorsqu'elle ne se montraient plus. Un jour de travail en moins, c'était une concurrente plus jeune et plus tenace qui volait le poulain convoité, les ramenant soudainement au rang inférieur des gagneuses en désuétude. Concurrence, sans pitié.

Rouge avait chatié, remercié, félicité, encouragé, recruté, désavoué... Mais! Malgré tous les efforts mis en oeuvre pour le bien de sa maison et l'étendue de son pouvoir, la Rose Noire allait mal. Les finances étaient en berne, les flammes avaient englouti le plus gros. Il fallut reconstruire, redécorer, autrement, toujours aussi lourdement, et le cout de cette refonte avait mit la Noire dans le rouge. Peu de bénéfices, des dettes qui enflaient: adieu robes Des Juli et autres avantages faramineux aux puterelles! La Dame se convainquit que c'était tout ce qui avait rendu ses filles capricieuses et manipulatrices. Plus dure la maquerelle? Sans doute.

Quelques fidèles restaient dans la tempête, là où les rats quittaient le navire, et la Maquerelle jouait de connaissances pour garder à flot l'embarcation. Aussi, ce matin lorsqu'elle se réveilla, Rouge fut sereine. La journée était spéciale. Elle attendait de la visite. Et pas n'importe quelle visite. De quoi renflouer les caisses du lupanar. Les pieds fin avaient dévalé les escaliers, les mains baguées glissé sur la main courante flambante. Les cuisines ronflaient encore de cette vieille chaleur qui fut jadis le fléau de la maison, comme un vieux matou ensommeillé... Jupons et breloques en ébullition, elle se dirigea vers la table où le petit déjeuner trônait pour les lèves tôt. Il y a des habitudes qui ne peuvent que perdurer...


Balgis!


Parmi les nouveaux, Rouge avait décidé d'être secondée.
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Un rôle à la Rose Noire?
--_balgis


[...Les cuisines au petit jour..]

Immobile, l’orientale, appuyée nonchalamment contre la table de soin souriait.
Par jeu, elle ferma ses paupières quelques secondes, et laissa les parfums recréer les images.
Sourire fugace pendant qu’elle revoyait un pan de sa vie… ailleurs…
Loin très loin du royaume de France.

A défaut de véritable hammam, le principe en serait respecté peu importe que la Rouge tempête devant les tombereaux de bois qui seraient consommé ici pour maintenir une eau délicieusement chaude et aux vapeurs continuelles.

Impassible, elle resta encore une bonne heure à vérifier sa précieuse réserve d’huiles parfumées, de baumes aux vertus insoupçonnées avant de refermer précautionneusement l’armoire aux trésors.
Le regard métallique inspecta une dernière fois les bains et satisfaite, Balgis remonta lentement vers la lumière blafarde du petit jour.

Vêtue comme à son habitude d’un fin surcot de soie, les cheveux alourdis de quelques tresses fines ornées de perles plates, les pieds nus, elle surgit sans bruit dans la cuisine.


Tu vas te gâter le teint Hafsa*.
Quelle mouche te pique pour crier si fort ?


*Petite lionne

La_dame_rouge
[Cuisines]

L'appréhension Balgis, l'appréhension... La Maquerelle était pétrie d'excitation et de résignation, aussi son sourire bien que ne manquant pas à l'appel avait un petit quelque chose d'inexpliqué et de mystérieux. Fallait-il se faire une raison à propos de ce qu'elle allait céder? Ou se réjouir du renouveau qui s'offrait à sa maison?

C'est un grand jour tu sais, le bouillon arrive ce soir pour les négoces, j'aimerai que tu veilles à ce que tout se déroule bien. Qu'on le serve, qu'on anticipe le moindre de ses battement de cils... Je manderai à Baudouin d'être deux fois plus vigilent, et surtout qu'on ne nous dérange pas lorsque nous nous enfermerons.

La Rouge se tourna vers l'orientale. Belle plante, elle ne regrettait pas de la voir se distiller dans les couloirs de la Noire...


Viens donc manger.


Le lait fumant venait d'être servi, Rouge s'installa.
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Un rôle à la Rose Noire?
--Sulpice_le_flamboyant



[Sur la route de la rose noire.]


Les sabots des chevaux claquaient contre les pavés de la rue. La matinée était à peine entamée mais les deux hommes semblaient avoir perdu un peu de leur vigueur, sans doute le corps moulu par la trotte nocturne de leur compagnon équestre. L’homme de tête possédait une chevelure flamboyant qui allait de pair avec son pourpoint écarlate frappé d’un corbeau. Il pivota quelque peu le tronc afin de parler de « face » à l’homme de derrière.

Vous ne devriez pas faire ça.

Oui oui je sais, ce n’est pas beau méchant vilain.

Le roux soupira avant de retenter :

Vous ne devriez pas faire ça, imaginez que madame la duchesse l’apprenne.

Angélyque ?

Votre femme !

Ah ! Ben elle ne dira rien, car c’est ma femme.


Le roux resta interdit un court instant et avant de se renfrogner et de réattaquer :

Je ne vous comprends pas, vous courrez au devant des ennuis… pour le plaisir ?

Regarde devant toi et occupe toi des tes affaires mon ami, si justement tu veux éviter les ennuis.

Justement votre grâce. Je m’occupe de mes affaires là. Imaginez que madame votre épouse apprenne ce que vous avez fait, elle va se mettre en colère. Imaginez maintenant qu’en plus de ça, elle sache que j’étais avec vous… Elle me ferait dépecer.

Bigre ! Tu as raison !
Un sourire sadique illumina le visage du second homme. C’est pour ça que tu ne diras rien, il vaudrait mieux pour toi.

Pfffff. Vous manquez trop de respect à votre épouse, j’avais cru m’engager auprès d’un chevalier, fort comme un diable et le ver galant.

Quoi ? Tu ne trouve pas que ça me va comme description ?

Non !

Tu es bien trop franc l’ami, je pourrai bien te faire regretter !

Oh en parlant de regret. Je sais ce que vous avez fait subir à votre épouse en la ville de Toulouse. Vous êtes une ordure et sachez que j’ai fait pendre les trois gardes qui se vantaient d’avoir été présents. Votre épouse est têtue comme une bourrique et je m’en méfie comme d’un renard mais elle mérite plus de respect !

Ouais ouais, tiens regarde on arrive.


Et le second homme sauta de scelle rattrapé par Sulpice.

Laisse moi parler, les catins ça me connait… demande à ma femme.

Et un ricanement de hyène s’éleva.



Eusaias
[A la rose noire.]


Eusaias s’était fait accompagner de part son écuyer, Sulpice le roux, Sulpice le flamboyant… Même si à cet instant le balbuzard pensait plutôt à le surnommer Sulpice le rabat –joie ! La grenouille de bénitier ! Le moralisateur ! L’enquiquineur ! L’emmer… enfin bon, le bourguignon n’en avait pas une bonne image au moment présent.

Il poussa la porte et héla la première personne qui passait par là.


Allez me chercher la grognasse qui s’occupe de ce bouge et vite.

Le nez se pointa vers le plafond et il commença à regarder de droite et de gauche. Estimer, sous peser du regard, ce n’était pas facile de donner une valeur à des poutres et des tentures. Puis son regard se porta sur le rubis à sa main droite, il le frotta sur son pourpoint écarlate afin de le faire un peu plus briller. Mettre l’eau à la bouche d’une catin n’était pas toujours facile, sauf quand on savait étaler quelques richesses.

Afin de passer le temps, Eusaias entreprit de tourmenter un peu son homme de main. Sulpice depuis leur entrée était raid comme un cierge, les yeux perdus dans le vague, sans doute pour ne pas dévisager une des filles.


Sulpice as-tu vu la blancheur des fesses de celle là ? Si tu veux je te l’offre ! Pas la blancheur hein, la catin.

Non j’en veux pas, merci !

Sulpice je parie qu’elle a la peau qui frémit sous la main et qu’elle pousse de très agréablement feulement quand on l’embrasse avec délicatesse dans le cou.

Je m’en moque, je n’en veux pas !

Prenant une voix exagérément féminine et mourante : Hein.. Sulpiiiiiice…. Fais-moi maaaaal Sulpice….

Cessez je vous prie !

Quoi tu préfères les hommes ?

Non !

T’es pas un bougre au moins !

Non !

Menteur ! Normand !
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La_dame_rouge
[Bam Bam Bam Bam..! Cuisines]

Un battement de cil, un autre, la Rouge avala de travers son lait du matin. Toussotement, la voilà qui devint aussi rouge que sa gourgandine. Un mouchoir vint recouvrir son visage, et se faisant elle se leva en prenant appui sur la grande table.

Diantre, les gueux s'en viennent bien tôt ce matin.

Depuis plusieurs mois, il était coutume à la Rose d'offrir tôt le matin aux miséreux de la ville la soupe. Une horde de boiteux édentés se bousculaient donc de bonne heure à l'huis, agitant moignons et écuelles avant l'arrivée des premiers clients. L'initiative ne venait pas tant de la maitresse des lieux que du Tres Haut, de chez qui le curé du coin avait laissé entendre qu'un geste de bonté et d'altruisme permettrait peut-être de conjurer le mauvais sort qui avait mit le feu au lupanar et engendré d'autres soucis. La Rouge, forte de ces recommandations faisait donc préparer un chaudron pour la distribution habituelle de la tierce, histoire d'être de nouveau dans les petits papiers du seigneur.

Sauf que tierce n'était point encore, prime sonnait à peine. Préoccupée par la vision du boeuf au Verjus qu'elle comptait servir à son invité du soir, la maquerelle traversa le salon pour aller voir quel malandrin venait troubler son frugal repas.

Ha!

Une main sur le coeur d'où s'échappa un cri de surprise, elle en perdit son mouchoir, qui n'eut finalement pas fini besogne. Une petite moustache de lait brillait encore sur l'ourlet de sa lèvre.


Vous. Mais, vous êtes en avance!


Euphémisme poli, si l'on considère que l'homme qui se tenait décontracté dans son salon était attendu à l'ouverture du soir. Adieu boeuf au Verjus, elle se trouva soudain penaude au milieu des enfantillages des deux hommes. A bien les regarder, la Rouge et le roux tenaient à cet instant le même degré de raideur.

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Un rôle à la Rose Noire?
Eusaias
Ah ! Voilà donc la Reine mère !

Le balbuzard dévisagea de haut en bas la matrone. Elle était visiblement plus vieille que lui, mais sa beauté n’était pas fanée. Le Bourguignon la dévisageait en s’amusant à l’imaginer « p*tain » plus jeune. Elle avait du « en lustrer » dans sa vie pour s’offrir son propre bouge. Bouge qui d’ailleurs allait sans doute venir compléter les biens du Blanc Combaz. Il se frotta les mains et lui offrit son sourire le plus vorace.

Ainsi, la rose noire a eu quelques soucis, soucis assez grave pour que vous la vendiez. La boue des ruelles vous tendrait-elle les bras ? Vous n’avez pas envie de patauger ?

Il s’était approché d’elle suffisamment près pour pouvoir essuyer d’un index la trace de lait sur ses lèvres. Négligée ? Serait-elle négligée ? Les yeux du rapace se rétrécirent. Si toutes les filles accueillaient les clients tachée il était logique que seul les grouillots restaient. Et le grouillot, c’est pas le plus riche.

Alors soyez rassurée comtesse, je serai sans doute votre sauveur.

Il se permit de lui caresser une joue comme si la maitresse des lieux était à lui. Avait elle comprit qu’il se sentait déjà le maitre tout puissant ? Le seigneur des lieux ?

Il me faudrait faire le tour du bouge, voir vos filles et tout ce qui pourrait, de près comme de loin s’apparenter à des comptes écrits. Oui écrit, car je ne voudrais pas que langue de catin soit plus habile pour grossir les chiffres que pour faire « bonne œuvre ».
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--Leah


[Entée de la Rose Noire]

Elle titubait.

A son oreille gauche, l'un des piercings avait été arraché, et le sang qui s'était écoulé jusque dans son cou avait fini par sécher, laissant une trace rouge qui témoignait d'un combat. Perdu d'avance. Pour la première fois de sa vie.

Pour la seule fois de sa vie.

La porte se dressait devant elle, fermée, inébranlable. Derrière, plus loin, se dressait le salon, où personne ne devait se trouver à cette heure. Aux cuisines, sans doute, les catins les plus matinales se pourléchaient les doigts, léchant subtilement les traces vermeilles de la confiture qu'elles goûtaient immédiatement dans le pot. Les doigts de Leah? L'un d'eux était si profondément entaillé qu'elle s'étonnait encore de ne pas l'avoir perdu. Il fallait dire qu'elle en avait particulièrement pris soin: si elle perdait un doigt, elle perdait son outil de travail. Il n'y aurait plus ni dague, ni de main-gauche; plus de combat; plus de dextre ni de sénestre. Plus rien. Elle serait tout aussi invisible qu'avant, mais cela ne lui servirait plus à rien.

Même à voler, elle ne serait plus bonne.

La Rose Noire lui était apparu comme un refuge. Le dernier. Celui où la Maquerelle, qui prenait tellement soin de ses catins, pouvait éventuellement lui accorder un regard. Autre qu'un regard dégoûté...

Elle boîtait. Titubait. S'effondrait.

La porte rattrapa son corps meurtri, qui laissa une brève traînée rouge sur le bois. Il faudrait nettoyer ça avant la nuit...

Elle frappa. Trois coups.


―Baudouin! Ouvre la porte... Open this fuckin' door, please...

--_balgis


L’orientale traversa tranquillement la cuisine et s’installa face à la Rouge.
Le visage éclairé par un demi-sourire devant l’expression mitigé de la belle maquerelle.


En tout cas ça ne gâche pas ton appétit…

Le lait, l’orientale elle le préfère sur la peau, vague parfumée et onctueuse dans un bain….

Son regard argentée glisse sur la tablée et comme à contre cœur, elle se glisse sur le banc en face de celle qu’elle regarde avec bienveillance.

Plus vraiment étonnée de se laisser aller à la confiance et aux confidences. Un seul regard avait suffit pour que l’une jauge , que l’autre pèse et vive et versa. Equilibre parfait au bout du compte.
Alors le lait chaud dans la bouche de l’une côtoyait le lait tiédit sur la peau pour l’autre dans ce monde parfait d’une Rouge et d’une Balgis.

Sauvée par l’appel impérieux des coups frappés… elle souriait l’orientale, comme une chatte devant…une écuelle de lait.
Les billes métalliques suivirent d’un regard amusé la gourmande privée de délices mais les exclamations de la Rouge figèrentnt aussitôt le sourire qui se dessinait.

L’instant d’après, telle une ombre, elle se tenait non loin d’elle. Le regard impassible, elle toisait sans vergogne les deux hommes qui péroraient dans le salon.
Un plus que l’autre d’ailleurs.
Et quelle voix….

Parce qu’elle voulait bien croire que ce brun là avait La Solution, elle se contenta de rester présence silencieuse.
Mais présence tout de même.
Suivant sans ciller les doigts qui osait…osait effleurer les lèvres de la Rouge….


La_dame_rouge
[Salon]

Rouge ne tiqua pas aux dits du Bouillon, elle savait que quelque part il avait raison. Elle se contenta de hocher la tête, un air résolu au visage. Lorsque les doigts de l'homme vinrent frôler sa joue, elle se détourna en une savante pirouette, profitant des coups à la porte pour faire mine d'être surprise. Ne pas froisser l'égo des hommes... Elle contourna donc Eusaias et se rendit à la porte qui ne voulait pas la laisser en paix ce matin.

Oui, nous avons fort à voir et à ... Discutailler. Mais prenez-donc vos aises, choisissez l'endroit qui conviendra, j'arrive.


Négocier. Serré. Jetant un oeil à l'huis, la maquerelle ne vit rien. Rien qui ne soit à bonne hauteur du moins. Mais le gratouillis étouffé par l'épaisseur du bois signifia une présence, qu'elle vit s'étaler au sol lorsque les gonds grincèrent. Du sang, du... Rouge.

Leah! Baudouin! Tudieu!

Le dernier mot avait été prononcé entre ses dents, assorti de quelques regards vers le Blanc Combaz. Fallait-il donc qu'il assiste à ce spectacle?! Un malheur en appelait toujours un autre. Pourvu qu'il ne prenne pas ombrage des circonstances... La Noire ne pouvait pas se permettre de perdre sa poule aux oeufs. La Rouge s'agenouilla près de la blessée, constatant de plus près les dégâts.


Dans quoi es-tu encore allée te fourrer...
A Eusaias: j'arrive! ... Que quelqu'un m'aide foutredieu...

Histoire de cacher cette vilaine vue, et de la laisser jouer négoce.

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Un rôle à la Rose Noire?
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