--Enzo.
[ Comptoir : LHomme Mets-toi à nu pour voir où nous en sommes ]
La teneur de cette rencontre vient de découvrir son visage. Il sait. Le pourquoi de cette rencontre, à cette seconde, en ce lieu. Sait aussi que ce nest pas la premiére fois que cette aventure se présente à lui. Lavait-il refusé, ignoré auparavant ? Il se raccroche sans cesse à ses murs qui le protége de la vie extérieure. Toujours besoin dune bulle qui protége, le délivre de tant de maux de la réalité. Même si laventure semble belle, folle à lier, attise la passion la plus idéalisée qui puisse imaginer, cette fois-ci encore, sen échappera-t-il ?
Qui est-il ? Comment parler de lui, de ce quil est ? Il nen a pas la moindre idée. Il a toujours si peu exprimé son ressenti ou montrer sa personnalité quà si peu de personne. Le reste nest que regard, gestes, les seules choses qui vraiment le caractérise. Se serait-il perdu dans les abysses des plaisirs , de la luxure au point den avoir oublier ce quil est dans son cur, son sang, ses racines ? Curieuse mémoire qui dun coup sembrouille, lui fait défaut. Comme une main qui balaie tout sur son passage dun revers. Non, cest vrai, Enzo na pas grand-chose à raconter de lui, ni partager de lui en tant quhomme. Il a tendance à fuir, se sauver dés quon lapproche de trop prés ? A analyser, écouter, observer ce qui lentoure. Il lit, sinstruit, ne se laisse aucun répit sans quil napprenne une chose nouvelle par jour. Et ce quil parvient à retenir, lui sert avec subtilité à argumenter, développer ses arguments dans une conversation. Sur cela, il en connaît un rayon sur tous les domaines. Mais le jeune courtisan doit bien reconnaître que son attention se porte depuis toujours sur les plaisirs de la chair. Il aime. Il nie pas. Il fait avec sans sen cacher mais une êvidence le caractérise en temps quHomme, simple Homme de tous les jours, il reprend vite les réactions et émotions humaines auxquelles chacun et chacune sommes confrontées. Peut-être est-ce cela qui lui fait peur. Etre comme tout un chacun. Pour qui se prend-il pour se croire autre, différent, et daigner accepter de vivre lessentiel ou ce qui se vit en toute simplicité ? Se compare-t-il a un Roi, un Duc ou bien à une Divinité supérieure qui contrôle tout de lui, des autres ? Il en est capable, en a la capacité. Nen abuse pas. Lutilise comme une arme de séduction parfaitement maitrisée.Enzo ne va pas à autrui, cest autrui qui va à lui. Fier ? Arrogant ? De lignée ou classe sociale élevée ? Posséde-t-il la gloire, la puissance, le pouvoir absolu, la fortune ? Il le croit mais pas comme on lentend. A sa façon. A sa maniére instaure une partie de dominance sans rien nen laisser paraître. Juste une façon de dire quil existe, ne se laissera pas faire ni controler et vivra la vie quil souhaite. Ce qui le sauve de ne jamais aller trop loin, cest sa nature profonde. Sa douceur prime sur la force. La force prime sur la douceur. Un juste équilibre sans aucun excés...Pourtant avec ses grands airs, son côté ténébreux et mystérieux, il n'est rien, n'a rien. Ne posséde rien. Il a juste son corps, son âme et son coeur, c'est tout. Et il ne faut pas croire que le Diable les lui a accaparé par un pacte avec l'Enfer. Même le Diable risque de se voir flouer en ses propres entrailles, certitudes par Enzo.
Pour cette minute, le courtisan ne se sent pas encore en danger. La main féminine au creux de sa nuque a tendance à le rassurer, le mettre en confiance. Leurs souffles mélés au creux de leurs oreilles attisent comme un début de désir, omniprésent, cette fois. Il boit une gorgée supplémentaire, la derniére car ne sen autorise que trois avant de poser le verre sur le comptoir, prés de lui. Avec attention, il la scrute de ses iris noires. Alejandra est une femme magnifique. Belle. Touchante de sincérité. Se livre sans modestie et sans pudeur. Une femme tout simplement. Il penche sa tête un peu sur le côté, garde un il sur le salon. Ils sont tous les deux à priori, bien partis pour se faire des confidences dhomme à femme et de femme à homme.
Revient sur la jeune femme hispanique, lui sourit avec douceur, dun doigt vient balayer une méche de cheveux qui recouvre une de ses épaules , puis proche delle, si proche que ses lévres effleurent son lobe :
Beaucoup ont essayé, tenté en vain de me choisir comme Homme, de vouloir me faire quitter les murs de cette antre de plaisirs. A ce jour, je suis toujours ici Cela me plait, oui, je ne vais pas mentir. Au-delà, de la sécurité de lendroit, de ma paie et dêtre nourrit. Ce nest pas ma priorité. Je suis ici, et en temps quHomme, jaime ce qui est relatif aux plaisirs, à lamour, à la folie surement, du moins un grain. Je dirai simplement quen tant quHomme, je suis exclusif à un point extrême que vous ne pouvez imaginer. Sans doute, ce qui ma poussé à ne plus vouloir vivre dhistoires, de relations en tant quHomme Vous êtes bien placée pour savoir ce que la passion peut engendrer comme conséquences et déchainée comme folie.
Accoudé au comptoir, prés de son verre de vin rouge, le coude placé juste à côté. Enzo hausse un sourcil quand un bruit de frou frou se fait entendre parmi tous les autres. Ses iris noires accrochées à celle de son interlocutrice, proches lun de lautre de part leurs murmures au creux de loreille, il ne se formalise pas de ce bruit, ni de savoir doù il provient. Sauf Une voix bien connue retentit au comptoir, et la commande ne pu que le faire trésaillir, quand ses iris noires se portent sur le visage de la jeune femme qui décide de prendre un verre de vin rouge. Il ne sait combien à durer cet instant de la dévisager comme un fantôme de retour. Face à lui, là. Il fronce les sourcils. Ne la donc pas reconnu plus tôt quand elle était là avec lautre client dans la journée ? Mais là, soudain, le doute na plus sa place. Par bonheur, il ne tient pas son verre de vin entre ses doigts. Celui-ci se serait brisé malgré lui de ressentir en lui tel un soudain désir venu de nulle part lui enserrer le ventre. Les minutes défilent trop lentes pour lui, cest long, parait une éternité. Pousse doucement son verre de vin un peu plus vers le comptoir, ne pas le renverser si jamais il perd le contrôle. Si Alejandra veut des informations sur lui en tant quHomme, il lui suffirait de discuter avec la jeune blonde au comptoir. Il ne décroche pas ses yeux soudain animés dune lueur fauve malgré lui dIrisdessa. Cest bien elle. Son cur semballe. Il ne peut rien y faire. Lalchimie entre eux reléve de linnomable. Des images lui reviennent à lesprit, veut les chasser. Pas lendroit. Pas le moment non plus. Pourtant ne pourra pas lignorer. Ses doigts se portent sur le pied de son verre, le fait tourner sur lui-même, tandis quil tente de reprendre ses esprits, regard en direction de la jeune femme rousse, Enzo se donne contenance, se dresse droit, le visage impassible pour ne pas se laisser prendre à cette attirance animale qui lui ferait la rejoindre de suite. Pourtant Il a encore ses souvenirs bien ancrés Aimerait fermer les yeux , se réveiller que demain. Ne peut les fermer, se perdrait dans leurs nuits charnelles, passionnelles. Marqué à vie, et à vif surtout comme un écorché qui a su partager sa soif des plaisirs, de la chaire, du corps. Il n'y avait pas eu de limite.