[Chambre 5 , lorsque la chasseresse devient la proie]
Lentement, presque méthodiquement, Luce effleurait chaque parcelle de sa peau avec cette rose qui tantôt caressait, et tantôt éraflait, arrachant à Marcello un gémissement furtif.
Il connaissait ce que pouvait être la douleur, la vraie, de celle qui avait laissé sur son corps bien plus de traces qu'il pouvait en compter. Alors, les griffures bénignes que Marigold imprimait sur sa peau, étaient pour lui synonymes de carresses légéres et provoquantes, qui avait pour effet d'échauffer ses sens un peu plus à chaque passage.
Un rapide coup de rein, et il sentit que Luce le faisait entrer en elle. Son coeur accelérait ses battements, son sang affluait dans ses veines, sa respiration se faisait saccadée. Son désir soudain impérieux le fit tirer de toutes ses forces sur les liens qui entravaient ses poignets. La tête de lit vibra sous les assauts. En vain. Le soldat était au supplice. Mais un supplice qu'il adorait ressentir.
Penchée sur lui, Marigold employait tous les moyens en sa possession pour faire céder en lui les barrières du désir. Le parfum de la rose se mélait au sien, à celui de l'onguent qui enveloppait le corps sculpté du soldat, à l'odeur ensorcelante de la cire des bougies qui se consumaient autour d'eux.
Amené progressivement jusqu'au bout de ses propres limites, Marcello sentait son esprit comme enrobé de coton. Incapable de penser, sa peau frémissante se faisait plus réceptive, et il sentit la main experte de Luce s'emparer de son membre bouillonnant avec gourmandise.
D'instinct, il cambra le dos, se mordit la lèvre, et serra les poings, et alors que Marigold vint se plaquer contre lui, Marcello en profita pour souffler doucement sur son corps, avant d'emprisonner avidement entre ses lèvres et l'une aprés l'autre de la pointe durcie de ses seins.
Dans un sourire, il se délecta des caresses que faisait sur la sienne la peau de Luce, et lorsqu'elle fut à sa portée, s'empara violemment de sa bouche au couleur de fruit mûr. A nouveau, il entra en elle, avant de sentir qu'une fois de plus elle lui échappait. Un soupir rocailleux s'échappa de ses lèvres, alors que son coeur accélérait encore le rythme au son des gémissements langoureux de sa tortionnaire.
Amore mio, la boîte de Pandore contient encore un objet, mais pour en user tu vas avoir besoin de tes yeux et de tes mains...Sache que rares sont ceux qui ont le droit de le découvrir et de s'en servir, c'est un privilège que je te fais...
Bouillonnant de désir, le soldat entendit à peine ce que lui sussurait la voix vibrante de Luce. Tentant de dominer le rythme irrégulier de son souffle, d'un violent coup de rein il pénétra le corpd cambré de sa geôlière, et lui répondit d'une voix à peine audible.
- Tu as gagné Luce, fais de moi ce que tu veux, mais par pitié ne me fais point languir plus longtemps...
Enfin, Marcello sentit que Luce dénouait ses liens, et alors qu'avec application elle défaisait les noeux qui l'entravaient, pareil à un fauve à qui l'on va ouvrir la porte de sa cage, le soldat sentit que tous ses sens s'aiguisaient.
Le noeud se défit. Le bandeau glissa de ses yeux, et à cet instant la patience du soldat vola en éclat. Libre d'agir enfin, il se plaqua contre Marigold, l'emprisonna de son corps puissant, les deux mains posées des deux côtés du sien sur les draps de satin.
Avec une gourmandise trop longtemps contenue, il se mit à arpenter les courbes incendiaires de son dos de baisers tout aussi brûlants, goûtant avidement de sa langue la saveur sucrée de sa peau, mordillant fièvreusement les recoins satinés de son cou, et frôlant de son bas ventre les reliefs voluptueux de son fessier.
Ce fut l'instant que choisit la belle pour lui exposer l'ultime épreuve de son jeu de patience.
-Voici le dernier trésor de Pandore. Ton plus cher rêve était de m'avoir à ta merci pour te venger de mes tortures, Cette brosse à cheveux, peut avoir de multiples usages... à toi de faire preuve d'imagination...
Coupé dans son élan, Marcello leva un sourcil. L'espace de quelques secondes, un rien déconcerté, les yeux sombres du soldat glissérent tour à tour sur la brosse à cheveux et sur Luce, puis sur Luce et sur la brosse à cheveux. Penché au dessus d'elle, il se saisit de ce nouvel accessoire, l'observa un moment, et finalement secoua la tête et le jeta sur le sol.
Puis il s'approcha d'elle avec la lenteur d'un félin, taquina de sa langue le lobe de son oreille, et lui murmura alors qu'il s'emparait des liens de satin:
- Ton tour est passé cara Luce, à présent c'est à moi de jouer avec toi..._________________