--Isabeault
Elle regarde cette main aux doigts puissants mais fins, verser leau dans la bassine. Elle le voit semparer du carré de linge, le savonner. Alanguie, épuisée, elle le regarde passer le tissu sur sa peau. Ses yeux suivent les gestes de son amant dun jour, détaillent chaque trait de son visage , chaque muscle, chaque courbe.
Ne pas loublier. Se souvenir de tout.
Il se rhabille.
Elle voudrait lui dire non, pas encore, laisse moi jouir de ton corps encore, laisse moi te regarder. Il sourit comme sourit lhomme lorsquil a pris son plaisir.
Plaisir il a pris, mais plaisir il a donné. Isabeault , le sent encore au fond delle, tant létreinte a été torride. Elle a demandé, prié, il la exaucée. La besognant, lenvahissant de toute sa force dhomme.
Elle a gémi, et crié, supplié quil la prenne encore et puis enfin quil la calme, quil lapaise.
Envolées les barrières de la bienséance. Elle nétait plus quune femelle en attente du mâle. Oublié le parchemin, le comte, et sa mission. Elle nétait que femme avide de jouir encore et encore. Animale, déchainée, elle sest donnée, lécoutant haleter, épiant sur son visage à lui, les traces de son plaisir.
Elle sest coulée en lui, l a retenu, emprisonné dans ses chairs humides et brulantes s'est faite douce et caline, féline et tendre. Il la prise à sa façon, selon son désir comme une catin, comme une maitresse, comme une femme.
A peine a-t-elle eu peur, juste un court instant, lorsquil a serré son cou. Mais dans ses yeux sombres, elle na lu aucune trace de haine, seul un désir brut et violent. Alors elle sest abandonnée, ondulant sous lui, bouche ouverte sur ses cris alors que les mouvements de sa tête sur loreiller disaient non mais quelle hurlait oui .
Le Maure la fait attendre ,il a joué, mené la danse, imposé sa loi,son rythme, jusquà ce quenfin, en grognant, lui aussi se rende et linonde. Elle a laissé sur les épaules sombres lempreinte de ses ongles et de ses dents. Le plaisir les a submergés, comme une lame de fond, mêlant leur souffles et leurs cris. Elle en a perdu le souffle.
Il se rhabille. Cest fini.
Il revient à elle, caresse sa cheville alors quil fixe dune main sure, la fine chaine. Elle sourit. Enchainée , peu importe. Elle a eu livresse, elle se sent vivante comme jamais.
"- Je mappelle Achim al Quasim et je veux te revoir, douce Nina. Aux mêmes conditions
Je vais payer la chambre pour la nuit, tu peux rester ici si tu le veux Je descends me désaltérer avant de partir."
Elle se lève dun bond.
- Attends, je descend avec toi !
Sa main à son tour, passe le linge sur son corps meurtri par trop de caresses.
Elle prend son temps, goutant son regard sur elle. Elle se sait belle. Elle en profite. Le retenir encore, un peu.
Main qui glisse sur ses seins, sattarde sur ses cuisses, son intimité. Elle sessuie, laisse ses cheveux pendre dans son dos, croise dans le miroir, l'image d'une femme sensuelle, aux yeux brillants, aux lèvres gonflées. Son regard accroche celui du bel étranger. Prolonger le jeu ? Ici ? Pourquoi pas ? L'attendre ici dans cette pièce quand il lui en prendra l'envie . L'idée la révolte et la séduit à la fois.
Elle lui sourit :
- Je ne mappelle pas Nina , Achim al Quasim !
Son rire résonne clair et joyeux. Le rire dune femme comblée :
- Et je ne suis pas une catin, ne t'en déplaise beau chevalier ! !