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[RP] Maison close de la rose noire

Rouquine
[ bureau]

Savez-vous lire, écrire, chanter? Savez vous prier?

Elle est un peu surprise, voire même agacée, que la Dame Rouge n'ait eu aucune réaction, même infime, à son offre de présenter ses clients aux catins de la Rose Noire. Pas un sourire, pas un hochement de tête acceuillant sa bonne volonté. Elle sent une bonne partie de celle ci s'envoler, et ne retient pas un petit rire à la question posée. Pour une femme qui exige que j'aie de l'éducation, songe-t-elle, vous manquez singulièrement de manières... Eh bien je me les garderai pour moi, qu'à cela ne tienne, songe-t-elle. Si elle ne veut point que j'amène le Dauphin ici, j'irai donc le voir chez lui. Elle toussote poliment pour maquer son amusement avant que de répondre.

Je lis, j'écris. Je chante comme un rossignol, m'a-t-on dit, et je sais m'accompagner d'un luth, mais n'en possède point. Quant à prier, j'avoue ne point comprendre la question. Qui ne sait point prier...?

Son meilleur talent, outre l'amour évidemment, est caché, songe-t-elle. Elle le garde pour la chambrée. La rouquine sait écouter. Oh ce n'est point si facile, car elle n'écoute pas passivement et sans interêt, comme une idiote. Elle écoute avec toute son âme, et ses réponses sont toujours un baume pour l'homme qui se confie à elle.

Elle jette un sourire à Emilla, priant (tiens, justement) pour que l'enfant comprenne le message caché dans sa plaisanterie... pour qu'elle ait pris à coeur l'interdiction de ne pas savoir, et cache son ignorance de la religion. Elle lui apprendra.


J'ai tous les fards qu'il faut, Emilla, assure-t-elle d'une voix douce. En revanche ils sont dans ma malle, à l'auberge. Ne t'inquiète pas, nous demanderons à une des filles de te dépanner pour cette nuit.

Un rapide regard pour vérifier la réaction de la Dame Rouge ; c'est la meilleure façon de savoir si les catins de la Rose Noire sont toutes des harpies, ou si certaines au moins, savent partager. Elle a envie de se lever, d'aller au salon prendre ses marques... de faire mander sa malle à l'auberge. Mais elle ne sait si Emilla sait lire, et se refuse à la laisser seule avec la maquerelle, du moins pour l'instant. Alors elle attend, légèrement fébrile, de savoir.
_________________

Rouquine sévit au Boudoir des Sens.
--Emilla_kair_d_ancle


[Bureau, Boulot, Bordeaux]


Emilla perçut le regard inquiet de la Rouquine et lui sourit. Etrange, elle qui était affolée depuis le début, de voir l'inquiétude dans les prunelles de sa comparse déclencha un instinct qu'elle ne se connaissait pas. Elle avait si longtemps vécu pour elle, pour sa survie, pour passer encore un jour loin de l'Ankou. Et là sans savoir pourquoi elle eut une bouffée soudaine, l'envie de protéger sa bienfaitrice, de rassurer ses inquiétudes. Si elle voulait mériter sa place ici , il allait lui falloir se faire violence et s'ouvrir un peu aux autres. Prenant la feuille tendue de ses doigts fins, elle parcourut lentement les mots. Certes, elle ne lisait pas très bien, mais la bedeau avait été intraitable là dessus, elle en avait eu les doigts rougis à la badine, et en cet instant elle l'en remercia en silence : elle savait lire, et même compter.

Excusez moi, je vois de nombreuses boissons mais avez vous des épices pour parfumer les breuvages? La menthe ou la badiane apportent un peu de fraicheur et adoucissent la sensation d'alcool, poussant à consommer plus...

La voix suave et chaude si étonnante chez la demoiselle se fit de nouveau entendre. Mais où avait elle appris ces choses? Le passé de la jouvencelle était un méandre d'expériences bigarrées et fantasques, parfois étonnantes souvent sordides mais qui avaient eu pour effet de la rendre si difficile à cerner maintenant qu'elle se laissait aller à se dévoiler un peu sous sa carapace.

Je sais lire madame, et compter, mais pas écrire j'en suis désolée. S'il le faut j'apprendrai. Pour le chant, je connais plusieurs mélopées celtes mais je n'ai pas une voix de cristal.

Non, définitivement, de la fluette demoiselle s'étira en volutes le velours chaud de sonorités profondes. Surement pour cela qu'elle avait pu si longtemps passer pour un garçon. Trop féminine pour une voix d'homme elle en restait grave et enveloppante, comme une caresse quand elle laissait trainer la fin de ses phrases. Encore une surprise du petit caméléon, elle parlait peu mais quand elle l'ouvrait, on écoutait.

Je promet de faire de mon mieux. Mais vous devez avoir beaucoup à faire, peut être ferions nous mieux de vous laisser et de nous préparer?

Alors elle osa pour la première fois et son regard vert vint se faire direct et se dévoiler sans fard à la Dame Rouge. Les traces sur le visage devraient se dissimuler, et les marques autour des yeux, assombries par des pigments, sauraient transformer les dégâts en approfondissant ces émeraudes délicates. L'animal aux abois, peu à peu laissait place à un drôle de petit phénomène, mais qu'allait il ressortir de cette drôlesse là?
--Desiree
[Chambre de Désirée]


Oui.

Elle se lève, saisit la carafe de liquide carmin, en verse à nouveau dans le verre de cristal du géant. Le sien est intact. Depuis ses mésaventures bourguignonnes, elle ne boit plus, ou le moins possible. Elle dépasse rarement le verre par soirée, même si ses clients l’ignorent. Le verre est à nouveau tendu aux mains du géant, et elle se glisse derrière lui, doigts jouant à nouveau sur sa nuque.
« Sers moi », ça peut être du vin, ça peut être autre chose, quand on est putain, et lui ne l’ignore certainement pas.
Elle, elle masse. Qu’au moins il ne soit pas venu pour rien. Les doigts fins parcourent la peau délicate, se faufilent parfois jusque dans son col, et bien vite remontent vers le cou, esquissent les lignes de son visage.


Les vieilles baronnes sont riches.

Pas une question, ni même une remarque. Un constat, qui n’appelle pas forcément de réponse. Elle n’est pas surprise qu’il se soit prostitué avant d’être le favori de la plus célèbre Succube de Paris.

Tu es beau.

Ca aussi, c’est un constat, parce qu’elle le voit, parce qu’elle dessine son visage du bout des doigts depuis de longues minutes. Elle se tait, un moment, concentrée sur sa tâche, oublieuse de la nuit qui ne tardera pas à tomber, même si le soleil dessine encore des ombres sur le tapis. Elle savoure le peau douce sous ses doigts, les effluves de rose qui s’en échappent parfois, capiteuses mais apaisantes.

Puis un murmure :


Où ressent-on le plaisir, Thorvald ?

Où, et pas comment. Comment, elle le sait, du moins en théorie. Ce qu’elle voudrait comprendre c’est pourquoi elle, elle ne ressent rien, nulle part. Parfois du dégout, parce que les nobles ont beau être riches, ils ne sont pas les moins tordus, mais la plupart du temps, rien. Du tout. Nulle part. C’est une chose que l’on ne peut pas dire à un client, sous peine de ne plus jamais le revoir, que l’on ne peut pas confier à une collègue, sous peine de n’être plus rien qu’une inutile à ses yeux, ni même à sa patronne qui s’en moquerait surement puisque malgré ça elle travaille bien, mais qui ne pourrait certainement pas l’aider.
Lui, le colosse brun échappé de son bordel, peut être le peut-il.

___________
--La_dame_rouge



[Bureau, fin des négoces]


La Dame ne sourit pas, la Dame est fébrile. Une part infime, cachée bien au fond, une part pourtant qui ne n'écoute pas les filles et qui pense à son Cerbere. S'est-il enfuit? L'a-t-il abandonnée? Saura-t-il retrouver le chemin de la maison si dans les bras d'une autre il s'est égaré? Il faut revenir à ces visages de jouvencelles, et hocher la tête un instant.. Jusqu'à..

Les hérétiques.

Le mot est lâché avec dédain, comme un couperet. Même la plus ouverte des âmes manque de compassion pour une cause, pour un détail, qu'elle ne saurait accepter. Si ses filles ne croient pas toute à la divine constante qui faisait s'équilibrer le fil de leur vie fragile, elles avaient bien voulu le lui faire croire. La Rouge n'est pas cruelle, quelque part elle s'accommode de ce mensonge éhonté en échange d'un savant maquillage. Pourvu que la mascarade soit un tant soit peu crédible. Puis, qui désirait voir ses enfants brûler au coeur d'un bûcher...

Son regard approuve la révélation de la jeune Emilla, et ses attitudes se radoucirent.

La plupart des alcools agrémentés que j'ai pu noter sont encore en bonne quantité dans les reserves. Du moins en assez bonne quantité pour attendre la saison où certaines de ses épices peuvent se trouver. Tu peux être audacieuse, je ne viendrais pas surveiller tes faits et gestes...

Non, elle ne serait pas derrière elle, bien qu'elle verrait tout, de loin. La jeune femme semblait pleine de promesses, et peut-être de bonnes surprises. Elle ne revint pas sur son incapacité a manier la plume, le reste palliait à ce manque, pour le moment elle pourrait s'en contenter. Aussi d'un geste lent elle donna congé aux filles, dans l'expectative de leur adaptation.

Allez-donc, et pour tout soucis venez me trouver.

Un sourire franc égaya son regard inhabituellement triste, l'espace de quelques secondes elle laissa de coté son tourment... Quelques petites secondes.

Thorvald_
[Chambre de Désirée]

Et elle le sert. Que rêver de mieux, un verre à la main, les yeux mi-clos, les jambes étirées sous les derniers rayons de soleil ... avec une femme qui lui procure un peu de douceur. Ses muscles épais se dénouent sous les doigts habiles et les mots flatteurs. Les petites mains s'aventurent parfois sous la chemise mauve, mais jamais au-delà d'une certaine intimité. Les idées s'étirent mollement sous les caresses faciales. Les doigts de la putain devinent les joues rasées de frais, quelques rides au coin des yeux qui se ferment sous leur passage, le nez aquilin, les lèvres épaisses faites pour les baisers volés derrière les portes des salons.
Le Colosse lâche prise lentement et se laisse envoûter par les confidences mutuelles.

Il trempe ses lèvres à la coupe et savoure. Les parfums capiteux du vin éclatent au palais, et se mêlent aux fragrances de femme. Inconsciemment, du bout de l'index, il effleure les arabesques dessinées dans le bois de l'accoudoir, faute d'avoir la permission d'en longer de plus tièdes.

Où ... Oui, où ? Longtemps, il a sondé des zones défendues, des parcelles inimaginables, des coins douteux. Longtemps il s'est trompé mais aujourd'hui il sait, le centre du plaisir, masculin mais surtout féminin, se trouve en un lieu impalpable. Mais pas intouchable. Il sourit, rouvre les yeux et penche la tête en arrière sur le dossier. Il la regarde à l'envers. Les sourires se lisent inversés.


Là.

L'index abandonne les arabesques et vient de poser sur le front de Désirée.

Autant dire que tu es la seule à en avoir la clé, même si je connais de savants serruriers ...
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X
--Desiree
[Chambre de Désirée]


En es-tu un ?

Elle n’est pas si surprise, finalement. Les tréfonds de sa pensée, c’est encore le seul endroit où elle ne laisse personne la toucher. Entourer de hautes murailles l’endroit secret des émotions était le plus sur moyen de ne pas souffrir. Il n’était donc pas illogique que cela empêche le plaisir d’exister aussi.
Elle le regarde, fugacement. Subitement les yeux gris lui font peur. Parce qu’ils pourraient lire en elle. Elle hésite un instant, puis se penche, et pose ses lèvres sur le front du colosse. Puisque c’est là qu’il situe le plaisir…

Puis elle le contourne, gardant une main sur son cou un instant, se glisse sur ses genoux, se couchant presque en travers de ses jambes. Elle appuie sa tête sur l’accoudoir, passe ses jambes par-dessus l’autre. La robe glisse un peu quand elle commence à balancer ses pieds, découvre ses genoux et le haut de ses cuisses. Cette fois ci elle ne prend pas la peine de les couvrir à nouveau. Elle glisse un regard vers lui à nouveau, puis finit par se concentrer sur le bout de ses ongles, les mains posées sur son ventre.


J’ai commencé à travailler quand j’avais huit ans, aux bains publics. J’étais servante, jusqu’à… à peu près douze ans. Dès que mes tout premiers saignements ont fini j’ai été vendue à un homme. Ca n’a duré que quelques instants et j’ai eu l’impression que j’allais mourir. Il y avait du sang sur les draps et des bleus sur mes bras. On m’a battue une fois pour que je comprenne qu’il était malséant de se débattre, une autre pour que j’apprenne à m’activer un peu au lieu d’attendre que ça finisse. J'ai vite appris.
M’dame Soizic ma rachetée trois ans après, pour un bordel plus chic. J’sais pas pourquoi, peut être parce que je suis jolie, ou alors elle a eu pitié. Puis j’ai fui, j’ai cru que je pourrais vivre ailleurs. Puis je suis arrivée ici, et je m’y plais.


Elle ne l’a pas regardé, de tout le temps qu’à duré sa petite tirade. Elle ne le regarde toujours pas. Très concentrée sur une tache imaginaire présente sur son index, elle murmure :

Pourrais-tu me trouver jolie? Me... me... me désirer?

Peut-on désirer une femme dont on sait qu'elle ne ressent pas de plaisir, dont on vient d'apprendre le sordide passé, dont on sait qu'elle est une catin de haut-vol, capable d'enchainer les clients comme personne? Peut-on vraiment? Quand on sait?
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Thorvald_
[Chambre de Désirée]

J'ose espérer.

Après tout, il y a de bonnes simulatrices, on n'est jamais sûr de rien. Mais dans le lot, il y a bien dû y avoir quelques serrures habilement crochetées.

Désirée fait le tour et investit le fauteuil. Un peu surpris, il lève la main qui porte le verre et la laisse s'installer sur lui, dans ses bras, comme un enfant qu'on berce. Puis viennent les confessions, libératrices, purificatrices. Comme la saignée dont le trop plein jaillit dans la bassine d'émail. Elle expurge son mal et c'est comme s'il recevait le sang de sa virginité sur ses genoux. Ses bleus le hantent. Il prend tout, comme une éponge boit la souillure.
Il n'y a rien à répondre à cela. Le lot commun des catins, certainement un peu plus noir que l'ordinaire. Il ponctue juste d'une formule rassurante :


C'est un bel établissement, oui.

Et finit son verre pour chasser cette angoisse. Lui aussi en aurait des horreurs à raconter, mais il est passé outre, depuis longtemps. Elle peut encore apprendre. Doit.
Il pose le verre vide sur le sol, et sa main sur les doigts nerveux qu'elle regardait.


La question n'est pas "peut-on te désirer ?" Les hommes te désirent, cela se voit dans leurs yeux qui te mordent. Moi même pourrais te désirer ... Tu es si belle.
Non la question est : me désires-tu, toi ? Que désires-tu ?


Le Colosse penche la tête, tente de capter le regard de la putain. Que veut-elle ? Veut-elle essayer ? Veut-elle qu'il joue au serrurier savant ? Est-ce bien raisonnable ... Il a toutes les chances d'échouer et de n'être qu'un client de plus à passer sur elle pour cette longue nuit. Ne vaudrait-il pas mieux lui épargner cela ? Partir maintenant. Sauf ... sauf qu'en parlant de désir, il le sent enfler, et elle ne peut que le sentir aussi, là où elle s'est assise. Allons bon.

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X
Flex
La manière avec laquelle il fut reçu au bordel concurrent, c'est à dire la rose pourpre, fut lamentablement une mauvaise expérience. Tant pis pour le trafic avec la Maquerelle, le borgne allait faire affaire avec une autre patronne d'un nouveau bordel qui se voulait plus dynamique. Au moins Sadnezz saurait se montrer plus à l'écoute d'un quelconque vide face à tant de noblesse de la part du jeune Mirandole. Déjà qu'il devait se coltiner l'une des plus crasseuses prisons de Paris, alors si en plus il fut obligé de travailler lui-même.. Le monde en serait fou. La distinction parmi les gens de toute sorte était la première de ses préoccupations. D'une manière comme une autre, Enguerrand de la Mirandole était féru des rumeurs à son égard, que son égo d'ailleurs appréciait énormément. En voulant briser un mythe d'un homme on en parlait sans cesse ; or, il ne peut être jamais brisé en ce sens !

Le silence de la rose pourpre le poussa à quitter l'établissement. Outre le gardien qui avait sans doute par obligation accueilli ce qu'il fut de client, personne n'avait posé le moindre regard sur lui. De tout son beau panache il prit la direction des beaux quartiers. A la hauteur d'une porte imposante certainement gardée, il frappa de son pied à la porte de l'établissement, et s'assura que ses bâtons d'officier militaire étaient bien mis en avant.

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Télécharger le pdf en milieu de page de Mes étoiles obscures.
Rouquine
[Bureau, puis salon]

Les hérétiques

Un frisson parcourt l'échine de la rouquine. Elle aussi, méprise les hérétiques ; mais ceux qui ont choisi de l'être. Sa petite protégée, elle, n'a jamais demandé à en être une. La réponse d'Emilla est tout ce qu'il fallait, et plus. Non seulement a-t-elle caché son ignorance de la religion, mais elle a parlé avec respect et articulation, et montré qu'elle n'est point idiote. Les yeux bleus de la rouquine brillent de fierté pour sa protégée tombée du ciel.

Allez-donc, et pour tout soucis venez me trouver

Elle libère son corps qui ne demandait qu'à se lever, tend la main à Emilla et prend congé de la Dame d'un sourire tout aussi franc que celui qu'elle vient de recevoir. La rouquine n'est pas rancunière pour un sou, il suffit de lui montrer un brin d'humanité pour qu'elle s'adoucisse. Elle entraine donc Emilla hors de la pièce, et une fois dans le couloir, s'arête et se tourne vers la jeune fille, ses yeux bleus brillants dans la pénombre, d'un plaisir enfantin qui rappelle combien, elle aussi, est jeune. Elle prend la seconde main d'Emilla dans la sienne et chuchote...

On a réussi...! Tu as eté parfaite, Emilla. Courageuse, polie et mesurée. Je suis fière de toi... Ne t'inquiète pas, je vais te trouver du fard. Tu es prête...?

Après leur petit apparté, elle entraine Emilla vers le salon, non sans l'avoir instruite de baisser la tête si elle croisait un homme : il ne faudrait pas exposer ses bleus à la clientèle.

Dans la grande pièce, une seule femme pour l'instant, et Rouquine se félicite que la soirée ne batte pas encore son plein. La belle blonde est allanguie sur des coussins, tout de bleu vêtue, et attend visiblement le client. Rouquine lisse les plis de sa robe d'un bleu plus pâle que celui de l'inconnue, puis s'avance ,sans lâcher la main d'Emilla. Elle attend que le regard de la blonde se pose sur elle et sourit, parlant à voix relativement basse.


Bonjour. On m'appelle la Rouquine, je vais travailler ici un temps. Navrée de déranger, mais mes fards sont restés à l'auberge, et....

Elle désigne le visage marqué d'Emilla.

La Dame Rouge aimerait que la petite travaille comme serveuse dès ce soir. Aurais tu la gentillesse de m'aider à camoufler .. tout ça, avant que les clients n'arrivent ? Je te le revaudrai.

Ses lèvres restent aussi sérieuses que la situation l'exige, mais son grand regard bleu sourit à la femme dont elle apprendra tôt ou tard qu'elle se nomme Lucrèce. La rouquine aborde toujours les inconnus comme s'ils étaient de bonnes gens, et ne se durcit que si on lui prouve le contraire.
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Rouquine sévit au Boudoir des Sens.
Nicolas.df
[Chambre 8 et salon]

Un oeil... puis l'autre... ben non, pas l'autre. L'est plus là, l'autre. Un oeil, donc, nous disions. Une chambre inconnue... la lumière filtrant par des volets mal fermés... ses vêtements éparpillés un peu partout... un corps doux et chaud contre lui... tudieu ! La Rose Noire ! Il se releva avec toutes les précautions imaginables, afin de ne pas réveiller la belle italienne à ses côtés, et se rhabilla prestement. A priori, il n'oubliait rien, aussi quitta-t-il la chambre après un furtif baiser à la belle endormie et un dernier regard circulaire pour s'assurer qu'il avait récupéré tout ce qu'il avait en arrivant.

Le couloir recevait toute la clarté de l'après-midi par une fenêtre à son extrémité. Nicolas n'avait absolument pas prévu de se réveiller aussi tard ! Il commença par dévaler l'escalier, puis adopta un rythme plus digne en arrivant au niveau du salon. Nouveau coup d'oeil à droite et à gauche... la maison s'activait déjà, chacun commençait à prendre sa place, et... tiens !
Voilà une tête qu'il connaissait, pour l'avoir croisée dans la prison dont il avait la charge quelques mois plus tôt alors qu'elle venait rendre visite à un vilain Vicomte. Le borgne s'approcha à pas feutrés des deux femmes, l'autre l'ayant abordé la veille avec moins de succès que Rosa.


Bonjour mesdames...

Sourire en coin. Il ne projetait pas de revenir dans l'immédiat, et ne résistait pas au plaisir d'un brin de causette avant de quitter ce havre.
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--Desiree
[Chambre de Désirée]


Tu me désires…

La phrase est à peine soufflée, comme une découverte sublime que l’on ferait au détour d’un chemin, comme un instant au creux de la main, qu’un simple geste pourrait briser. Elle ne dit rien plus, elle a senti dans son dos le désir se lever pour elle. Et au lieu de gonfler d’orgueil, la blonde putain frémit et tremble d’angoisse.
Parce qu’elle a bien compris, si elle accepte qu’il la touche, il faut aussi accepter qu’il la... touche… Le contact physique n’est que le reflet des émotions, l'utilisation d’un même mot pour deux choses si différentes n’est peut être pas si innocente.

Elle hésite. C’est la première fois qu’on lui pose cette question. On ne demande jamais à une catin si elle éprouve du désir. On lui demande d’en provoquer, et de donner du plaisir. Elle pèse le pour et le contre en silence, et au creux de son dos la sensation persiste. L’instinct de catin la pousse à dire oui quoi qu’il advienne, qu’un homme ne doit pas repartir les bourses pleines du bordel. Qu’une jolie somme d’argent pourrait lui parvenir si elle faisait jouir la concurrence.
Elle chasse immédiatement la pensée. Il se rendrait compte tout de suite qu’elle ment. Et elle ne vaudrait pas mieux que la pire putain de bas étage. Ce qu’il lui offre vaut bien plus qu’une parure argentée ou une bourse d’or. Il lui offre le choix.
Elle prend soin de faire le bon.

Elle pourrait être très déçue. Elle pourrait aussi découvrir quelque chose. Elle pourrait…

Quoi qu’il advienne, cela ne pourrait pas être pire que ne rien ressentir. C’est ce qu’elle finit par conclure.


Oui. Je vais essayer.

De te laisser toucher mon âme, par delà mon corps.
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--Geoffroi



[Porte]


Evidemment qu'il ne pense pas que le colosse était venu se battre. Mais la Rouge lui a bien fait comprendre en quoi consistait son travail d'un soir. Et il compte bien le faire, pour récupérer toute la paye à la fin. Il assiste, légèrement grognon, à la tentative d'approche de la catin au loup. La mine se fend d'un sourire goguenard à la passe d'armes ratée, mais il détourne vite la tête, et fait mine de se concentrer très fort sur la porte.

Les minutes passent. Il a la sourde impression que ce sont des heures. Il a le temps de rêvasser, de s'imaginer mille fois puissant et riche, et de soupirer autant de fois. Il repense à Désirée, qui lui a fait sentir à quel point il était une marionnette pour elle, et se sent empli d'un étrange mélange de colère et de désir. Il en est encore à la dénuder dans son esprit quand des coups se font entendre.

Tressaillant légèrement, il reprend son rôle de gardien du temple de la chair et du plaisir, et ouvre, pour se retrouver face à un homme qu'il classe tout de suite dans la catégorie des riches et puissants. Balafré et borgne, il n'est pas très beau, mais se dégage de lui une certaine prestance qui met Geoffroi mal à l'aise quelques instants. Se ressaisissant vite, il lance.

Messire? Vous désirez?
--Emilla_kair_d_ancle


[Du bureau au salon: Dans un instant, ça va commencer...]

Ce mot qu'elle n'a jamais compris car nul n'a jugé nécessaire de s'expliquer tombe.

Les hérétiques.

Emilla sent confusément que c'est une chose négative, mais préfère se taire, et attendre de sortir d'ici pour demander à la Rouquine. Elle devine que c'est rédhibitoire pour la Dame en Rouge et ne veut pas perdre une telle occasion de se sortir de l'enfer de la rue. Elle sent par contre que de prendre le soin de parler correctement comme les Dames a plu et note dans sa tête de toujours suivre cet exemple. Petit caméléon, encore et toujours, s'adapte, s'adapte pour vivre dans le grand univers. Elle opine de la tête aux remarques et libertés qu'on lui laisse sur les breuvages. Elle ne doute pas que la maquerelle ne sera pas à la suivre partout : elle a surement bien mieux à faire et Emilla doute de toute façon que quoi que ce soit arrive ici sans qu'elle le sache au final d'une manière ou d'une autre.

Dès que j'aurai un air présentable, j'irai fait un contrôle de ce qu'il y a de disponible. Si vous voulez qu'on propose plutôt une boisson ou une autre en fonction de vos arrivages, dites le moi, j'en tiendrai compte avec les clients indécis.

Emilla ne dit rien de plus, elle file dès qu'on lui donne congé pour suivre la Rouquine et retrouver le calme du couloir. La porte passée, elle écoute l'exubérante joie de sa comparse et soudain se met à trembler de tout son corps.

Je ne vais pas retourner dehors, pas d'ankou ce soir... pas d'ankou...

Elle regarde un peu perdue la Rouquine, son regard brillant de larmes qui ne couleront pas. Elle a du mal à réaliser qu'elles ont réussi, qu'elle va peut être pouvoir vivre et ne plus juste survivre. Elle ne doit pas décevoir, jamais, une telle occasion est inespérée.La Rouquine a raison, il faut qu'elle soit irréprochable pour pouvoir faire sa place ici. Les tremblements se calment doucement, elle avait besoin de ces secondes de lâcher prise, car maintenant le vrai défi commence.

Je suis prête, ça ira. Et la Rouquine? .... Merci...

Pas douée pour les effusions sur le coup... Petit caméléon encore, Emilla rajuste son corsage comme elle a vu faire la Rouquine, tentant d'y mettre la même assurance et sourit.

Après tout ça ne sera pas pire que de servir en taverne.

Suivant en sage petit soldat celle qui peu à peu ressemble à ce qu'elle a jamais eu de plus proche de ce qu'on pouvait appeler une amie, elle pénètre dans le salon et observe autour d'elle, le souffle coupé. Les lieux sont feutrés, confortables et emprunt d'un certain chic. Pas du tout ce à quoi elle s'attendait. Pour le moment, il n'y a qu'une dame et la Rouquine l'entraine par là. Elle lui sourit, moins assurée que dans le couloir mais après tout elle travaille aussi ici désormais et peut être est elle aussi gentille que la Rouquine. Elle est un peu gênée d'être perçue à son désavantage avec ces marques sur elle. Elle sent confusément que si des clients la voient ainsi, ça ne sera pas bon pour le commerce, alors elle ne sait pas pourquoi, elle attend un miracle de ces dames. Après tout, elle a déjà tellement changé depuis que la Rouquine l'a prise sous son aile.




Thorvald_
[Chambre de Désirée]

Essayer ?

Il la regarde, le temps que les mots fassent leur chemin. Puis il pouffe de rire.
Et rit franchement.


Non, je crois que nous perdons notre temps. De meilleurs clients t'attendent en bas. Moi, je n'étais venu que pour te débaucher de la Rose Noire. Débusquer les débauchées, c'est ma spécialité.

Mais elle n'aime pas son métier : cela déplairait à la Reine des Miracles. Oui, on est un peu à cheval sur les principes là-bas. Il y a des codes, des lois incontournables, des prodiges tenus secrets. Les vierges putes, les aveugles coupeurs de bourses, les mendiants culs-de-jatte, les gardiens hermaphrodites, doivent, à la faveur de l'aurore, se métamorphoser en innocents habitants. C'est le Miracle.

Peut-être un jour saurai-je cueillir ce pétale noir moiré de mauve ... Mais seuls les pétales désireux peuvent être transportés, les autres se fanent.

Transportés, oui ... d'émoi.


Mais, à propos, comme t'appelles-tu ?

_________________
X
--Marigold.
[Dans sa chambre au fin fond de son lit... La rose noir c'est noir...]

La Dame ne lui avait pas ouvert , elle était occupée, des voix de filles inconnues s'étaient échappées par-delà la porte, quand elle y avait cogné. La blondine était triste, si triste , elle se sentait vide et désespérée. La dame ne l'aimait plus , elle en préférait d'autres, jamais elle ne l'avait repoussée, évincée , oubliée. Pas même pour Désirée qui était pourtant la poule aux oeufs d'or du salon.
Crise d'angoisse, ou de parano, comment savoir ? Mais une chose était sûre la petite chose au fond de son lit était en proie à ses pires démons. Elle se sentait complètement délaissée, abandonnée. Si la Rouge ne l'aimait plus qui le ferait ? Certainement pas les hommes qui se rouleraient dans ses draps ce soir, d'ailleurs après l'épisode de la porte, Marie était désemparée, déboussolée. L'homme lui avait parlé comme personne ne traiterait un chien. Elle avait peur, un mauvais pressentiment lui étreignait l'échine, et rien de bon ne sortirait d'elle. Seuls des flots de larmes s'échappaient de ses yeux émeraudes. Elle se retrouvait enfant à la mort de ses parents livrée à elle-même sans personne pour la guider, ni la cajoler, et lui offrir une épaule pour s'épancher.
Elle se sentait seule. Et ceci était le pire cauchemar de Marigold. Cela la rendait malade rien que d'y penser. Alors quand son sentiment de persécution l'empoigna à nouveau , elle sut que ce soir la cadette de la Rose ne ferait pas son entrée dans le monde...

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