--Enzo
[ A la porte, Avec Le Gardien...Le Droit de Passage ]
Cela se passa rudement bien et vite. Tout ce qu'aimait Enzo. Sans fioriture ni perte de temps. Et les remous, ce n'était pas trop sa tasse de thé, du moins pas en public. Les choses avaient été simples avec le gardien. Il l'avait salué d'un regard soutenu. Ecouter ses recommandations comme de bien vouloir laisser toute arme potentielle. Lentement, sans mouvement brusque, il se baissa vers le sol, puis souleva un pan de son pantalon pour en extirper prés de son mollet un couteau de chasse. Il le prit bien main par la lame, puis le tendit le plus simplement du monde, côté manche au Gardien. Cela paraissait tout de naturel pour lui d'être ainsi en possession d'une arme aussi dangereuse. La vie n'était qu'apparence. Et même si l'on pouvait le considérer comme un simple jouvenceau, peut-être fallait-il se méfier de l'eau qui dort ou de l'image trop lisse qu'il pouvait s'en dégager. Les mots enfin retentirent, ceux qu'il espérait:
Posez vous sur dans un fauteuil avec un verre si c'est pour voir la maquerelle, ce soir il y a foule...
Il le salua d'un mouvement de tête pour le remercier et passer les tentures pour entrer dans l'Antre. Et pour lui, chaque Antre ressemblait comme deux gouttes d'eau à celles des Femmes. Une fois qu'on était parvenu à y entrer, il fallait y donner le meilleur de soi. Son coeur était paisible, son regard curieux et posé. Son corps détendu sous ses apparats de jeune bourgeois bien sous tout rapport. Ambiance feutrée. Tout ce qu'il aime et avait déjà connu. Et voici enfin le Salon où il fit son apparition.
[ Entrée au Salon...]
De sa prestance, il évalua trés vite la situation et ceux et celles présentes en ce lieu. Un tour d'horizon rapide trés instructif. En une minute, il avait tout mémorisé, les attitudes, les gestes, les regards et ce que chacun d'eux pouvaient exprimer. L'important étant de ne pas marcher sur le territoire d'autrui et de savoir capter l'attention de ceux et celles qui seraient interressés par lui. Ne rien montrer, ni rien laisser paraitre, être neutre et détaché. Un mouvement de tête sur son passage. Un regard distant mais chaleureux. Un sourire courtois. Il fend ainsi la piéce de sa grâce naturelle. Un félin venu simplement pour prendre ses marques, ses repéres avant de besogner et de redevenir ce qu'il est. Un chasseur, un primitif. Comme il adorait se camoufler, se travestir. Ses beaux habits, son visage d'Ange innocent, ses gestes posés et calmes. Une image parfaite. Mais qu'en était-il quand il otait tout cela. Il eût un sourire soudain à cette pensée. De plus, ses cheveux qui couvraient chacun des côtés de son visage, conférait largement une part de mystére derriére lesquels il pouvait aisément se retirer comme derriére des tentures. Les mots du gardien lui revinrent en mémoire.Un fauteil. Un verre. Pourquoi pas. Il chercha du regard où il pourrait volontiers s'abreuver d'une boisson à laquelle, il avait déjà une vague idée. Il avait toujours été captivé par cette couleur verte émeraude et sa préparation particuliére. Son goût effroyable qui vous arrachait les entrailles et de suite vous emporter vers un monde des plus exaltants, excitants et délirants. Le délice d'une chute sans fin avec perte de mémoire, de souvenirs mais abandon total du corps avec une léthargie digne d'une descente vers les abysses des plaisirs sans limite. Il existait aussi les substances halluciogénes que l'on pouvait fumer à foison pour se tenir porter vers les Cieux. Entrer dans le monde du subconsicent, l'explorer et savoir ce que nous serions capable de dépasser ou surpasser en nous. La douleur aussi était une des cartes du plaisir. Souffrir, voir souffrir, faire souffrir. Utiliser sa peau comme outil de souffrance et s'en délectait de se voir ainsi à cracher toute la haine et la rage accumulée et dont on ne sait pas se défaire.Et ne trouver que ce moyen pour se laver de ce qu'on est, ou pense être.
Enzo sourit à ces épreuves du passé. Il ne laissa rien remarquer de ses idées farfelues qui traversait son esprit mais il savait qu'en ce bas monde, rien n'était vraiment ce qu'on pouvait penser, croire, comprendre, voir, entendre. Il s'avança donc vers un fauteil. Il s'installa confortablement, jambes croisées, un peu en biais. Il se dit qu'un bon verre de vin rouge de qualité lui ferait du bien comme une lampée de sang qui lui avait tant manqué. Coude posé sur l'accoudoir, tête soutenue par deux doigts sur sa tempe, Enzo prit donc place en ce salon. En position de spectateur, peut-être deviendrait-il acteur...Quand à la maquerelle en question, la Dame en Rouge comme il avait pu comprendre, il finirait son verre pour croiser son regard si elle se montrait, et savoir comment elle le jaugerait ici au milieu de tout ces mouvements. Le verrait-elle ? Le choisirait-elle ? Le reconnaitrait-elle comme futur Homme de compagnie ou Client ? Il en sourit amusé déjà à l'idée. Non, il ne voulait pas simplement se présenter en bonne coutume et moeurs comme tous et toutes le ferait ou l'on fait. Il voulait quelque chose de particulier qui marquerait bien sa différence et le fait qu'il a bien mérité sa présence en ce lieu. Si cela n'était point le cas, ce serait lui qui déciderait ne pas rester et que cela ne lui conviendrait pas.
Suspense...