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[RP] Maison close de la rose noire

--La_dame_rouge


[ Bureau, avec Désirée]

Tibere?!

Réponse plus qu'inattendue, réponse incongrue. Surprise la maquerelle, que le bellâtre fraichement rentré à la Rose se permette de toucher ses filles. Lui qui était sensé toucher les clientes...

Tu plaisantes j'espère...

Non, elle ne plaisante pas, la réponse se lit dans ses yeux. Puis ces traces qui marbrent le cou de cygne ne sont assurément pas inventées. Une sourde colère vient serrer son coeur. La Rouge a horreur des faits de mains. Surtout devant la clientèle.

Mais il est fou! Qu'est-ce qui lui a pris à celui là?

La voix s'est un peu élevée et le regard s'est durcit. Oui, il est fou. Deux jours qu'il est dans la famille et il fait déjà des siennes... Le cloporte! Ha! Toucher à l'intouchable, sacrilège. Comme une divine a qui on a porté blasphème le courroux de la Dame se veut terrible.. Ecrasant. Encore une nouvelle raison d'aller toucher deux mots à Geoffroi. Ce dernier devra lui obéir s'il tient à sa porte. Oui, tout le monde doit lui obéir dans sa maison. Ce sentiment despote est en dormance, bien dissimulé sous ses attitudes fermes mais sages... Mais il est là. Toujours. Tout contrôler, tout posséder. Tout régir. L'incident est comme une mèche de cheveux qui dépasse d'un hénin. Terriblement malvenu.

Ha tu vas voir! Tu vas voir si ça va se passer comme ça.

Rouge colère. Sûr que ses prunelles n'ont plus rien de bienveillantes.. Soudain.

Monte dans ta chambre, pour ce soir je ne veux pas que d'autres clients te voient comme ça.

Ho ce n'était pas criant, quelques traces pourpres .. Mais. Il n'y a qu'elle qui ait ce genre de droit sur ses filles, et en user reste rarissime. Pour qui se prenait-il le gamin? Froissement de jupons, la porte se rouvre. Direction la porte, et son gardien. La Dame voit Rouge, la dame ne regarde pas qui se traine et s'alanguit sous les tentures. Dents serrées, qu'il y en ait un qui vienne la déranger. Un seul. Il sera content du voyage.


Geoffroi, j'ai à te parler.

--Emilla_kair_d_ancle


[Comptoir : pénombre - confidences pour confidences]


Emilla rougit en sentant la main large sur la peau pâle de son épaule. Elle sent que le mâle à son côté réfléchit et que les mots qu'il murmure sont emprunts d'une inquiétude teintée. Alors sans savoir pourquoi elle lève son regard vers lui dans la pénombre et son visage fin, ses ambres immenses scintillent d'un sourire inattendu. Quand elle est ainsi, l'enfant s'efface, révélant la jeune femme en devenir, mélange d'innocence et d'une beauté évanescente.

La plupart des pensionnaires n'ont eu qu'un client ce soir. Je ne crois pas qu'il faille vous inquiéter. Mais si une dernière cliente arrive, je ferai en sorte de lui vanter vos... hum... qualités?

Emilla se demande ce que l'on vante chez un homme pour donner à une femme l'envie de se rendre à l'étage. Question qu'il faudra qu'elle pose à la Rouquine, y compris connaitre les "habitudes" de chacun pour conseiller les clients : plusieurs lui ayant demandé un avis auquel elle avait bien été embarrassée pour répondre.

Je suis persuadée que vous resterez et j'espère que Rouquine et moi pourrons aussi demeurer ici. Je m'y sens en sécurité pour la première fois depuis toujours je crois.

Emilla se tait alors. Pourquoi se confie elle à lui? Elle ne saurait dire. Il la met à l'aise, sait la rassurer et instinctivement, elle dépose sa main fine sur la paume large qui est restée sur son épaule.



--Enzo


[ Ricochet en plein Coeur...]

Rassuré. Cet endroit. Il peut comprendre. Lui-même en cette premiére nuit, à la vue, de tout ce qui s'était passé, il se demandait comment il avait pu en être arrivé là. Pas de tout repos vu les situations caucases. Sa vie n'était qu'une succession de routes, de choix qui s'entremelaient sans cesse. De coups de coeur et de coups de tête, sans queue ni tête d'ailleurs. Lui étant arrivé de faire des pieds de nez et des queues de poisson au destin. Mais à force, il s'était perdu et éloigné de l'essentiel. Cet essentiel qu'il portait en lui, tout au fond. Qui le faisait revenir vers ce qu'il désirait le plus en ce monde. Peut-être temps de mettre fin à cette manie de dire Oui à tout va juste pour savoir où cela l'emmenera ? Peut-être l'instant de juste chercher l'essentiel...Le baiser langoureux marqua la naissance de ce désir encore présent en lui. Il était tactile. Il n'y pouvait rien. Le moindre geste, la moindre caresse lui procurait un plaisir qu'il ne pouvait refuser. Ou contrôler. Pourtant, il allait falloir. Il y répondit avec toute la passion qu'un tel baiser pouvait demander, ses deux mains posés autour de son visage avec douceur. Son regard dans le sien:

Pourquoi êtes vous ici? Qu'est-ce qui vous plait?

Surprit soudain par cette curiosité. Ils étaient là tous les deux devant la porte entrouverte, presque dans le couloir. Enzo retrouva leurs regards, leurs complicités. Il lui caressa doucement le visage, perdu dans les deux questions qui venaient d'être prononcées. Un vertige le saisit. Ce trou noir qui l'attire, l'engouffre avec lui comme pour paralyser sa pensée. Pas de mot. Le silence qu'il déteste tant. Lui toujours sur le qui vive, adorant les joutes, les parades, le tac au tac. Rien. Il chercha en vain à se resaisir vite fait. Son regard avait dû changer et son expression aussi. Il tenta de répondre même s'il était complétement perdu sans savoir. S'attend jamais à ce qu'on pose ce genre de questions:

Pourquoi je suis ici ? Par dépit au début. Par curiosité. Pour la quête et la découverte des plaisirs.

Oui, cela était bien résumé. Cette nuit-là avait été ces trois actes. A combien d'actes avait-il droit en ce lieu particulier ? Il n'osait même pas y penser. Il chassa sa question vite fait pour reprendre:

Je ne peux encore vraiment savoir ce qui me plaît, c'est ma premiére nuit en temps qu'Homme de Compagnie...

La vérité. Il ne savait pas la dire autrement qu'avec simplicité. Donc s'il était prit dans la spirale du plaisir, il n'y avait qu'à peine goûter. Phé devrait comprendre qu'il n'en avait pas assez vécu pour que sa curoiosité soit exacerbée ou sa nature trop poussée pour qu'il en soit lassé. Peut-être en avoir une vague idée, l'effleurer, la caresser. Mais si volatile, éphémére et pour Enzo, cela devait être une sensation de se sentir vivant. De donner cette impression à autrui, le meilleur qu'il est toujours su faire. Donner le souffle, l'envie, le plaisir d'y croire et de s'y accrocher.

Phé semblait perdue dans ses pensées. Un mot suspendu au bout de ses lévres:


"Vous..."

Il remonta doucement son menton du bout de ses doigts:

Je vous écoute...

Il lui sourit avec douceur, son regard plongé dans le sien. D'un geste simple, il passa son bras prés de sa taille pour fermer la porte à clé doucement. Puis aussi discret, il glissa la clé sur lui.

--Desiree


[Bureau de la Rouge]

Non, elle ne plaisante pas non. Elle est très sérieuse, et si l’image qu’elle renvoie est celle d’une blondine sure de son fait, ses yeux devant la Rouge acceptent de la trahir un peu. Ils montrent à leur Mère à toutes qu’elle est bien plus ébranlée par la violence dont elle vient d’être victime qu’elle n’a bien voulu le laisser paraitre au gigolo et à ses collègues encore présents au rez-de-chaussée.

Et au fond d’elle-même, elle est rassurée de la colère de la Rouge. Elle sait qu’elle est dans son bon droit, elle sait, maintenant, que Tibère n’avait pas le droit de s’en prendre à ses collègues. Elle sait que c’est elle qui règne toujours, sans partage, sur la faune du bordel.

Elle hoche la tête à la dernière sortie de la Rouge, lui murmure un « merci » à peine audible tant sa gorge est nouée. Elle rajoute alors que la Rouge passe devant elle :


Je crois que la cliente va arriver pour vous payer immédiatement.

Elle baisse un instant la tête. Il est temps de se recomposer une contenance et un visage de marbre. Elle prend son temps, pour être certaine que le masque est parfait et impossible à percer à jour. Elle attend d’avoir l’air le plus impassible et glacial, elle patiente jusqu’à ce que les perles grises se teintent d’un éclat d’acier. Quand elle est certaine que son image est parfaitement lisse, elle ramène les mèches blondes devant elle, cachant en partie les marques de son cou, et se dirige d’un pas assuré vers l’escalier, et jusqu’à sa chambre. Où elle tire le verrou.

Derrière le paravent qui l’isole du reste de sa chambre, elle se lave à nouveau, avec un linge et l’eau froide du broc. Elle tamponne lentement son cou, espérant que la fragile peau n’en garde pas des marques plusieurs jours.
Un verre de vin léger à la main, elle s’assoit dans un fauteuil, face au feu, le temps que sa peau humide sèche.

Une veste noire est sortie de son coffre à vêtements, et glissé en même temps qu’elle sous son édredon de duvet léger. Et le nez empli de l’odeur qui l’a rendue heureuse pendant un bref instant de sa vie, elle fond en larmes. Le frêle corps est secoué de sanglots comme il ne l’a jamais été, parce que c’est ici, dans ce lieu où elle se sentait le plus en sécurité, qu’elle a été le plus surprise, et le plus choquée, par le mal qu’un homme voulait lui faire.

Elle s’endormira tard, recrue de fatigue et de larmes, épuisée des sanglots qui l’auront longtemps secouée. Le nez dans la veste noire oubliée.

_________
--.julien.


Il me regarde, je le regarde, il boit.
Il boit déjà, c'est un verre de moins à payer. On dira que le mien est à mettre sur le compte de Tibère.
Et puis je note dans son oeil une tache.
Je ne suis pas de ces hommes étranges, à voir en toute différence une marque du Sans Nom, et je lui trouve en cela un charme de plus.
Il baisse les yeux, aurait-il honte ?

Un silence s'installe...presque pesant, et prenant mon courage à deux mains, dans un sursaut d'audace et de confiance en moi, ma main se dépose sur son menton, et je lui redresse la tête.
Je plonge mon regard dans le sien, et l'observe.
Il est jeune, il a cet air juvénile. Je me surprend à l'étudier comme une proie.
Je n'avais pas pris la peine de reluquer Tibère de la sorte.
Je l'ai pris parce qu'il venait à moi, alors que là, je me sentais l'homme. Et je m'essaye à cet exercice qu'est la séduction.

Ma pâle main attrape mon verre, et j'y trempe mes lèvres, imitant maladroitement, peut-être, mon initiateur.
J'avais oublié que c'était de la liqueur, et je m'y brûle la gorge. Idiot !
Souriant, embarrassé, je prend le pli de me présenter.


Je m'appelle Julien. Tu viens souvent ici ?
--Liebault


[Bar]

Un léger sourire effleure les lèvres purpurines du baronet. La chaleur de la main sur son menton se propage, lui faisant monter le rouge aux joues, légèrement. Mais il soutient sans ciller le regard du jeune homme qui lui fait face. Et il se débrouille même pour se redonner une contenance. Des années de mondanités forcées, depuis son mariage, avaient fini par lui apprendre à se tenir en public.

Et même, il le dévisage à son tour. La poigne sur son menton lui plait, le ton direct aussi.

Il se réaccoude au comptoir lorsque l’homme attrape son verre. Et sourit légèrement lorsque celui-ci est surpris par l’alcool de sa boisson.


Tu vois, c’est pour cela que le vin est meilleur.

De la main, il fait signe à la petite serveuse d’apporter un verre vide, et de servir son voisin en Bourgogne. A-t-on déjà un un baron se servir à boire seul ? Lui, en tous cas, ne l’a jamais fait. Sauf peut être lorsque la soif le tiraillait en pleine nuit et qu’il ne voulait pas réveiller son épouse. Puis, ne doutant pas d’être obéi, il se tourna à nouveau vers l’homme, la tâche dorée cherchant son regard.

C’est la première fois que je viens. Et toi ?

Qu’importait finalement s’il passait la soirée à discuter avec un autre client au lieu de trouver un pensionnaire de l’établissement avide de plaisirs masculins. Au moins pour cette nuit il n’aurait pas à se forcer à aimer le corps de son épouse.
A moins que…

__________
--Emilla_kair_d_ancle


[Comptoir : Ombres et lumières]



Emilla quitte un instant à regret la pénombre protectrice pour d'un sourire doux, s'avancer, et re remplir le verre du baron et servir un verre identique au second client. Les gestes sont discrets et surs, les verres inclinés pour ne pas casser l'arôme du breuvage.


Puis, sans un bruit, elle retourne à la pénombre, tant pour leur intimité et par discrétion que pour retrouver ce sentiment étrange de sécurité, adossée près de Jules, à l'affut d'une éventuelle cliente qui lui assurerait sa place en ces lieux. C'est surement idiot, mais de tous ici en dehors de la Rouquine, il est le seul à s'être introduit dans son univers et elle ne veut pas le voir en sortir.




--Anacreon


["Je voudrais être une tunique
Pour que tu pusses toujours me porter..."]


Les yeux fermés, le plat de sa main sur le sommet de son crâne tandis qu'elle dégringolait sa partielle nudité, il ne la guidait pas, mais s'émoustillait d'imaginer sa langue se rapprocher étroitement de l'endroit où elle semblait se diriger. Un léger sourire orna son visage, lequel fut accompagné au final d'une œillade dont il ne put résister à lui donner, ses doigts lissant sa chevelure. Il ne l'obligeait à rien cependant. Il se contentait de suivre les aléas que Lady lui imposait, et innovait ou réagissait variablement selon ceux-ci. S'approprier les envies d'autrui pour lui montrer l'acceptation de sa volonté et une bonne foi de notre part pour la concrétisation de ces premières procure un singulier plaisir mental.
Et son consentement, comment ne pas le donner, quand une pointe de langue vous parcourt le torse, pour venir s'entortiller dans un bas-ventre suppliant, dont le bras levé exauce l'image d'un souhait mutuel...? Le grec se félicitait d'intéresser si près la "née de l'écume", dont les histoires, toutes aussi sulfureuses les unes aux autres, feraient fantasmer le plus chaste des anachorètes ascétiques. Il avait hâte, et, sans appréhender maintenant, voulait prendre tout son temps. Le temps de graver le plus possible les images qu'elle se plaisait à distribuer. Toujours des reflets. En donnant, elle espérait recevoir. En montrant et en désignant, elle espérait se voir. Dans l'ébat, Narcisse rejaillit constamment. Pourtant:


-Je ne suis pas tous les hommes... Je pourrai donc vous réaliser...

La comparaison avec les généralités est toujours vexante. Le déni de l'individualité, du caractère propre à chacun passe pour une assimilation facile aux yeux de cette masse informe qu'est la plèbe. Surtout quand on sait qu'on y appartient bien malgré nous. Et dans ce genre d'endroit, même avec ce type particulier de compagnie, se révèle la chose la plus universelle qui soit, érigée et provoquée de la manière la plus universelle...
L'envie de se baisser au même rythme qu'elle, d'arriver à son niveau pour l'embrasser aussi fougueusement que ses sens lui hurlent, darder sa langue contre la sienne et s'emparer de tout l'espace qu'offre sa bouche, énerver l'épiderme de ses cuisses en y inscrivant la marque de doigts inquisiteurs qui, par la suite, ne manqueraient pas de rapprocher ses jambes de lui pour les placer autour de sa taille en position assise, lui donnant une prise plus facile pour l'emporter où bon lui semblaerait dans la pièce, et de la manière qui lui aurait semblé la plus enivrante, pour se retrouver, lui-même ne sachant comment, à l'entrée de la cythéréenne. Voilà ce qu'il ne fit pas.
Que faire, encore, quand une langue poursuit inlassablement son chemin et sous-entend une suite qui écarte tout initiative masculine tant ladite suite est attendue? Surtout quand on est un homme, et que les plus intelligents d'entre eux partagent un hémisphère de leur cerveau dans leur tête, et l'autre entre leurs jambes, quand ce ne sont pas les deux pour les plus banals... Par chance, Anacréon faisait partie de la première catégorie, du moins le supposait-il.
Le reste de sa tunique le chauffait, et la nudité complète l'appelait. S'harmoniser avec elle et mériter son apothéose pour se retrouver à ses côtés, voilà tout ce dont il fut capable de vouloir à ce moment-ci. Ça, et des soupirs ardents qui suivirent chaque centimètre de peau léchée.
--Jules.


[Comptoir : pénombre : alliance et mauvais poil]

Mais si une dernière cliente arrive, je ferai en sorte de lui vanter vos... hum... qualités?

La chère enfant tentait de le rassurer, mais les émeraudes qu'elle levait sur lui, mêlées à cette hésitation si typique de la très jeune fille qui ne sait pas que ses sous entendus sont charmeurs, lui firent détourner le regard. Troublé, soldat ? songea-t-il. Par une gamine, eh bien te voilà bien, tiens.

Je ne te demande pas de me vendre, grommela-t-il pour la forme.

Mais que lui demandait-il au juste ? De lui indiquer les clientes potentielles ? De les retenir au comptoir le temps qu'il approche ? Il ne le savait pas lui même, et l'ironie d'avoir à demander à une jeune fille de l'aide pour séduire ne lui échappait pas. Enfin elle était sans artifice, et ne pas avoir à lui cacher son inquiétude l'avait soulagé. Cette ambiance à la fois douceureuse et insidieusement violente de ce bordel de luxe lui était étrangère, habitué qu'il etait aux ribaudes criardes et bon enfant des tavernes... Et à être le client.


Je suis persuadée que vous resterez et j'espère que Rouquine et moi pourrons aussi demeurer ici. Je m'y sens en sécurité pour la première fois depuis toujours je crois.

Elle tomba dans le silence, et à sa grande surprise, posa une main fluette sur sa paluche caleuse. Avant qu'il ait pu réagir, répondre à ses dires, ou même décider s'il devait retirer sa main ou la laisser là, elle repartait au travail. Observant son dos, il se renfrogna d'autant plus. Bon, elle était mignonnette, mais ni assez ronde ni assez agée pour lui plaire vraiment, songea-t-il. Nul danger immédiat de ce côté. Et puis elle ne voyait surement en lui qu'un vieux soldat rassurant. Mais de quel oeil la Dame Rouge verrait-elle un tel geste ? Devait-il se montrer un peu froid, afin de ne pas encourager un rapprochement qui leur desservirait à tous deux ? Elle venait de le dire, ici elle se sentait en sécurité.

Elle revint s'adosser à coté de lui, et en une seconde sa décision était prise, par instinct plus que par reflexion. Trop de refléxion ramollit le soldat, disait son colonel. Il reposa donc une main rassurante, ferme, lourde, sur son épaule. Aucune sensualité dans son geste, juste un pacte silencieux entre deux nouveaux qui s'allient, et l'instinct de protection.

Comme un grand frère, quoi.
Enfin un cousin, qui trouve la gamine vraiment jolie.
Oui, bon, ça, il n'y penserait pas, voilà tout.


Je l'espère aussi, mignonnette.

Elle parlait de la rouquine, et il se souvint du regard reconnaissant de la belle envers lui alors qu'elle consolait la jeunette. Evitant de la regarder, il murmura donc, les yeux toujours à l'affut de son gagne pain.

La rouquine, c'est qui pour toi ?

--Geoffroi



[La porte, jusqu'à ce que la Rouge survienne]


Sa nuit est presque terminée. C'est la réflexion qu'il s'est faite lorsqu'il a refermé la porte pour la dernière fois. Est venue donc pour lui l'heure du bilan, comptable évidemment, parce que Geoffroi n'est pas vraiment intéressé par autre chose, ça se lit presque sur son visage. Même les quelques érections incontrôlées dont il avait été l'innocente victime au cours de cette soirée n'avaient pu le détourner de son seul et unique but dans la vie: la paye qu'il allait recevoir à la fin de son service, et qui allait contribuer, forcément, à son ascension sociale.

Et il la voulait la plus grosse possible, cette somme! Ni le Bedonnant, ni la Rouge, ne lui avaient donné de détails quant à ce qu'il toucherait en acceptant de palier, au pied levé, l'absence du gardien titulaire de l'équipe Rose. Certes, il n'était pas encore en situation de refuser un ordre de travail, et il aurait accepté l'offre quel qu'ait été le salaire proposé. Cependant, en cet instant très précis, il est en droit de se faire tous les scénarios possible et il ne s'en prive pas...

Dans ses fantasmes les plus profonds, il se voit pousser la porte du bureau de la Rouge lorsque le dernier client sera parti, et lui imposer ses conditions: "Voilà, je vous ai rendu le service que vous avez demandé à mon ami le Bedonnant, j'ai même supporté le mépris de la catin blonde, pendant une éternité, sans rien demander en échange que la malheureuse somme que vous m'avez donnée, mais ce soir j'exige, oui j'exige, 10%.. non 15%, de ce qu'a payé chaque client que j'ai fait entrer! En sus de mon salaire initial, bien entendu!"

Le "En sus" est très important dans sa démarche capitaliste avant l'heure. Il dénote, selon Geoffroi, une parfaite maîtrise de la langue française, donc une assurance certaine, et impressionnera forcément la Mère Maquerelle, d'autant plus qu'il compte bien appuyer son "bien entendu" par une tape ferme du poing sur la table! Et sa main balaie l'air du sas comme pour s'entraîner à ce geste crucial. Vas-y Geoff, impose-toi! Prouve que tu existes!

Geoffroi, j'ai à te parler.

Il sursaute et se lève précipitamment. Celle qu'il voulait voir plier devant ses revendications salariales et son besoin viscéral de sortir de sa condition d'exploité se tient devant lui, passablement énervée, voire pire au vu de sa mâchoire serrée et de ses traits tendus. Non, ce n'est pas possible, hein? Elle n'est pas entrée dans sa tête, si? Pourquoi veut-elle lui parler? C'est un coup de Désirée, ça, il en parierait sa main gauche! La garce... Elle a dû inventer quelque chose pour se venger des menaces stériles qu'il lui avait lancées, et la Rouge le convoque maintenant pour lui signifier qu'elle n'est pas contente et qu'elle n'allait rien lui payer!

Non mais je suis prêt à accepter la somme que vous aviez prévue au départ, hein?

La phrase est sortie sans qu'il ne s'en rende compte, marmonnée à contrecoeur. Il se mord la lèvre et ce simple geste le ramène à sa condition de larbin. Parce que dans la vie il y a les puissants qui commandent et les faibles qui obéissent. Et Geoffroi fait indéniablement partie de cette seconde catégorie. Trop moche la vie... Il toussote comme pour effacer ce qu'il a dit précédemment.

Bien. Je suis à votre disposition.

Saleté de catin quand même.. Tu ne perds rien pour attendre!


Tibere.
[Mansarde: le feu aux poudres]

Il suivait les gestes d'Eli du regard. Elle savait si bien être glaciale, tout en restant si désirable. Elle pensait le punir en ôtant ses appâts de la vue du blond? Elle se trompait. Un sourire sournois éclairait le visage de l'homme de plaisir.

Son regard croisa celui de Désirée. Il ne la portait pas dans son coeur. En fait, il faisait tout pour ne pas se mêler à ses congénères. Il ne les appréciait pas plus que cela et les nouveaux, il ne les avait pas assez côtoyés pour avoir un avis sur la question. Cependant, Désirée avait la palme, il la trouvait mijorée, le type de la catin frigide et il détestait cela, surtout quand elle prenait ses airs de princesse. D'ailleurs, son avis sur elle ne fut que confirmé lorsqu'il la vit décamper, et sans demander son reste. Il se doutait qu'elle irait pleurer dans les jupes de la Rouge et il savait que sa présence à la Rose devenait sans doute plus qu'indésirable.

Que lui importait! C'était le cadet de ses soucis en cet instant, il avait les yeux rivés sur Eli et, une fois Désirée sortie, il attrapa fermement le bras de la blonde. Il lui fallait, agir, vite et bien, et surtout ne pas se faire prendre, sinon la Rouge mettrait certainement toutes ses troupes à ses trousses.

Il n'avait qu'une idée en tête, ne pas perdre son obsession du moment: Elisabeth.

Il l'attira donc vers lui et murmura tout en lui assénant un coup sec mais pas trop violent tout de même, ne voulant pas l'abîmer, il frappa assez fort pour qu'elle perde connaissance. Sa voix s'était faite murmure:


Pourtant, ma dame, vous ne m'échapperez pas de la sorte, quoiqu'il en coûte.

Il la rattrapa pour qu'elle ne tombe et l'allongea sur le lit. Il devait être très rapide pour ne point se faire surprendre. Ôtant un ruban de la chevelure de la belle, il attacha ses poignets. Puis il griffonna rapidement un mot à l'attention de Julien, il n'allait pas oublier son mignon de la sorte. L'écriture était rapide mais fine et sûre:



Mon cher Julien,

Un contre temps malheureux m'oblige à fuir la maison, il se trouve que j'ai une chatte à fouetter. Cela dit, si tu veux que nous nous revoyons, viens à la Cour des Miracles, j'y suis très souvent et c'est un lieu des plus plaisant quand on sait y naviguer.

Pardonne-moi de te laisser ainsi, je me ferai pardonner la prochaine fois, sois-en certain.

Tibère.

P.S: Pour le paiement, remets-le à la Rouge en personne et si tu pouvais ajouter un bon mot pour moi à son oreille, tu serais un ange descendu du ciel!


Il plia le bout de vélin et héla dans le couloir un petit page lui ordonnant d'aller remettre le mot à son client. Furtivement, il chargea la belle endormie sur son épaule. Le plus dur restait à faire, quitter la maison sans se faire repérer.

Il était hors de question de passer par le salon, il devait se faufiler par la porte de derrière en espérant que personne ne le remarque ainsi chargé. Lentement, il descendit donc les escaliers, tirant un peu la tenture, il avisa d'un oeil que Julien était bien en possession de son mot et que le petit page avait bien fait son travail. Tout se déroulait pour le mieux.

Vivement, il prit la tangente, passant devant la cuisine et se précipitant vers la porte de sortie, Elisabeth bien emmitouflée dans sa cape, nonchalamment posée sur son épaule. Grâce au ciel, elle n'était pas bien lourde.

Une fois dans la rue, il raserait les murs, jusqu'à la Cour des Miracles et sa garçonnière, lieu idéal pour séquestrer une jolie blonde récalcitrante.

Adieu la Rouge, adieu la Rose, il savait qu'il reviendrait et, qu'un jour, il ferait payer sa morgue à la blonde Désirée.

_________________
--Emilla_kair_d_ancle


[Comptoir : juste une mise au point]

Je ne te demande pas de me vendre

Emilla regarde Jules un peu plus intensément et un rire inattendu et cristallin s'échappe doucement de ses lèvres. Le sourire se fait lumineux et doux et elle penche la tête de côté en l'observant attentivement.

Je doute que tu.. vous ayez besoin de ça. Les femmes ne peuvent s'empêcher de vous regarder, même la Dame Rouge vous observe à la dérobée. Il y a chez vous une aura forte et rassurante à la fois qui donne envie de se blottir contre vous pour être à l'abri de la terre entière.

Cette innocence chez Emilla, ni feinte, ni pourtant signe d'une bêtise quelconque et malgré tout ce qu'elle a traversé dans sa vie... La jeune fille est ainsi, franche et ouverte quand elle se sent en confiance. Sans détour et honnête, malgré sa vie dans la rue. Elle a appris à jauger les gens avec une empathie étonnante et le petit caméléon adapte ses attitudes à chacun. Avec Jules, elle se sent elle même et sait qu'elle peut lui dire les choses sans détour et sans qu'il le prenne mal. Elle sent aussi qu'il n'est pas pleinement conscience de l'effet qu'il a sur les femmes... et aussi sur elle même si elle se refuse à l'admettre.

Elle s'en retourne alors à son travail un instant avant de le rejoindre et ne peut retenir un sourire léger à sa main rugueuse sur le fragile épiderme de son épaule. Elle l'écoute en inclinant à nouveau légèrement la tête, comme si elle essaie d'appréhender le personnage sous un nouvel angle.

Rouquine, c'est... Va t'elle lui mentir? Peut elle lui faire confiance? C'est encore si tôt, elle le connait encore peu, mais elle ne veut pas mentir, ni pour autant prendre de risque. Rouquine veille sur moi. Nous sommes arrivées ici ensemble, elle comme ribaude et moi pour servir au comptoir. Nous sommes liées toutes les deux.

Voilà, pas de mensonge, car inexplicablement, Emilla ne peut se résoudre à lui mentir. allez savoir pourquoi...


--Jules.


[derrière le comptoir : papoter en attendant une cliente inespérée]

Oh, il était conscient de l'effet qu'il faisait aux femmes, ou il n'aurait pas été là, le Jules. Le regarde de la Dame Rouge sur lui ne lui avait pas non plus échappé, même s'il la croyait trop consciente de son rôle pour s'intéresser à un de ses employés de près. La déclaration d'Emilla sur son coté fort et rassurant le fit sourire intérieurement, car bien des femmes le lui avaient dit auparavant... Mais le mot "aura" lui était totalement étranger.

Il fut surpris par sa transformation de souris effrayée à pipelette ayant un avis bien arrêté. Savait-elle que lui dire cela pouvait être interprété comme des avances ? Ou était-elle tout simplement sincère, et naïve...? Il pencha pour la naïveté, et se demanda d'où elle venait, pour parler si bien... et ce qu'elle avait vécu, pour trouver refuge dans un bordel.

Elle lui parlait de rouquine à présent. Etrange catin, qui veillait sur une jeune fille tout aussi étrange. Mais cela venait sûrement d'Emilla, songea-t-il. Elle semblait attirer la protection aussi bien que les coups... Il hocha la tête, puis revint sur ses mots précédents : se blottir dans ses bras pour être protégée de la terre entière...


Pourtant tout à l'heure, je te faisais peur, jeune fille.

Le ton était neutre, le regard toujours porté sur la salle, à l'affut. Mais l'ombre d'un sourire relevait ses lèvres.

--.julien.


[Bar]

Le bougre - au sens d'époque, soit le sodomite - me raillait. Mais il n'avait pas tort, je préférais aussi le vin à la liqueur, trop forte pour mon petit œsophage.
En revanche, si je continuais d'enchainer les verres, je risquai fort de ne plus répondre de rien avant la fin de la nuit, mais après tout, le lieu se prête aisément à la débauche et pour cause. Il n'aurait pas été inconvenant d'y paraitre gai.


C'était la première fois aussi.

Sourire un brin gêné. Bah oui, j'étais un novice. La différence était peut-être que c'était ma toute, toute première fois, dans tous les sens du termes, alors qu'il en était probablement autrement pour lui.
Cela dit, je m'avançais en pensant ainsi. Mais s'il s'avérait que le bel inconnu, celui qui ne m'avait pas même donné son nom, était vierge, la soirée promettait de stagner.

Puis un gamin arriva, muni d'une courte missive, et mon coeur flancha un instant. Tibère. Il m'abandonnait lâchement, et j'étais plutôt heureux d'avoir pris les devants, mais il était en même temps très...attentionné. J'étais du genre sensible aux petites promesses.
Sourire en coin, je rangeais le vélin dans mes braies, faute d'avoir un décolleté pour ce faire.

La Rouge. Soupir. C'est qui la Rouge ? Il est malin lui, comme si j'étais habitué. Et ma proie n'en sait sûrement pas plus que moi. Oh et puis zut ! On verra plus tard.
Ma main, comme celle du blond plus tôt, décide d'aller se promener, et audacieux, je m'égare un instant sur le corps de mon interlocuteur. Pas un instant je ne doute qu'il veuille un homme dans sa couche. Mes doigts effleurent son séant, ferme, et mes yeux se meuvent dans une étrange expression.
Cela se veut sensuel, l'est-ce ? J'en doute. Mon sex-appeal n'est pas franchement développé.
Reste à savoir s'il sera réceptif.
--Emilla_kair_d_ancle


[Comptoir : si différent]

Pourtant tout à l'heure, je te faisais peur, jeune fille.

Les mots figent Emilla et elle rougit soudain. Pourquoi avait elle changé ainsi d'avis? Pourquoi cette envie qu'il la protège, lui faire confiance, le laisser passer au delà de ses barricades? Surement les mots de Rouquine : Jules était de ces hommes qui veillent sur les femmes, pas qui les brutalisent. Et elle n'en a jamais connu de comme ça... Les mots finissent par sortir comme une évidence.

Parce que tout à l'heure vous étiez un homme comme tous les autres avec cette aura en plus et j'étais terrorisée. Maintenant, je sais que Rouquine a raison : il existe des hommes qui ne frappent pas les femmes et qui peuvent même prendre soin d'elles. Je n'en avais jamais vu avant vous.

J'ai peut être tort mais je vous fait confiance. Je me sens en sécurité auprès de vous... Et il va falloir que je perde un jour cette manie de dire tout ce que je pense, ça va encore me valoir des ennuis, je le sens.


Emilla baisse son regard et joue du bout des doigts avec un bout du foulard noué à sa taille, embarrassée d'avoir tant parlé, elle qui ne se confie jamais. Comme se fait il que Jules a un tel effet sur elle?



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