Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 93, 94, 95, ..., 153, 154, 155   >   >>

[RP] Maison close de la rose noire

--La_dame_rouge


[Cuisines puis porte]

Posant sur la Marie des yeux souriant, elle abandonna momentanément son lait chaud. Une étreinte, quelques mots échangés, Marie était souvent la première a se lever de "bonne heure". Hochant la tête à l'appréciation de la journée elle entendit frapper à la porte. Une voix étouffée se fit entendre, Agius avait enfin compris qu'en début de journée il fallait donner de la voix et du poing...

La Rouge se leva tout de carmin vêtue. Répondant par la négative elle chippa une tartine de pain marmelade.


Pas de missive de Tadzio... Comme hier, et certainement comme demain.


Triste sourire à la jeune catin, ha l'amour... Tadzio ne reviendrait peut être pas, mais ça, elle se garderait bien de le dire à la blonde.

Je reviens, juste le temps de récupérer la rente d'Elisabeth.

Discrètement une seconde tartine fut volée, et la maquerelle quitta les cuisines. Salon vide, traversé, porte austère... Elle ouvrit, sourire modeste au messager de l'Anglaise. Toujours à l'heure celui là, à se demander s'il lui arrivait de se laisser un peu aller. Elle l'avait tout de suite trouvé rigide, cette maniaquerie dans les attitudes... Mais bon bougre! Il était fiable, ça c'etait certain.

Bonjour Agius. Merci Agius.


Oui, elle aimait bien lui laisser penser d'elle la même chose. La Rouge, cette inflexible, la Rouge cette protocolaire... La rouge aux sourires rares. La rouge, expéditrice! Le paquet passe de main en main, elle se permet pour la première fois une familiarité toute inattendue, juste pour déstabiliser ce brave petit coursier. Au lieu de la piécette habituelle glissé dans la paume masculine, c'est la tartine qu'elle lui flanque tout sourire.

déserrez-donc un peu les dents, Agius.

La porte se referma dans un:


La bonne journée!


espiègle.

_______________
--Desiree


Et Désirée ?
Elle est dans son lit, et elle attend pour se lever que le monde cesse de tanguer. Trop bu la veille au soir ? Nenni. Engrossée. Et honteuse. Et morte de peur.
Son ventre ne se voit pas, elle taira son état aussi longtemps que possible. Elle ne veut pas, mais alors pas du tout passer entre les mains d’une avorteuse. Elle préférait mourir en couches, quitte à mourir.

Donc elle attendait. Elle attendait que le lit arrête de lui sembler aussi mouvant sous elle, sagement assise contre ses oreillers. Couchée, l’envie de vomir la dominait. Assise, alanguie, elle n’était que barbouillée. Quand le monde cessa de remuer – et avec lui, son estomac fragilisé – elle tendit le bras pour saisir un verre de vin coupé de beaucoup d’eau sur le guéridon le plus proche, et le but lentement.

Ainsi revigorée, elle se sentit prête pour se lever. Elle se rendit directement, comme à son habitude, à leur salle d’eau, passant la première au bain. Elle lava ce matin là ses longs cheveux blonds, et passa un long moment à les brosser ensuite, nue devant sa coiffeuse. Elle observait son ventre. Plat. Et ses seins, dont le volume n’avait que peu été modifié jusqu’à présent.
Les cheveux furent soigneusement nattés, afin de rester disciplinés jusqu’au moment de l’ouverture du bordel, ses joues légèrement teintées de coquelicot, et sa tenue de travail fut enfilée. Elle ne portait pratiquement jamais sa luxueuse tenue des Doigts d’Or, se contentant de la sortir quand elle avait un rendez vous avec un riche client, et s’empressant de la ranger pour enfiler une tenue plus habituelle sitôt le noble redescendu de sa chambre.

Elle para, comme presque tous les soirs, son cou d’un collier d’améthystes, assorti à son bracelet et à ses pendants d’oreille. Et ainsi prête pour affronter le monde, elle descendit à la cuisine.


Bonjour, Mère. Bonjour, Marie.

Elle gratifia sa consœur blonde d’un sourire et s’installa, réclamant une tisane plutôt que du lait, et s’emparant du beurre et d’une tranche de pain.

Quelle heure est-il ? Avons-nous beaucoup de temps avant l’ouverture ?
__________
--Emilla_kair_d_ancle



[Du bruit au sous sol]

Matinale comme à l'accoutumée, Emilla est à la cave et range "ses" bouteilles, prenant des notes sur les stocks à réapprovisionner notamment en fonction des demandes des habitués et des résidents. Ses notes sont assez mal rédigées et lentes mais elle est contente des cours que lui a donné la Rouquine, car elle n'a plus besoin de demander à quelqu'un de prendre des notes à sa place. Le tout enfin vérifié, elle remonte l’escalier.


[En cuisine]

Emilla entre doucement dans la pièce discrète comme à son habitude.

Bonjour Dame, voici la liste des alcools à réapprovisionner pour ce soir. Godefroi aurait le temps de faire aller chercher le tout? Nous allons surtout manquer d'hypocras et de liqueurs de fruits.

Regardant les pensionnaires installées à la table, Emilla les salue discrètement et se glisse à une place pour se servir un grand bol de lait frais où elle plongea une belle cuillère de miel. Elle a mis du temps à se faire à ce luxe que sont les repas à la Rose. Mais le petit caméléon cabossé en trois mois s'est épanoui et a pris des rondeurs plus salutaires.

Mangeant à sa faim et la puberté à l'oeuvre, il est clair que la jouvencelle aurait bien du mal à passer encore pour un garçon dans la rue. Les hanches se sont arrondies, la grande chemise d'homme qui lui sert de chemise de nuit laisse échapper de longues jambes fuselées et s'arrondit d'une gorge prometteuse.

Mais malgré tout ça, Emilla a cet art consommé de ne pas se rendre compte de ses atours et de se conduire avec une désinvolture touchant à la Rose, considérant avec le temps ses habitants comme une grande famille. Après tout, les hommes ont tout leur saoul de passion nocturne et elle est la petite cadette innocente de la famille.

Tout est presque parfait depuis son entrée à la Rose. Enfin presque... Cela fait déjà deux mois que la Rouquine est partie et Emilla n'y peut rien : elle lui manque. Elle lui a promis de rentrer. Alors Emilla attend, elle attendra sa vie durant si besoin. La Rouquine est une des rares à avoir su décrocher sa confiance. Elle apprécie tout le monde ici, mais la Rouquine c'est différent, c'est sa "soeur", celle qui lui a offert la chance de revivre...




--La_dame_rouge


[Retour aux cuisines]

Le paquet est déposé pres de son déjeuner, inutile de recompter, Elisabeth n'est pas du genre a entourlouper ceux qui lui font du bien... Du moins c'est ce que pensait dur comme fer la Dame. En trois mois elle avait appris à connaitre ses "ouailles". Désir et Emmilla son arrivées, l'appel de l'estomac.. Considérant les deux jeunes filles elle hoche la tête à la violine, reprenant place en bout de table.


Tu as encore de bonnes heures devant toi. Mange donc plus que cela, tu es bien pâle ces derniers temps.


La main baguée s'empare de la cruche ou l'eau infuse et sert la catin. Regard à la seconde, sage dans son coin. La Dame la reprend, étonnée qu'elle ait encore du mal a retenir le nom du gardien.


Geoffroi? Il te faudra le lui demander, je pense qu'il ne tardera pas à se réveiller...


Ou pas. Son jeune obligé avait tendance à trainer au lit, et certainement pas pour prier en silence... Ne fallait-il pas que jeunesse se fasse..?


D'ailleurs si tu veux sortir faire le marché Marie, réveille-le, qu'il t'accompagne.

_______________
--Baudouin.



[Retour à la Rose: Déchéance?]

Il avait marché de nombreux jours. Le vieux moine fatigué, banni du monastère, n'avait plus qu'une maison, une seule, où se réfugier, où il savait qu'on l'accueillerait: La Rose Noire.

Pour un moine, c'était l'ironie du sort. Retour au bordel. Pourtant, il l'aimait son bordel, il les aimait ses filles. Sur la route, il revoyait Désirée, Mari, Lucrèce, ses jolies fleurs qui s'épanouissaient à l'ombre des murs de la maison. Il repensait à la Rouge aussi, elle avait toujours été bonne pour lui, une complicité discrète et silencieuse était née entre eux et elle lui manquait. Elle avait un âge avancé, tout comme lui, elle cultivait un mystère qui lui plaisait et en elle, il voyait un peu l'écho des années qui sur lui aussi avaient passé.

Amy l'avait chassé, le monastère l'avait banni, c'est un pauvre moine, fatigué, vieilli, amaigri, qui se présentait ainsi devant la Rose. Désireux de passer inaperçu, il fit le tour de la bâtisse et pénétra dans la maison par la porte de derrière.

Il était fort possible qu'on ne le reconnaisse pas. Sa robe de bure était couverte de poussière, ses cheveux blanchis, ses traits tirés par des mois de privation et de pénitence, il poussa donc en silence la porte de la cuisine et fit le tour des visages: connus... inconnue.

Il savait qu'à cette heure de la journée, il les trouverait ici. Le bordel est comme le monastère, avec ses heures, ses habitudes, ses bruits, ses odeurs... Il retrouvait avec bonheur la Rose Noire.

Silencieux, il regarda chacun des visages et sourit, posant sa besace à moitié vide.


Bonjour.

Sans ajouter un mot et avant toute autre chose, il s'approcha du broc d'eau fraîche en terre cuite et du baquet en bois. Il se lava les mains et passa un peu d'eau sur son visage, pour avoir l'air plus propre.

Il s'avança ensuite vers la Rouge et s'inclina devant elle.


Ma Dame...

Taciturne, comme toujours, les deux mots lancés lui avaient arraché la bouche. Mais la Rose n'était pas le monastère et pour se faire comprendre ici, il fallait communiquer, il le savait, même s'il redoutait d'avoir à raconter ses aventures, même dans l'intimité du bureau de la Rouge.


--La_dame_rouge


[Cuisines]

Qu'on ne le reconnaisse pas... Quelle folie. On efface pas ce qu'on a dans la peau. La dame ne tourna pas tout de suite la tête vers la porte, les allées et venues étaient fréquente à l'heure de se sustenter du coté des cuisines. Mais la voix, cette voix, la fit se retourner vivement. Ha! Son coeur. Son pauvre coeur qui se serre et s'étrangle, on l'y croirait presque noyé d'un sanglot intérieur, secoué d'un spasme douloureux. Elle le vit, le vieux gardien de sa Rose, son vieux gardien.

Ha! il est revenu, pour mieux la tourmenter et la quitter de nouveau. Depuis son départ, ils avaient entretenu un épistolaire dialogue. Et même si tout cela avait permis à la maquerelle qu'elle était de ne pas lui en vouloir davantage après sa défection, le voir là à sa porte faisait voler en éclat toute la pseudo sécurité qu'une barrière de vélin l'avait plongée. Les lettres, les mots à distances sont quiets... Ce moine aux traits tirés et aux cheveux grisonnants était bien plus réel. Il était là.

Cachant son trouble, elle n'en avala pas moins de travers. Pliant ses doigts crispés sur ses lèvres la Dame se reprit, dévisageant Baudouin. Qu'il a vieillit... Qu'il est diminué. Et pourtant rien n'a changé, sa simple présence fait déferler d'étranges ombres sur les prunelles de la tenancière. Qu'il est dur de garder sa constance, pourtant elle y met toute sa force et ne cille pas, ou plus.


Seigneur... Mais que fais tu ici?! Marie, Désirée, servez-lui de quoi boire et de quoi manger!

Dejà debout la Rouge, époussetant la robe de bure, apportant une chaise à l'homme marqué par le temps et bien d'autres choses qu'elle ignore encore. Automatismes, sans réfléchir tout est fait comme s'il s'agissait d'un pauvre blessé. Alors que le blessé n'est peut-être pas celui qu'on croit. Serré dans son corset pourpre une longue plainte étouffe en crampes ininterrompues.

Assied-toi, repose-toi, Mange...!

_______________
--Agius


Ah les femmes. Celle là plus que les autres. Au lieu de s'occuper de la gamine des fois il irait bien s'occuper de la Rouge. Cette froideur, cette inflexibilité, lui donnait un air séduisant. Il se demandait si un jour il l'inviterait à déjeuner, un diner était hors de question pour elle. Oui il aimait le jour de la livraison à la Rose. Comment ne pas aimer quand on est un homme et qu'on va dans le lieu des milles désirs. Surtout que l'établissement était un établissement haut de gamme.

Le paquet était remis, le pourboire avait une drôle de forme ce jour, Aigus sourit intérieurement. Elle s'était livré un petit peu aujourd'hui. Il allait refrapper à la porte pour lui faire une proposition quand un homme passa devant lui. Pas un homme, il semblait mal, instinctivement l'homme de maison des Dragons se recula et observa la scène. Il entre aperçut sa Rouge dans un état jamais connu. Ses années de services lui firent comprendre que ce n'était pas le moment pour les rendez vous galants, et qu'il se tramait quelque chose à la Rose qu'il ne pouvait pas comprendre.

L'homme croqua dans la tartine et rentra tranquillement à l'hôtel Arnvald.
--Baudouin.



[Cuisines: Renaissance - Un moine au bordel]

Toujours prévenante, toujours présente. Elle était le pilier de la maison et il sourit de la voir si empressée. Aucun ressentiment, aucun reproche, juste de l'attention à son égard. Il en était presque émerveillé, lui, vieux soldat, un peu rustre, un peu bougre. Il était clair que leurs échanges épistolaires les avaient un peu plus rapprochés, pourtant il ne s'était pas livré. Le quotidien monotone de la vie monacale n'avait rien de trépident et la rengaine de ses missives signifiait en sous-entendu: la Rose me manque. Finalement, il vivait par procuration les évènements de la Rose au travers des écrits de la Rouge. Ainsi, elle lui avait confié ses craintes quant à la jeunesse du nouveau portier, elle lui avait aussi raconté l'épisode Désirée, lorsque la jeune fille avait essuyé la violence de Tibère, l'arrivée des nouveaux. En bref, c'était comme s'il n'était jamais parti.

Et pourtant, toute cette agitation autour de lui, avait un effet de retour d'enfant prodigue. Il souriait aux jeunes catins qui s'affairaient, et pris la main de la Rouge pour qu'elle s'asseye à côté de lui.


Je suis de retour à la maison... si tu veux bien... de moi?

La main posé sur le bras de la maquerelle. Doux contact, le seul, l'unique qu'ils avaient jamais eu et qui lui avait tant manqué. Le plus souvent, ce simple geste signifiait: tout va bien, je suis là, ne t'en fais pas, tu n'es pas seule. Il était synonyme de repos, de calme, de paix.

Il savait que la place de portier était prise et il se trouvait trop vieux dorénavant pour cet office, mais nul doute que la carmine maquerelle lui trouverait une occupation, quelle qu'elle soit.

Avec appétit, il mangea, tartines, miel, bol de lait, pour lui, c'était Byzance, après des mois de privation, le pain sec du monastère lui semblait presque loin! Il se cale dans la chaise et poussa un soupire de satisfaction.

Je suis rentré parce que ma place est ici.

Son regard noir croisa celui de la Rouge et il ne sut qu'y lire, si ce n'est qu'elle avait l'air heureuse, et ça le combla de joie.

--Marigold.
[Dans la cuisine, où le calme a laissé place à ce fichu tourbillon ]

Ca y est la Rose noire était à nouveau un moulin ... rouge...
A peine quelques secondes de tête à tête avec sa mère qu'il fallait déjà la partager. Et pas avec n'importe qui Désirée... Désirée, notre douce Marie ne savait plus trop que penser elle avait toujours été si abrupte et sévère avec elle et depuis quelque temps, telle une chatte, elle se faisait presque caressante. Bon fallait pas la chercher , hein, Désirée, c'est Désirée, mais elle est devenue... cordiale...
Marigold lui rend son bonjour et son sourire avant de croquer à pleine dents dans sa tartine de miel. Pas le temps d'avaler, que la Rouge se lève et disparaît un instant le paquet de la dame Elisabeth en main. Puis la revoilà, et Emilla remonte de la cave.
Elle bredouille quelque mots, elle est si discrête Emilla , si fragile aussi. Parfois Marie la jalouse, elle n'a pas à monter avec les hommes elle, elle ne fait que le service, mais parfois elle la plaint , elle est si solitaire, comme le coeur brisé... Elle a bien essayé la blondine de se faire aimer d'elle, mais la brunette garde ses distances, alors elle la laisse faire après-tout... il lui faut peut-etre du temps. ET voilà que perdue dans ses pensées le petit-déjeuner est enfin avalé, aujourd'hui, c'est jour de marché, elle est toute excitée la blondine.


D'ailleurs si tu veux sortir faire le marché Marie, réveille-le, qu'il t'accompagne.

Oui oui mère j'y cours...


Pas le temps de prendre l'escalier qu'un moine entre par la porte de la cuisine, et ...

Baudouin!!!!!!!!!


La blondine se précipite et va serrer dans les bras celui qui était pour elle la seule figure paternelle qu'elle ait jamais connu puis avec l'aide de sa consoeur, lui apporte tout ce qu'il y avait de bon à grignoter dans le garde-manger.

Elle lui fait un grand sourire, pas le dernier espére-t-elle... Et monte réveiller Geoffroi.

[ Dans la chambre de Geoffroi , réveil en douceur...]


Elle frappe à sa porte .. rien.. pas un bruit , juste un souffle. Alors elle pousse l'huis, et s'approche du lit. Geoffroy est étendu, nu comme à son habitude , elle commence à caresser son bras remontant le long de son cou, elle dépose quelques baisers sur la peau chaude de son dos traçant un chemin jusqu'à sa nuque et murmure arrivée à son oreille :

Geoffroi, Geoffroi c'est Marie... Il faut te réveiller mon lion... Tu dois me chaperonner au marché.


Et elle finit par déposer un doux baiser sur les lèvres entre-ouvertes .

Ce n'est pas vraiment de l'amour qu'elle éprouve pour le gardien, mais une immense affection, Tadzio est celui qu'elle aime au fond de son cœur, ou qu'elle croit aimer du moins... mais Geoffroi a su se faire tendre, et protecteur.. A plusieurs occasions il a rempli sa tâche de gardien des roses mieux qu'on eut pu le croire à sa carrure, et a notamment sauvé la douce blondine, d'une mort quasi certaine quand un client aux mœurs particulières avait décidé de l'étrangler pour augmenter sa jouissance. Depuis lors , il est à l'instar de Baudoin devenu son ange-gardien, et la blonde lui offre parfois de petits instants de douceur.


_______________
--La_dame_rouge


[Cuisines]

De retour. Cela veut dire que tu ne vas pas repartir à la première brune débarquée?

Les questions ne franchirent pas le mur de ses lèvres, si Baudouin disait vrai il aurait tout le temps d'y répondre dans un endroit plus tranquille. La Dame replongea dans sa réserve, sans le lâcher du regard. Sa place était ici, elle ne dirait pas le contraire. De tout temps elle l'a regardé. Figé, marmoréen garder la maisonnée, cerbère silencieux. Peut être plus qu'elle encore. Il faisait parti du décor et cette absence de trois mois avait laissé sa trace comme celle d'un tableau volé sur un mur. Elle l'observa se sustenter et se désaltérer comme elle le ferait pour un enfant rentré de croisade. Le détaillant sous toutes les coutures, cherchant dans ses mimiques les maux et les mots qu'il pouvait dissimuler.


Tu es ici chez toi... J'ai d'ailleurs fait installer un petit autel là dehors... Si tu as envie de te recueillir.


Soudain il lui parut évident que tous les mots qu'il avait été facile de coucher sur velin et de confier a messager manquaient. Intimidée, comme une jouvencelle la maquerelle... Elle regarda ses filles tour à tour comme pour se rassurer de partager la même vision. Une tartine portée à sa bouche étouffa cet air étrange, elle mordit dans son pain blanc comme on s'accroche a une branche salvatrice. Le regard cessa de fuir, elle s'excusa.

Je vais faire les comptes.

Tapotant l'enveloppe d'Elisabeth comme un bon alibi elle sortit de la pièce pour regagner son bureau.


_______________
--Baudouin.



[Cuisines: retour aux sources]

Il avait serré Mari dans ses bras et avait déposé un doux baiser sur son front. Il l'aimait bien la petite Marie, on la sentait fragile, petit oiseau qui pouvait être blessé d'un rien. Il la laissa s'envoler vers le jeune gardien des lieux, puis regarda à nouveau la Rouge. Un silence s'était instauré. L'heure était aux retrouvailles officielles. Il lui tardait d'être seul avec elle, il avait à lui parler et il l'aimait l'entendre se confier à lui.

Mais étrangement, comme une jouvencelle apeurée, elle se leva, serra l'enveloppe qu'elle tenait et pris la direction de son bureau, se donnant contenance. Sans rien dire, il la suivit du regard, acquiesçant d'un hochement de tête. Il serait toujours temps de la rejoindre dans son bureau.

Il avala quelques gorgées de lait et sourit à Désirée, puis s'enquit de la nouvelle.


Bonjour, je suis Baudouin, l'ancien portier. Tu es nouvelle ici? Quel est ton nom?

Sa voix était douce, il lui parlait comme il aurait parlé à sa fille. Pour lui, toutes les jeunes filles de la Rose étaient ses filles. Pour la plupart des hommes, c'étaient des morceaux de chair qu'ils achetaient pour un moment de plaisir. Mais lui, il préférait voir leurs fragilités, au-delà du miroir. Et cette donzelle là, comme les autres était une de ses filles.

Tu es heureuse, ici? On te traite bien?

Elle était bien jeune cette nouvelle recrue, ne sachant qu'elle était son nom, il ne savait pas non plus qu'elle n'était pas catin, il eut un léger soupire. Décidément, on les envoyait de plus en plus tôt à l'abattoir ces pauvres filles.

Il lança un regard à Désirée et constata que quelque chose avait changé chez elle. Il ne savait pas quoi, mais son regard était différent, son attitude aussi. Sans doute était-ce du à ce qui c'était passé avec l'homme de plaisir, allez savoir. Il posa sa main sur le bras de la jeune fille, le caressant, paternellement.


Et toi ma douce enfant, comment vas-tu? Tu m'as l'air un peu palote, tu manges suffisamment?

Il la détailla, inquiet de ce qui pouvait lui arriver, comme un père le ferait. Oui, il était à sa place ici, et ces enfants, c'était ces jeunes filles là, qui n'avaient sans doute que peu de rapport paternalisant avec les hommes qu'elles fréquentaient.


--Leah


[Cuisines de la Rose Noire, puisqu'il faut bien manger]

C'est sans bruit qu'elle se faufila jusqu'aux cuisines, son pas plus silencieux que celui d'une Louve, bien que pourtant elle n'ait voulu surprendre personne. Elle croisa la Maquerelle qui sortait des cuisines, la salua d'un respectueux signe de tête - en trois mois, elle avait développé plus que de l'obéissance pour celle qui gérait son établissement d'une main de fer dans un gant de velours:

-« Bonjour, ma Dame. »

Puis ce fut au tour des résidents de recevoir leur salut matinal. La brune laissa même filtrer un sourire, adressé à Emilla, qu'elle appréciait sans trop savoir pourquoi. Marigold, Désirée, elle ne les connaissait encore que trop peu, mais le temps viendrait. Quant à l'homme... L'effervescence qu'elle observe autour de lui, le nom qu'elle a cru entendre crier, lui indique qu'il est loin d'être inconnu à la Rose. Docile, elle se présente, puisque comme elle le suppose, c'est lui l'ancien qui connaît les lieux bien plus qu'elle ne les devine, sûrement pas elle.

-« Bonjour à tous, bonjour... messire. Je suis Leah, au service de la Dame Rouge pour surveiller le salon, et veiller sur les hommes comme sur les filles de la Dame... Avec discrétion. »

Discrétion avortée le premier soir, puisqu'elle avait amenée Cerdanne à la Dame, poings liés par sa propre main. La brune aux oreilles percées par trois anneaux se méfiait désormais comme la peste de la petite brune qui semblait si légère, si innocente. Et pourtant...

Les apparences étaient trop trompeuses dans le lupanar pour que la Louve se laisse à nouveau prendre.


--Desiree


Va te faire foutre, Baudouin, je suis pas pâle !

Ah ? Vous aussi vous décelez un brin d’amertume peut être ? Ouais, hein ?
La blondine s’était tenue à carreau tout le temps que la Rouge avait été là. Quand l’ancien portier, à figure de rat noyé, était entré dans la cuisine comme s’il était chez lui, et que leur Mère à toutes s’était affolée, elle avait obéi, tiré une chaise pour lui, servi du lait, beurré des tartines. Fermé son clapet.
Puisque visiblement il était effectivement chez lui.

Aussi dès que la Rouge avait tourné les talons, la voix avait sifflé. Qu’il ne s’imagine pas qu’elle allait lui tomber dans les bras. Il avait sa confiance quand il était le solide et fiable Gardien. Depuis, il avait été remplacé par la vermine, après les avoir abandonnées sans un mot. Le lendemain de son départ, elle avait été agressée par un membre du personnel de la Rose, et elle en tenait l’ancien gardien pour personnellement responsable. Il avait fui, il était faible.

Elle, elle avait progressé dans l’estime de la Rouge, ce n’était pas pour se faire rétrograder. Elle était la Princesse du bordel. Qu’il comprenne bien qu’il n’en serait plus jamais le roi, du moins à ses yeux. La plus proche de la Rouge c’était elle, et nulle autre.

Dédaigneuse, elle pointa du menton la petite brune.


Et elle s’appelle Emilla. Elle ne s’occupe que du bar. Tu estimes bien mal la Rouge pour croire qu’elle envoie des filles si jeunes au travail.

Et prends toi ça aussi, tiens.
Le regard s’adoucit un instant sur l’enfant déjà si femme. Aux bains publics de Mâcon, on avait son premier client dès qu’on arrêtait de saigner pour la première fois. Soit douze ans, pour elle. Elle n’en avait que dix-sept, mais sa connaissance des bordiaux était déjà grande de cinq années de pratique. Elle avait l’air jeune et enfantin de la petite serveuse quand elle était avec ses clients. Mais en privé, avec ses sœurs, il était clair qu’elle était une vieille putain rodée au quotidien du métier. Peut être celle avec la plus longue carrière, après Lucrèce et, bien entendu, la Rouge.

Le regard gris toujours aussi dur que l’acier, elle se rassit, cessant définitivement de servir celui qui fut presque son père, au même titre qu’il fut celui de ses sœurs.
Il n’y avait plus qu’un seul Gardien qui comptât à ses yeux. Celui de la Pourpre.

__________
--Baudouin.



[Cuisines, amères...]

Il sourit à la nouvelle entrée, la saluant d'un hochement de tête. Veiller était important à la Rose et plus encore, être discret. Il finit son bol et le reposa en les regardant toutes les trois.

Bonjour Léah, il est précieux de veiller sur la Rose, tu as une bien noble tâche! Et toi, Emilla, si tu es la gardienne des boissons, veille bien sur ton trésor.

Il adressa un clin d'oeil sympathique aux jeunettes et sursauta. Oui, quelque chose n'allait pas. Il comprenait que Désirée lui en veuille mais elle n'avait pas à lui parler de la sorte. Le regard se fit froid.

Merci, Désirée, pour ces précisions fort utiles, je me passerai cependant de tes appréciations.

Il se leva calmement, il avait une patience avec ces filles, qu'il ne se connaissait pas.

A l'avenir parle-moi sur un autre ton, veux-tu? Et si tu as quelque chose à me reprocher, dis le moi clairement, épargne-moi tes sarcasmes aigres-doux.

Il avait toujours beaucoup aimé Désirée, son apparente froideur et la capacité qu'elle avait eu à garder, de temps à autre quand elle le voulait, une part d'innocence. Mais Désirée, malgré son arrogance légendaire avait un autre défaut, elle ne savait pas reconnaître ses alliés et pouvait outrepasser les bornes de la bienséance. L'ancien gardien se dirigea vers la porte.

Je vous laisse mesdemoiselles, la bonne journée à vous.

Il sortit sans un mot de plus, lançant un regard lourd de sous-entendu à la blonde catin.

[Devant le bureau de la Rouge]

Désirée lui avait presque fait sentir qu'il était de trop. Et il en avait le coeur lourd. Il s'en voulait beaucoup d'être parti ainsi, la Rouge le savait, il le lui avait écris. Mais les filles... Il soupira tristement et toqua au bureau.

Il aurait préféré prendre un bain avant de se retrouver seule avec elle, au moins pour faire bonne figure, et surtout, ôter cette odieuse robe de bure, mais il lui semblait qu'il lui fallait en premier lieu aller la voir. D'une voix ferme il s'exclama, derrière la porte.

C'est moi, ma Rouge, il me faut te parler.

Une boule lui noua l'estomac et il fit craquer ses doigts, nerveux.


--Desiree


Si tu veux me donner des ordres, tu paies.

La phrase et sèche, nette, claire, et distincte. Aucun homme ne lui imposera quoi que ce soit s’il ne paie pas. Seule la rouge a ce droit. Elle le toise avec mépris alors qu’il passe devant elle. Surement va-t-il faire un rapport à la Rouge. Peu lui importe. Elle a déjà une réponse à faire à la Dame. Comme à chaque fois.
Elle sait très bien qui sont ses alliés dans le bordel : elle. Ses cheveux d’un blond si pâle qu’on dirait de l’argent liquide. Ses chevilles où aime à s’enrouler son jupon mauve. Ses bustiers violine rehaussant sa menue poitrine. Et les beaux écus d’or qu’elle rapporte à la Rouge.
Rien ni personne ne l’écrasera sur son territoire.

Elle se rassit. Beurra une tartine. La poussa vers la fragile Emilla. En beurra une autre. La poussa vers la gardienne du salon. La femme aux anneaux était une alliée précieuse. Puisque celui de la porte ne faisait pas son travail, autant ne pas froisser celle du salon. Elle pourrait la protéger d’un quelconque Tibère de passage.
Beurra une troisième tartine. Mordit dedans avec appétit. Quand elle prenait le temps de se lever en douceur comme ce matin là, comme tous les matins d’ailleurs, sa grossesse la laissait tranquille. Pas de nausées, pas de vertiges. Juste faim, au sortir du bain.

Aussi mange-t-elle avec appétit. Et elle n’est pas pâle : elle est fardée.

__________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 93, 94, 95, ..., 153, 154, 155   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)