--Enzo.
[ Mystére et Curiosité ]
Autant il n'aurait pas eu sa curiosité de titiller s'il n'avait eu qu'à faire le messager. et donner en main propre la lettre comme il se doit ou de la faire passer, autant l'attitude, le comportement de la jeune femme l'intriguait. Son êsitation, sa réticense, sa retenue. Un tout. Enzo ne pouvait se mettre en tête qu'il y avait quelque chose de particulier dans cette situation. Et pis bon, si le hasard avait voulu que cela en soit ainsi, peut-être, devait-il donner un petit coup de pouce à celui-ci:
Ce soir ? Revenir ce soir ?
Il posa son regard noir dans ses yeux, surprit de sa réaction intempestive qui fut de dire non de la tête, de lui reprendre de suite la lettre des mains. Il se retrouva avec ses lévres en forme de O sans pouvoir en émettre de son. Comme si on venait tout simplement de lui prendre ce qui lui appartenait et que cela ne lui convenait pas. Il la vit reculer d'un peu. Et ses lévres laissérent échapper un euh...de réaction trés lente devant cette scéne. Comme il s'en voulait d'être sous l'effet de son plaisir arômatisé. On ne pouvait pas dire que cela le rendait plus expressif bien au contraire, un tantinet niais. Mais pour la minute, il fallait aussi attendre que la montée cesse:
Je...
Il haussa un sourcil. Un mot de la jeune femme. Un début d'explication. Non, cela allait rester au stade de sons et de balbutiements. Ils étaient bien partis tous les deux pour la communication. Il chercha un moyen de savoir ce qu'ils allaient faire de cette situation, il fit bouger ses mains devant lui pour lui faire passer le message: oui ou non vous me donnez cette lettre pour que je puisse la remettre ? D'un mouvement vif, elle lui remit, souffla un remerciement dés qu'il eût entre ses mains. Et là, sans rien comprendre, il la vit disparaitre au loin.
Il ne la quitta pas du regard pour autant, la suivit, pencha la tête. Elle venait de s'asseoir sur un banc pas loin. Planté devant la porte entrouverte de la Rose noire en plein milieu de la rue, il fit une moue puis prit le risque d'aller à l'encontre du banc où se tenait la jeune femme. Pour ne pas l'effrayer, il posa un genou à terre devant elle, la fixa de son regard noir intense:
Je ne veux pas vous déranger. Vous êtes sûre que tout va bien ? Ecoutez, si vous le voulez, je vais donner votre lettre de suite à La Dame Rouge ou lui poser sur son bureau si elle est occupée. Ensuite, je vous accompagne dans ses rues pas trés sûres pour une jeune femme seule. Et nous revenons tous les deux ce soir pour l'ouverture, est-ce que cela vous dit ?
Il pencha la tête pour accrocher son regard, un léger sourire sur ses lévres, il ne pouvait ainsi laisser la porte entrouverte trop longtemps, on ne savait jamais ce qui pourrait arriver:
Ne me répondez pas de suite. J'y vais, je remets la lettre et je reviens. Si vous êtes toujours sur ce banc, cela voudra dire que vous acceptez, si vous n'y êtes plus, je présume que cela voudra dire non. Accordez-moi cinq à dix minutes, et je reviens...
[ A l'intérieur de la Rose noire, cuisine: Un retour inattendu...]
Il se releva sur le champs pour revenir vers la porte entrouverte de l'établissement. Il ramassa la cale vite fait. Ferma la porte le locquet derriére son passage. Il fila vers le bureau de La Dame Rouge. Pas là. Il fit irruption dans la cuisine quand il tomba sur les retrouvailles de La Rouquine. Son sang ne fit qu'un tour. Malgré lui, il se figea sur place en espérant que personne ne remarqua rien. Il était sur le point de quémander qui pouvait lui dire où était la patronne puis, il s'abstint pour disparaitre vite fait avant qu'on ne le voit, le remarque et surtout La Rouquine. Plaisir de la voir. Mais il le garderait pour lui et n'en montrerait rien. Regard noir perçant sur elle, léger rictus sur les lévres. Ironique. Déguerpir vite fait.
[ Bureau ]
Personne ne serait surprit de le voir ainsi passer en courant d'air, son habitude. Il rebroussa chemin vers le bureau de La Dame Rouge. Il y entra même si elle n'y était pas. L'apparition de la Rouquine l'avait plus marqué que prévu, et Enzo n'aimait pas se sentir fragilisé et ne rien contrôler. Il passa derriére le bureau pour venir déposer la lettre que la jeune femme lui avait soigneusement remise. Sans prêter attention alors qu'il se tournait pour farfouiller autour de lui à la recherche d'un morceau de parchemin et d'une plume, sa hanche rencontra la table avec une certaine force dans son mouvement. Il laissa échapper un gémissement de douleur. Contrarié, une main sur sa hanche, il grimaça. Non point que cela soit grave mais cet endroit-là avait le don d'être douloureux sur l'instant du coup porté. Il ne pu s'empêcher de s'énerver. Puis d'une main, mouvement vif, il replaça la table contre le mur sans réaliser que l'enveloppe qui s'y tenait en recoin venait de tomber au sol , et finit par glisser bien à l'abris des regards sous un meuble. Il rala un peu, souleva sa chemise pour regarder la trace rougeâtre sur sa hanche:
Bon sang, je vais être marqué d'ici ce soir...laissa-t-il échapper entre ses dents serrées
Il rajouta un mot au côté de la lettre déposée sur le bureau:
Voici cette lettre de la part d'une jeune femme qui souhaitait vous rencontrer, et sera là ce soir, à l'ouverture. Dans tous les cas, je vais en ville. Je serai là à l'ouverture comme il se doit.
Enzo
De toute façon, que la jeune femme soit là encore sur le banc ou pas, il avait décidé qu'il était temps d'aller à l'encontre de la ville. Il soupira en sortant du bureau pour fermer la porte derriére son passage. Son attention se porta sur la cuisine en traversant le salon. Les bruits de voix venaient de s'animer encore plus. Un léger sourire étira ses lévres. Son regard se fit soudain froid, scrute. Une jeune femme l'attendait, du moins, il l'espérait, ne serait-ce que pour l'aider si elle acceptait son aide bien êvidemment.
Il emprunta vite fait l'escalier pour monter à l'étage, alla direct au bout du couloir, ouvrit les fenêtres, jeta un coup d'oeil rapide en bas. Personne. Cela ne serait pas la premiére fois qu'il ferait le mur ainsi et pas la derniére non plus. L'important était de revenir. Il enjamba la fenêtre, s'agrippa au rebord de la fenêtre de ses mains en laissant son corps dans le vide, puis trés vite ses bottes prirent appuie pour entamer la descente. Fissa fissa, il arriva enfin dans la rue. Il épousseta ses habits vite fait.
Huma avec délice cette soudaine impression de liberté dans la rue pour les heures à venir, et fila direction le banc pour savoir si elle était toujours là.