Griotte
Le quartier des halles... voila un moment qu'elle n'y avait pas mis les pieds. La foule se pressait entre les échoppes se déployant à perte de vue. Des commerçants tenaient leurs étales dans la rue et interpellaient les passants à grands renforts de cris et d'exclamations vantant la qualité et la diversité des produits présentés. C'était à celui qui clamerait le plus fort les mérites de ses marchandises afin de couvrir les voix de ses voisins par des offres toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Des commis en livrée avaient les bras chargés de lourds paquets et marchaient à la suite d'une bourse creuse, richement vêtue. Ces nobles ou ces bourgeois n'avaient plus guère d'argent sur eux après leurs coûteuses emplettes. Ceux-là, la morveuse les repérait rapidement. Ancien réflexe de gamine des rues sans le sou. Elle repérait bien plus vite encore les pigeons qui arrivaient à peine et n'avaient pas encore eu le temps de dilapider leurs écus. Ils étaient des proies bien plus intéressantes pour les tire-ficelles...
Dans cet affairement ambiant, la jeune fille se frayait un chemin vers l'auberge où elle avait élu domicile pour quelques jours. Sa mine songeuse était peu amène. Elle réfléchissait à la façon dont elle allait bien pouvoir se débarrasser de Face-de-crapaud, la raclure qui gardait la Cerise enfermée dans un bordel miteux des Miracles. Plongée dans ses pensées, elle fut surprise lorsqu'un gamin d'une dizaine d'année la heurta de plein fouet. D'un geste vif, elle attrapa la main du voleur, déjà posée sur la bourse qui pendait à sa ceinture.
"Tu mériterais qu'on te tranche les phalanges une à une...", siffla-t-elle entre ses dents.
Resserrant sa prise sur le poignet, elle attrapa le môme par le col de sa chemise miteuse et le tira brusquement vers elle. Ses yeux plissés se plongèrent dans ceux du détrousseur pris la main dans le sac. Ses pupilles étaient dilatées d'effroi, ce qui arracha un rictus mauvais à la Blanc-Combaz. Il y a encore un an de cela, elle aurait très bien pu se retrouver à la place de ce vilain garnement.
"C'est ton jour de chance. Prends tout et casses-toi !"
Relâchant son emprise sur le gamin, elle lui fourra sa bourse dans les mains avant de s'écarter et de reprendre sa route sans un regard pour l'heureux qu'elle venait de faire et qui la regardait s'éloigner d'un air hébêté.
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Des commis en livrée avaient les bras chargés de lourds paquets et marchaient à la suite d'une bourse creuse, richement vêtue. Ces nobles ou ces bourgeois n'avaient plus guère d'argent sur eux après leurs coûteuses emplettes. Ceux-là, la morveuse les repérait rapidement. Ancien réflexe de gamine des rues sans le sou. Elle repérait bien plus vite encore les pigeons qui arrivaient à peine et n'avaient pas encore eu le temps de dilapider leurs écus. Ils étaient des proies bien plus intéressantes pour les tire-ficelles...
Dans cet affairement ambiant, la jeune fille se frayait un chemin vers l'auberge où elle avait élu domicile pour quelques jours. Sa mine songeuse était peu amène. Elle réfléchissait à la façon dont elle allait bien pouvoir se débarrasser de Face-de-crapaud, la raclure qui gardait la Cerise enfermée dans un bordel miteux des Miracles. Plongée dans ses pensées, elle fut surprise lorsqu'un gamin d'une dizaine d'année la heurta de plein fouet. D'un geste vif, elle attrapa la main du voleur, déjà posée sur la bourse qui pendait à sa ceinture.
"Tu mériterais qu'on te tranche les phalanges une à une...", siffla-t-elle entre ses dents.
Resserrant sa prise sur le poignet, elle attrapa le môme par le col de sa chemise miteuse et le tira brusquement vers elle. Ses yeux plissés se plongèrent dans ceux du détrousseur pris la main dans le sac. Ses pupilles étaient dilatées d'effroi, ce qui arracha un rictus mauvais à la Blanc-Combaz. Il y a encore un an de cela, elle aurait très bien pu se retrouver à la place de ce vilain garnement.
"C'est ton jour de chance. Prends tout et casses-toi !"
Relâchant son emprise sur le gamin, elle lui fourra sa bourse dans les mains avant de s'écarter et de reprendre sa route sans un regard pour l'heureux qu'elle venait de faire et qui la regardait s'éloigner d'un air hébêté.
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