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Rencontre du troisième type.

[RP] L'Antichambre des Cons

Rebeltouf
//Rebel la Touffe dans sa charrette comptait alors toutes ses pépettes
Elle se dit défection que ça craint d’risquer tout perdre sur le chemin
Ah Ah Rebel la Touffe les culs terreuses ne sont qu’des pouffes.//



C’est à peine si elle avait eu le temps de souffler, avait-elle seulement pris le temps de poser son auguste postérieur sur un siège branlant d’une taverne déserte ou presque – elle l’était par sélection qualitative - (et elle n’en avait pas connu depuis longtemps !)Elle avait quoi ? Eu le temps d’envoyer bouler une seule tite bonne femme que déjà elle avait été enjointe à plier bagage.
Y’a pas d’répit pour les braves disait Mémé Raymonde, foutredieu qu’elle avait raison.

Elle relut la missive qui lui avait été envoyée au ton si peu cavalier « assignée à résidence » ben voyons… pour attendre un jugement dont l’issue était déjà connue d’avance, entre prendre la clé des champs ou la taule son choix était vite fait.

« Nos armées vont faucheront ! »

La menace avait fusé, des tréfonds d’une blondasse, inutile – la menace autant que la blonde- si elle avait été proférée pour la convaincre de rester, la place des brigands de toute manière, jusque preuve du contraire était en plaine…
Sont cons ces paysans.


Tu trouves pas le chauve ?...Hein j’ai raison ?...

Pas eu le temps d’entendre la réponse, la Rebel n’est pas à réveiller à n’importe quelle heure et, bientôt Morphée vint la bercer sous la voûte sombre.

Des herbes hautes, des roseaux, la mare, des canards. Des nuages de fumée imbibent le lieu. Le feu au lac ? Manquerait plus que ça …
Pas un chat.
La Brune flammèche s’avance, flottant presque ses pieds foulent le sol, humide d’une quelconque rosée.

AAA - E - E - I - O - U - U A - A - E - I - O - UUU A - A - E - E - I - O – UUU

Yeux écarquillés de la Rebel :


Mais c’est quoi c’bordel ?!
Cistude
[Tu me feras rêver]

"Curieux jardin d'Eden pour la Cistude : les tortues gazouillaient à l'ombre des nénuphars, tandis que quelques canards barbotaient non loin des roseaux couchés. Une brume fine recouvrait la Mare, et les ombres s'étiraient sur le tableau idyllique. Calme comme une banquise dénuée d'âmes vivantes, la surface de l'eau ne cillait qu'à la caresse de la brise moite et humide. Au rivage, une Cistude des plus lymphatique glandait sous le vieux chêne dru alors qu'un renard croissait contre un corbeau voleur, s'enfuyant à grands renforts d'ailes vers d'autres contrées plus cauchemardesque que celle-ci. La Cistude était au paradis, comme disait l'autre. Claquant des doigts, un petit canard, foutre dieu qu'il était vilain, accourra en caquetant au côté de notre blondasse avachit, qui lui conseilla de se grouiller de ramener les petites miches de son prisonnier nain. Ses royales petons désiraient un appui plus confortable que celui de la surface âpre de la roche.

Un soupir contrarié s'échappa du bec de la Cistude, alors que le larbin aux plumes aiguisées s'effectua à l'ordre vitesse grand V. Les cistudes n'aimaient pas attendre. Il avait ouïe dire que la blondasse avait le coup de Pique le plus rapide du Royaume Cistudien, et il tenait malgré tout à sa misérable vie le bougre. En attendant que le nabot se ramène, la Belle s'enfonça au summum de l'oisiveté en s'étirant et bailla mollement. Pour s'occuper elle coinça entre ses lèvres la tige d'un roseau fumant garnis de racines sèches de tussilage d'où elle en avala une longue bouffée. Puis elle se mit à tousser follement, et elle tâta hâtivement le sol à la recherche de son vin de raisin. La fumée dégagée recouvra la Mare, et bientôt on y vit goutte à moins de quelques pieds. La Cistude rouspéta entre deux quintes de toux sévères, et se leva, les yeux larmoyants. M
erde.

Pourquoi son paradis se brisait-il maintenant ?"


Au quartier des Portes Brisées, alors que la nuit battait son plein dans les ruelles sinistres et que la lumière de l'astre blanc balayait le visage pâle d'une blonde endormie, des draps se faisaient malmener par une rêveuse mal lunée.

"La crise passée, la Blonde balaya l'air de grands gestes en gueulant à l'infamie tandis que les émeraudes plaintives tentaient de s'habituer au brouillard environnant. Alors qu'elle avançait à l'aveugle en râlant comme elle savait si bien le faire, son pif se cogna à quelque chose de dure et de foutrement incombant. Crisons mes amis...

-Ça va commencer à m'gonfler, j'le sens... Con d'truc !

Glissant la main sur la surface lisse, ses doigts attrapèrent une sorte de branche. Non, une poignée. Un cliquetis résonna alors dans les limbes, et la fumée fut aspirée par l'entre-bâillement de la porte. Oui, une porte. Étrange n'est-ce pas ? Plantée là comme un radis, au milieu d'un marais cafardeux, se tenait une porte des plus banale. En police à demi-illisible, digne de l'écriture d'un docteur, on pouvait y lire :

    «Antichambre des Cons»


-Je n'sais pas quel est c'bordel.

Les mots franchirent sa bouche sans autorisation, et en sursautant la Cistude remarqua qu'une brune se tenait à sa droite, le même air paumé sur la trogne. Euh...

-Mais t'es qui toi ?!"
_________________
Rebeltouf
Le monde serait plus sympa s’il n’y avait que moi…


…inspiration inconnue, mais de circonstance. Qu’est-ce-qu’une blondasse mal lavée faisait donc dans les méandres de son inconscient, sérieusement ?!
Nan mais c’est surtout qu’elle ne la connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, ni de la Pomme d’ailleurs et puis on n’en a rien à faire de ces bouffonneries, se retrouver dans « L’Antichambre des Cons » c’était flippant.

-Mais t'es qui toi ?!

C’est qu’elle l’agressait en plus. Même en rêve on ne pouvait plus être tranquille. La Rebel se sent soudainement oppressée… Mais laissez-moi en paix, nom d’une touffe, déjà que je vais ptete crever, un peu d’compassion, quoi !


-Moi c’est Rebel, de un tu baisses d’un ton, de deux, tu fous quoi dans mon rêve, nom d’une pipe en bois d’ébène ?!

D’ailleurs c’était quoi c’t’endroit ? Pourquoi il y avait une pièce tapissée d’étoffes bien chics et odorantes au plein milieu d’un marécage ? Expliquez un peu parce que j’ai l’impression qu’on part en plein délire…
Les murs ne semblaient pas connaitre de fin, ils s’élevaient à l’infini, quatre murs les encadraient toutes deux et une unique porte tenait lieu de décoration. Rebel fronça les sourcils, celle derrière elle avait disparu.
Vertiges.
Elle s’assit. Détailla sa colocataire, pas grande, ni petite, le visage blafard, bien qu’à l’air assez malingre, la brigande sentit qu’il ne fallait s’y fier. Même les brindilles peuvent cogner.
Sa poitrine se souleva quand elle inspira une grande bouffée d’air, diable qu’elle n’aimait pas les endroits exigus…
Du regard, elle la jugea, un sourcil à demi levé, lèvres pincées, figure même de la pédanterie. Elle allait pas non plus s’en faire conter.

-… on semble coincées ici en tout cas.

Ceci dit elle se traita de conne, même en rêve elle ne réfléchissait pas plus d’un centième de seconde…
Bon et puisqu’elle ne semblait pas vouloir être prête à se réveiller, elle se dit qu’il valait encore mieux écouter ce que l’autre avait à dire.
Cistude
[Toutes les nuits déconner]

"La blondasse jaugea du regard sa voisine touffement brune, le genre de regard contrarié et surpris qu'on lance en de rares occasions. La Cistude se sentait irritée, à tel point que ses plumes commencèrent à vibrer de mécontentement : il était bien sûr obligé qu'une chieuse vienne squatter son utopie, putain de vie... Et pour assombrir le tableau, voilà que l'autre bécasse se mettait à l'emmerder. Les narines s'écarquillèrent de rage, tandis que la gueuse glissa sa main à sa Poche.

-Toi qui sali mon Royaume de ta présence malsaine, j'te conseil de commencer par fermer ton claque merd' s'tu veux pas crever l'pif dans la Mare !

Tandis que la Cistude saisissait son Dard en espérant pouvoir fermer la bouche de sa colocataire avec, une bouffée d'air chaud s'engouffra dans la commissure de la porte, provoquant une volée de feuilles mortes à l'intérieur de l'Antichambre. La vagabonde se pencha, oubliant aussitôt la brigande, et lorgna avec un méfiance l'intérieur de la pièce. Elle se sentait attirée. C'est quoi ce pays aux merveilles, sans déconner ? La blonde était au paroxysme de l'interrogation et ses sourcils hauts comme le cul d'une bourgeoise en témoignaient. Sans y faire attention, elle entra dans le vestibule aux allures mondaines et leur sortie de secours disparue. Tournant un regard méfiant vers la brigande, la blondasse lâcha un "pff" méprisant avant de s'adosser contre le mur tapissé, celui-ci étant curieusement confortable. Une cage, elles étaient en cage.

-Manquait plus qu'ça...

Levant les yeux au plafond sans fin, elle soupira gravement. Paraît qu'à force de lever les yeux au ciel on marche dans la merde. Quelqu'un avait aussi dit qu'il y avait deux sortes de cons dans ce bas monde, et puis franchement, on les prenait vraiment pour des connes de première. Plutôt crever ! La Blondasse lança un regard lourds de sous entendus à la brune, petit regard qui cachait un certain énervement quant au fil des actions. Le monde ne tournait pas rond, ça elles en étaient sûres et cette antichambre commençait foutrement à lui donner la nausée.

-J'sais pas toi mais j'pas envie d'me faire prendre pour la Reyne des pécores, alors j'me casse !

Crissant des dents, la Carapace en avant en guise de bélier la Cistude recula de quelques pas et donna un grand coup d'épaule dans le mur. Cloison qui se fissura..."

Un long ronflement flippant s'échappa des lèvres de la rêveuse, et un filet de bave coula sur son menton.
_________________
--L_ange_gabriel
[Chez Aristote]


Hum, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, monseigneur...

Cette dernière phrase dites par l'archange Gabriel, l'Archange préféré de Aristote mais également grand copain de soirée,...



Si je dit que c'est une bonne idée, c'est une bonne idée, ok Gab?

Vous reconnaitrez ici le ton autoritaire de Aristote lui même, grand copain du très haut, mais pas copain du petit Gabriel, malgré le fait que ce dernier soufflait sans cesse à son entourage le contraire dans le but répréhensible d'en tirait profit...Oui oui, je vous l'accorde, c'est mal!

-M'enfin, vous savez bien que le Sans-nom sera offusqué d'une telle attaque..?
-Oui, mais le truc vois tu..C'est que ce que pense le Sans nom, je m'en tamponne l'auréole..
-Tout de même, je suis confus..Monseigneur...
Bon, suffit, le chef, c'est moi! Je décide, tu te tais, tu attaque, et tu me casse pas mes célestes cou...Hum, bourses en pleurnicheries inutiles..Compris?



Le ton était intraitable, Aristote avait parlé, et qui ne voudrait pas connaitre sa colère ne désobéirait pas...Et pour sûr que Gab n'avait pas l'intention de s'y risquer..

[Plus tard, devant chez Aristote, H-1 avant l'attaque]

Messieurs, la raison de votre venue ici est simple! Le mal règne en maitre sur Terre!

Et un "OOOOooooohhh" de surprise poussé par l'élite des anges de combat, les Power rangers du Paradis!!
Ils étaient 5, et portaient chacun une combinaison super fashion, de couleur vive, la crème du commando du très haut, the best in the world!!!
Gabriel les avait réuni en un temps record, chose tout à fait inhabituelle quand on connaissait la fine équipe...Vous allez comprendre pour quoi.


Très bien, le plan est simple, on entre, on botte les fesses du sans nom et on ressort, c'est cl...Euh oui Vert?
-Beh...C'est que j'me d'mandais...c'est que l'sans nom..On l'reconnait comment?
-Oh c'est simple, il est tout rouge, avec des cornes, et rit sans cesse...Pis il porte un trident..Hum, oui Jaune?
euh..Rouge..Comme rouge..d'not' équipe? Ou rouge plus clair...Ou p'têtre plus foncé?...Rouge bordeaux!! C'est ca!!?! Rouge bordeaux?
-Hum..Juste rouge...Oui Rose?
Et...Ses cornes? Plus des cornes de chèvres, ou de bouc?
-Ca a pas de cornes une chèvre! Nan parait qu'il a celles d'un cerf!
-'tendez, moi j'dis, quand est-ce qu'on mange?
-Minute bleu, t'vois pas qu'c'est super important..Parceque si il a des cornes de cerf, je le lobotomise avec mon super calin aérodynamite moi..Directe, j'suis un fou dans ma tête..
-M'enfin rose celles d'un cerf, c'est celles qui ressemblent à du bois non?

Et au pauvre archange de passer une main sur son visage...Il était pas sortie...Pas sortie...
Rebeltouf
[Que diable allait-elle faire dans cette galère ? ]


La Brune se réveilla en sursautant, de lourdes gouttes formées par sa sueur traçaient des sillons froids à ses tempes et lézardaient le long de sa nuque.
Le souffle court, elle s'affola à trouver quelque élément suspect autour d'elle, mais la brigande ne trouva que sa paillasse improvisée intacte, son chauve compagnon plus loin qui veillait la regardait à présent d'un air interrogateur. Faudrait penser à te détendre, Reb, tu fais flipper..
Grognement de l'échevelée, va m'laisser tranquille oui...

La Rebel se recoucha alors sur le côté, il lui fallait profiter de ses nuits passées en bourgade pour se régénérer, du moins si cette blonde aux cheveux sales lui permettait, non mais c'était ce bordel ? Et pourquoi elle bavait comme un chien rageur à la fin ?
De multiples questions se bousculaient sous la crinière, et c'est les sourcils froncés qu'elle retomba dans le sommeil, bascula de nouveau dans l'infernale antichambre ...

Elle était encore là, étourdie, et la bave toujours au coin des lèvres.
C'pas vrai, encore ?!
Souple, elle se releva, s'approcha de l'illuminée en retroussant ses manches.

- Bon, commença-t-elle en considérant la fissure que l'autre avait formé sur la façade, au lieu de te péter l'épaule contre un mur, tu veux pas enfoncer la porte au pire ? ... J'dis ça je dis rien, mais je trouve ça plus facile...

Et de se détourner d'elle pour s'attaquer à la porte en question qu'elle asséna d'un coup de pied, d'un deuxième, elle branla sans toutefois s'ouvrir. Pourquoi fallait-il que dans ses rêves elle soit toujours faiblarde ?
Ce commençait à bien faire, orgueilleuse, et ne sachant pas si ce rêve en était vraiment un ou quelque chose de plus indéfini, il était hors de question qu'elle fasse figure de fiche molle devant qui que ce soit, même un produit de son imagination.

Cette fois-ci la porte céda, victoire, mais la Touf tout aussi fière qu'elle était se retrouva propulsée au sol par une force qu'elle ne pouvait décrire, en d'autres termes, elle était sur le cul, au propre comme au figuré.


-Mais qu'est-ce-que, quoi ?!...

Une lumière aveuglante venait de surgir dans l'encadrure de la porte qu'elle venait d'enfoncer..
Cistude
[Il a déjà réservé l'emplacement de sa tombe.]

Alors que la brune touffue se faisait la malle provisoirement, la Cistude s'acharnait à se défoncer l'épaule sur le mur se fissurant avec une difficulté palpable. Pire que les barbares des plaines ancestrales de Krmwks, la Cistude des marais. Étrange énergumène dotée d'une paillasse informe au sommet du crâne, se faisait plaisir à cogner le plus innocent des tournesols. Car, si la tortue avait pensé un temps soit peu, il lui aurait suffit de balancer un grand coup de botte dans la porte. Mais la blonde ne pensait seulement quand elle y pensait, à son gros désavantage.

Soudain, une voix la fit sursauter. Celle de la raison, ce ne pouvait être que sa comparse. L'Exquise cessa donc son bourrinage, contemplant l'idée lumineuse de la Rebel. En effet, cela semblait plus logique et foutrement moins douloureux. C'est que finalement, elle ne regretta pas le fruit de son imagination la Cistude. Bah ouais, sa voisine n'était qu'une illusion, cette chimère qui reflétait l'intelligence inconsciente de notre blonde, et se matérialisait sous une personne de sexe féminin au verbe trempé. Ai-je besoin de répéter ? ... Parfait alors.


C'est dans une position inconfortable et contraignante que la Cistude se réveilla en sursaut. Sa nuque lui faisait un mal de chien, et il ne lui plaisait pas d'être réveillée ainsi par un bobo de fillette. Les yeux crottés, elle balaya vaguement la pièce en piteux état, avant de retomber comme une merde dans les bras de Morphée. A chacun son tour de se réveiller.

La blondasse dégueulasse étrangement propre refit son apparition lorsqu'une lumière éblouissante envahit l'Antichambre. Propulsée comme une carotte sur un trapèze, son cul rencontra le sol et ses yeux hurlèrent d'éblouissement. Oui cela est possible, nous sommes dans un rêve diantre. En l'espace de quelques instants, elle venait de se mettre dans la peau d'un aveugle. Classe... Peu à peu, la lumière se dissipa et c'est avec désagrément que ses mirettes s'ouvrèrent sur un spectacle des plus... original. Spoilons !

La scène suivante fut des plus incohérentes et soudaines : des bretelles claquèrent sur les épaules de la Cistude, et avec effarement des bas blancs longèrent ses cuisses tandis que ses pieds se munissaient de sandales romaines. Le premier qui ose dire qu'c'est comme un calice à sa beauté, se retrouvera avec le même sort. La blondasse allait hurler quand un béret se vissa sur son crâne, domptant sa chevelure folle. Malheureusement aucun son ne sortit de sa bouche, foutu rêve. Lançant un regard incompréhensif à la brune qui subissait le même sortilège, elle réussit finalement, à grands renforts de raclements de gorge, à sortir un juron des plus distingué :


-Putain d'merde !
_________________
--Erynie
Elle était belle, elle était évanescente, translucide, blanche, lumineuse... Non. Rien de tout ça, sauf lumineuse. Parce que c'était elle qui se tenait dans l'encadrement de la porte défoncée de l'Antichambre des cons, comme son compère et elle l'avaient baptisée. Enfin, baptisée... Façon de parler, quand on était elle. Petit retour en arrière pour bien saisir la situation...

[Réveil désagréable]

Bam. La créature se retourna, étouffant un grognement. Bam. Grognement un peu plus fort. Greuh... Pensée à peine formulée. Fait chier, c'est quoi ce bruit ? Bam. Le coup, plus fort, fit trembler la branche sur laquelle elle s'était endormie paisiblement. Et, plus bas, dans son marais, elle aperçut la porte. LA Porte. De l'Antichambre des cons. Fallait bien être con pour traverser, même en rêve, un marais maudit dans le genre du sien, pour rentrer dans une pièce qu'on devinait à peine derrière une porte... Et encore plus pour s'y enfermer, comme un... Bref. Le tout fut synthétisé rapidement par la créature bel et bien réveillée à présent, qui feula :

Bordel d'Aristote, qui est le con qui s'est encore foutu dans l'Antichambre ?

Ni une, ni deux, elle se redressa et fit quelques pas sur la branche. Machinalement, elle remit en place ses grandes ailes (pas des ailes d'ange, non, des ailes sans plumes, recouvertes d'une soirte de cuir noir) dans son dos, dégageant l'une d'un lambeau de toile ténébreuse qui tombait dans son dos. Rapidement, elle rajusta ses habits un peu déchiquetés (mais pas trop, sinon ça faisait vraiment mauvais genre) puis se laissa glisser au sol, grommelant contre l'imbécile qui essayait de sortir de l'Antichambre. Le contact du marais contre ses sabots la réconforta un peu. Au moins, ça, ça ne changeait pas, même si les occupants de l'Antichambre, eux, changeaient bien trop vite à son goût. Même pas le temps de s'amuser un peu avec eux, en général.

Mais voilà que les choses se précipitèrent soudain ! La créature avait posé la main sur la poignée de la porte quand celle-ci céda au dernier coup donné par une espèce de furie cantonnée jusque là à l'intérieur. Un glapissement de la créature suscita autour d'elle un étonnant halo de lumière blanche, et elle repoussa rageusement l'humaine à l'intérieur, la dotant au passage des atributs les plus grotesques qu'elle put imaginer. Eh oui, les créatures des rêves font ce qu'elles veulent, quand elles veulent. Et elle n'allait pas se priver. Non mais ! On ne la réveillait pas impunément, non plus ! Sinon à quoi servirait d'être un suppôt du Sans-Nom, hmm ?

Bref, habit noir encore dérangé, sabots de chèvre terminant ses longues jambes fuselées, peau rouge sang, yeux blancs aux iris théoriques bordés d'un liséré noir et aux pupilles de chat, longs cheveux blancs en bataille, ailes déployées dans le dos, la créature s'était mise à hurler sur les deux malheureuses prisonnières de l'Antichambre :


Bon, les deux, là, c'est pas bientôt fini ? Non mais franchement, vous faites un boucan du Diable, et moi j'commence à en avoir sérieusement ras les esgourdes ! Défection ! Pouviez pas aller foutre le bordel chez Aristote, comme tout le monde ? Hein ?

Et elle n'allait pas s'arrêter en si bonne voie. Maintenant qu'elles étaient toutes les deux retournée dans la pièce et grotesquement accoutrée, ce qui détendit un peu la cause de l'accoutrement en question, la créature fit quelques pas en avant dans l'Antichambre, claqua des doigts pour en remettre la porte en place, bel et bien fermée (merci aux pouvoirs des rêves !), et continua de hurler :

Et je sais qu'ça veut rien dire ! Foutez-moi la paix ! Vous m'avez déjà réveillée, ça suffit comme ça !

La lumière qu'elle dégageait baissa soudain. Avoir poussé une bonne fois pour toutes sa gueulante l'avait calmée. Croisant les bras et tapotant le sol du bout du sabot, la créature continua, d'un ton soudain badin, plus usité dans les conversations mondaines que dans l'Antichambre des Cons (du moins en théorie, parce que c'était un des masques qu'affectionnait particulièrement celle qui dormait tranquillement dans un arbre du marais un peu plus tôt) :

J'm'appelle Erynie, au fait.*

Et allez, tant qu'on y est, on pose la petite question vicieuse, celle qui oblige les pensionnaires à trouver une réponse là où il n'y en a pas, d'un air et avec un sourire aussi innocents que possible (ce qui n'est pas si facile quand on n'a que des canines noirâtres en guise de dents) :

Qu'est-ce que vous venez faire par ici ?

___________________________________
* Je n'ai rien à voir avec la censeuse qui utilise ce nom, c'était juste un de mes PNJ déjà existants. Merci à LJD Cistude et à LJD Rebeltouf de me donner l'occasion de la réutiliser !
Rebeltouf
- C’est quoi c’t’horreur ?

Bredouilla la Rebel à peine était-elle revenue de sa surprise provoquée par le soudain vol plané parfaitement non-maîtrisé qu’elle venait d’effectuer.
En plus elle, il…ça gueulait en plus, en langue intelligible, triple buse, la créature en avait l’aspect du moins sans les plumes… ou pas : raison était de se résoudre à ne plus chercher une quelconque cohérence à ce qu’il se tramait, ce ne ressemblait absolument à rien.

La flammèche se releva péniblement sur ses coudes, mieux considérer ce qui venait de parler, spectacle en tout point peu ragoutant.


-Comment ça, ce qu’on vient faire par ici ? Pensez pas que si on avait eu le choix on serait allées rêver d’autre chose et dans un cadre un peu plus plaisant ?...’Fin je dis ça, je parle pour moi je ne sais pas ce que la blonde appelle plaisant …

A ces mots ses yeux se portèrent avec dégoût sur les frusques de sa camarade d’infortune au pays de Morphée… c’est alors que la brune incendiaire tiqua, son aspect avait changé, fini les guenilles de dernière fraicheur, la tignasse sale et emmêlée (quoique sur ce dernier point Rebel la Touffe n’allait pas narguer) et bonjour un béret qui domptait la blonde chevelure, des lanières de cuir crochetées aux épaules, des bas blancs qui auraient pu être seyant si seulement ils n’avaient pas été si opaques et…diable qu’était-ce ces chaussures ?!

Le cœur de la Rebel s’emballa, ses mains tâtèrent frénétiquement ses épaules, le haut de son crâne … oh non c’est pas vrai, quand même pas mes..


-Nonn, mes bottes !!!!

Elle se releva d’un bond, un index menaçant pointé vers la chose qui leur était apparue.

-Toi, qu’est-ce-que tu as fait de mes bottes ? Tu sais c’que c’était ces bottes ? Non t’en sais rien, hein ! T’en mets pas tu t’en fous ! Tu vas me rendre mes bottes !!

Certes, sa réaction pouvait paraître excessive voire hystérique, contrairement à ce que les apparences laissaient croire, elle n’était pas matérialiste, elle vouait juste un culte sans borne aux créations des cordonniers, et face à leur soudaine disparition, la brune fulminait.

Ni une, ni deux, elle s’avança d’un pas sûr vers « La Chose » qu’elle avait décidé de l’appeler, l’attrapa par le lambeau de tissu au col, ne la souleva pas car elle la dépassait de deux têtes au moins mais qu’à cela ne tienne pour impressionner La Rebel, plantant son regard dans les abysses de son nez crochu ( oui elle n’avait pas vue sur le blanc de ses yeux – de toute façon la classe ne s’apprend pas, elle se constate*) et dit, dressée dans toute la superbe qu’elle pouvait encore avoir :


- Pour qui tu te prends de un pour nous affubler de la sorte, hein ?! De quel droit toi aussi tu t’immisces dans mon sommeil ? Te foutre la paix ? Nan mais tu débloques, c’est la putain qui s’fout d’la nonne là nom d'une touffe, dis-moi plutôt ce qu’on fiche ici au lieu de t’ramener comme une fleur fanée ! Hein, qu’est-ce-qu’il faut que j’fasse pour pouvoir rêver tranquillement de cascades d’eau chaude et des ch.. mecs musclés dedans ? Hein ?! Faut faire quoi ?! Tu vas m’répondre espèce de…

J'm'appelle Erynie, au fait.

Blocage, La Brune aussi Rebel soit elle coupa court à son flot de paroles quand la voix gutturale, spectrale, inhumaine, en résumé flippante de La Chose.

Erynie…manquerait plus qu’elle finisse comme Orphée, la Touffe…Son air revêche se dissipa quelque peu de ses traits à cette dernière réflexion, elle lâcha prise.


(*Même à Alain Delon ça arrive d'en sortir de belles)
--Erynie
Un grondement filtra à peine de la gorge d'Erynie devant l'épanchement verbal de la pensionnaire. Restant de marbre quand elle tenta de la saisir au col, regardant droit devant elle, elle réprima un début de sourire. Avec celle-là au moins, elle pourrait s'amuser... Et bien, sans doute. Et finalement, elle reprit, une fois que son nom eut coupé le sifflet à l'humaine, sans s'offusquer de son absence de réponse à sa question (après tout, elle avait déjà abordé le sujet toute seule, cette petite chose) :

Fillette... Je sais très bien ce que sont des bottes. Et je trouve ça du dernier moche, si tu veux tout savoir. Bien... On va mettre les choses au clair.

Et voici venu le moment où Erynie pouvait commencer à se faire pleinement plaisir et à transformer un rêve innocent au départ en un début de cauchemar. Moment délicieux, moment délectable pour une créature n'existant nulle part hors des esprits qui rêvaient d'elle. Sans l'once d'un remords, un nouveau sourire découvrant de nouveau ses dents pointues, elle attrapa à son tour l'humaine par le col, d'une main, et, la soulevant du sol, amena son visage à hauteur du sien. Le numéro d'intimidation pouvait commencer... Regard menaçant à la blonde. Pas bouger... Sinon, je mords, et t'as vu la gueule de mes dents : même dans un rêve plus personne ne voudrait de toi, si t'arrivais à virer de là pour te retrouver dans un endroit un peu plus marrant. Puis, plantant ses yeux dans ceux de l'humaine, elle commença :

D'une, ici, tu es chez moi. Donc tu te calmes sur le lieu. Il est très bien, mon marais.

La deuxième main de la créature, poing serré, se rapprocha du visage et un de ses doigts, aux longs ongles crasseux presque comparables à des griffes, se déplia. Le ton était presque affable, si on exceptait la voix d'Erynie en elle-même. Puis, suivant littéralement l'expression qu'avait si élégamment employée la brune, dépliant un deuxième doigt, elle continua :

De deux, j'me prends pas pour une putain et ça m'étonnerait que tu sois une nonne. Les nonnes ne rêvent pas de créatures de celui que tu dois appeler le Sans-Nom, et d'ailleurs je ne peux pas entrer dans leurs songes. Pas faute d'avoir essayé, remarque.

Ca, c'était glissé. Avec un peu de chance, elle pourrait mordre à l'hameçon, l'humaine... Ou alors sa congénère pourrait le faire à sa place. Et, si elles marchaient, ce serait le pied. Le terrain de prédilection par excellence. Mais avant tout, il fallait continuer. Un éclat amusé traversa les pupilles de chat d'Erynie, qui conclut :

De trois... Tes bottes sont toujours à tes pieds. Mais pas ici. Ici, je fais ce que je veux de tes bottes. Et de toi, d'ailleurs. Si je voulais faire de toi une rousse ou une chauve, te coller une verrue en plein milieu du minois, placer tes yeux sur ton front, inverser la place de tes bras et de tes jambes, je pourrais. Tiens, regarde.

Claquement de doigts. Les bottes revinrent orner les pieds et jambes de leur propriétaire.

C'est vrai qu'elles te vont pas mal. Tu vois bien qu'elles sont là... Clac. Plus maintenant. Clac. Pas mal, sur mes sabots, non ? Le cuir et mon teint vont plutôt bien ensemble...

Un nouveau sourire fendit le visage de la créature. Elle adorait, vraiment, les situations de ce genre. Pouvoir s'incruster dans les rêves des gens était un vrai bonheur, et c'était même encore mieux quand les rêves des humains les menaient à elle. Tellement plus réjouissant que de devoir aller à la pêche... Un dernier claquement de doigts, et les bottes disparurent de nouveau. Erynie reprit, murmurant sa première phrase à l'oreille de la brune avant de l'éloigner de son visage et de reprendre un ton d'une hauteur normale :

Bien, je pense que tu as compris la leçon. Tu es dans un monde dans lequel tu n'as aucun pouvoir, et où je les ai... Presque tous. Tu comprendras aussi que je ne peux pas encore te rendre tes bottes, parce que ça ne serait pas équitable envers ta blondasse de copine et que c'est bien marrant de vous voir accoutrées comme ça, mais je te promets, sauf si un voleur de ton monde te les pique dans ton sommeil, que tu les retrouveras à ton réveil.

Et elle la lâcha, laissant l'humaine s'écraser sur le sol. Si elle n'était pas plus dure du crâne que la plupart de ses congénères, elle plierait et n'essaierait plus guère de lui hurler dessus. Question d'orgueil, après tout... En général, on marquait un peu plus de déférence envers elle. On devrait toujours respecter ce qui peut vous bouffer... Mais celle-là n'y avait pas l'air décidée à l'origine, d'où une démonstration un peu musclée. Croisant les bras, la créature baissa le regard vers les deux locataires de l'Antichambre, un demi-sourire amusé aux lèvres.
Cistude
[J'irais pisser sur tes sandales.]

Ça c'est l'histoire de Cistude la sandalé. C'est étonnant, mais c'est comme ça. Ses bottes de cuirs se sont fait la malles en toute beauté, dans le potager levanesque. Et de sandales grecs elle était maintenant chaussée. Cistude était donc le premier reptile aux sandales de cuirs et béret de choux. Manquerait plus qu'un radis pour compléter le tableau... Un mainois est demandé à l'Antichambre, merci. Un bon gros mainois de compétition qui agite ses seins de Bakélite sur une danse gaie, pour des Saints macabres. Genre l'autre timbré du coquillard aussi rouge que le cul d'un babouin par une nuit sans lune et des ailes de piafs déplumés ? Innovons, la bête faisait-elle partie de la classe des sexes pointus ? En tout cas, Cistude préfèrait le rôle de la muette, celle qui s'écrasait comme un haricot devant un géant vert. Parce que l'autre là, la Rebeltouf, certes on y devinait un tempérament de flammèche sous les lourdes boucles mais se mesurer à un hybride sorti des contes Lunaires valait mieux se la boucler pour les trois prochains siècles. C'était du suicide.

D'ailleurs la Cistude restait à l'écart derrière une cachette invisible et son sang se glaça lorsque Erynie posa un regard dantesque sur sa pauvre carapace. L'instant n'avait duré que quelques secondes, mais cela avait suffi pour la convaincre de ne pas tenter une attaque kamikase. Dommage car une idée lui trottinait dans le nénuphars tantôt : se faufilant derrière le monstre à pas de loup tandis que sa comparse brune distrairait l'affreuse Chose, la Tortue sauterait sur le dos de l'animal et établirait un lien spirituel entre eux à l'aide d'une tresse de poney qu'elle sortirait de... quelque part. Car oui, pour débourrer un gros bouc Suppôt du Sans-nom suffit de le prendre par les cornes avec des crins de poneys claustrophobes. C'est du vécu, aucuns mensonges ne sortira de ce texte foi d'siphonnée ! Essayez un de ces jours, au pire vous risquez juste de vous faire embrocher. C'est pas méchant, c'est pour s'a-m-u-s-e-r.


Folie, quand tu nous tiens...

Alors que la brune se faisait secouer comme un pruneau, la Blonde convaincue qu'il ne valait mieux ne pas piper mot même pour un péni se demmerdait en solitaire pour retirer ses bretelles. A défaut de retirer son marcel blanc... En silence du moins elle essaya. "PIRATES !! Vas-y que je me tords, que je remue mes fesses, que je me roule comme un goret par terre en piaillant, et qu'au final une bretelle me claque dans l'œil..." La Blonde éclata aussitôt un juron coloré, plaquant d'un geste théâtral sa main sur sa paupière. La bretelle seyait son haillon immaculée. C'est en glissant son regard sur celle-ci que la blondasse compris que cet accessoire de pèlerin prenait un malin plaisir à la faire chier, ne mâchons pas. Ce fut LA mimique de trop. Quand ce n'était pas l'une qui devenait hystérique pour des bottes, c'était l'autre frénétique qui s'en prennait aux bretelles. Erynie, t'es pas sortie de l'Antichambre... Redressant la tête en silence à la façon d'un Cow-boy mystérieux dans le désert africain, l'œil gauche rougi et l'autre plissé en signe de défi, la Cistude donna un coup de rein de côté. Puis la blondasse esquissa un geste brutal de la main en direction de la créature, son majeur et son annulaire repliés. Aussi surprenante qu'allumée, la Blondasse se mouva jusqu'à la créature en roulant des hanches dans ses frusques, agressive. Elle entama une parade d'intimidation :

"Avec mes guenilles je déboule dans la rue,
Derrière moi un nain il me gratte le cul.
Ouais c'est normal j'suis crade
Avec ma ch'mise miteuse, elle me moule pas du tout y'a même mes poils qui dépassent !" *

Ses rimes achevés, la Cistude enchaina d'un ton ferme tandis que d'un coup de coude elle dégageait la brune de la face du monstre :

-Alors t'es gentille va voir ailleurs si on y est pas, putain d'diantre !

Un souffle chaud roula sur la peau de l'Artiste, et une odeur de mouette crevée la saisie. La vagabonde déglutit devant l'expression d'Erynie qui elle/il, n'était pas impressionné pour un sous, et avant de se prendre la rouillée de sa vie la Blonde prononça ses derniers mots, un sourire foutrement crispé sur les lèvres tremblantes :

-Euh... c'était de la blague. Tu nous fais visiter... ?

* de la joueuse Rebeltouf qui a absolument voulu faire savoir au grand public son sens du rythme

_________________
--Erynie
Et v'là que l'autre entrait dans la danse... Qui pouvait penser que les humaines pouvaient être si marrantes ? Dégaine curieusement améliorée par une gouaille joyeuse et de curieux signes de la main, la blonde venait faire son cirque devant elle. Un nouveau sourire étira les lèvres d'Erynie. Ces deux-là, bien qu'avec toutes leurs différences de style, avaient quelque chose d'amusant. Décidément, elle avait de la chance d'avoir récupéré ces deux rêveuses. Elles avaient du répondant et n'essayaient pas de s'évaporer pour un rien, elles, au moins, étaient capable de supporter un début de cauchemar. Rah, les jeunes, de nos jours... Même plus foutus de supporter une créature pas comme eux. Où va l'monde, ma pov'dame... Laissant ces considérations légères de côté, la créature revint à l'interruptrice et gronda amicalement :

T'es marrante, la blondasse. On ne te l'avait jamais dit ?

De la paume, Erynie flatta la joue de la Cistude, notant sa requête dans un coin de son esprit. Elle était folle mais pas téméraire, celle-là, elle préférait que les angles s'arrondissent... Il y aurait peut-être moyen de la pousser un peu. L'autre, la brune qui l'avait défiée, devait en avoir un peu plus dans le ventre, ou alors était tout simplement suicidaire. Les plus intéressants de tous... Allez, on allait pousser le bouchon. Après tout, la blonde l'avait demandé... Et la peau-rouge de reprendre :

Bon, allez. C'est bien parce que vous êtes mignonnes et qu'j'ai pas des masses de visites, mais j'vais vous faire visiter un peu les lieux.

Demi-tour et ample mouvement du bras pour désigner la salle juste assez théâtraux pour montrer l'ironie de ce qui allait suivre. Sauf si les humaines n'avaient pas le même sens de l'humour qu'elle, ce qui était bien possible.

Vous êtes ici, mesdemoiselles, dans la fabuleuse, la gigantesque, l'infâme Antichambre des Cons, comme mon confrère et moi aimons l'appeler. Vous avez vu un panneau à l'entrée ? Il varie un peu selon les gens qui déboulent comme vous, il peut indiquer "Antichambre", rien du tout et être simplement absent, ou alors il indique "Antichambre des Cons". Enfin, dans ce dernier cas, je dois dire qu'on n'a pratiquement personne d'assez... Eh bien, d'assez con pour entrer. Z'avez vu quoi, vous ?

La question, naturellement purement rhétorique, fut accompagnée d'un gloussement. De toute façon, peu importait ce qu'elles avaient vu, elles n'oseraient jamais l'admettre si l'inscription était la plus explicite de toutes... Et l'idée de la visite suivait lentement son chemin. Il fallait maintenant ferrer le poisson. Aussi la créature continua-t-elle :

Bien. L'Antichambre, c'est chouette, mais c'est un peu limité au bout d'un moment. On est d'accord, hmm ? On a vite fait le tour. Alors j'aimerais bien vous embarquer pour un endroit un peu plus pittoresque. Mon marais a beau être très bien, il manque un peu de chaleur.

Au dernier mot, l'effet ne se fit pas attendre, Erynie se sentit pousser comme une nouvelle paire d'ailes. Les lèvres de la créature se retroussèrent légèrement. La chaleur, son élément, sa source, sa naissance. Un bon, un gros, un énorme brasier, voilà ce qu'il lui fallait. La sublime danse des flammes léchant sa peau rouge, la douceur infinie de leur chaleur sur sa peau, comme un baiser tendre déposé sur les lèvres d'une femme encore innocente, la pureté absolue de la Lune se reflétant dans ses iris blancs, se noyant dans ses pupilles de chat... Le souvenir de l'intensité du regard de son Maître lui revint, lui arrachant un frisson d'extase et un sourire ravi, pour autant que son visage pouvait trahir pareille émotion. Et, d'une voix assourdie par l'envie de retourner à son origine, Erynie murmura, presque doucement, le grondement de sa voix se transformant presque en ronronnement :

De la chaleur, la plus intense qui soit. Ca vous tente ? Pour cette fois, je peux vous promettre la Lune... Et vous y emmener.

Maître, regarde ce que je t'amène... Deux humaines, deux créatures sans défenses, à ma merci dans leur rêve, bientôt à ta portée, aux portes de ton enfer... Mon Maître, regarde donc ça ! Je vais te les amener sur mon dos, entre mes ailes, je grandirai jusqu'à devenir leur vaisseau puis reprendrai la taille que tu m'as attribuée, et je te les offrirai sur un plateau. L'une, et l'autre. La blonde et la brune, la prudente et la suicidaire. Pour Toi...
Rebeltouf
Viens petite fille dans mon Comic-Strip, viens faire des bulles….
… En Enfer Lunaire…
…Viens faire des CLIP ! CRAP ! Des BANG ! Des VLOP ! Et des ZIP !

Evanescente et lugubre, la Chose s’était déridée – ce qui ne l’arrangeait aucunement loin de là – mais la Rebel, magnanime, sait reconnaitre l’effort des hideuses créatures, aussi daigna-t-elle accorder un semblant d’attention à ce que l’écarlate bestiole voulait leur dire

[i]Z’avez-vu quoi, vous ?


Ainsi, le carpaccio ambulant de vautour déplumé voulait se gausser d’elle ?! Le sang de la face à cette provocation ne fait alors qu’un tour et, prenant une profonde inspiration, l’index pointé vers le Ciel, le visage empreint d’une sérénité digne des plus grands sages…la barbe en moins évidemment, prononça ces paroles ailées : [/i]

Voyez, il existe deux sortes de cons. [Pause dramatique] Oui, les authentiques en premier lieu, les vrais de vrai, pour qui la connerie n’est qu’une simple décontraction de leur intelligence sans conteste supérieure … moi quoi… l’autre étant celle des cons dits d’ornement, ces immondes piliers de taverne, qui font de la lourdeur leur pain quotidien, ce genre de cons qui endorment les cons authentiques, d’ailleurs ! Raison qui aurait pu m’amener ici si je n’savais c’que j’sais…

Regard circulaire qui englobe l’Antichambre afin de jauger l’assemblée, des visages cois, des regards fixes, rien… La marque d’une grande admiration certainement, du respect à l’état pur à n’en point douter, se dit-elle. Bien, gentilles ouailles.
Bien sûr elle n’allait pas dire qu’elle était livrée à son seul ennui dans une plaine désertée de tous marchands… D’ailleurs, elle souffle sur une mèche ébène qui lui barrait vilainement le visage, tout ça histoire de se donner une contenance, un certain aplomb, les bras croisés sous la poitrine.
Elle avance.
Suit la trainée de fumée grisâtre qui s’échappe de sous les lambeaux de leur guide infernale, s’évaporant en des nuées fétides, qui chatouillaient ses narines, soulevaient son cœur.
De la chaleur, que la Bête avait dit. De la chaleur… La Chose avait parlé d’une voix drôlement altérée, alanguie, quant à savoir par quoi, le mystère restait complet.
De la chaleur, rien qui n’atténuerait ces relents insupportables, doucereux… à cette idée La Brune s’en sent d’autant plus nauséeuse, retient un haut-le-cœur.

Elle se penche alors vers sa comparse de rêverie, partager sa crainte :


Dis-moi…Si je vomis ici…tu crois que je vais me gerber dessus en vrai ?!...
Cistude
[J'adore la bière glacée. Quand elle me coule dans la gorge, ça me...]

-Fait pas rire. Ca n'me fait pas rire ! Moi, drôle ? Mais t'es complètement timbrée ! Si j'veux j'te fais chialer jusqu'à la mort, foutre-cul !

Voilà la Blondasse vexée, ses bras croisés sur sa mince poitrine et les lèvres boudeuses. Habituellement, dans la dure réalité des choses, elle ne se serait jamais abandonné à de tels enfantillages. Bouder, c'est pour les chiards, les morveux, les cons. Mais sensiblement, son comportement se muait dangereusement ici, merde quel bordel. La Cistude décroise les bras, se passe la main sur un zeste de vase qui lui barre le front. Son marais, c'est elle qui en avait rêvé. Y'a aucune bête écarlate incrustée dans son paradis marécageux, d'où que la bestiole s'appropriait le marais ? La Blonde voulut ouvrir son bec, protester, mais c'est Rebeltouf qui fut la plus rapide.

La fameuse théorie sur les cons... La mâchoire de la Blonde tomba jusqu'aux chevilles. Elle se trouvait en présence de l'auteur de cette théorie studieuse, poignante de vérité ! Des yeux admiratifs parcoururent la brune, puis son regard se ravisa bien vite sur ses sandales grecques. Tiens, elle les ramènera au Grec d'la troupe. Cette fois, c'est à la Blonde de causer un brin. Elle prépare un son grave cherché au fin fond de sa gorge et...


-Bien. L'Antichambre, c'est chouette, mais c'est un peu limité au bout d'un moment. On est d'accord, hmm ? On a vite fait le tour. Alors j'aimerais bien vous embarquer pour un endroit un peu plus pittoresque. Mon marais a beau être très bien, il manque un peu de chaleur.
-Dites, j'peux vraiment pas en caser une ?


Seule réponse, un brasier s'allume devant elles et une fumée enfuma les lieux. Doit-elle prendre ça pour un non ? La Blonde s'accrocha aux bretelles de sa comparse, qu'est-ce que ça serait con si elle se paumait dans l'Antichambre. La tignasse de la gueuse devint aussi noire que les mains d'un ramoneur et d'une voix rauque, la Cistude se pencha en réponse à l'oreille de sa comparse :

-Oui, j'crois. T'es un peu conne, c'est logique...

Cistude secoua doucement la tête, dépitée. Mais la queue d'Erynie chatouilla le bec de la Tortue, lui faisant oublier bien vite la connerie de sa comparse, et sans prendre garde, elle empoigna à pleine main le pédoncule de la Bête. Elle se donna pour excuse qu'il valait mieux ne pas se perdre dans le coin et la Blonde jeta un regard complice à la Brune l'air de dire "vas y fait comme moi, c'est Erynie qu'm'a dit qu'on pouvait lui tirer la queue". Elle appuya ses dires par un sourire confiant, et comme si la bestiole était une de ces grandes amies la Blondasse claqua une main sur le fessier de l'Ecarlate en gueulant :

Hé dites donc marchin, c''possible d'faire moins d'fumée ? Et il faut un peu chaud hein !

Cistude, t'es vraiment conne.
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