Rudolf_karnap
Suite des RP débutés à propos de la guerre en Savoie et plus précisément des combats autour d'Annecy. Lieu de choix pour les actions futures et passées autour des combats pour le contrôle d'Annecy. Début du RP
[Le soir du troisième assaut]
Doux sommeil du juste qui frappe lépuisé à la conscience calme. Doux sommeil qui se refuse au bocan pourtant exténué. La brise fraîche qui vient atténuer la dernière trace thermique de la belle qui vient de le quitter? Non coupable. Les draps défaits quil na pas, pensif, prit le temps de replacer? Non coupable. Quelconque regret inavoué? Peut-être Pas vraiment Ah si? Inquiétude? On se rapproche. Quoi quil en soit, le colosse se met en branle, se lève, évite lappui douloureux de sa claudicante et enfile ses vêtements. Une pensée pour la cape quil regrette avoir oubliée, il quitte la tente.
À son regard soffre un camp vide, la rumeur du combat lui parvient. Il se hâte dans le noir de la nuit vers son étoile des bergers faite de lueurs de torches et de reflets métalliques. Le fracas familier soffre bientôt dans toute sa grandeur à son oreille. Frappe les épées, cognent les boucliers, fracassent les haches, froissement du métal. La lune alliée à la neige donne un air onirique à la scène. Léclaire sans lui conférer plus de clarté. Un frisson ébranle le colosse qui cherche des yeux les siens. Son acier sonde le visage des combattants, court de lun à lautre. La neige étouffe les sons, noie les perceptions du Réformé qui doute tout dun coup de son éveil.
Spectateur dun affrontement entre deux armées fantômes muettes, le géant chancèle, tombe. La morsure du froid le réveille, digne messagère de la blessure du colosse une douleur cuisante foudroie son flanc gauche. Couché dans la neige, frissonnant, les bruits à ses oreilles deviennent réels, à nouveau fracassants, tonitruants, chaotiques. Tout semblant dordre que sa fièvre lui avait inspiré disparait et il se relève. Prit dune nouvelle détermination, il savance parmi les combattants qui regagnent déjà leurs camps. Bute sur des corps, inconnus, Savoyards, Helvètes, Lions, Hydriques, Eldoradesques, les blessures sont profondes, il les ignore, tout pris dans légoïsme de ses inquiétudes pour ses proches.
Ses yeux hagards fouillent les cadavres, quand soudain, il arrête ses recherches chaotiques. Il suit de lil lécarlate qui rompt limmaculé de la neige. Ses aciers chevauchent livoire souillé de vermillon. Son esprit se refuse à comprendre un bref instant, linstant précédant, le voilà penché sur le corps. Autant, sinon plus blessé que les précédents, une volonté ineffable dépargner mort à celle-là létreignit. Une de ses mains visita le vide habituellement comblé par sa besace et un juron retentit. Quel idiot il était. Ni une ni deux, sa chemise est en lambeaux et ces derniers sont en passe doccuper lemploi le plus noble de leur courte carrière, bandages à titre temporaire. Il serre, il noue, il bloque lhémorragie au cou, puis à la poitrine. Un vif examen lui apprend que le cur remplit encore son office. Il croit apercevoir les paupières papilloter, les lèvres sentrouvrent et laissent échapper un souffle qui pourrait vouloir contenir des mots. Gardant lexhortation au calme habituelle dans ces cas pour lui, il soulève la Belette, faisant fi de sa propre douleur et se dirige hâtif vers sa tente.
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