Ellya
Humph... Pas là... Ni là... "Livre sur les plantes"? Qui est l'idiot qui a ... Ah, oui, c'est vrai.
Tête plongée dans les livres qu'elle avait "empruntés à long terme" au curé de Blaye, la jeune femme cherchait sans relâche des informations sur cette autre religion qui est sur beaucoup de lèvres mais dont, étrangement, les informations précises et détaillées à son sujet se voient être rares. Voire inexistantes?
Toujours rien?
Payen regardait par la fenêtre le mouvement des badauds en quête d'une demoiselle à trousser qui ferait son affaire pour le soir. Non. Les questions de sa maîtresse ne l'intéressaient pas. Mais il était payé pour parler alors...
Non. Rien! Regarde-moi ça!
Elle brandissait un des emprunts.
"Notes sur l'élevage de cochons". Et il apporte ça à un mariage!?
Mariage où la nonnette avait demandé de l'aide au frère Kronembourg.
Mais ce n'est pas la question.
Non, en effet.
Et pourquoi ne pas vous rendre à Rome?
Pas le temps. J'ai besoin de savoir, maintenant. Puis Rome, quoi.
Quoi quoi?
C'est infect, les rues empestent, les gens sont étranges et je ne sais jamais si je vais revenir entière voire revenir tout court tant il y a de rues...
Ah.
Lourd silence dans la chambre d'auberge.
Et pourquoi ne pas demander à cet homme là...
Quel homme?
Celui qui fait hurler les ménagères.
Aussitôt, la religieuse s'empourpra. Non, non, non, elle ne voulait pas savoir tout cela, non... C'était trop gênant et... Hurler, carrément? On pouvait hurler de plaisir?
Pas dans ce sens-là... Redescendez sur terre.
Ah.. Mais oui.. Évidemment, je...
Je parlais des Aristotéliciennes. L'homme. Celui qui vit à Montauban. Le balafré. Bordel, comment il s'appelle...
Celui qui a reformé?
Ellya aussi aurait aimé reformer sa famille... Sourire.
Avec un I comme Igor?
Parce que certaines choses marquent les esprits naïfs.
C'est ça!
Tu aurais dû dire: le charpentier!
Haem... En fait...
Et il saura?
Peut-être.
Victoire!
Parce qu'on peut crier victoire sans avoir tuer la peau de l'ours (ou quelque chose comme ça) quand on est optimiste. Et elle l'était. Pour dix.
Plume! Parchemin! Encre! Et tout le reste!
Attablée, elle commença alors sa jolie missive.
Très cher messer Iohannes,
Je me permets de vous écrire ce jourd'hui car vous êtes mon unique, que dis-je, mon dernier espoir!
Après maintes recherches dans des livres en tous genres, je n'ai pu trouver de réponse à ma question. Question si simple pourtant.
Mais vous ne me connaissez pas alors il convient sans doute de me présenter à vous avant de plus amples explications.
Je m'appelle Ellya de la Duranxie, actuellement sacristine en le singulier village de Marmande. Comme vous devez vous en douter, j'enseigne la pastorale. Or, étrangement, un détail m'a 'sauté aux yeux' comme disent certains, en relisant un extrait de la présentation de l'Aristotélisme.
Deux mots, à vrai dire. Mais je ne vous embêterai qu'avec un seul: l'Averroïsme. L'on m'a dit que vous sauriez très certainement m'en parler voire, si vous avez le temps et la gentillesse nécessaires, me l'expliquer.
J'imagine que pratiquer votre art - que je respecte, je vous l'assure - doit vous demander un temps qui vous force à négliger d'autres choses.
Mais je vous implore, messer, de partager vos connaissances avec l'humble femme que je suis et qui ne demande qu'à ne plus être seulement capable de répondre un mot quand on lui parle de l'Averroïsme: Averroes...
Avec mon plus grand respect,
Et tout le reste,
Ellya de la Duranxie,
Votre obligée
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Tête plongée dans les livres qu'elle avait "empruntés à long terme" au curé de Blaye, la jeune femme cherchait sans relâche des informations sur cette autre religion qui est sur beaucoup de lèvres mais dont, étrangement, les informations précises et détaillées à son sujet se voient être rares. Voire inexistantes?
Toujours rien?
Payen regardait par la fenêtre le mouvement des badauds en quête d'une demoiselle à trousser qui ferait son affaire pour le soir. Non. Les questions de sa maîtresse ne l'intéressaient pas. Mais il était payé pour parler alors...
Non. Rien! Regarde-moi ça!
Elle brandissait un des emprunts.
"Notes sur l'élevage de cochons". Et il apporte ça à un mariage!?
Mariage où la nonnette avait demandé de l'aide au frère Kronembourg.
Mais ce n'est pas la question.
Non, en effet.
Et pourquoi ne pas vous rendre à Rome?
Pas le temps. J'ai besoin de savoir, maintenant. Puis Rome, quoi.
Quoi quoi?
C'est infect, les rues empestent, les gens sont étranges et je ne sais jamais si je vais revenir entière voire revenir tout court tant il y a de rues...
Ah.
Lourd silence dans la chambre d'auberge.
Et pourquoi ne pas demander à cet homme là...
Quel homme?
Celui qui fait hurler les ménagères.
Aussitôt, la religieuse s'empourpra. Non, non, non, elle ne voulait pas savoir tout cela, non... C'était trop gênant et... Hurler, carrément? On pouvait hurler de plaisir?
Pas dans ce sens-là... Redescendez sur terre.
Ah.. Mais oui.. Évidemment, je...
Je parlais des Aristotéliciennes. L'homme. Celui qui vit à Montauban. Le balafré. Bordel, comment il s'appelle...
Celui qui a reformé?
Ellya aussi aurait aimé reformer sa famille... Sourire.
Avec un I comme Igor?
Parce que certaines choses marquent les esprits naïfs.
C'est ça!
Tu aurais dû dire: le charpentier!
Haem... En fait...
Et il saura?
Peut-être.
Victoire!
Parce qu'on peut crier victoire sans avoir tuer la peau de l'ours (ou quelque chose comme ça) quand on est optimiste. Et elle l'était. Pour dix.
Plume! Parchemin! Encre! Et tout le reste!
Attablée, elle commença alors sa jolie missive.
Très cher messer Iohannes,
Je me permets de vous écrire ce jourd'hui car vous êtes mon unique, que dis-je, mon dernier espoir!
Après maintes recherches dans des livres en tous genres, je n'ai pu trouver de réponse à ma question. Question si simple pourtant.
Mais vous ne me connaissez pas alors il convient sans doute de me présenter à vous avant de plus amples explications.
Je m'appelle Ellya de la Duranxie, actuellement sacristine en le singulier village de Marmande. Comme vous devez vous en douter, j'enseigne la pastorale. Or, étrangement, un détail m'a 'sauté aux yeux' comme disent certains, en relisant un extrait de la présentation de l'Aristotélisme.
Deux mots, à vrai dire. Mais je ne vous embêterai qu'avec un seul: l'Averroïsme. L'on m'a dit que vous sauriez très certainement m'en parler voire, si vous avez le temps et la gentillesse nécessaires, me l'expliquer.
J'imagine que pratiquer votre art - que je respecte, je vous l'assure - doit vous demander un temps qui vous force à négliger d'autres choses.
Mais je vous implore, messer, de partager vos connaissances avec l'humble femme que je suis et qui ne demande qu'à ne plus être seulement capable de répondre un mot quand on lui parle de l'Averroïsme: Averroes...
Avec mon plus grand respect,
Et tout le reste,
Ellya de la Duranxie,
Votre obligée
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