Johanara
Lignières. Deux rouquines et Un Cadavre.
Voilà quelques jours que le corps du pauvre marchand reposait en la Crypte de la Chapelle Saint Louis.
La Baronne savait que le bougre était le patriarche dune famille nombreuse et que sa veuve commençait à piailler au village que la sorceresse rousse qui leur tenait lieu de châtelaine avait jeté un sort à son époux afin quil reste au Castel et lui serve desclave jusquà la fin de ses jours.
Moult légendes entouraient la jeune femme dans les bas fonds du bourg en aval du Château. Des soudards, des repris de justice, de la racaille des hameaux voisins venus se réfugier à Lignières,connu pour lindulgence et la générosité de la maîtresse des lieux. Non seulement elle fermait les yeux sur leurs petits larcins mais le dimanche après la messe elle leur distribuait du pain et des vêtements chauds.
On disait chez les plus superstitieux et les plus ignares que la jeune femme était une sorcière dont les longs cheveux roux se muaient en vipères voraces dès la nuit tombée. Ou bien encore que ses grands yeux limpides et du plus doux des verts attiraient les hommes comme des phares venimeux et quelle leur dévorait le cur.
Ma chère Candice, il va nous falloir descendre au village, rendre le corps à la famille du marchand afin quil puisse avoir des funérailles décentes. Nous allons prendre de largent et dédommager sa veuve et peut être que nous la ramènerons icelieu. Une place de lingère lui permettra de subvenir aux besoins de ses mioches
En vérité, la jeune Baronne était ruinée. A force de recueillir tous les nécessiteux, de les nourrir et de leur donner des gages, elle avait dilapidé en quelques années la fortune familiale. Ses rentes bien quélevées ne suffisaient plus à entretenir tous les orphelins et les veuves quelle avait ramassé au gré de ses voyages et de ses pérégrinations. Si le Castel nécessitait une dizaine de valets et de chambrières, elle en employait le triple juste pour pouvoir fournir de louvrage aux éclopés, aux lépreux et aux crève-la faim des alentours. Le Domaine grouillait denfants abandonnés et de mendiants.
Il lui faudrait bientôt sacrifier son train de vie fastueux , ses toilettes luxuriantes si elle continuait à se prendre pour Sainte Jojo des pouilleux.
Quon fasse sceller les chevaux! Nous partons pour le village! La garde? Pas besoin, jaimerais que notre arrivée soit discrète. Cest une tragédie pour ces enfants et cette pauvre femme, point besoin dattirer lattention avec le coche ou lescorte
Vous êtes prête ma sur?
_________________