Calyce.
B'jour. Du nouveau ?
Et toujours la même réponse à cette question imposée comme un rituel depuis la dernière attaque romaine en Anjou. Toujours cette même servante qui répond par la négative en secouant la tête et la Dénéré de grimacer en trempant dans l'eau tiède le linge destiné à toiletter celle qui dort là sur ce lit depuis trop longtemps maintenant. Ce même soupire quotidien qu'elle laisse s'échapper devant l'immobilité de sa moitié, son autre : Clélie.
Les cicatrices laissées par les saintes lames ont presque disparues, plus de sang à éponger ni de précautions à prendre pour éviter de rouvrir ou d élargir les blessures. Mais faut croire que ça ne va pas suffire à lui faire ouvrir les yeux, à lui faire s'étirer ce sourire taquin qu'a le don d'enrager son ainée, à faire entendre sa petite voix criarde. Non, elle est juste allongée là comme la petite poupée de chiffon à ses côtés.
Pas pour autant que l'ainée perd espoir. Non.
Bavarde pendant qu'elle passe la serviette imbibée d'eau sur le corps inerte. Et vas-y que je te raconte ma vie en commençant par ce qui lui arrive à elle, aux amis qu'elles ont en commun, lui décrivant ceux qu'elle ne connait pas pour finir par lui raconter ce qu'elle a appris de nouveau, histoire de partager. Persuadée qu'elle l'entend, lui éviter d'avoir trop de retard quand enfin elle daignera ouvrir les paupières sur les deux noisettes brillantes qui lui manquent tant.
Allez d'bout, Clé. S't'ouvres les yeux je te parle du prochain château qu'on va visiter...
J'te donnerai mes sous ?
On ira en Lorraine voir Zah ?
On visera les poules comme quand n'était toutes petites ?
Tu te marieras avec Eoghan et je dirai rien !
Une Clélie toujours muette et une Calyce qui esquisse un sourire nostalgique en voyant défiler les images que lui font remémorer ces questions. Toilette finie, la comateuse est recouverte, un baiser déposé sur le front et elle finirait par rejoindre la chambre voisine pour dormir à son tour, comme d'habitude. Sauf que cette fois-ci y a quelque chose de pas habituel. Les lèvres de la mioche se heurtent à un front trop froid quand elle veut l'embrasser. Alors c'est au tour de la main Clélienne d'être prise et baisée. Menotte aussi froide, plus lourde. Le palpitant s'emballe, la brunette approche une bougie du visage de la soeurette. Pourquoi est-ce qu'elle a la bouche bleue ? Et c'est quoi ce teint trop pâle ?
CLELIE !
M'zelle ?!
Non elle se réveille pas. C'est Odile, la servante qui ouvre la porte de façon à pouvoir passer la tête, inquiète.
Vas...vas chercher de l'eau ! J'crois qu'elle a soif. Ca va aller !
Ca va pas aller non et elle le sait au fond tout comme l'Odile qui s'exécute quand même, laissant la porte ouverte. Porte que la mioche s'empresse d'aller claquer et contre laquelle elle s'appuie en fixant la main froide qui pend au dessus du lit. Aux mirettes de s'écarquiller tout en se laissant glisser au sol pour finir assise, genoux repliés, entourés de deux frêles bras.
Elle va se réveiller, elle est trop jeune !
Hinhinhinhin... elle s'en est allée aussi. T'as vu ? Ils tombent tous comme...des mouches mouahahahaha
Le sourcil de la mioche s'arque et une silhouette ne tarde pas à se dessiner dans le coin de la pièce. Silhouette assise sur un tabouret, les jambes croisées et poulaines posées sur ce qui sert de coiffeuse-bureau et une tête que surplombe un chapeau à quatre cornes avec un grelot à leurs extrémité.
Yeux qui se plissent pour mieux voir la rangée de dents bouffonesques qui brillent dans la nuit tout comme les deux yeux sadiques qui la fixent avant qu'il ne parte dans un nouveau rire digne du sans nom... Cling-cling... Il fait danser les grelots au sommet de sa tête
T'en fais pas... moi, je vais rester.
Nan, tu peux partir.
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Et toujours la même réponse à cette question imposée comme un rituel depuis la dernière attaque romaine en Anjou. Toujours cette même servante qui répond par la négative en secouant la tête et la Dénéré de grimacer en trempant dans l'eau tiède le linge destiné à toiletter celle qui dort là sur ce lit depuis trop longtemps maintenant. Ce même soupire quotidien qu'elle laisse s'échapper devant l'immobilité de sa moitié, son autre : Clélie.
Les cicatrices laissées par les saintes lames ont presque disparues, plus de sang à éponger ni de précautions à prendre pour éviter de rouvrir ou d élargir les blessures. Mais faut croire que ça ne va pas suffire à lui faire ouvrir les yeux, à lui faire s'étirer ce sourire taquin qu'a le don d'enrager son ainée, à faire entendre sa petite voix criarde. Non, elle est juste allongée là comme la petite poupée de chiffon à ses côtés.
Pas pour autant que l'ainée perd espoir. Non.
Bavarde pendant qu'elle passe la serviette imbibée d'eau sur le corps inerte. Et vas-y que je te raconte ma vie en commençant par ce qui lui arrive à elle, aux amis qu'elles ont en commun, lui décrivant ceux qu'elle ne connait pas pour finir par lui raconter ce qu'elle a appris de nouveau, histoire de partager. Persuadée qu'elle l'entend, lui éviter d'avoir trop de retard quand enfin elle daignera ouvrir les paupières sur les deux noisettes brillantes qui lui manquent tant.
Allez d'bout, Clé. S't'ouvres les yeux je te parle du prochain château qu'on va visiter...
J'te donnerai mes sous ?
On ira en Lorraine voir Zah ?
On visera les poules comme quand n'était toutes petites ?
Tu te marieras avec Eoghan et je dirai rien !
Une Clélie toujours muette et une Calyce qui esquisse un sourire nostalgique en voyant défiler les images que lui font remémorer ces questions. Toilette finie, la comateuse est recouverte, un baiser déposé sur le front et elle finirait par rejoindre la chambre voisine pour dormir à son tour, comme d'habitude. Sauf que cette fois-ci y a quelque chose de pas habituel. Les lèvres de la mioche se heurtent à un front trop froid quand elle veut l'embrasser. Alors c'est au tour de la main Clélienne d'être prise et baisée. Menotte aussi froide, plus lourde. Le palpitant s'emballe, la brunette approche une bougie du visage de la soeurette. Pourquoi est-ce qu'elle a la bouche bleue ? Et c'est quoi ce teint trop pâle ?
CLELIE !
M'zelle ?!
Non elle se réveille pas. C'est Odile, la servante qui ouvre la porte de façon à pouvoir passer la tête, inquiète.
Vas...vas chercher de l'eau ! J'crois qu'elle a soif. Ca va aller !
Ca va pas aller non et elle le sait au fond tout comme l'Odile qui s'exécute quand même, laissant la porte ouverte. Porte que la mioche s'empresse d'aller claquer et contre laquelle elle s'appuie en fixant la main froide qui pend au dessus du lit. Aux mirettes de s'écarquiller tout en se laissant glisser au sol pour finir assise, genoux repliés, entourés de deux frêles bras.
Elle va se réveiller, elle est trop jeune !
Hinhinhinhin... elle s'en est allée aussi. T'as vu ? Ils tombent tous comme...des mouches mouahahahaha
Le sourcil de la mioche s'arque et une silhouette ne tarde pas à se dessiner dans le coin de la pièce. Silhouette assise sur un tabouret, les jambes croisées et poulaines posées sur ce qui sert de coiffeuse-bureau et une tête que surplombe un chapeau à quatre cornes avec un grelot à leurs extrémité.
Yeux qui se plissent pour mieux voir la rangée de dents bouffonesques qui brillent dans la nuit tout comme les deux yeux sadiques qui la fixent avant qu'il ne parte dans un nouveau rire digne du sans nom... Cling-cling... Il fait danser les grelots au sommet de sa tête
T'en fais pas... moi, je vais rester.
Nan, tu peux partir.
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