Della
C'était une soirée de janvier comme les autres.
La Renarde vaquait à quelques occupations. Peut-être lisait-elle ou signait-elle un traité ou encore, s'arrachait-elle les cheveux sur un projet qu'elle aimerait mener. Peu importe.
Son frère arriva.
Godefroy de Volvent.
Des semaines qu'elle ne l'avait plus vu !
Quasiment des mois...
D'où arrivait-il ?
Et comment était-il arrivé jusque là ?
L'histoire ne nous le dira pas.
Il est de ces gens qui tout d'un coup apparaissent...
Godefroy avait un air bougon.
Comme souvent.
Il toisa sa soeur.
J'ai quelque chose à te dire, ça ne te plaira pas.
Elle avait l'habitude.
Mais ce qu'il lui annonça...
Il lui tint à peu près ce langage :
Je n'aime pas ta façon de te conduire avec Orantes, je veux être chef de famille, je ne te considère plus comme une Volvent.
Et elle lui répondit :
Mais vas-y, dépêche-toi !
Le lendemain matin.
Elle avait beaucoup réfléchi.
Quelques bribes de souvenirs lui étaient revenues...et...la plume courut.
La Renarde vaquait à quelques occupations. Peut-être lisait-elle ou signait-elle un traité ou encore, s'arrachait-elle les cheveux sur un projet qu'elle aimerait mener. Peu importe.
Son frère arriva.
Godefroy de Volvent.
Des semaines qu'elle ne l'avait plus vu !
Quasiment des mois...
D'où arrivait-il ?
Et comment était-il arrivé jusque là ?
L'histoire ne nous le dira pas.
Il est de ces gens qui tout d'un coup apparaissent...
Godefroy avait un air bougon.
Comme souvent.
Il toisa sa soeur.
J'ai quelque chose à te dire, ça ne te plaira pas.
Elle avait l'habitude.
Mais ce qu'il lui annonça...
Il lui tint à peu près ce langage :
Je n'aime pas ta façon de te conduire avec Orantes, je veux être chef de famille, je ne te considère plus comme une Volvent.
Et elle lui répondit :
Mais vas-y, dépêche-toi !
Le lendemain matin.
Elle avait beaucoup réfléchi.
Quelques bribes de souvenirs lui étaient revenues...et...la plume courut.
Citation:
Pardonnez mon outrecuidance, messire, à venir ainsi troubler votre quiétude par ce courrier.
Mais, suite à votre visite aussi inattendue que rapide, il m'est revenu quelques souvenirs que j'aimerais vous partager.
Je me rappelle lorsque vous êtes revenu à Beaumont.
Il y avait déjà de longs mois que j'étais moi-même sur les terres et que j'avais, à la sueur de mon front et par ma seule volonté, relevé ces terres.
Vous êtes arrivé au milieu de vignes que j'avais émondées, que j'avais soignées afin qu'elles produisent à nouveau ce fameux vin qui portait notre nom.
D'ailleurs, vous en avez bu ce jour-là, alors que vous reveniez d'Artois.
Oui, d'Artois...pour un Bourguignon de souche...étrange, quand même.
Mais Eldwin vous a accueilli et j'ai fait de même en vous ouvrant les bras, à vous qui reveniez et qui aviez décidé de vous installer à Beaumont.
Une chance qu'avec l'argent des récoltes de blé, j'avais pu faire refaire la toiture de l'aile gauche, là où vous logiez, sinon, vous auriez eu le ciel pour toit.
Puis, ce fut Constance...Ah, Constance de Clève, cette femme charmante, Vicomtesse que vous courtisiez et que je vous poussais à prendre pour épouse afin que vous soyez élevé à un rang que je pensais alors digne de vous.
Mais vous...vous avez préféré courir un autre jupon. Enfin, nous savons vous et moi que vous en courriez plusieurs à la fois, n'est-ce pas ? Et ce jupon vous a donné descendance. Le Ciel en soit remercié. Et Lison aussi d'ailleurs.
Tenez, en parlant de Lison, je suis étonnée que hier soir, vous ne m'ayez pas grondée pour l'attitude que j'avais envers elle. Orantes, oui, vous y avez fait allusion mais pas Lison...Oh oui, je sais que Lison sait se défendre.
J'aurais cru Orantes aussi.
Vous souvenez-vous aussi que c'est grâce à moi si la famille n'était pas retournée à la roture, à la mort d'Eldwin ?
Mais cela n'avait peut-être pas d'importance pour vous. C'est juste.
La Noblesse, c'est mon truc, pas le vôtre.
D'ailleurs, il me souvient très bien que c'est par moi que vous fûtes Seigneur, parce que j'avais entrepris ce cher Theognis et que j'ai payé pour que Beaumont vous arrive.
Malheureusement.
Entre temps aussi, il m'en souvient, vous aviez eu une "passion".
Les bateaux !
Oui, vous aviez même été nommé Amiral alors que vous ne répondiez pas aux conditions requises. Cela ne vous a jamais perturbé ? Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, comment, grâce à qui vous aviez eu ce poste ?
Evidemment, cela ne vous passionna pas longtemps.
Et vous perdîtes votre grade.
Tout comme vous perdîtes aussi Beaumont.
Oui, c'est vous qui nous l'avez fait retiré, vous et personne d'autre.
Car si je montrai les dents à Ingeburge lorsqu'elle décida de vous reprendre ce fief, dans le fond, nous savons vous et moi qu'elle n'avait pas tout à fait tort lorsqu'elle disait que vous ne le méritiez pas.
Cette terre de nos ancêtres, cette terre que j'avais moi-même cultivée, pour laquelle j'avais sué eau et sang, dans laquelle j'avais fait disparaître jusqu'à mon dernier sou...vous la perdîtes.
Tiens, mais où étiez-vous donc le jour de mon mariage ?
Je pense que je ne vous ai pas vu.
Lison, oui.
Mais vous...
Et maintenant, vous me menacez.
Vous voulez cette place de chef de famille que lâchement, à la mort de notre aîné Eldwin, vous avez refusée, me laissant porter et supporter ce fardeau, m'obligeant à de lourds sacrifices, sans la moindre parcelle de scrupule !
Vous voulez prendre la tête la famille...mais faites donc, Godefroy !
Juste une chose...
Je souris...pardonnez-moi...
Vous me dites que vous allez demander au héraut pour prendre cette place.
Auriez-vous oublié que les Volvent sont retournés à la roture et que le héraut ne s'occupe pas des familles roturières ?
Au mieux, tout ce que vous pouvez faire, c'est rayer mon nom dans le registre familial et y mettre le vôtre. Si jamais vous savez où se trouve ce registre, bien évidemment.
Allez, allez en paix, Godefroy, je ne vous en veux pas.
J'ignore la colère vis-à-vis de vous.
Faites ce que vous pensez qu'il faut faire, pour les Renarts.
Mais jamais, jamais, vous ne me retirerez ce nom que je porte avec fierté en pensant à mon frère, celui qui le fut jusqu'au bout.
Puisse le Très Haut vous bénir et bénir vos enfants.
Je prierai pour que le Ciel vous accorde assez de sagesse pour diriger cette famille sans en ternir le nom.
- Godefroy de Volvent,
A toi qui aurais pu être mon frère, jusqu'à la fin.
Pardonnez mon outrecuidance, messire, à venir ainsi troubler votre quiétude par ce courrier.
Mais, suite à votre visite aussi inattendue que rapide, il m'est revenu quelques souvenirs que j'aimerais vous partager.
Je me rappelle lorsque vous êtes revenu à Beaumont.
Il y avait déjà de longs mois que j'étais moi-même sur les terres et que j'avais, à la sueur de mon front et par ma seule volonté, relevé ces terres.
Vous êtes arrivé au milieu de vignes que j'avais émondées, que j'avais soignées afin qu'elles produisent à nouveau ce fameux vin qui portait notre nom.
D'ailleurs, vous en avez bu ce jour-là, alors que vous reveniez d'Artois.
Oui, d'Artois...pour un Bourguignon de souche...étrange, quand même.
Mais Eldwin vous a accueilli et j'ai fait de même en vous ouvrant les bras, à vous qui reveniez et qui aviez décidé de vous installer à Beaumont.
Une chance qu'avec l'argent des récoltes de blé, j'avais pu faire refaire la toiture de l'aile gauche, là où vous logiez, sinon, vous auriez eu le ciel pour toit.
Puis, ce fut Constance...Ah, Constance de Clève, cette femme charmante, Vicomtesse que vous courtisiez et que je vous poussais à prendre pour épouse afin que vous soyez élevé à un rang que je pensais alors digne de vous.
Mais vous...vous avez préféré courir un autre jupon. Enfin, nous savons vous et moi que vous en courriez plusieurs à la fois, n'est-ce pas ? Et ce jupon vous a donné descendance. Le Ciel en soit remercié. Et Lison aussi d'ailleurs.
Tenez, en parlant de Lison, je suis étonnée que hier soir, vous ne m'ayez pas grondée pour l'attitude que j'avais envers elle. Orantes, oui, vous y avez fait allusion mais pas Lison...Oh oui, je sais que Lison sait se défendre.
J'aurais cru Orantes aussi.
Vous souvenez-vous aussi que c'est grâce à moi si la famille n'était pas retournée à la roture, à la mort d'Eldwin ?
Mais cela n'avait peut-être pas d'importance pour vous. C'est juste.
La Noblesse, c'est mon truc, pas le vôtre.
D'ailleurs, il me souvient très bien que c'est par moi que vous fûtes Seigneur, parce que j'avais entrepris ce cher Theognis et que j'ai payé pour que Beaumont vous arrive.
Malheureusement.
Entre temps aussi, il m'en souvient, vous aviez eu une "passion".
Les bateaux !
Oui, vous aviez même été nommé Amiral alors que vous ne répondiez pas aux conditions requises. Cela ne vous a jamais perturbé ? Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, comment, grâce à qui vous aviez eu ce poste ?
Evidemment, cela ne vous passionna pas longtemps.
Et vous perdîtes votre grade.
Tout comme vous perdîtes aussi Beaumont.
Oui, c'est vous qui nous l'avez fait retiré, vous et personne d'autre.
Car si je montrai les dents à Ingeburge lorsqu'elle décida de vous reprendre ce fief, dans le fond, nous savons vous et moi qu'elle n'avait pas tout à fait tort lorsqu'elle disait que vous ne le méritiez pas.
Cette terre de nos ancêtres, cette terre que j'avais moi-même cultivée, pour laquelle j'avais sué eau et sang, dans laquelle j'avais fait disparaître jusqu'à mon dernier sou...vous la perdîtes.
Tiens, mais où étiez-vous donc le jour de mon mariage ?
Je pense que je ne vous ai pas vu.
Lison, oui.
Mais vous...
Et maintenant, vous me menacez.
Vous voulez cette place de chef de famille que lâchement, à la mort de notre aîné Eldwin, vous avez refusée, me laissant porter et supporter ce fardeau, m'obligeant à de lourds sacrifices, sans la moindre parcelle de scrupule !
Vous voulez prendre la tête la famille...mais faites donc, Godefroy !
Juste une chose...
Je souris...pardonnez-moi...
Vous me dites que vous allez demander au héraut pour prendre cette place.
Auriez-vous oublié que les Volvent sont retournés à la roture et que le héraut ne s'occupe pas des familles roturières ?
Au mieux, tout ce que vous pouvez faire, c'est rayer mon nom dans le registre familial et y mettre le vôtre. Si jamais vous savez où se trouve ce registre, bien évidemment.
Allez, allez en paix, Godefroy, je ne vous en veux pas.
J'ignore la colère vis-à-vis de vous.
Faites ce que vous pensez qu'il faut faire, pour les Renarts.
Mais jamais, jamais, vous ne me retirerez ce nom que je porte avec fierté en pensant à mon frère, celui qui le fut jusqu'au bout.
Puisse le Très Haut vous bénir et bénir vos enfants.
Je prierai pour que le Ciel vous accorde assez de sagesse pour diriger cette famille sans en ternir le nom.
- Della de Volvent.
C'était vrai qu'elle n'était pas en colère.
Au plus, elle était déçue et avait pitié de Godefroy.
Elle pensa aussi à Lison et aux enfants. Elle prierait pour eux.
La lettre fut confiée à un messager et aux caprices des aléas de la vie.
Peut-être arriverait-elle, peut-être pas.
Quelle importance ?
Il flottait comme un parfum...
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[Blason en réactualisation]
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Della de la Mirandole d'Amahir-Euphor
Chambellan de Bourgogne