Marumaru
Sa vue regagnait peu à peu en clarté. Echoué sur le sol frais comme il l'était, lhomme perçut une bise glacée qui, dans sa course au ras du sol, en lui caressant les joues et en ébouriffant ses cheveux sales, lui ramenait les souvenirs dun monde par bribes.
Non point le monde flottant dans lequel il s'éveillait mais celui d'un songe, plus vraisemblablement réel, qui l'avait transporté peu auparavant :
Lui, enfant, se faisant conter par une figure préceptrice cette ère obscure de guerre perpétuelle qui finalement, de guerre lasse, éructerait au sommet dun charnier séculaire un meneur. Un despote éclairé qui instaurerait, par une dynastie unificatrice, cette hypocrisie que lon nomme paix et qui se maintiendrait dapparat jusquà ce que la trahison et les attentats suivants réclameraient leur pesant du en chair humaine. Et puis, cette épopée historique balayée, fut alors quil vit le perpetuum, cet infâme serpent se mordant la queue, renoncer à sa parfaite circularité pour devenir une ligne finie, onduler, vivre, croître pour recouvrir de son vol le champ entier de son rêve, se muant ainsi en un dragon céleste, terrible, qui de son immense gueule engloutit toute lumière. Les vents de la Destinée avaient tourné aux battements de ses ailes écaillées.
Les images, comme prémonitoires, lui étaient revenues avec une étonnante acuité, si bien quelles ramenèrent avec elles des traits cinglants de douleur que lui causait sa chair meurtrie. Sa condition présente était pitoyable. Il se souvint confusément avoir été la victime dune attaque de brigands. En relevant difficilement sa tête engourdie, nouée à une nuque bastonnée et douloureuse, elle-même alitée sur un parterre de neige, il se découvrit dépossédé depuis le moindre artéfact pouvant laiguiller sur ses attributs passés, jusquau plus simple vêtement, tant lacharnement des fourbes avait été zélé. Et pourtant, malgré lamnésie, cette vie antérieure et révolue lui parut comme une nébuleuse tant son réveil agissait comme sa dissipation.
Tremblant de tout ses membres, il se mit douloureusement sur pied. Après avoir épousseté de son bras le plus valide les résidus de boues gelée et la neige fine qui recouvrait son corps , il prit une profonde inspiration dair pur et glacial comme si lozone pouvait droguer sa masse endolorie, les yeux perdus dans lazur hivernal, il se résigna enfin à faire se traîner un pied devant lautre, sur un chemin rocailleux vers la plus proche, mais incertaine, agglomération humaine.
Non point le monde flottant dans lequel il s'éveillait mais celui d'un songe, plus vraisemblablement réel, qui l'avait transporté peu auparavant :
Lui, enfant, se faisant conter par une figure préceptrice cette ère obscure de guerre perpétuelle qui finalement, de guerre lasse, éructerait au sommet dun charnier séculaire un meneur. Un despote éclairé qui instaurerait, par une dynastie unificatrice, cette hypocrisie que lon nomme paix et qui se maintiendrait dapparat jusquà ce que la trahison et les attentats suivants réclameraient leur pesant du en chair humaine. Et puis, cette épopée historique balayée, fut alors quil vit le perpetuum, cet infâme serpent se mordant la queue, renoncer à sa parfaite circularité pour devenir une ligne finie, onduler, vivre, croître pour recouvrir de son vol le champ entier de son rêve, se muant ainsi en un dragon céleste, terrible, qui de son immense gueule engloutit toute lumière. Les vents de la Destinée avaient tourné aux battements de ses ailes écaillées.
Les images, comme prémonitoires, lui étaient revenues avec une étonnante acuité, si bien quelles ramenèrent avec elles des traits cinglants de douleur que lui causait sa chair meurtrie. Sa condition présente était pitoyable. Il se souvint confusément avoir été la victime dune attaque de brigands. En relevant difficilement sa tête engourdie, nouée à une nuque bastonnée et douloureuse, elle-même alitée sur un parterre de neige, il se découvrit dépossédé depuis le moindre artéfact pouvant laiguiller sur ses attributs passés, jusquau plus simple vêtement, tant lacharnement des fourbes avait été zélé. Et pourtant, malgré lamnésie, cette vie antérieure et révolue lui parut comme une nébuleuse tant son réveil agissait comme sa dissipation.
Tremblant de tout ses membres, il se mit douloureusement sur pied. Après avoir épousseté de son bras le plus valide les résidus de boues gelée et la neige fine qui recouvrait son corps , il prit une profonde inspiration dair pur et glacial comme si lozone pouvait droguer sa masse endolorie, les yeux perdus dans lazur hivernal, il se résigna enfin à faire se traîner un pied devant lautre, sur un chemin rocailleux vers la plus proche, mais incertaine, agglomération humaine.