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[RP] Je suis malade...

Shirine
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… complètement malade, Shirine rase les murs dans les rues d’Annecy. C’est qu’il ne fait pas bon s’y promener depuis que la ville est redevenue savoyarde. Il fait sombre, il est tard. Encapuchonnée, c’est aux aguets que la rousse passe de ruelle en ruelle, agile et silencieuse. Elle porte sa sica à son côté et tient fermement son poignard dans sa main droite, caché contre son flanc, sous sa cape, dont chaque pans sont maintenus refermés à l’aide de sa main gauche. Elle essaye de se rassurer ainsi, sachant pourtant pertinemment que si elle tombe sur une patrouille, il lui faudra mieux tenter de fuir qu’essayer de se battre. Cette situation lui rappelle sa sortie du couvent, à l’époque où elle a vraiment du se confronter aux dures réalités de la vie. Finies les escapades nocturnes sans dangers après le diner et avant de dormir dans un lit chaud… Il lui avait fallut se trouver chaque soir un toit et chaque jours de quoi se remplir le ventre, tout en privilégiant la fuite au conflit lorsque ses charmes n’étaient d’aucune utilité...

Soudain, des bruits de sabots surgissent derrière elle. Shirine avise un creux entre deux maisons et s’y faufile, le temps de laisser passer la calèche. Elle colle son dos contre la pierre humide et retient son souffle. Elle écoute passer la voiture et la laisse s’éloigner avant de sortir la tête et de regarder à droite et à gauche. Mieux vaut être trop prudente…

Elle reprend son chemin et arrive à destination sans mauvaise rencontre. La maison est petite et discrète. Un peu de lumière s’échappe des fenêtres. Au moins il y a quelqu’un… Après un dernier regard alentour, Shirine se penche pour ranger son poignard dans sa botte. Elle approche de la porte et lève la main pour frapper trois coups. Il se passe un long moment. Il n’y a aucun bruit à l’intérieur. Pourtant c’est bien ici, elle en est certaine. Elle frappe à nouveau, et la porte s’entrouvre, laissant apercevoir un œil gris cerclé de rides.

La personne reste silencieuse et plante son œil dans ceux de la Sicaire, qui se sent soudainement mal à l’aise.


Euh… Pardon… On m’a dit que tu étais guérisseuse et…

On s’est trompé !

Le ton est sec et la porte se referme. Par pur réflexe, Shirine avance son pied pour bloquer le battant.

Attend s’il te plait… C’est Tancrède qui m’envoi… Je peux voir personne d’autre… Et c’est très important…

L’œil reparait dans l’embrasure et la porte s’ouvre un peu plus. Alors une vieille femme lui fait face. Minuscule, ridée à l’excès, les yeux vitreux, ses longs cheveux de neige cascadent sur ses épaules voutées. Elle jette un coup d’œil dehors et s’écarte pour laisser entrer la rousse. La porte se referme brusquement derrière elle.
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--Brunehault



Pour la vieille femme, c'était le début d'une soirée comme les autres. Une soirée seule devant son infusion et sa cheminée, le vieux chat ronronnant sur ses genoux. Après son repas, elle avait remué les braises du feu pour le raviver puis s'était assise dans son fauteuil bourré de coussins, emmitouflée dans son grand châle de laine, les yeux dans le feu. Là, seule à songer... A songer au passé perdu, au passé enfui, au passé fini...

Elle avait bien un fils, la vieille, mais il était bien trop occupé pour venir la visiter tous les jours. Pourtant, il faisait des efforts pour venir la voir, elle le sentait bien... Mais une personne âgée seule n'en à jamais suffisamment. Si seulement son mari était toujours de ce monde...

Oui... Une soirée de plus à songer à lui, sans le pleurer. Le temps a tari ses larmes.

Pourtant, des coups frappés à la porte vinrent briser cette routine. La vieille s'immobilisa, perplexe, songeant que ce devait être une erreur. A part son fils, personne ne venait jamais la voir...

Mais les coups se refirent entendre et la femme se leva pour entrouvrir la porte.

Elle fut surprise de découvrir une jeune femme. Ce n'était pas sa petite fille, elle ne la connaissait d’ailleurs pas. A peine quelques mots sortirent de sa bouche que Brunehault voulut s'en débarrasser. Briser sa solitude, oui, mais qu'avec des gens qu’elle connaissait, pas avec des inconnus...

Mais il était trop tard. La vieille n'aurait jamais du ouvrir la porte, elle ne faisait pas le poids face à une jeunette. Obligée de l'écouter. Mais pas jusqu'au bout: un nom suffit à la convaincre. Elle laissa la jeune rousse entrer et claqua la porte avant de se précipiter pour tirer les rideaux opaques. Puis elle se retourna au moment où la demoiselle laissait tomber sa capuche dans son dos.

Brunehault la trouva belle avec ses cheveux lisses et ses taches de rousseurs. Son extrême pâleur, surement l'objet de sa visite, lui donnait un charme particulier. Comme une poupée...


Tu es malade?

La rousse restait immobile devant elle, la lueur des flammes dansant sur son visage.

Je crois oui...

Assieds-toi.

Elle fit volte face pour remettre l'eau sur le feu puis d'un pas claudiquant s'approcha de Shirine qui s'asseyait et dégrafait sa cape.
Shirine
La pièce n'est pas grande et c'est la cheminée, à sa gauche, qui prend le plus de place. A sa droite se trouvent une petite table et un banc puis une porte qui mène surement à la chambre puisque l'endroit est dépourvu de lit. Une seule commode doit contenir la vie quotidienne de la vieille femme.

A l'invitation de cette dernière, Shirine prend place dans l'autre chaise face à la cheminée. Le chat, assis devant l'atre, l'observe de ses grands yeux brillants. La rousse défait sa cape et la laisse glisser derrière elle sur le dossier de la chaise. Elle n'est pas à l'aise. Elle ne pensait pas déranger une vieille femme seule et n'a jamais été habituée à côtoyer ce genre de personne...

Brunehault s'avance et prend son visage entre ses mains frêles. Elle lui tourne la tête à droite et à gauche tout en l'observant.


Mmmmmh tu es pâle...

Elle pose une main sur son front.

Pas de fièvre.

Shirine fait non de la tête.

Je dors mal et j'ai des nausées... Voir des vomissement.

La vieille s'immobilise et laisse retomber ses bras le long de son corps. Elle sourit en coin et s'en va vers sa commode. Inquiète, la rousse fronce les sourcils mais garde le silence.
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--Brunehault


Les jeunes de nos jous ne savent même plus reconnaitre des symptômes bénins... se disait Brunehault en attrapant une tasse et un sachet de toile. Elle ouvrit ce dernier pour verser un peu de son contenu dans le récipient. Rengeant précautionneusement le petit sac à sa place, elle prit la tasse et se rendit près du feu pour verser l'eau bouillante. Elle s'afféra avec des gestes surs mais lents, sous le regard inquisiteur de Shirine.

La vieille femme adressa une caresse au chat puis tendit le breuvage à la jeune rousse.


Tiens! C'est de la mélisse, tu pourras en prendre chaque fois que tu auras des nausées.

Brunehault vit la demoiselle écarquiller les yeux.

Je.. euh.. je pourrais en trouver où?

Elle soupira.

Je t'en donnerais va!

Une fois débarassée de la tasse, c'est sans un mot que la vieille femme retourna s'assoir dans ses coussins. Elle plongea ses yeux dans le feu et se perdit dans ses pensées. Elle n'était pas causante. Pourtant, la compagnie de la petite commençait à lui faire plaisir. Même sans paroles, une présence la réconfortait et moins elle en dirait, plus Shirine resterait auprès d'elle pour apaiser sa curiosité.

Mais il ne fallut pas longtemps à sa visiteuse pour ouvrir encore la bouche.


Qu'est-ce que j'ai?

Brunehault laissa ses yeux gris dans les flammes pendant sa réflexion, cherchant les mots qu'elle pourrait utiliser pour une telle annonce. Quelque chose lui disait qu'elle ne le prendrait pas très bien...

Elle finit par déglutir et relever ses yeux voilés sur la jeune femme. Elle ouvrit la bouche et il lui suffit de trois mots pour voir le visage de son interlocutrice se décomposer. Elle était pourtant déjà très pâle... Et elle avait vu juste la vieille Brunehault, cela ne semblait pas lui plaire.

Ses yeux ne quittait pas Shirine, immobile, qui semblait au bord des larmes. Malgré tout, ses joues restaient sèches.


Alors, tu sais qui t'a fait ça au moins? demanda la vieille, curieuse.
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