[R.P] Trois hommes et un couffin ...

Les trois hommes étaient assis autour d'une table au centre de laquelle trônait une chandelle, trois godets et un pichet d'hypocras. L'éclairage et la chaleur étaient fournis par le feu brûlant dans la cheminée.
Le regard de l'écossais allait de l'un a l'autre. Il se leva et posa ses deux mains bien a plat sur la table avant de parler d'un air grave:

Messieurs, si je vous ai arrachés à vos tavernes et à vos rêveries poétiques, c'est qu'on est au bord de l'abîme. La maladie revient sur les poules. Et si j'étais pas sûr de renverser la vapeur, je vous dirais de sauter dans vos chariotes... il les regarde intensément... Le tocsin va sonner dans Castillon. Il y a le cholera qu'est de retour. La peste qui revient sur le monde. Carabosse a quitté ses zoziaux.... Bon, je récapitule dans le calme: Esta est partie s'aérer la tête et nous laisse seuls avec le mouflet..Les deux compères se figèrent de surprise.Il poursuivit, caustique: j'aime autant vous dire qu'on se prépare des migraines....des nuits blanches....des "nervous breakdonw" comme disent les angloys...

Certes ils en avaient vu des vertes et des pas mures avec lui, mais là...ça semblait dépasser leur entendement. Le troubadour leva la main doucement hésitant a proposé:

La question de la nourriture ne devrait pas poser de problèmes messire dit-il, il y aura bien dans la ville quelques nourrices qui se dévoueront ...sinon j'ai ouïe dire que les jeunes enfants peuvent être nourrit au lait de chèvres....il faudrait un avis de médicastre..

Arth le regarda d'un air dubitatif...une chèvre....voila que Peyre voulait faire nourri son fils, la chaire de sa chaire, le fruit de ses entrailles comme un cabri. Il allait lui rétorquer "aimablement" d'aller se faire voir quand celui-ci ajouta:...l'histoire doit être vrai car on en parle dans les chansons de gestes."L'écossais leva les yeux au ciel, et lui répliqua froidement:

Peyre,...occupez vous des berceuses ce sera suffisant...Il trouverait bien une solution pour remédier au problème, même si l'histoire du lait de chèvre lui paraissait logique car il avait déjà vu ça dans quelques monastères ou les moines élevaient des enfants abandonnés des la naissance. Il les regarda : Gontrand se curait le nez avec l'index avec une application sans pareille....
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Membre de l'ex- fine équipe du val tordu
Bretteur, philosophe, rimeur, tetu, raleur ,de mauvaise foi et mysanthrope...
Quel aspect hétéroclite que le sien..

" delanda Britania est "

Ainsi donc les voila en charge d'une âme pure. Lourde responsabilité pour les trois compagnon même si l'un deux se doit plus que les autres d’être a la hauteur du défi. Il voulait rajouter des arguments en faveur de la chèvres mais préféra les garder pour lui craignant de s'attirer les foudres du highlanders.
Il souleva un autre point délicat tout de même:

Hem...il y aussi un autre souci dit-il ... déjà d'y penser il en grimaça...une...une fois qu'il aura manger, il va....il va...enfin vous voyez ce que je veux dire hein?...il prit un air catégorique..et moi ça !!! je vous préviens c'est au dessus de mes forces hein?...il regarde son pourpoint, ..en plus ça tache... son regard se porta sur Gontrand qui semblait être la personne craignant le moins ce genres de choses vu son état de saleté avancé. Autant d’après le troubadour préposé quelqu'un d'habitué a ce genre de responsabilité...

Tous les regards se tournèrent vers lui..
Il s'en rendit compte quand un silence pesant se fit et qu'il vit un sourire moqueur mais surtout satisfait naissait sur le visage de ses compagnons d'infortune.

Pendant tout le temps où l'écossais avait exposé la situation il avait écoute sans entendre, ou l'inverse.Seules quelques mots avaient un peu attiré son attention: Esta......bébé....nuits blanches...Pour lui rien d’inquiétant jusqu'a ce que le troubadour prononce son nom, et que l'information trouve le chemin tortueux jusqu'a son cerveau....bref....on parlait de lui.

Et il en fut tout a fait sur quand on exposa avec forces arguments ses aptitudes à s'occuper des langes de l'enfant. Là...il cessa de se curer le nez:

Ma doué !!!dit-il, j'veux ben donner un coup d'mains.....mais la flotte et moi....j'avions point trop d'affinités avec...Alors un sourire malin naquit qui fut vite calmé par un regardant foudroyant de l’écossais après qu'il ai demander si il pouvait laver l'enfant dans une barrique de vin de pays....Pour lui, en ait, s'occuper d'un enfant n'avait du moins en théorie pas plus de difficultés que de s'occuper d'une jeune animal de la ferme: Du lait, de la chaleur, et une litière propre, et le tour est joué. Il allait le dire quand il réalisa que si il développait la chose, Arth lui allait développer son bras afin de faire taire dans l'oeuf la chose et accessoirement faire sauter a coups de mornifles les dernières dents qu'il avait.Il dit simplement:

Topons là ....mais a tour de rôle d'accord?...et il tendit sa main au dessus de la table.

Et ce fut sur lui que la première nuitée de garde tomba...Paradoxalement, cela ne le gênait pas car le troubadour partait du principe que de toutes façons il fallait un premier, et de de par le fait, on serait plus tolérant avec celui qui aurait essuyé les plâtres...

Donc après avoir avalé quelques bolées de soupe tous le monde alla se coucher.Enfin tout le monde...sauf lui.
Il mit un certain temps a faire plonger l'enfant dans les bras de Morphée alors que dans les pièces d'a coté, les autres dormaient déjà ou presque du sommeil du juste. Il lui fredonna quelques airs bien connu des cours du royaumes mais sans grand succès: le gosse s'époumonait de plus belle.

Il lui fredonna quelques mélodies de son invention doucement et finalement, comme quoi les miracles existent, ses petits yeux se fermèrent enfin. Peyre le déposa doucement dans son couffin,sortit doucement de la chambrette et descendit dans la grande salle.
La quiétude de l'endroit l'inspirait.
"...occupes toi des berceuses.." avait dit l'écossais. Et vu le temps qu'il avait passé a endormir le petit, il jugea en effet que la chose était nécessaire.
Il sortit son Luth, quelques parchemins, une plume, de l'encre et commença, a la lueur d'une chandelle vacillante à écrire les textes d'une ritournelle inspirée par les origines du père du petit:

Au petit matin, en descendant de l'étage encore baigné par la torpeur de la nuit, avec l'enfant dans les bras, l'écossais trouva le troubadour affalé sur la table, le nez dans les parchemins. La chandelle venait sans doute a peine de s'éteindre car une fumerolle montait au dessus d'elle. Arth le regarda dormir, enfin si on pouvait appeler ça comme ça, un moment avant de le secouer de sa main libre.
Celui-ci grogna et s'étira en regardant la pièce avec un regard un peu surpris en se grattant la chevelure et bailla. Arth lui désigna l'escalier d'un signe de tète:

Va dormir.....lui dit -il. Le troubadour prit la direction des chambres en traînant les chausses...L'écossais installa l'enfant dans une petit coffre garni de foin sur lequel il avait posé un carré de tissus. Ce couffin de fortune lui évitait d'avoir a transvasé a chaque fois de haut en bas la moitié de la chambre comme il disait et permettait d'avoir un oeil sur l'enfant tout en officiant en bas.

Trouver une chèvre ne fut pas si difficile que ça en fait (..il s’était finalement rangé a l'idée)...au moins le petit aurait de quoi manger. Pendant qu'il était encore un peu endormi, il alla vite traire la chèvre et revint peu après avec un un demi seau de lait de chèvre tiède. Il le posa sur la table et prit un autre carré de tissus propre dont il mit un coin a tremper dans le lait. Puis il prit son enfant dans les bras en lui disant:

Allez le fiston !!....au casse croûte !!! En s’asseyant a table, et alors qu'il s’apprêtait a présenter le coin imbibé du tissus a la bouche de son fils, il réalisa qu'il n'avait jamais fais ça, même pour son premier fils.

L'enfant, bien calé remuait les bras au rythme de ses sussions et poussait de petits pleurs quand Arth le remettait vite a tremper...tout en faisant ça, il lisait la contine que le troubadour avait écrit durant la nuit et laissé sur la table...un acte manqué?....peut être...
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Ben?!...pourquoi t'manges pas.?..t'as donc point faim?

C'est avec ces mots que le gueux regardait le môme brailler en espérant qu'il tète. Dans un esprit de rationalité toute particulière a sa cervelle étriquée, il avait simplement posé le couffin artisanal de l'écossais sous les pis de la chèvre, elle même debout près de la cheminée. Au moins déjà il avait chaud le p'tiot, et s'il avait faim ben il mangerait et puis voila....

Ce furent donc les pleurs de l'enfant qui alertèrent la Maud. Celle-ci descendit les escaliers un peu affolée et trouva le gueux assis devant son étrange dispositif qu'il regardait d'une air dubitatif...Son regard croisa celui de l'enfant et Gontrand trouva qu'il ressemblait a celui de dame Estainoise lorsqu'elle bouillait intérieurement. Ce qui n’était pas bon signe, mais pour lui, le gosse avait pas faim....

Mais ?!....mais ?!....Vous ne voyez donc pas qu'il est mort de faim? dit-elle. Malgré son jeune age, la colère n’était pas feinte et le pourpre lui venait aux joues...

Bah....'l'a pas faim c'te gamin.. dit le gueux alors qu'elle prenait l'enfant dans ses bras et virait la chèvre d'une tape sur la croupe. Elle prit le seau près de la cheminée et mit le tissus a tremper, rassurant le nourrisson d'une voix douce quand a l'arrivée de sa pitance ...Puis regardant le gueux, elle lui dit en désignant une marmite d'eau: En attendant, rendez vous utile !! ...faites chauffer de l'eau pour son bain !!

Le gueux frissonna en entendant le mot "bain" et l'image de ce gosse obligé de macérer dans une eau tiède comme un légume dans la soupe, pour être sacrifier sur l'autel de la propreté le fit grimacer. C'est vrai aussi que la pauvre enfant avait été traumatiser en Gascogne par les bains a répétition que lui donnait dame Jalo. Néanmoins il obtempéra et mit l'eau a chauffer alors que la Maud chantonnait un air Gascon a l'enfant...peu après, c'est une bébé repu et propre qui se rendormit..

[...plus tard...]

Alors oui, on dirait pas comme ça a première vue mais s'occuper des langes d'un nouveau né relevait plus des douze travaux d'Hercules que de la promenade de santé, et cela faisait un bon moment que l'écossais bataillait. Les "armes" dont il disposait?...une bassine d'eau tiède...des linges propres...et beaucoup, beaucoup, beaucoup de patience.

Morte-couilles !!! dit-il , mais tu vas arrêter d'bouger?! ... seulement voilà, un nourrisson ne se laisse pas faire, et d'autant plus celui là qui avait hérité des deux caractères de ses parents. Et ça, l’écossais était en train de l'apprendre a ses dépends: si il arrivait a mettre l'enfant sur le dos, le temps de mettre le linge a tremper pour le nettoyer, il se retrouverais par terre...mais s'il se mettait bien face a lui, non seulement il ne pourrait pas attraper le linge, mais en plus il avait une chance sur deux de recevoir sur le pourpoint un jeu chaud et humide...
Il cala bien l'enfant et posant sa main sur son ventre petit ventre, il appela le gueux pour lui donner un coup de main..Celui vint et eut tout le mal du monde a garder son sérieux devant l'embarra de son ami.

Au lieu d'te foutre de ma poire, dit-il, approches moi donc l'eau tiède !! Le gueux s'exécuta et aida l’écossais a nettoyer l'enfant, grimaçant a chaque passage de linge...

C'est fou dit le gueux..plus c'est p'tiot, plus ça fait de grosses m.....

Ouaip...le coupa sèchement l’écossais. Il tendit la main comme le ferait un médicastre ou un barbier de l'ost a son assistant:....Langes!! Le gueux lui en donna un sale qu'il prit du bout des doigt et le regardant d'un oeil noir...propre....un linge PROPRE.....dit-il...on vient de passer une plombe a lui nettoyer les miches c'est pas le ressaloper juste après ?!....sois un peu a ce que tu fais !!!...il prit un lange propre et tenta de faire de son mieux pour le mettre, le gueux lui regardait sachant qu'un jour ou l'autre ce serait son tour...

Aussi si on passait pas not' temps a en faire une papillote du môme, il pleurerait p't'etre moins...dit le gueux. L'écossais le va son fils un peu vite et celui ci lui lâchât un rot sonore dans l'oreille. Il répondit a l'édenté:

Tu préférés qu'on le laisse cul nu toute la journée?...il repose le gamin dans son couffin, met le linges sale dans un seau....le tend au gueux....vas au lavoir, pendant que je l'endort...

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