Agenor
Agenor venait d'arriver en ville. Elle en avait eu assez des crottés des montagnes ! Une quinzaine d'années qu'elle partageait la soue qu'habitaient ses parents. C'était plus que suffisant !!!
Depuis quelques mois, elle avait changé : les petits gars du hameau la poursuivaient sans cesse, une main qui cy, une bécot qui là, le regard humide et envieux, le pantalon béant...
Aucun miroir pour lui donner une idée d'elle-même, hormis ces zieutées exorbitées... Il était temps qu'elle parte !
Elle se fit un balluchon avec une chemise de rechange. Enfila son tricot couleur locale : c'est-à-dire du jaunâtre pisseux de la laine brute et mal cardée que filait sa mère. Elle prit un bâton.
N'embrassa pas ses vieux.
Ils l'avaient pondue et l'avait nourrie.
Et battue.
Et ...son père ...elle n'aimait pas son regard non plus.
Faut dire qu'entre sa mère gâteuse et crachottante, sa femme informe, moustachue suintant la sueur, les vieux laitages et la bouse, il préférait encore prendre la chèvre....Et devait se dire... qu'entre la fille et la chèvre... Aristote fermerait sans doute les yeux au moment opportun.
Agenor arriva donc en ville. Quelques sous. Deux miches de pain dans sa besace. Un air ... de grand air dans les yeux qui brillaient derrière la tignasse blonde.
On lui dit que c'était la guerre et que la révolte grondait.
C'est la faute à pas de chance mais c'est la vie.
Elle n'allait pas se laisser abattre pour cela.
- Non, fillette, je n'ai pas de travail pour toi. J'ai même du temps libre ... viens là bas si tu veux, je te nourrirai...
Agenor se demanda le rapport entre donner à manger et avoir du temps libre.
Elle le sut très vite.
Le fermier l'attrapa, la jeta sur le foin et la prit, vite fait.
Il rajusta ses braies en sifflotant, puis donna un coup de pied dans le broc ébréché où se trouvaient les restes des cochons.
- Tiens petite pute, mange donc.
Et il sortit de la grange en riant , un rire mauvais découvrait ses dents gâtées.
Agenor rajusta ses hardes, regarda la bouffe des cochons. Elle ravala ses larmes. Et s'appuyant sur ce qui lui restait de fierté alla voir dans les mines.
Là encore, rien... La mine d'or était fermée, l'autre était pleine, il n'y avait de la place que pour 30 mineurs. Une armée de miséreux se pressait aux portes pour être embauchée.
Elle n'attendit pas et alla proposer ses services au curé.
Mangeant sa croûte de pain dans la sacristie, elle lorgnait vers le vin de messe... tendit la main... Et se signa. Elle n'osait pas.
Le lendemain, même histoire... Pas de travail, pas de place à la mine. Elle retourna dans l'église. Dans les tavernes les gens étaient plein de bonne intentions, mais indifférents.
- Allez donc miner..
- Mais il n'y a pas de place.
- tentez votre chance chez les paysans.
- ils n'embauchent pas les gens comme moi.
Là dessus, les conversations reprenaient. La misérable devenait invisible.
De colère, elle sortit en claquant la porte !
Puis se mit à errer dans la ville.
Se dit qu'elle ne devait pas être laide... Pas autant que la morue distinguée qui l'avait "conseillée".
- A la guerre comme à la guerre.
La gamine n'avait pas froid aux yeux.
Elle se dit que la prochaine fois qu'elle ouvrirait les cuisses, elle s'assurerait de son dîner avant que de donner satisfaction au bourgeois.
Elle alla se laver au lavoir.
- Je dois être présentable se dit-elle, sinon je ne pêcherai que les crève la faim.
Elle ébouriffa ses cheveux, entrouvrit l'échancrure de sa chemise et remonta d'une ceinture le bas de sa tunique.
Elle laissait voir une jolie jambe aux attaches encore fines, des pieds soignés , elle assura son regard et se posta à la sortie des tavernes.
Elle suivait les chaland d'un regard appuyé, la bouche entrouverte.Elle avait l'instinct de ces choses-là... Elle lisait dans le coeur des hommes comme dans un livre...
Un quidam s'arrêta, hésitant....
- Bonjour Messire... Un peu de chaleur ? J'en ai à revendre... pour une bouchée de pain !
_________________
Depuis quelques mois, elle avait changé : les petits gars du hameau la poursuivaient sans cesse, une main qui cy, une bécot qui là, le regard humide et envieux, le pantalon béant...
Aucun miroir pour lui donner une idée d'elle-même, hormis ces zieutées exorbitées... Il était temps qu'elle parte !
Elle se fit un balluchon avec une chemise de rechange. Enfila son tricot couleur locale : c'est-à-dire du jaunâtre pisseux de la laine brute et mal cardée que filait sa mère. Elle prit un bâton.
N'embrassa pas ses vieux.
Ils l'avaient pondue et l'avait nourrie.
Et battue.
Et ...son père ...elle n'aimait pas son regard non plus.
Faut dire qu'entre sa mère gâteuse et crachottante, sa femme informe, moustachue suintant la sueur, les vieux laitages et la bouse, il préférait encore prendre la chèvre....Et devait se dire... qu'entre la fille et la chèvre... Aristote fermerait sans doute les yeux au moment opportun.
Agenor arriva donc en ville. Quelques sous. Deux miches de pain dans sa besace. Un air ... de grand air dans les yeux qui brillaient derrière la tignasse blonde.
On lui dit que c'était la guerre et que la révolte grondait.
C'est la faute à pas de chance mais c'est la vie.
Elle n'allait pas se laisser abattre pour cela.
- Non, fillette, je n'ai pas de travail pour toi. J'ai même du temps libre ... viens là bas si tu veux, je te nourrirai...
Agenor se demanda le rapport entre donner à manger et avoir du temps libre.
Elle le sut très vite.
Le fermier l'attrapa, la jeta sur le foin et la prit, vite fait.
Il rajusta ses braies en sifflotant, puis donna un coup de pied dans le broc ébréché où se trouvaient les restes des cochons.
- Tiens petite pute, mange donc.
Et il sortit de la grange en riant , un rire mauvais découvrait ses dents gâtées.
Agenor rajusta ses hardes, regarda la bouffe des cochons. Elle ravala ses larmes. Et s'appuyant sur ce qui lui restait de fierté alla voir dans les mines.
Là encore, rien... La mine d'or était fermée, l'autre était pleine, il n'y avait de la place que pour 30 mineurs. Une armée de miséreux se pressait aux portes pour être embauchée.
Elle n'attendit pas et alla proposer ses services au curé.
Mangeant sa croûte de pain dans la sacristie, elle lorgnait vers le vin de messe... tendit la main... Et se signa. Elle n'osait pas.
Le lendemain, même histoire... Pas de travail, pas de place à la mine. Elle retourna dans l'église. Dans les tavernes les gens étaient plein de bonne intentions, mais indifférents.
- Allez donc miner..
- Mais il n'y a pas de place.
- tentez votre chance chez les paysans.
- ils n'embauchent pas les gens comme moi.
Là dessus, les conversations reprenaient. La misérable devenait invisible.
De colère, elle sortit en claquant la porte !
Puis se mit à errer dans la ville.
Se dit qu'elle ne devait pas être laide... Pas autant que la morue distinguée qui l'avait "conseillée".
- A la guerre comme à la guerre.
La gamine n'avait pas froid aux yeux.
Elle se dit que la prochaine fois qu'elle ouvrirait les cuisses, elle s'assurerait de son dîner avant que de donner satisfaction au bourgeois.
Elle alla se laver au lavoir.
- Je dois être présentable se dit-elle, sinon je ne pêcherai que les crève la faim.
Elle ébouriffa ses cheveux, entrouvrit l'échancrure de sa chemise et remonta d'une ceinture le bas de sa tunique.
Elle laissait voir une jolie jambe aux attaches encore fines, des pieds soignés , elle assura son regard et se posta à la sortie des tavernes.
Elle suivait les chaland d'un regard appuyé, la bouche entrouverte.Elle avait l'instinct de ces choses-là... Elle lisait dans le coeur des hommes comme dans un livre...
Un quidam s'arrêta, hésitant....
- Bonjour Messire... Un peu de chaleur ? J'en ai à revendre... pour une bouchée de pain !
RP ouvert MAIS IG Agenor est réellement une crève-la-faim et donc ne répondra aux avances des messieurs ( ou des dames) que contre l'achat d'une miche de pain à 12 écus.
A vot'bon coeur !!!
Envoyez-moi un MP
A vot'bon coeur !!!
Envoyez-moi un MP
_________________