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[RP ouvert]Première oeuvre d'un artiste en herbe : à vendre!

Kuan
Ce jour était un grand jour. Plus grand que tout les autres. Et un sacré grand gaillard se tenait en plein milieu de la place publique. Depuis quelques jours le pet-sec clamait à qui voulait l'entendre qu'il avait fini, achevé, réalisé un superbe trop génial magnifique tableau de tout aussi superbe trop génial magnifiques crottes de nez. Aujourd'hui il organisait une vente aux enchères, convaincu que tout le monde en voudrait dans son petit salon. L'oeuvre était posée contre un tonneau de saké et composée du dessous d'une table de la taverne des Fières raclures, sans les pattes qui avaient été retirées soigneusement. Le mioche lui était sur le haut du tonneau et contemplait la foule d'un air supérieur et hautain.
La toile était couverte d'un drap, et on ne pouvait encore voir le dessin composé.


M'sieurs dames !
J'y ai fait le plus beau tableau du monde !
J'y vends à cilui qui y donne l'plus.


Il avait l'art du spectacle. Un signe, et Gros-molard, recruté pour l'occasion en échange du molard le plus réputé du Cloaque, découvrit la superbe trop génial magnifique oeuvre de Kuan Ti Premier. Il aimait bien ce nom, et en avait d'ailleurs signé le coin en bas du tableau.

Le dessin alors ? Toute une histoire. Mais il vous la racontera mieux que moi.


J'y vous esplique. Au début y a eu un point. C'i le début d'la vie. Pis après c'i point il a grandit en fleur, puis en bonhomme. Il montrait le tracé des crottes de nez avec son doigt, se déplaçant des plus vieilles aux plus jeunes. Et pi y'a eu d'autres bonhommes, et ça y a fait l'y clan des Lézards. Là c'est Berthe, 'Kire, et là Nee' pis là c'est Zai et là y'a 'Sculo pis y'a aussi [...](l'auteur a choisi de couper ce long passage pour des raisons techniques). Alors près y'a Oda qui d'vient l'plus fort et l'plus beau des kunis. Il traça avec son doigt la frontière approximative du kuni et désigna aussi Kiyosu. Pis après là c'i un papillon et un soleil, pasque l'y papillon s'y meurt y'a tout qui meurt et l'soleil c'i pour les gentils kamis. Pasque j'y ai jamais vu en vrai alors j'y fais cômme ça. Pis l'reste c'est le ciel et la mer, mais c'la même couleur parce qu'y sont tout les deux bleus.

Le résultat donnait un paquet de crottes de nez dans tous les sens, mais si on regardait l'état de fraicheur des trucs on pouvait à la rigueur comprendre un peu l'explication vaseuse du Kuan. Qui d'ailleurs souriait de toutes ses oreilles, tellement il était fier de son travail.

Qui qui veut ?
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Esculo
Devant la masse de crotte de nez mises un peu n'importe comment, Esculo se demandait si il fallait être un enfant pour comprendre les explications de Kuan où si c'était lui qui n'avait pas beaucoup d'imagination. Peut-être qu'une soirée bien arrosée pourrait lui permettre de voir tout ce que Kuan avait dit qu'on pouvait percevoir à travers le...enfin le tableau.

A moins que ce ne soit du "new art". Des compositions inédites offrant la liberté à chacun d'interpréter l'amas de crotte de nez.

Comme il voulait faire son intéressant -il avait vu quelques belles filles dans la foule, se frottant avec les doigts le menton et l'air concentré, la tête un peu penchée admirant l'œuvre de Kuan, il lâcha un unique :


Intéressant !


Avant de s'approcher et pencher sa tête vers l'œuvre, mais le plus prêt de Kuan. De sorte que lui seul pouvait l'entendre il lui murmura :


Tu m'fais un prix ? 1 koban et t'as l'droit d'te faire remplacer à la taverne par Sunuke. Si t'es d'accord, j'annonce que j'l'achete 25 kobans. Après ils voudront tous une œuvre de toi.


Il se recula et regarda en faisant semblant d'être concentré sur le tableau dans son ensemble.
Après tout...il pouvait toujours le mettre dans les latrines de la gargote.

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"Il n'y a ni bien ni mal, juste des forts et des faibles à l'instinct animal"
Kuan
Ah quelqu'un était intéressé ! Sauf qu'il ne se rendait pas compte de la valeur de cette magnifique supra trop chouette oeuvre. Il regarda Esculo avec de grands yeux outrés.

Nan ça y fait beaucoup beaucoup plus que 20 kobans !
C'est de l'art, 'Sculo !


Il était un peu vexé qu'on ne lui propose pas plus. Le problème c'est qu'il ne savait pas compter au dessus de 20. Et puis il avait passé des heures à faire ce truc, et mis toute son âme dans ce projet, enfin surtout ses crottes de nez.

Du vrai art ! Même que je suis artiste !

Logique vous me direz, mais il aimait bien le dire. D'un air fier, il bomba le torse et releva le menton pour bien appuyer ses propos.

AR-TI-STE !
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Mieko
La petite voix de Kuan qui s'auto-proclamait artiste fit ralentir Mieko, qui s'approcha aussitôt du stand de fortune pour écouter, tout sourire, l'explication de 'l'oeuvre". Qui, en soit, n'était pas magnifique à proprement parler. Mais qui reflétait tellement bien le tempérament de ce gosse, aussi drôle, sale et horrible qu'obstiné, que Mieko fut prise de l'envie d'encourager les impulsions artistiques du môme...

Kon', Kuan! Pas mal, ton tableau, pas mal... Je t'en propose trente kobans.
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--Ando_warolu


Un homme s’était arrêté à quelques pas de là.
L’attroupement dilettante au beau milieu de la place avait capté son attention.
Cette silhouette maigre, entre deux âges, se tenait nonchalamment debout, à la manière d’un somnambule.
Mais ce qui nous frappait de singularité était le contraste entre cette stature assoupie et une chevelure folle, parfaitement blanche, que soulignait un regard figé et extatique. Ce regard troublant, qui semblait aspiré au dedans par des limbes évanescentes, flottait maintenant sur ce rassemblement circonspect de banlieusards.


« Oh... Nobuo... regarde... ils font une performance, ici... viens voir... », prononce t-il d’une voix traînante, gutturale et étrangement apathique.

Nobuo, lui, était le promoteur de cet individu (dont on ne devinait pas bien le métier exact).
Et, en bon homme d’affaire, il était pressé. Il tenait de source sûre que le château de Kiyosu conservait sous scellé une collection de pièces uniques d’artisanat et d’armurerie, d’une valeur inestimable, datant de la dynastie Song. Il avait fait des pieds et des mains pour obtenir un accord tripartite entre l’Université, les institutions religieuses locales et l’Administration du dernier Sômin pour un laisser passer dans les réserves du patrimoine historiques du Sô de Kiyosu, et ce «aux doctes fins d’une thèse en la matière». Seulement voilà : sur le bateau, on lui avait aussi parlé de récentes menaces de révoltes. Alors vraiment, il ne pouvait pas se permettre que les lubies de sa poule aux œufs d’or lui fassent manquer une opportunité pareille.


- Ce quartier est tellement... brut... tu ne trouves pas ? ... c’est... incandescent..., remarque l’homme ballant d’un ton évaporé alors qu'il s'avance vers les badauds parmi lesquels une femme à la tenue rude venait d'interpeller on-ne-sait-qui.

- Pas mal, ton tableau, pas mal... Je t'en propose trente kobans.
Kuan
Konéné Mieko !

Il adressa un sourire à Mieko, content d'attirer de meilleurs clients. Sauf que... trente c'est au dessus de vingt-cinq ou en dessous ?
Kuan partit du principe qu'on lui proposerait toujours plus que les offres précédentes, vu que c'est ça une vente aux enchères, hein.


Trente, qui qui y dit mieux ?

Le petit, qui ne l'admettait pas qu'il le soit, se tourna vers un autre homme.

T'y as pas plus ?

Histoire d'attirer du monde il clama à l'alentour.

Quand j'y sera daimyo, ça y vaudra très très cher !
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--Ando_warolu


Notre petit artiste en herbe interpella l’homme aux cheveux dépigmentés.

- T'y as pas plus ?

Puis le jeune garçon se retourna vers son audience

- Quand j'y sera daimyo, ça y vaudra très très cher !

Une main s’abattit mollement sur son épaule. Surpris, Kuan fit face à l’homme étrange dont le regard était fixé ailleurs et dont la bouche s’était entrouverte, comme sous l'hébétude d’une inspiration subite.

- Bonhomme... ce collage..., prononce t-il d’une voix mollette.



Oh non, pensa Nobuo, le promoteur, alors qu’il rejoignait son protégé à travers l’attroupement.
Pas maintenant...
Et puis l’homme peroxydé emmena par l’épaule le garçon au devant de son œuvre, comme dans une transe silencieuse et contenue. Libérant Kuan, l’étranger posa son index sous son menton et croisa l’autre bras dans une pose de critique, une expression contemplative devant cette toile criblée de crottes de nez.


- C’est nouveau... j’aime ça... oui c’est vraiment... support/surface. Il faut que je demande à Nobuo...
Nobuo ! Ah tu es là.


- Oui Ando ? Qu’est ce que tu veux ?, répliqua le promoteur trapu, peu rassuré par la gueusaille des alentours.

- Tu en penses quoi ? C’est... tu ne trouves pas ? Haa...
Tu veux bien me prêter 100 kobans ? Je veux ce tableau.


Aussi grande fut la surprise dans le public que la consternation pour Nobuo.
Un silence embarrassant s’installa sur la scène. Vous me direz, les banlieusards aussi se demandaient bien ce qu’un gamin de cet âge ferait d’une somme équivalent à un an de salaire pour un travailleur des bas-fonds. Des regards graves et concupiscents se firent sentir dans le dos du marchand grassouillet qui suait maintenant à grosses gouttes.


- Mais Ando..., rétorqua d’une voix doucereuse et chèvre le conciliant marchand.
Tu sais bien que nous n’avons pas autant d’arg--

- Ah ? Mais..., dit Ando, comme pour lui-même, absent.
Et ton mandat, tu sais... de 2000 kobans que tu--

- OUI OUI ! Oui...bon... si tu veux... disons, une avance sur ma commande..., répondit nerveusement le marchand tandis que ses doigts potelés remuaient dans sa bourse pour y compter le nombre exact d'oblongues dorées.

La silhouette maigre tourna un visage à l’expression amorphe vers le jeune Kuan.

- Bonhomme... 100 kobans pour ton tableau ?, fut sa question décisive.
Esculo
100 kobans ?

'sculo en eu le souffle coupé.

Autant ? Pour des crottes de nez ? Et si lui il se mettait à faire de la musique avec ses rôts d'alcoolique, combien gagnerait-il par soirée ?

Dégouté qu'on lui souffla l'herbe sous le pied de cette façon, alors qu'une des jolies dans la foule semblait vraiment intéressée par ceux qui aimait l'art, il s'en alla.

Non mais ca allait pas se passer comme ca, il demanderait à Kuan de lui faire une autre œuvre qu'il afficherait à la vue de tous dans sa gargote.

Et à toutes celles avec un beau minois et de belles formes qui seraient intriguées, il leurs ferait la leçon sur l'art dans la réserve. Autant celui de Kuan que le sien seraient passés en revue...un peu plus le sien d'ailleurs.

Dans son genre, n'était il pas un artiste aux multiples facettes ?

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"Il n'y a ni bien ni mal, juste des forts et des faibles à l'instinct animal"
Kuan
100 kobans ! Kuan ouvrit un instant la bouche de surprise. Là c'était vraiment beaucoup beaucoup.
Puis un large sourire éclaira le visage du gamin, il cracha dans sa main et la tendit à l'homme.


D'accord, tope-la !

Une grande carrière allait commencer pour notre artiste avec pareille somme.
Pauvres narines, c'est elles qui sont le plus à plaindre dans l'histoire.


Je croyais avoir répondu, désolé ^^

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--Ando_warolu


Ceeeeeeeeeennnnt kooooooooooooooobaaaaaaaaaaaaaaaaaaaannnnns

Le temps s’étirait en guimauve et l’annonce en parut d’autant plus...surréaliste.
Un silence, qui dure, qui dure. Et finalement, le temps reprend son cours habituel.
A commencer par le sourire radieux qui se peint sur la frimousse du jeune artiste.


- D'accord, tope-la !

La main veule du dilettante se glisse dans la poigne enjouée du gamin, en guise d’accord.
Les lèvres amorphes de cet homme, décidément étrange, esquissèrent alors le prélude d’un...sourire ? Effrayant.
Sans prêter attention à la sensation mouillée qui imprégnait maintenant sa paume, il se passe la main dans les cheveux, avec une fougue subite.
Sa tignasse blanche restait figée dans ce mouvement, par l’effet miraculeux de l'étrange onction modelante.


Action sculpting by Kuan.

- Un commis viendra chercher ma toile, demain, bonhomme..., dit doucement Ando, le nez rehaussé.
Nobuo, nous nous abstrayons d’ici.

Et Ando, qui était-il ? Nobuo ne vous le dira pas, non.
Il s’agissait en fait du plus prestigieux copiste d’art millénaire chinois.
Passé virtuose dans la contrefaçon légale d’artisanat dynastique, il agrémentait de ses fameuses répliques les intérieurs riches et prétentieux de ses commanditaires parvenus.

Nobuo était bien, mais vraiment bien, content de se soustraire à cette foule aux allures de plus en plus brigandes....
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