De là bas à ici
Du passé à lavenir, des souvenirs aux actes
[Morceaux choisis] [Lyon la rugissante
] Le blond franchissait des collines, parcourrait des bois et plaines en direction du Sud, chemins quil ignorait jusqualors
Maintenant quil y était, si près
une sensation vertigineuse ne labandonnait plus, promesse insensée dun avenir plus quincertain
Folie, encore et toujours
La complexité pour mode de vie. Des raisonnements impossibles à suivre, des doutes bien trop présents qui le mettaient en perdition.
Au détour dun méandre du Rhône, subitement, les portes de la grande ville venaient se projeter massivement sur son horizon, enfermant ainsi ses rêves despace et de liberté. Larrachant aussi à un fil de pensée décousu pour le renouer à la réalité.
Un pas hésitant, un arrêt
Lyon la rugissante serait le préambule dun engagement qui depuis des mois déjà le prenait aux tripes, cette envie viscérale dimmortalité, pouvoir se regarder dans les yeux dun enfant, son enfant
Etre capable, enfin, de se dire que lon a créé une belle chose dans sa vie
comme un passage de témoin, il aspirait à ce sentiment de fierté mais
Et en était terrifié.
Avant de plonger vers cette destinée, une immersion dans ses souvenirs
Encore
Le dépit dun bonheur passé aux reflets dautomne, dun amour inconsolable quaucune autre femme narrive à estomper
alors, pourquoi ?
Peut être simplement pour trouver une autre raison de continuer, emplir son petit crâne dautres images, repousser ses espoirs enfuis au fin fond des abîmes de sa mémoire
Pouvoir poser ses pensées sur une petite chose qui naura pas ces reflets là, mais un flamboiement tout autre qui pourrait, au jour le jour, adoucir ce quotidien.
Il regardait ses bottes accolées lune à lautre, toujours aussi impeccables, il se tenait figé au bord de son avenir, devant lui, un vide immense et sombre, pas une étoile pour le guider
[Face à son destin] Et seulement si certains mots avaient été prononcés ?
Peut être quaujourdhui tout serait si différent
Il na su faire ni mots ni gestes
Dans cette incroyable lutte, jamais il na osé combattre face à elle, laissant aller le temps au temps
Attendre en espérant. Pour lui, il était plus facile de cacher ses souffrances et fragilités afin de paraître plus fort mais aussi par soucis de ne pas lui causer plus de torture encore. Vivre malgré tout, avancer, continuer
Poussant même parfois le vice daller vers dautres envies, se perdre ailleurs. Cherchant ici et là le goût de nouvelles étoiles, essayant doffrir une intégralité tout en blondeur, sabandonnant quelques instant, lâme plus légère à des bonheurs éphémères.
Le regard se levant vers le haut, espérant un signe
ses étoiles qui ne lavaient jamais trahi étaient, ce soir, totalement absentes, voilées par un ciel trop bas. Un soupir plus tard, il désincrusta son pied gauche du sol pour lavancer dun pas, un pas lourd et douloureux
tant de marche, tant de temps, attendre encore ? Renoncer ? Avancer ?
Toutes ces questions en devenaient presque étouffantes, sa gorge se serrant de plus en plus en imaginant les conséquences des pas à venir
Sil nen était pas capable ? Après tout, il navait pas montré jusqualors une fibre très paternelle, et cela avec nombre de « mioches » comme il aimait à dire. Et si cette voie nétait pas la sienne ?
Il se demanda alors combien de mal fallait il faire encore pour quil puisse accéder à son caprice ? Plus embrumé que le ciel nocturne, le blond se retrouvait immobile sans pouvoir faire un seul geste, comme pétrifié. [En proie aux doutes] Et maintenant, que devait-il faire ?
Il se trouvait si proche de ces retrouvailles, accroché à des souvenirs dune vie bohème, réminiscences de longs moments passés près dun feu, à rire, conter et puis senivrer
De ces préparations de repas assez déconcertantes, des voyages en vago avançant au rythme des chevaux de trait. Une certaine image de liberté mais qui supporte une famille fondée sur des liens bien trop forts.
Lui, solitaire dans ses parcours, pouvant sur un coup de tête revenir ou partir, navait pas cet esprit là
Incompatibilité ?
Lui, dune maladresse sans pareille avec les enfants, si, si, les multiples rencontres quil avait faites par le passé lui avaient maintes fois démontrées
Discordance ?
Lui, égoïste au plus haut point, admirant ses bottes avant celles du voisin, pensant le plus souvent à son bien être personnel, suivant ses envies, adoptant un comportement individualiste
cette vie là, ne lui permettra pas
Devait-il écouter ses craintes ?
Le blond était bien enraciné non loin de ces remparts, le courage layant abandonné. Lhumidité de la nuit venait lui envelopper la nuque dune main glaciale, il expira un léger soupire exprimant cette désagréable sensation de crispation. Il avait besoin à cet instant dun peu de chaleur
[Confession
] Et peut être que de rester prisonnier de son passé naide pas à avancer.
Bien sûr, on peut se croire à labri de tout, tranquille, suivant la file qui est devant vous. Au détour des routes, croire que la mémoire sestompe. Hélas, la réalité inconsciente est toute autre, ses rêves, sans cesse, la ramène à lui.
Bien sûr, on peut vouloir une autre issue, lhistoire comme par hasard nen dira pas plus
Le temps qui passe pour pire ennemi.
A cet instant le blond, le corps vide, lesprit en confusion
tente de se défaire de cette obsession, sil sinterrogeait à ce moment précis, sur ses sentiments les plus profonds, il avouerait tant bien que mal lévidente évidence. Ce lien de douceur enveloppante, quil rêve dun automne éternel
Bien sûr, tout ca n'arrive qu'à votre insu, le pire nest même pas le pire qu'on avait prévu. Jamais il naurait pu imaginer les traces que laisserai cette rencontre
Impossible à oublier. Dans un murmure en avançant d'un pas : Bien sûr, Je garde un espoir perdu, histoire de mettre en mémoire ce qui n'est plus
S'accrocher pour tenir, et vouloir espérer une dernière chance, un jour
Mais, l'histoire n'en dira pas plus [Pour exister] Et pourtant
Ces dernières enjambées le menant vers une toute autre histoire sont si difficiles à effectuer
Mais il le faut, pour exister, le blond navait plus lchoix, il fallait se lancer, se jeter, senivrer de nouvelles sensations.
Il se retourne un instant vers louest, ferme les yeux et se laisse partir dans ses pensées.
J'ai passé tellement de temps à regarder en arrière, à regarder des gens au sourire éphémère. J'ai passé tellement de nuits à courir derrière tout, à courir vers ma vie, pour ne pas devenir fou.
Un léger sourire lorsquil évoque son degré de folie effectif, il létait, la été et le sera encore
Puis il se souvint de sa solitude, du moulin de Sarlat
la visite de la mort. Il se revoit, las bas
Et se dit :
Des larmes versées pour rien, au milieu de mes nuits. J'ai peut-être joué ma vie sous de drôles de lumières, Mais j'ai toujours pensé que le plus beau reste à faire. Pour exister et pour gagner toutes les batailles que le temps me force à jouer. Et pour tenir Malgré le pire, Les poings tendus, sans rien dire, apprendre à souffrir. La souffrance, découverte et approfondie de long en large mais aussi en travers
Au milieu des silences, des mots retenus, des gestes invisibles. Il sy revoit, simagine encore
J'ai cherché à comprendre quand on ne me disait rien, obligé de me défendre quand tout allait trop loin. Il m'a fallu tomber de si haut quelques fois pour comprendre que les autres ne savent jamais pour toi. On a tout dit sur moi, même des vérités. J'ai défié toutes leurs lois, mais je n'ai pu éviter, ces sourires qui allaient souvent jusqu'à faire peur mais qui ont fait de moi le plus fou des acteurs. Alors quil continue davancer, droit devant
J'ai passé tellement d'heures à me demander pourquoi, mes plus belles erreurs étaient toujours pour toi. Je vois bien dans tes yeux que tu es déjà partie
Tu ne m'écoutes plus. Je continue ma vie.
Mal [Ces couleurs là] Malgré ça, lanime une peur daller plus loin, faisant de ses enjambées des coups portés sur son corps, lobligeant à des arrêts fréquents.
Angoisse mêlée à cette obstination de ne pas vouloir loublier ni mettre de côté une passion si forte, qui emporte toutes ses pensées les plus profondes
Cétait, impossible même à imaginer.
Un léger rayon coloré vint effacer petit à petit la noirceur nocturne, la main froide de la nuit restait toujours posée sur son cou. Il le rentra machinalement entre ses épaules, souriant au levant, le temps avait joué de sa mélancolie, avançant lentement sans quil puisse lobserver.
La terre se réveillait, doucement au fil des halos lumineux, révélant ses couleurs. Comme une première fois, le blond sen délectait, beauté incomparable, bonheur du voyageur
Il habilla son visage dun tendre sourire, se souvenant dautres levants
Dautres couleurs venant lui inspirer un regard, son regard
Lui, ne voulait pas quitter cette image quil aimait tant, dont il avait grand besoin, comme un équilibre intérieur. Ne voulant pas quitter ses songes, simprégnant de lumière naissante avant de refermer un instant les yeux pour y replonger
Moi, semaines après mois, Loin du reflet de ses yeux verts et bruns, moi, J'existe un peu moins, sans ces yeux-là, je ne me vois pas
Et pour quoi ?
Pour tenter de trouver le courage daller vers cette destinée, mais aussi pour lui, pour essayer de ne plus avoir mal, voir plus loin, être heureux
Tellement sûr de lui parfois et ici
dune fragilité indescriptible. Il ne reste rien, de tout ces moments que le temps efface, rien, de tous instants que rien ne remplace, rien, plus de sentiments quand il faut faire face, rien, rien, rien... Une douleur dans la poitrine, douleur connue, douleur déjà perçue
Il sagenouille sous ce poids soudain, se recroqueville sur lui-même afin datténuer la sensation de brûlure et croire pourvoir venir létouffer
Il cherche son air, force sa respiration, le visage fermé
Il retient presque un rire mais laisse échapper un soupire rieur tellement la situation lui semble caricaturale
Le cur qui souffre, lâme déjà en enfer
Le matin se lève, sa vie sachève ? Mal, pour voir que tu ne mentends pas
Que tu ne mentends plus... La main posée au sol, lautre sur son torse déchiré par cette douleur, il fixe lhorizon
Rien, que le bruit du vent et le temps qui casse, rien, de c'qu'on aimait tant plus aucunes traces, rien, croire quil ny a plus de sentiments que c'est comme une impasse
On nest jamais certain que lon ne garde rien
[Une autre chance] Le soleil dépassait déjà les toits des maisons lyonnaises, le blond se remettait doucement de ce mal intérieur dont dailleurs il ne se souciait pas outre mesure, dautre préoccupations étaient bien trop présentes. Dans un élan de courage, il se redressa, le visage inondé d'une lumière réchauffante au petit matin. Un sourire lattant
profites de linstant présent quil pensait
Alors quun léger frisson le traversait de part en part à lidée de la revoir prochainement, que seuls ses pas le séparaient delle. Il y était enfin
En franchissant les porte de la ville, il arpenta les rues à la recherche de leur lieu de rendez vous, une auberge
Lui, aurait préféré une grange, forcément
mais il nest pas de convenance que de sy retrouver. Après avoir demandé son chemin à une jeune lyonnaise, il pouvait enfin se repérer dans le centre ville puis filer de ruelle en ruelle, ses pas se faisant de plus en plus pressants pour finir par une course rapide et coller son nez au carreau du lieu dit : « le nouveau départ ». De ses deux mains en cloche sur la vitre afin de ne pas être gêné par la luminosité extérieure, avec un regard dimpatience, il balayait la pièce en profitant pour reprendre son souffle. Son torse sactivait sous ses battements irréguliers, une étrange mélodie qui exprimait lexacerbation de son envie de la revoir mais aussi lasthénie de la route, la douleur de sa crise, la fatigue de sa dernière course
Sa respiration haletante embuait la fenêtre perturbant ainsi sa vision dun brouillard plus que dérangeant quil essayait de chasser dun geste rapide du bout des doigts. Enfin ses yeux se posèrent sur une silhouette, une femme, dans un coin
Un corps quil avait par le passé suivi sur les routes, enlacé maintes fois, qui avait été là au plus dur de ses peurs
Celui de sa gitane comme il aimait à la nommer. Plus quun sentiment de bonheur, la joie venait de sinscrire sur lui, il sempressa dentrer puis se pencha sur son épaule pour lui murmurer avec un sourire qui ne le quittait plus : Ca fait si longtemps
Ils passèrent tous deux de longs moments à discuter, à se regarder, à se toucher, se redécouvrir
Puis à marcher lun à côté de lautre jusquau domicile de la brune. [Uzès] Il faut laisser le temps au temps
Dans la petite maison de sa gitane, le blond sy sentait bien un peu comme enrobé dans un cocon de douceur, de rires et de moments complices
Alors quun jeu innocent les emmena dans une position où leur désir ne pouvait plus se dissimuler, au milieu de regards qui changent, linstant était là
Ils allaient enfin partager un moment dintimité passionnel ou chacun sabandonnerait à lautre
Il parait que c'est un drôle de jeu qu'on ne peut faire qu'à deux _________________