18-06-2010 Entretien avec Gmat, le brigand-mercenaire
Montpellier (AAP) - Les évènements provençaux et languedociens ont été le spectacle d'une action de grande envergure des brigands du Royaume et de l'un de leurs plus illustres représentants, Gmat. L'Agence Acilion Presse, souhaitant se tenir au plus près des évènements, au plus près de l'histoire en construction du Royaume de France, forgée par les hommes et femmes de toutes les conditions, habitants le Royaume de Sa Majesté le Roy, a souhaité rencontré le brigand Gmat, afin de pouvoir connaître son point de vue sur les évènements présents et passés, et recueillir, peut-être, ses dernières paroles.
Enfermé depuis de nombreux jours dans les geôles du Languedoc, l'Agence Acilion Presse, a sollicité les instances comtales de la province en la personne du Comte Klanacier, qui nous a permis une visite en les geôles du languedoc.
Voici l'entretien tiré de la conversation avec Gmat.
AAP - Bonjour Sire Gmat! *Regardant létat de la cellule* Comment se passe ce séjour en les prisons du Languedoc ?
Gmat - Tiens donc... de la visite.... Et bien, disons quhormis les rats de passage, voilà maintenant plus dune dizaine de jours que je nai pu avoir de visite. Mais le bonjour quand même.
AAP - Vous voilà donc enfermer, suite à votre agression contre la ville dAlais. Quavez-vous à répondre à cela ?
Gmat - Malheureusement cest ce que lon en retire. Cependant, je vais clarifier rapidement la chose. Si je suis en prison, ce nest pas pour mon agression envers la ville dAlais, mais simplement par non pratique légale dun procès digne de ce nom...
AAP « Non pratique légale dun procès digne de ce nom ».en somme vous dites être innocent en quelque sorte ?... Nest-ce pas ce que disent tous les prisonniers ?
Gmat - Innocent ? Jai pourtant plaidé coupable à mon procès rendu public...
Cela dit, lors du début de ma plaidoirie, le juge a ordonné larrêt du procès pour me retrouver là où je suis sans même pouvoir me défendre. Les arguments de mon avocat mauraient permis déviter cette cage...
AAP Pourquoi vous en être pris à cette ville Languedocienne, si éloignée du terrain de bataille de la Provence ?
Gmat - Si nous prenons le contexte de cette misérable guerre de Provence, tout ce quil y avait aux alentours étaient désireux de voir et de faire tomber la Provence. Le Languedoc est frontalier, accueillait les armées Royales et livrait ses soldats en terres ennemies. De ce fait, peut-on en déduire que cette contrée pouvait sy attendre ?! Et quétant frontalier à la Provence, chacune de ses villes nétait pas si éloignée ?!
Cependant, si la ville avait été si proche, pensez-vous quune personne conduisant une armée et répondant au nom de « Gmat » aurait pu faire passe tranquillement, traversant leurs terres et sinstaller paisiblement au poste de Bourgmestre sans avoir aucune défense ? De la Provence, Alais nest pas trop loin, mais nest pas trop près non plus. On a toujours tendances à sécuriser les villes aux frontières, mais un vrai capitaine sait toujours que les villes juste à larrière sont des villes à atteindre...
Est-ce un point stratégique pour lun ou un manque de bonne gestion de lautre ?
AAP - Vous parlez du Languedoc qui, rappelons-le, na pas annoncé son soutien officiel à la Guerre, tout au plus elle a permis aux volontaires de stationner en ses terres, et aux armées pareil
Les volontaires français venaient de nombreuses provinces différentes, alors pourquoi ne pas vous en être pris aux autres
Un vieux compte à régler ?
Gmat - Le Languedoc na pas annoncé son soutien officiel à la guerre ? Pourtant lorsque jai pris Arles, jai vu venir vingt à vingt-cinq Languedociens vers moi... Étaient-ce des marchands ambulants ? Le Languedoc aurait permis à des armées de Provence de stationner en leurs terres ? Non, mais le contraire oui... A partir du moment où vous prêtez soutien militairement, économiquement ou stratégiquement, vous prenez part à la guerre... Cela a été mon cas, je suis venu, jai pris Arles, on ma tout de suite rangé du côté de la Provence. Pourtant jaurais bien pu prendre la ville tout comme les différentes villes que jai pu assiéger... Dailleurs javais bien annoncé après la prise de la ville, que cette guerre nétait pas la mienne...
On me dit le Languedoc à mes trousses si je sors de Provence, alors je leur rends service en allant moi-même chez eux. Sinon, niveau des antécédents à cette guerre, rien ne me chagrinait chez eux.
AAP Rappelons juste que le Languedoc est terre sous souveraineté de la Couronne de France, et par là même le fait daccueillir les armées de la Connétablie Royale, est une chose plus que normale... Provence et Languedoc ne sont pas sous la même souveraineté, dès lors nest ce pas normal quil agisse de cette façon ?
Gmat - Entièrement daccord avec vous, mais jai dû passer à côté dune annonce publique sans la voir... Vous savez, celle qui stipule quon ne prend pas part aux mouvements en question... Pourtant, de bien nombreux Languedociens sont venus en Provence...
En me répétant, le Languedoc se positionne comme terre de soutien, mettant ses soldats Languedociens à disposition contre la Provence. Forcément il peut y avoir des répercutions. Cest comme avoir une maîtresse ! Cest profitable jusquà ce quon se fasse attraper... Après on pleure...
AAP Revenons à votre précédente déclaration. Il semblerait que vous avez pénétré sur le territoire languedocien de manière cachée, et que le jour suivant votre prise de la ville, votre armée ait été défaite. Vous posez la question du « manque de bonne gestion », mais finalement, ne peut-on reconnaître au Languedoc une assez bonne gestion de cette crise, et une réaction somme toute rapide, considérant ce qui peut se faire dans le Royaume ?
Gmat - Une réaction rapide et une bonne gestion ? Je vais vous expliquer comment jai procédé et vous allez vous faire vous-même votre propre opinion.
Je suis sorti de la ville dArles en Provence, me dirigeant vers les champs du Nord. Mon armée disparaissant, personne ne sinquiète ? Hum...
Par la suite, jai traversé la première ville Languedocienne en contournant les remparts mais en croisant du monde, notamment les défenseurs de la première ville. Larmée dun brigand rentre dans ses terres mais on ne sinquiète pas ?
Bref... Continuant mon chemin, je suis arrivé à Alais... Une armée aux portes de la ville ne doit pas inquiéter beaucoup de monde apparemment, surtout que lon voit, quen prenant la ville, il ny avait eu que deux défenseurs... Oui, oui... seulement deux défenseurs. Les pigeons voyageurs en Languedoc sarrêtent dans chaque ville intermédiaire pour se ravitailler en breuvage avant datteindre lobjectif ? Notons que pour la prise de la ville, pour être sûr den prendre possession, javais demandé à mes hommes de sortir de larmée et de ne pas participer au premier assaut... En prenant la ville, mon armée nétait alors composée que de quatre hommes... Et on vient vous raconter quil y avait de la défense ? Hum...
Le soir même, mes hommes en dehors de larmée ont crée des lances de défense. Les seuls villageois désireux de reprendre la ville, se sont liés à mes hommes et ont défendu au lieu dattaquer... Ce nest pas un manque de communication ça ?
Pour gagner du temps, jai annoncé que la prise de la ville avait été commandité par le Duc lui-même sous soupçon de pillage de lancien Bourgmestre. De là, tout le monde se posait des questions, mais croyez-vous que le Duc ou le porte parole du Languedoc seraient venus démentir la chose et clarifier les esprits ? Non...
Bref, le lendemain, jai annoncé à lancien responsable de la ville que je prenais le strict nécessaire en caisse, sélevant à quelques centaines décus, afin de payer quelques pains à mes hommes, mais que je ne touchais pas aux économies mandatées, pouvant être récupérées par mes droits. Rappelons que mon désir nest pas de couler léconomie dune ville ni de nuire aux villageois.
Par la suite, ville devenue franche, simplement pour leur faire perdre du temps et laisser la Provence respirer un peu, mon armée dissoute par mes propres convictions afin de mettre un terme à ces affronts. Mais deux heures après, la magie que nous appelons clic clic nous a tous trouvé sans nous chercher...
Maintenant, à vous de voir si cela a été fait aisément de part mes talents, ou la gestion générale du Languedoc ma bien aidé ? Puis avec de telles facilités, ne seriez-vous pas tenté de vous joindre à moi ?... héhéhé
(Le rédacteur secoue la tête en signe de négation
)
AAP Pensez-vous que la prise dAlais, puisse être considérée comme le « dernier acte » dun brigand connu, vous donc
?
Gmat - Il ny a plus de place pour les brigands.... Avec lexpérience, nous apprenons à être le plus discret, efficace et rapide... Cela dit, même avec la plus grande rapidité, on nous rattrape toujours avec la plus grande facilité... Si vous comprenez le sens de ma phrase, alors vous avez la réponse à votre question.
AAP *Hum*.je comprends
Cependant les derniers évènements notamment au Sud du Royaume, prouvent que quelque part, les « brigands » sont de plus en plus nombreux, et quil semble tout de même difficile de les attraper... Alors
Simple désabusement, ou paroles pour masquer la réalité ?
Gmat - Les brigands commencent à être nombreux dans tout le royaume... Le Royaume commence à être divisé en trois parties. Le Nord, le Sud et le centre. Si on veut grossir la chose, je dirais quil y a un groupe franc dans le Nord, qui commence à se faire reconnaître, un groupe franc au centre qui porte déjà bien son nom. Mon groupe reste dans le Sud. Si ce Sud bouillonne, cest que tout un groupe de duchés sudistes désirent resserrer le verrou à leur guise. Cela déplait et cela se fait savoir. Mais en aucun cas nous devenons de plus en plus nombreux... Nous sommes tous des frères darmes et nous nous tenons la main en cas de besoin. Aujourdhui cest le cas...
Concernant le désabusement, il vient de ma part et dun état général de la situation. Maintenant, la relève désire continuer et faire changer les choses. Les vieilles carcasses comme la mienne ne trouvent plus la force dobtenir des réponses. Mon nom nest plus crédible si je désire rester diplomate...
Puis sans voyage, je ne suis plus...
Bref, je crois que ma vie na plus beaucoup dintérêt maintenant... Sauf si vous trouvez une ville qui désire bien maccueillir... et encore, il faudra voyager pour latteindre...
AAP - Revenons sur le Provence
Les instances dirigeants de la Provence, ont déclaré que cette opération nétait en rien lié à eux, cependant, votre implication à leurs côtés nest plus à vérifier, alors, simple action indépendante, ou commanditée par les dirigeants de la Provence ?
Gmat - En effet, la Provence a nié toute implication de mes actes envers le Languedoc. Je me suis moi-même entretenu avec la Marquise des Alpes Occidentales. La même Marquise qui mavait proposé de venir de Gascogne pour défendre les biens de la Provence.
Malheureusement, mon point de vue était différent. Pour ma part, lorsque javais pris la ville dArles, javais remonté le moral des villageois en leur montrant quil ne fallait que de la volonté et de la stratégie. Cela dit, lorsquon a une réputation de bas étage, alors on se méfie de vous. La Provence elle-même se méfiait de moi, ne voulant pas me laisser seul avec mon armée sur Aix... Comment voulez-vous que je réagisse à cela ? Je me suis alors mis en retrait, suivant les ordres Provençaux... Jusquà ce que je décide de me retirer de part une mauvaise organisation. Là-bas il ne fallait pas parler de guerre mais simplement denvahissement de part lequel, le but de la Provence nétait que de sauver ses terres brûlées...
Avant de partir, jai annoncé aux Arlésiens qui me remerciaient que la meilleure manière de sen sortir était loffensive. La preuve avec la reprise dArles par mes hommes, bouleversant les Royalistes, amenant même certains hauts placés de Gascogne à me menacer de me radier de mes terres... On ne combat lattaque que par lattaque elle-même. Sans Arles, les Français navaient plus de point de ralliement. Mais apparemment, subir les attaques en essayant simplement de limiter les dégâts devait être la meilleure solution...
Mais pour Arles et ses fiers habitants avides de sen sortir, jai lancé ma propre offensive en Languedoc afin de ralentir les attaques en Provence et les voir sortir un peu la tête de leau. Mais le remerciement après sêtre méfié de moi, nétait que dire ouvertement quils ne me soutenaient pas... Pourtant nétions-nous pas en temps de guerre ? Une contrée peu subir mais na pas le droit dattaquer ?
Pour le petit rappel, je tiens à dire que je me suis moi-même occupé de mes hommes et financé mon armée... Je nai vraiment pas coûté cher à la Provence...
Bon, je méloigne un peu de la question, alors non, la Provence savait que jallais sur Alais, mais lorsquil fallait trouver un peu de courage et tous avancer ensemble, je me suis retrouvé sans soutien. Est-ce par de tels comportements que la Provence a coulés ?
AAP Deux questions me viennent à lesprit quand jentends vos propos
Dabord vous dites avoir suivi « les ordres Provençaux ». Pourtant, le soir de la première et dernière offensive sur Arles, où pratiquement toutes les forces provençales ont attaqué, il semblerait que vous nayez pas participé à loffensive, causant de par ce fait, des pertes plus nombreuses dans les rangs de vos alliés ! Quavez-vous à répondre à cela ?
Gmat - Jaurais beaucoup à répondre à cela, mais je vais rester léger...
Premièrement, juste avant darriver sur Arles pour rejoindre les cinq autres armées, on mavait demandé de ne pas rester seul sur Aix, la Capitale, par manque de confiance en ma personne. Cela je lavais pris assez mal et je lavais fait savoir... Partant alors dAix, jarrive aux côtés des cinq autres armées. Toute la journée jentendais « On attaque ce soir!" suivi de ... « On n'attaque pas ce soir » puis « on attaque ! » Et ainsi de suite... Une indécision totale pour terminer par attendre le dernier moment lordre qui tombera.
De là, pourquoi je nai pas suivi les ordres ? Mes raisons sont simples... Manque de confiance... Ensuite, je nai pas eu un ordre clair le soir même, mais quune missive où lon ne sait quen retirer... Puis pour finir, la manière dessayer de reprendre la ville en sachant limpossibilité de le faire de cette manière. Une armée française dans lenceinte de la ville. Cinq armées Provençales aux portes de la ville. Échec total... Cest quil y a un souci là non ?! Et vous pensez quavec une poignée dhommes en plus on aurait réussi à reprendre la ville ? Non... Impossible... Ils avaient des éléments, des personnes aux connaissances militaires, ils ne sen sont pas servis, après cela ne nous étonnons pas... Mais une chose qui est sûr, cest que je n'envoie pas mes hommes dans une boucherie...
AAP La deuxième question, concerne le ressenti vis-à-vis des instances provençales. On peut parfaitement comprendre ce que vous sous-entendez pour le « droit dattaque » et aussi le manque de soutien apporté à votre « opération », en témoigne dailleurs le ton très légaliste des instances provençales à lépoque. Vous posez la question du pourquoi la Provence a coulé
Sauriez-vous y répondre vous-même ?
Gmat - Je nai pas suivi le pourquoi du début de cette guerre et je ne cherche pas à le savoir. Cela ne me concerne pas. Je vais perdre du temps à chercher le vrai pourquoi du comment alors que ça ne me servira à rien. En revanche, si je dois me faire ma propre opinion, avec tout le respect que jai pour les villageois Provençaux, je dirais que la Provence a perdu cette guerre de part sa trop grande fierté à se dire « pas besoin, moi je sais... », à choisir de courir de partout pour limiter la casse au lieu dattaquer et de désorganiser les assaillants. De se disperser au lieu de rester uni et de ne pas faire confiance aux forces qui auraient pu leur être utiles...
Un Duc reste un Duc, un Marquis reste un Marquis, un Prince reste un Prince, un Roy reste un Roy, mais en temps de guerre, il est rare que lun deux prenne la responsabilité de gestion des armées... Laissons à ceux qui connaissent et vous verrez que cela se passera beaucoup plus facilement... Il y a des hommes qui sont là pour ça...
AAP Certains vous prêtent par ailleurs la direction stratégique des armées de Provence pendant un long moment, et il est connu votre implication armée, aux côtés des instances dirigeantes, jugées félonnes à lEmpire, durant cette guerre
Pouvez-vous nous expliquer ce qui a guidé votre geste ?
Gmat - Je nai jamais prêté aucun de mes stratèges aux armées de Provence et ce nest sûrement pas de la sorte que jaurais procédé. En revanche, je respecte le choix des concernés à ce moment-là. Ce nétait pas ma guerre...
Jai pour habitude de soutenir les contrées en sous nombre, comme précédemment dans la bataille de lAlliance du centre contre le Berry. Je métais rangé aux côtés du Grand Duc Berrichon George le Poilu. A ce moment-là, javais comme condition de gérer la chose à ma manière. Cela a été un succès avec la prise de Bourbon et la grave blessure de lex Comtesse du Limousin, dont jen détiens toujours son pendentif... En Provence, par manque de confiance envers un Brigand, je nai pu commander les armées, alors je nai fait que suivre... jusquà partir...
Rappelons que mes deux seuls actes volontaires durant cette guerre ont été un succès avec la prise dArles et par la suite dAlais.
Quant à mon investissement, je tiens à préciser que je ne suis pas venu en Provence pour cette guerre, mais pour une raison personnelle. De cette situation, la Provence a su profiter de ma présence comme soutien.
AAP « Une raison personnelle », vous parlez de vos relations avec la Marquise Hersende, dirigeante du Marquisat des Alpes Provençales ?
Gmat - Du tout... Je nai connu le nom de la Marquise que lorsque jai reçu sa missive de demande de soutien... Jamais avant cela. Ma raison personnelle était par la présence dun français en terre Provençale, un jeune baron qui parle beaucoup trop mais qui malheureusement, na jamais fait grand-chose. Je ne voulais que lui rendre visite, et surtout, lui rendre le médaillon de sa promise... Malheureusement, après avoir été grièvement blessé, il est reparti de Provence sans même venir me dire bonjour... Très attristé jai été...
AAP Revenons aux temps présents... Beaucoup disent que les assauts brigands sur le Languedoc ont été en grande partie, voir en tout, dicté par la volonté de vous sortir de vos geôles
Est-ce le cas ?
Gmat - Tant dannées de pillages, de raquettes, de guerres et batailles... jen ai croisé des soldats.
On commence tout en bas pour terminer tout en haut. De nombreuses personnes mont aidé à avancer et jai toujours essayé de rendre au maximum la pièce. Si une tête de groupe nobtient pas le respect de ses soldats, alors il navancera jamais. Je ne dois rien à ma réputation hormis ma stratégie, je dois tout à mes hommes.
Je ne reçois pas beaucoup de visite en geôles mais je ne peux vous cacher le nombre incalculable de missives de soutien...
Après, à savoir si les assauts brigands sur le Languedoc ont été dans le but de me sortir de là, je le pense sincèrement, mais je ne me permettrais pas de laffirmer. A mon âge, ils nont plus rien à en tirer de ma vieille carcasse, ce quils veulent cest mon cerveau et pour les plus avides, ma fortune...
AAP Vous possédez donc une fortune digne dêtre lobjet davidité de certains de vos « collègues »
*Hum*, fortune acquise par le fruit de vos actions nous pouvons nous en douter
Pourrait-on dire que cette fortune finalement ne vous appartient pas, mais appartient plutôt à ceux qui ont été vos victimes ?
Gmat - Le plus grand voleur du royaume est le conseiller... Demandez les bourses de chaque membre reconnu dun conseil ducal ou comtal. Vous comprendrez...
Jai obtenu ma bourse dans les temps de guerre, étant ancien soldat. Cest la loi de la guerre. Eux, ils les ont obtenu dans les temps calmes, sur le dos de pauvres villageois qui leur font confiance et qui ne savent pas quils profitent... Cest la loi de lescroquerie. Toujours sourire par-devant, oui oui, un très grand sourire...
Concluons que je ne suis pas le plus grand des escrocs... Et vous le savez aussi bien que moi...
AAP - *Pensant à ses postes de conseillers occupés, où il navait jamais été aussi pauvre quavant
Hum* Vous généralisez non ? Si des conseillers sont riches nest-ce pas simplement quils se sont élevés par leur travail tout simplement ?les brigands quant à eux, pour subsister, volent le fruit du travail des autres
Ny voyez-vous aucune différence ?
Gmat - Bien entendu que je généralise. Mais je parle pour la plus grande majorité des têtes de duchés. Je vous parle en connaissance de cause. Étant brigand, vous savez combien de conseiller ou même de Duc me disent « Gmat, je vous laisse prendre mon château, en échange je joue la victime et on fait moitié-moitié »... Vous voulez que je vous cite des noms ?! Non... sinon les jeunes bandits nauront plus de boulot...
Les brigands volent en effet, mais prennent plus de risque. Puis un monde sans voleur, ce serait un monde riche, sans ambitions, sans excitations et surtout sans histoire...
Contrairement aux actions de la Couronne Royale, nous on vole mais on ne tue pas...
AAP Revenons au Languedoc... Quest ce qui peut justifier ces assauts, selon vous, autre que la volonté de vouloir vous libérer des prisons du Languedoc ?
Gmat - La manière de voir les choses. Jentends sans cesse le mot « brigands » mais est-ce assez représentant ? Une personne qui se révolte par mécontentement est forcément un brigand ? Nous rentrons de plus en plus dans un régime que nous appelons « clic clic ». De ce nom, nous penserons au bruit dune clé fermant une cellule. Prenez mon simple exemple...
Je suis jugé pour une prise de mairie. Jusque là, tout va bien. Mon procès est rendu public, ouvert à tous. Pour ma défense, nous avançons les faits de guerre. Bataille entre deux parties, prise de mairie dun côté, prise de mairie dun autre côté. Sommes-nous toujours daccord ? Par la suite je me retrouve en procès avant même que la Provence annonce son non-engagement de mes actes.
Alors ? Doit-on condamner tous les soldats présents dans cette guerre ? Il faudra alors créer une presquîle regroupant tous les soldats car je ne pense pas connaître de quoi tous nous soutenir... et pourtant jen ai connu des geôles !
Par la suite, le juge du Languedoc, nayant sûrement pas le courage de se retrouver face à un brigand, ma déclaré quelle nétait juge que contre son gré et quelle levait laudience sans prévenir personne. Mon avocat et moi, présent au premier rang, ne comprenant rien... Je me suis retrouvé en prison deux jours après, sans même pouvoir plaider ma cause.
Est-ce normal ?
Dautres personnes venant simplement me voir, se sont retrouvés en procès juste pour avoir traversé les frontières... Est-ce normal ?
Sommes-nous sous un régime totalitaire ? Nous navons plus le droit de traverser une ville sans se retrouver en procès ? Et cela dans la plus grande majorité du royaume.
Vous savez, ma résidence se trouve à Dax en Gascogne. Si je retrouve ma liberté et que je pars le lendemain même pour Dax. Jarrive à destination avec six procès et une dizaine de jours de prison, simplement pour avoir traversé des terres. Est-ce votre vision de la vie ?
Je suis nommé comme brigand, certes, mais pourquoi devrais-je être jugé et condamné de part ma vie et non pas par mes actes ?
Je traverse une ville, vous avez peur ? Défendez-la alors, mais ne minterdisez pas de passer car cela répond à interdire de vivre...
Je pense que nous trouvons ici un agacement général, provoquant la mort de nombreuses personnes et ce qui justifie les récents assauts.
Si vous voulez mettre une phrase de tête alors je vous en cite une parmi tant dautre...
« Condamnez-moi pour mes faits et non pour vos craintes... »
AAP Beaucoup pourrez-vous répondre à cela, que la multiplication des actes de brigandages justifient la restriction des libertés de circulation que vous condamnez. Et après tout, les Feudataires du Royaume ont toute autorité pour appliquer ce que bon leur semble sur leurs terres. Vous parlez des actes, mais après tout, les brigands « reconnus » narrivent pas sur les listes de gens recherchés par hasard. Ne trouvez-vous donc pas légitime que lorsquon attaque, il faut sattendre à voir en face une défense, quelques soient les moyens employés par celle-ci ?
Gmat - Quil en soit bien clair, je ne remettrais jamais en cause les responsabilités des Feudataires du royaume envers leurs terres.
Je suis en accord avec vous sur la restriction des libertés de circulation après un acte de brigandage, mais seulement sur les terres en question. Pourquoi en prenant un château en Languedoc par exemple, on minterdirait de traverser les terres de Champagne ? Restons censés, que je sois interdit dans une contrée dans laquelle jai eu certains conflits cest une chose, maintenant ne pas pouvoir traverser des terres que je navais même jamais foulées, cela je ne le conçois plus.
Si jattaque, jattends de voir une défense certes, mais lorsquon lance un assaut, on est la plupart du temps un minimum cohérent, alors jaimerais bien retrouver cette cohérence au niveau de la défense.
Quoi quon veuille en penser, le Brigandage reste un moyen de gagner sa vie. Moyen de facilité ? Pas forcément lorsquon voit les risques que cela engendre. Mais bon, on le sait et on lassume dès le départ. Maintenant si le royaume entier ferme ses portes au premier étranger qui vole quelque part, alors vous allez sûrement arriver par tous les éteindre....
Sil ny a pas de place pour les brigands, alors vous êtes sur la bonne voix.
AAP Nous comprenons
Mais après tout, les Feudataires, dans labsolu, sont censés se soutenir entre eux, le Conseil des Feudataires peut témoigner de cette velléité particulière
Dès lors, si vous êtes reconnu avoir mené une action contre lun dentre eux, et donc les terres quil gère, pourquoi ses vis-à-vis ne pourraient-il pas mettre en place des mesures restrictives de manière disons, « préventive » ? Vous reconnaissez la légitimité les responsabilités des Feudataires envers leurs terres, pourquoi ne pas reconnaître quils puissent sentraider sur cette question ?
Gmat - Alors à ce moment-là jopterais pour la sentence capitale... Je préfère mourir pendu en place publique après avoir pris une ville plutôt que de ne plus pouvoir voyager. On ne coupe pas les ailes dun corbeau, on légorge... Et pour ma part, je préfère mourir par fierté plutôt que lon me prive de ma liberté. Nous avons limpression de devenir des animaux de cirques... sauvages mais en cage. Certaines personnes sont peinées en les regardant, et une majorité applaudissent de les voir car lignorance leur montre un seul côté de la chose. « Après tout, ce ne sont que des animaux non ?! »
En revanche, sans le savoir, vous créez une histoire qui se retournera de plus en plus contre vous... Personnellement, cela ménerve lorsquon me dit « désolé, comme vous vous appelez Gmat, vous ne pouvez pas traverser nos terres sinon procès immédiatement »...
Cest ce qui sétait passé en Poitou, alors jai dû sécuriser le maire en échange des trois quarts de sa caisse. Tout cela pour un procès en passant sur leurs terres. De même en Périgord. Fauchant même nos hommes lorsquils passaient. Alors on est allé prendre Angoulême... Et je pourrais vous en citer bien dautre.
En effet, je suis très spécial, mais un duché qui ne me laisse pas traverser ses terres pour aucune raison, juste par mon nom, alors je les garde en mémoire. Il serait plus facile de mettre en place une milice, une maréchaussée et/ou une armée sil y en a une, et me laisser passer. Mais par pitié, arrêtez avec vos procès « clic-clic »... Pas pour moi car je nai plus dutilité dans ce royaume, mais pour les autres... Ne semez pas les problèmes pour trouver des pertes... Cest bien tout ce quon demande aux Feudataires... Quils fassent leur liste rouge, verte ou noire, peu importe, quils annoncent les défenses sur toutes les terres, mais quils apprennent à se plonger dans la cohérence dune vie...
Pour finir, je tiens à signaler le seul duché qui ne pose pas la main sur la cours de justice sans cesse mais qui préfère opter pour une traque. Le Duché du Bourbonnais Auvergne. Voilà un duché censé ! On détrousse, on se fait traquer. Souvent ils gagnent, même si parfois des châteaux coulent... Mais ça fait parti de lhistoire. Je tiens à cette Auvergne qui a enfin compris certaines choses. En espérant que dautres prennent exemples sur eux...
AAP Nous avons parlé des derniers évènements qui secouent ou ont secoué le Sud du Royaume de France, cependant, vous nen êtres à votre coup dessai
Pouvez vous nous rappeler, ce que, dans « le milieu », on pourrait qualifié de postérité
Votre parcours en somme ?
Gmat - Rappelons que je ne suis en rien le fruit dune nouvelle culture. La postérité de ce « milieu » vient de tout en haut... de nos anciens... Certes, nous nous démarquons de plus en plus de part notre puissance et le fait que nous ne faisons rien par hasard, mais nous ne sommes que le maillon dune chaîne qui continuera pas la suite, malheureusement plus dans nos esprits que dans nos actes à cause de lextinction de beaucoup dentre nous.
Pour ce qui est de la suite logique, je pense avoir été un point dexemple pour certains successeurs et qui retraceront un parcours semblable au mien tout comme jai pu faire.
Maintenant, comme vous le dites, je ne suis pas à mon premier coup dessai, mais je voudrais, si vous me le permettez, faire la différence entre ce que vous appelez « ce milieu » et le simple fait dêtre brigand... Un brigand pille pour sa personne, en revanche, notre milieu nagit que pour montrer sa propre opinion des choses que notre seule voix ne pourrait imposer. Cela a été le cas dans le Périgord, en Berry, en Auvergne, en Bourgogne, en Provence ou même encore en Languedoc. Les biens des villes ne servent jamais à titre personnel, mais à combler les pertes des soldats et en aucun cas nous provoquons une chute économique dans une ville. Le but vient pour la plupart du temps du conseil et non de son peuple...
Que la descendance perdure même si les grandes têtes tombent... Nous formons toujours la relève avant de disparaître...
AAP Vous avez pourtant bien pillé des villes, et vous vous êtes accaparé donc les biens que tant dhonnêtes gens ont payé de leurs poches, le fruit souvent du travail de toute une communauté ?
Gmat - La question que je me suis toujours posé est « quelle est lutilité davoir Quarante mille écus dans une mairie ? » Vous croyez que cela aide vraiment toute une communauté ?
Sur cet exemple de ville je prends seulement de quoi payer mes soldats pour les remercier de mavoir soutenu. Généralement, cela monte à cinq cent écus par personne. Mais je fais toujours en sorte de laisser quatre mille ou cinq mille écus pour ne pas toucher à la stabilité de la ville. Et cela change quoi ? Pensez-vous que tant dhonnêtes gens se préoccupent doù vont leurs dépenses ? Quelles soient dans les poches dun brigand, dans les poches du maire, dans les caisses ou les poches de conseillers cela importe quoi ? La communauté elle, ce quelle désire, cest darrêter de payer des impôts abusifs, de retrouver de bons prix sur leur marché et davoir de lanimation dans sa ville. Après si rien de tout cela ne change, elle sen fout des conflits internes tant quils ne la touchent pas...
AAP Et puis
Vous parlez « dune voix », trouvez-vous décent dimposer votre voix dans la violence ?... Ne serais-ce pas finalement le signe que votre voix, en tout cas celle défendue par « ce milieu », nest en rien acceptée par la majorité ?
Gmat - La violence ? Vos parlez de violence lorsque la couronne décide denvahir la Bretagne et que nous nous retrouvons avec des centaines et des centaines de morts ? Vous parlez quand cette même couronne décide denvahir le Berry par un conflit avec une seule personne et que tout un duché brûle et voir ces villageois traîner sur le sol ? Ou encore lorsquelle décide daller s'abattre sur la Provence, arrachant, saccageant et pillant tout ce quil y a ?
Vous parlez de cette violence-là ou vous vouliez juste parler des quelques écus que je prends lorsque je prends dassaut une ville ?
Pardonnez-moi, mais je nai pas toujours la même définition des mots que mes voisins...
Maintenant, comme je vous lai dit, mes actes sont très souvent justifiés. Par un duché qui ne désire pas me laisser traverser sans aucune raison, juste par lappellation de mon nom et qui se termine en conflit. Ou alors cest que je me retrouve en plein cur dune guerre ravageuse et quil faut se défendre.
Ma voix est appréciée par certains et reniée par dautre. Nest-ce pas la logique des choses ? Les listes des élections ducales font-elles sans cesse l'unanimité ?
Les Français naiment pas les changements, et cest ce que nous sommes en train de leur proposer. Nous nous démarquons des brigands, et formons une sorte de « guilde »...
Qui sait ?! Nous allons peut-être attendre les prochaines élections du Languedoc, monter ma liste et voir si ma voix défendue par « ce milieu » pourra obtenir une majorité... Là vous aurez la réponse à votre question...
AAP Vous savez ce quon dit ? Le pouvoir légal possède le « monopole de la violence légitime » ! Qui plus est une guerre déclenchée par la Couronne, ou par les Feudataires, quelle ait des raisons correctes ou non, est plus « légale », que des actions de brigandage. Dès lors, pour pouvoir défendre une vision des choses, vous semblez avoir trouvé une réponse plus légaliste
Mais est-ce envisageable à votre sens, ou bien cette « voix » ne peut se défendre quavec révoltes et luttes armées ?
Gmat - La couronne demanderait aux paysans dabuser physiquement de leurs troupeaux de brebis, la majorité le ferait. De même sil fallait vendre leurs enfants.
Que la décision soit bonne ou pas, le peuple suit comme des propres moutons. Cest cela qui est désolant. Jai fait de nombreuses batailles, combien de fois jai pu entendre « pff on se bat sans même savoir pourquoi... » ou encore « Ah lui je ne laime pas... Pourquoi ?... Ben, euh... ben parce quil na pas le même drapeau que moi... Ah oui ? Et toi tu es là pourquoi ?... ben, euh, ben je ne sais pas... ».
Et vous trouvez cela beau ? Ce battre sans savoir pourquoi, saccager pour saccager, tout cela pour une personne que lon ne voit pas, que lon nentend pas et qui se moque entièrement de nous. Ceci est la mentalité du royaume, mais désolé ce nest pas la mienne. Pour ma part, jai une façon de penser, jai des opinions, quelles déplaisent ou non. Mais je trouve ma propre personnalité et personne ne me dira de faire quoi que ce soit. Cest cela être libre...
Notre « voix » ne pourra se défendre quavec des révoltes et des luttes armées certes, mais au moins nous vivons avec nos envies, nos idées et notre conscience. Nous sommes « nous » et même si nous finirons tous par être pendu un jour où lautre, je ferais en sorte que ceux qui vivent pour une raison, vivrons pour eux, et simplement pour eux...
Jen donne ma vie pour cela...
AAP - Devrions-nous nous attendre à vous revoir en dehors de ces geôles?
Gmat - Que lon demande au « Grand peuple Royal » sil désire me voir sortir...
Pour ma part, je ne sais pas si jaurais la force de continuer ou non, je me fais vieux et ma vie est désormais vouée à léchec. Mon but était de faire passer un message et je pense quils lont compris depuis quelque temps. Jai donné mes ficelles, après il faut que la vie se poursuive et que la relève arrive.
Seul le temps nous le dira...
A présent, je suis fatigué, je vais continuer de ronger mon os en cellule et me reposer un peu en écoutant au loin les révoltes... Je vous remercie pour votre passage, cela fait du bien de parler à une autre personne que de simples lépreux. Jespère simplement que vous avez eu les réponses à vos questions et avec un peu de chance, une vision différente de ce que nous sommes...
(Le rédacteur salut le prisonnier en signe de remerciement pour ses réponses...puis sort des geôles froides et crasseuses du Languedoc.)
Nkhan, pour l'AAP
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