Fildais
[Saumur, un jour enveloppé de novembre ou était-ce peut-être un Automne en Anjou
je ne sais plus
]
Trois miettes sur une table.
Trois miettes de pain.
Trois miettes qui ne demandaient rien, sis là sur le bois.
Oubliées du monde, une brève existence à vivre dair et de rien.
Trois miettes qui sous les doigts décharnés et tremblants dune Compostelle rongée par la thériaque salignaient bien sagement.
Elles étaient bien dociles, bien disciplinées, petites miettes, et sous son regard éthéré se laissaient broyer sous les phalanges de la folle à lesprit disloquée.
Des histoires de miettes quon aligne, par trois, par quatre et qui se font piétiner dans lindifférence générale sont des banalités existentielles dans les tavernes du Royaume.
Les azurines lassées de ce spectacle, tombèrent dans le fond carminé du gobelet détain.
Le vin, maigre miroir de chacune de ses nuits, lui renvoyait limage dune étoile déchue, dun astre fané par les chagrins, dune Compostelle aux bonheurs stériles.
Une rumeur séleva alors, à lextérieur, fébrile, et pourtant nattirant en rien lattention dune blonde en grand conciliabule avec les hautes autorités de ses personnalités changeantes, sa colocation avec ses multi soi-même en devenait dérangeante et ne laffranchissait guère vers un état sain desprit.
Et dehors, ça enflait de plus en plus, cen devenait clameur, bruit qui sinfiltrait dans la tiédeur morne de la taverne, courait sur chaque lèvres, filait en chuchotis à travers les tables et finalement se heurta aux écoutilles fildaïssiennes.
« Assassinat » fut un des premiers mots qui pu percer à travers le brouillard alcoolisé de sa pensée et qui lui extirpa une réaction, bien minime en soi.
Un sourcil dor qui se haussa, perchée en interrogation devant des lucarnes vides dun bleu épuisé de vie.
« Cadavres » fut le mot qui larracha brutalement à sa torpeur, son nez se releva et avec lui, les iris grises balayant la salle, chancelantes.
Mais le réveil se fit des plus âpres lorsquelle reconnut la sonorité familière dun prénom.
Le reste des paroles qui entourait les volutes de ce nom chéri fut étouffé dans une résonnance qui lassourdissait.
- Lucie .
Battement de cur manqué.
Respiration suspendue dans un oubli.
Raison effritée.
Prunelles vacillantes sous les paupières closes.
Et la main faible de lâcher un verre qui se répandit en milles gouttes de carmin sur la table et tacher la mise blanche dune Compostelle déjà frappée par le deuil.
Lucie
Le prénom se distilla lentement dans la caboche blonde en murmures succinctes, sinsinua dans les moindres recoins secrets de son âme.
Incrédulité qui se mêla à langoisse !
-Non impossible ! Pas Lucie ! Pas NOTRE Luz
-Ces bêtes là sont increvables !
-Hmmm cest surtout quon ne lui a pas donné lautorisation dexpirer.
Comme si la Luz avait besoin dune approbation pour quoi que se soit !
Bien trop libre pour ça.
Incrédulité encore lorsque la Compostelle se leva brutalement et quitta les lieux, sa main en conque sur larrondi de sa panse, son péché comme un boulet de condamnée.
Incrédulité toujours, lorsquelle se dirigea en courant jusquà la naissance de cette rumeur, donnant du coude à la gueusaille, poussant à qui mieux-mieux, son poitrail agité des soubresauts de la peur, on lentraîna jusque devant la porte du seul chirurgien-barbier du patelin, un comité sy était amassé en curiosité et chuchotis malsains.
Les prunelles troubles glissèrent sur la monture ensanglantée, cheval orphelin de cavaliers puis ricochèrent irrémédiablement vers lintérieur au battant entre-ouvert.
La plèbe se tenait à lentrée dans un demi-cercle compact et à loisir observait de toute leur impudence la mort qui avait déjà fauchée.
Fildaïs poussa du gueux, de la commère, du curieux, du mendiant au poivrot à lil clignotant afin de frayer son chemin. Elle prit tous les droits et franchit le seuil seule lobscurité fit place à la lumière, les paupières papillonnèrent un instant et le regard se fixa sur une chevelure, de lor ; courba sur le trait du visage, un ange ; tomba sur le cou où le carmin avait pris la place de la douce ivoirine la lumière fit place à lobscurité.
Le chirurgien-barbier hocha juste de la tête en réponse aux mirettes interrogatrices.
-Faites mander une charrette et vite ! Laissez-moi, je veux être seule et fermez cette foutue porte !!!
Lbonhomme sexécuta de mauvaise grâce mais contre le chagrin il ny avait pas darmes.
La carcasse finit par céder et la Compostelle tomba à genoux à leurs côtés, le souffle court, le salin lavant ses pupilles dairain.
Elle, la fille de Duc, était étendue sur la couche, magnifiquement belle même dans la mort.
Lui, le fils de rien mis au rebus un peu plus loin, en cadavre recroquevillé au sol.
Silence
Les phalanges blêmes caressèrent le corps inerte de Lucie, doigts tremblants pris dans ses filets dor, naviguant sur la froide porcelaine cherchant une once de chaleur, un vague espoir et descendant plus bas jusquà sentir à son flan un pommeau de métal. Le cur battant, la blonde découvrit sous sa paume, une tête de Licorne.
La Licorne de son Mackx. Larme maudite qui lavait traînée à Saumur.
Fildaïs se pencha au dessus de Lucie, scella ses vermeilles aux siennes plus pâles et définitivement immobiles, persévération ultime et futile dans lexistence.
Aucun souffle
-Ralala la belle au bois dormant cest pas pour maintenant
-Vous croyez quelle est morte ? Fit une petite voix timide à laccent enfantin.
-Non, tvois pas quelle fait une sieste en mode « gorge ouverte », cest très actuel et si rposant tsavais pas !
-Jveux dire, morte pour de vrai ?
-Bien sûr que non, cest pour de faux ! Elle fait semblant là ! Ça va juste durer léternité ! Pôv gourde va !
La jeune femme se tourna vers le brun, haine quelle eut du mal à étouffer, il lui avait promis ! Oui promis quil veillerait sur elle, quil la protégerait. Que dalle, oui ! Elle serra son poing de rage.
-Misérable inutile ! Ptit con va !
Bien vite, Fildaïs pinça ses lèvres, se rendant compte du ridicule à insulter une coquille vide. La poitevine le fit basculer afin sobserver à loisir son faciès dincapable, retint une grimace, il avait morflé lui aussi et sévère. Avec douceur, la jeune femme passa ses doigts fins sur le visage de Chaos, après tout, Lucie laimait cétait bien quà quelque part il devait le mériter.
Ainsi, il semblait si paisible le trait impassible comme si dans lau-delà il avait trouvé une paix qui navait été que colère ici-bas.
-La charrette est là mamzelle !
La blonde sursauta, surprise puis tout bas ajouta sans un regard pour lhomme.
-Laissez-moi encore un instant, puis vous chargerez les corps
-Les deux ???
-Oui les deux !!!
La porte se referma, et Fildaïs scella ses paupières. Des larmes brûlantes roulaient sur ses joues creusées par lamertume.
Trois miettes dans une main.
Trois miettes de rien.
Trois miettes broyées dans la main cruelle du destin, ne restaient que peines et chagrins.
La mort avait frappé, mais de son voile funèbre avait commis loubli, dune Fildaïs équilibriste, funambule sur son fil, oscillant dans sa folie entre un corps bien vivant et une âme presque morte.
Trois miettes Un frisson parcouru les entrailles de la jeune femme, sa main venait de heurter la courbure douce qui logeait en lieu de ventre.
Trois miettes, la quatrième si insignifiante sera oubliée et ne perdura que dans la mémoire dune cinglée.
Quelques piécettes terminèrent au fond de la paume du barbier avec pour recommandation expresse demmener les deux corps à Gennes et de les remettre à linfâme Montmorency.
Et elle de rentrer bien plus tard avec son coche, dans une aube avancée, lalcool et les larmes pour seuls compagnons de ces dernières heures.
Sur ses genoux, bien campée, trônait lépée à tête de Licorne.
La boucle était bouclée
*explication du titre, faut demander à ljd Finam
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Plus muette et de plus en plus cintrée ! [En rouge : les voix pensionnaires dans la tête blonde]
Trois miettes sur une table.
Trois miettes de pain.
Trois miettes qui ne demandaient rien, sis là sur le bois.
Oubliées du monde, une brève existence à vivre dair et de rien.
Trois miettes qui sous les doigts décharnés et tremblants dune Compostelle rongée par la thériaque salignaient bien sagement.
Elles étaient bien dociles, bien disciplinées, petites miettes, et sous son regard éthéré se laissaient broyer sous les phalanges de la folle à lesprit disloquée.
Des histoires de miettes quon aligne, par trois, par quatre et qui se font piétiner dans lindifférence générale sont des banalités existentielles dans les tavernes du Royaume.
Les azurines lassées de ce spectacle, tombèrent dans le fond carminé du gobelet détain.
Le vin, maigre miroir de chacune de ses nuits, lui renvoyait limage dune étoile déchue, dun astre fané par les chagrins, dune Compostelle aux bonheurs stériles.
Une rumeur séleva alors, à lextérieur, fébrile, et pourtant nattirant en rien lattention dune blonde en grand conciliabule avec les hautes autorités de ses personnalités changeantes, sa colocation avec ses multi soi-même en devenait dérangeante et ne laffranchissait guère vers un état sain desprit.
Et dehors, ça enflait de plus en plus, cen devenait clameur, bruit qui sinfiltrait dans la tiédeur morne de la taverne, courait sur chaque lèvres, filait en chuchotis à travers les tables et finalement se heurta aux écoutilles fildaïssiennes.
« Assassinat » fut un des premiers mots qui pu percer à travers le brouillard alcoolisé de sa pensée et qui lui extirpa une réaction, bien minime en soi.
Un sourcil dor qui se haussa, perchée en interrogation devant des lucarnes vides dun bleu épuisé de vie.
« Cadavres » fut le mot qui larracha brutalement à sa torpeur, son nez se releva et avec lui, les iris grises balayant la salle, chancelantes.
Mais le réveil se fit des plus âpres lorsquelle reconnut la sonorité familière dun prénom.
Le reste des paroles qui entourait les volutes de ce nom chéri fut étouffé dans une résonnance qui lassourdissait.
- Lucie .
Battement de cur manqué.
Respiration suspendue dans un oubli.
Raison effritée.
Prunelles vacillantes sous les paupières closes.
Et la main faible de lâcher un verre qui se répandit en milles gouttes de carmin sur la table et tacher la mise blanche dune Compostelle déjà frappée par le deuil.
Lucie
Le prénom se distilla lentement dans la caboche blonde en murmures succinctes, sinsinua dans les moindres recoins secrets de son âme.
Incrédulité qui se mêla à langoisse !
-Non impossible ! Pas Lucie ! Pas NOTRE Luz
-Ces bêtes là sont increvables !
-Hmmm cest surtout quon ne lui a pas donné lautorisation dexpirer.
Comme si la Luz avait besoin dune approbation pour quoi que se soit !
Bien trop libre pour ça.
Incrédulité encore lorsque la Compostelle se leva brutalement et quitta les lieux, sa main en conque sur larrondi de sa panse, son péché comme un boulet de condamnée.
Incrédulité toujours, lorsquelle se dirigea en courant jusquà la naissance de cette rumeur, donnant du coude à la gueusaille, poussant à qui mieux-mieux, son poitrail agité des soubresauts de la peur, on lentraîna jusque devant la porte du seul chirurgien-barbier du patelin, un comité sy était amassé en curiosité et chuchotis malsains.
Les prunelles troubles glissèrent sur la monture ensanglantée, cheval orphelin de cavaliers puis ricochèrent irrémédiablement vers lintérieur au battant entre-ouvert.
La plèbe se tenait à lentrée dans un demi-cercle compact et à loisir observait de toute leur impudence la mort qui avait déjà fauchée.
Fildaïs poussa du gueux, de la commère, du curieux, du mendiant au poivrot à lil clignotant afin de frayer son chemin. Elle prit tous les droits et franchit le seuil seule lobscurité fit place à la lumière, les paupières papillonnèrent un instant et le regard se fixa sur une chevelure, de lor ; courba sur le trait du visage, un ange ; tomba sur le cou où le carmin avait pris la place de la douce ivoirine la lumière fit place à lobscurité.
Le chirurgien-barbier hocha juste de la tête en réponse aux mirettes interrogatrices.
-Faites mander une charrette et vite ! Laissez-moi, je veux être seule et fermez cette foutue porte !!!
Lbonhomme sexécuta de mauvaise grâce mais contre le chagrin il ny avait pas darmes.
La carcasse finit par céder et la Compostelle tomba à genoux à leurs côtés, le souffle court, le salin lavant ses pupilles dairain.
Elle, la fille de Duc, était étendue sur la couche, magnifiquement belle même dans la mort.
Lui, le fils de rien mis au rebus un peu plus loin, en cadavre recroquevillé au sol.
Silence
Les phalanges blêmes caressèrent le corps inerte de Lucie, doigts tremblants pris dans ses filets dor, naviguant sur la froide porcelaine cherchant une once de chaleur, un vague espoir et descendant plus bas jusquà sentir à son flan un pommeau de métal. Le cur battant, la blonde découvrit sous sa paume, une tête de Licorne.
La Licorne de son Mackx. Larme maudite qui lavait traînée à Saumur.
Fildaïs se pencha au dessus de Lucie, scella ses vermeilles aux siennes plus pâles et définitivement immobiles, persévération ultime et futile dans lexistence.
Aucun souffle
-Ralala la belle au bois dormant cest pas pour maintenant
-Vous croyez quelle est morte ? Fit une petite voix timide à laccent enfantin.
-Non, tvois pas quelle fait une sieste en mode « gorge ouverte », cest très actuel et si rposant tsavais pas !
-Jveux dire, morte pour de vrai ?
-Bien sûr que non, cest pour de faux ! Elle fait semblant là ! Ça va juste durer léternité ! Pôv gourde va !
La jeune femme se tourna vers le brun, haine quelle eut du mal à étouffer, il lui avait promis ! Oui promis quil veillerait sur elle, quil la protégerait. Que dalle, oui ! Elle serra son poing de rage.
-Misérable inutile ! Ptit con va !
Bien vite, Fildaïs pinça ses lèvres, se rendant compte du ridicule à insulter une coquille vide. La poitevine le fit basculer afin sobserver à loisir son faciès dincapable, retint une grimace, il avait morflé lui aussi et sévère. Avec douceur, la jeune femme passa ses doigts fins sur le visage de Chaos, après tout, Lucie laimait cétait bien quà quelque part il devait le mériter.
Ainsi, il semblait si paisible le trait impassible comme si dans lau-delà il avait trouvé une paix qui navait été que colère ici-bas.
-La charrette est là mamzelle !
La blonde sursauta, surprise puis tout bas ajouta sans un regard pour lhomme.
-Laissez-moi encore un instant, puis vous chargerez les corps
-Les deux ???
-Oui les deux !!!
La porte se referma, et Fildaïs scella ses paupières. Des larmes brûlantes roulaient sur ses joues creusées par lamertume.
Trois miettes dans une main.
Trois miettes de rien.
Trois miettes broyées dans la main cruelle du destin, ne restaient que peines et chagrins.
La mort avait frappé, mais de son voile funèbre avait commis loubli, dune Fildaïs équilibriste, funambule sur son fil, oscillant dans sa folie entre un corps bien vivant et une âme presque morte.
Trois miettes Un frisson parcouru les entrailles de la jeune femme, sa main venait de heurter la courbure douce qui logeait en lieu de ventre.
Trois miettes, la quatrième si insignifiante sera oubliée et ne perdura que dans la mémoire dune cinglée.
Quelques piécettes terminèrent au fond de la paume du barbier avec pour recommandation expresse demmener les deux corps à Gennes et de les remettre à linfâme Montmorency.
Et elle de rentrer bien plus tard avec son coche, dans une aube avancée, lalcool et les larmes pour seuls compagnons de ces dernières heures.
Sur ses genoux, bien campée, trônait lépée à tête de Licorne.
La boucle était bouclée
*explication du titre, faut demander à ljd Finam
_________________
Plus muette et de plus en plus cintrée ! [En rouge : les voix pensionnaires dans la tête blonde]