Manon, incarné par Kachina
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Laissez passer les p'tits papiers !
Elle court, à peine effleure t-elle le sol de ses petits pieds chaussés de galoches.
La fillette dévale les ruelles de la ville haute , où elle vient d'aller vendre le pain cuit par Kachi pendant la nuit. Son panier vide sous le bras, elle serre précieusement dans sa main l'escarcelle contenant les précieux écus.
L'argent est rare à la maison, depuis quelque temps. Les jours à veiller, sans travailler ont eu raison des maigres économies, mais peu importe ,on se débrouille . Joran rapporte souvent un lièvre ou un faisan de ses chevauchées en forêt. Les poules donnent leurs oeufs. Et puis, il y a le pain.
Et puis, il y a les rires et les chansons, les amis qui passent à la chaumière. On vit de ça, ici , d'amitié, de partage...
Depuis peu, elle apprend à lire, le soir au coin du feu.
Sa coiffe glisse de ses cheveux fins, elle la remonte d'un geste impatient, continuant sa course, en sautillant et en chantant. Saluant au passage d'un joyeux bonjour, les personnes rencontrées.
Elle évite la ruelle du chat qui pêche, là ou dort souvent devant une porte cochère, le gros chien noir qui lui fait si peur. Passe la porte de fer, et arrive enfin devant la chaumière.
Petit poing qui cogne , sur le bois. Petite voix qui appelle !
- Toc, toc. C'est Manon !!
Sans attendre de réponse, impatiente, elle pousse la porte, entre et s'arrête devant l'homme occupé à son ouvrage :
- Bonjour ! Alors, ils sont prêts les parchemins ?
Alboin, incarné par Mertin
Tchak Tchak Tchak
Une chaumière adossée à un moulin
Tchak Tchak Tckak
A l'intérieur deux femmes près d'un tas de vêtements et draps, tous plus usés les uns que les autres. Deux femmes qui piochent dedans, retirent les boutons, les coutures, comment si elles dépouillaient les tissus de tout ce qui leur donnait une utilité. Deux femmes, qui font grossir trois tas devant elles, de tissus usés, dépouillés. Deux femmes qui romps des fois les bruits monotones par les discutions.
Tchak Tchak Tchak
Un homme d'age mur, près d'un tas de tissus usés, dépouillés qui pioche dedans. Un homme qui à l'aide d'une faux les découpent en fines lamelles avant de les laisser tomber dans un bac.
Tchak Tchak Tchak
Le bruit d'une roue qui tourne, la roue du moulin. Une roue qui fait tourner un vilebrequin. Un vilebrequin qui ressemble au mât d'un bateau sur lequel on a inséré des pieux. Des pieux qui font lever des maillets. Des maillets garnis de clous, qui se dressent, s'appuyant sur leur socle, avant de tomber dans des auges. Des auges emplies d'un mélange d'eau et de chiffes. Un mélange qui est brassé encore et encore, défilant les chiffes, créant une pâte.
Tchak Tchak Tchak
A côté de la pile à maillet se trouve des moules en bois et en laiton. Des moules qui servirons à recueillir un pâte liquide. Une pâte de laquelle naîtra du papier chiffon.
Tchak Tchak Tchak
Un jeune homme, sûrement un apprenti, près dune presse. Une presse pressant un tas de papier chiffon détrempé. Des papiers chiffon détrempés qui laissent échappés des gouttes deaux. Des goûtes qui sassemblent pour former des filets. Des filets deau qui sen vont vers le sol.
Tchak Tchak Tchak
Un homme daspect bourru qui regarde dun il connaisseur les gestes de son apprenti. Un homme qui se nomme Alboin. Un homme qui relève la tête lorsque la porte souvre. Un homme qui se met à bougonner quand il entend la fillette qui vient dentrer. Un homme qui se met tout de même à avancer vers elle.
Des parchemins ? Des parchemins ?! Jai une tête de parcheminier moi ?! Tu vois des peaux qui pendouillent un peu partout ptêt ? Non, jeune fille, ici on fait du papier chiffon. Srait ptêt temps dse mettre au goût du jour.
Alboin se retourne vers le jeune homme près de la presse.
Hey ! Tas pas entendus la fillette ?! Va donc chercher la commande au lieu de fainéanter ! Et plus vite que ça, si tu veux pas mon pied au derrière !
Le jeune homme file, passe entre des feuilles de papiers étendus à sécher. Puis disparaît derrière. Alboin se retourne vers Manon.
Bon, comme convenu, jvais être gentil avec le prix ! Mais quça dvienne pas une habitude, hein ?! Cest juste parce quon a eu chaud avec les brigands.
Ah ! Et la prochaine fois, qujentend quelquun vnir ici et demander du parchemin, jvous fait mon papier chiffon au prix du parchemin. Si vous nvoyez pas la différence, croyez moi, votre bourse la sentira !
Le jeune homme revient, dans ses bras, les papiers chiffon. Il les tend à la damoiselle, accompagné dun timide voilà.
Bon, vous lavez votre commande, allez houst, on a du travail ici !
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Frère Abras, incarné par Mertin
Le papier, a été créé
Mais le journal, doit être copié
Au monastère Manon sen est allé
Pour qu le travail, soit effectué
Des coups à lentrée ont retentis
Et cest frère Abras qui ouvrit
Il prit réception des papiers
En disant, je vais men occuper
Sans attendre, il se dirigea
Là où les moines étaient assemblés
Dans la salle détude il pénétra
Et il se mit à annoncer
Mes biens chers frères
Chers Supérieur
Reprenez avec moi tous en chur
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Y'aura pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Tous à vos plumes, qu'votre écriture soit merveille
Car le Très Haut nous regarde du soleil
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Puis il réclama le silence
Afin d'observer les réactions
Sur certains visages de l'assistance
Se reflétait surtout l'indignation
Quant aux autres, visiblement endormis,
Se demandaient c qui s passait ici
Aussi en distribuant le papier
Frère Abras se mit à répéter
Mes biens chers frères
Chers Supérieur
Reprenez avec moi tous en chur
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Y'aura pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Tous à vos plumes, qu'votre écriture soit merveille
Car le Très Haut nous regarde du soleil
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Les frères se mirent à travailler
Et le silence cest installé
Cest la gourmandise qui les guidait
Le bouillie bouillie, ils en voulaient
Mais avec les heures qui passaient
Parfois le rythme ralentissait
Alors frère Abras se relevait
Et à tous il leur rappelait
Mes biens chers frères
Chers Supérieur
Reprenez avec moi tous en chur
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Y'aura pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Bouillie bouillie, pas de bouillie bouillie
Tous à vos plumes, qu'votre écriture soit merveille
Car le Très Haut nous regarde du soleil
Pas de bouillie bouillie avant qu'le journal soit finit
Et on dit, que c'est ainsi, que fut écrit le journal.