Imala, incarné par Kachina
Caillou qui vole et atterrit sur la nappe gelée, qui la perce et disparaît au fond de leau. Regard levé vers le ciel gris chargé de neige. Deux yeux rieurs , couleur noisette, qui sortent des lainages dans lesquels , elle est emmitouflée. La gamine, accroupit au bord de leau, relance un caillou puis un autre, samuse du bruit de la glace qui se brise.
Songeuse. Elle pense à son ami, le vieux sage, lermite qui vit au fond des bois, là bas. Elle aime aller le voir depuis toujours. Il lui conte mille légendes. Il lui parle comme à une grande. Elle , la petiote de 6 ans, petite gueuse insignifiante, sous ses hardes .
Le front plissé, elle tente de comprendre, ce quil lui a dit, alors quelle reprend son chemin en chantonnant . Sentier qui senfonce dans la forêt, branches des arbres qui la frôlent parfois. Taillis, futaies, elle va parler à son ami.
" Je vois et je sais.
Mes yeux découvrent dans le Ciel ce qui sera et je franchis le temps d'un seul pas.
Une main me guide vers ce que vous ne voyez ni ne savez !".
Voilà ce quil lui a dit le vieux, tout en caressant sa barbe, de la main, tout en jetant sur elle son regard bienveillant.
Elle, elle ne comprend pas tout, simplement, elle aime les mots quil prononce. Il lui dit quil faut quelle se souvienne, quelle comprendra un jour.
" Mille ans auront passé depuis le temps que nous vivons et les fiefs se seront partout rassemblés en de grands royaumes et de vastes empires.
Des guerres aussi nombreuses que les mailles de la cotte que portent les Chevaliers de l'Ordre se seront entrecroisées, défaisant les royaumes et les empires, en tissant d'autres.
Et les serfs, les manants, les pauvres sans feu se seront mille fois révoltés, brûlant les récoltes, les châteaux et les villes, jusqu'à ce qu'on les écorche vifs et qu'on force les survivants à rentrer dans leurs tanières.
Ils se seront crus Rois."
Elle nest pas Reine, mais un jour, elle se lest juré. Elle sera une princesse
..
Mais déjà, elle arrive, elle laperçoit, court à lui en souriant
.
Prophetix, incarné par Mertin
Les saisons se succèdent les unes aux autres. L'hiver laisse place au printemps. Le printemps s'efface pour que l'été s'installe. L'été s'évanouit lorsque l'automne arrive. Et quand reviens l'hiver, ce n'est ni un début ni une fin. Ce n'est qu'une étape dans le grand cycle de la vie.
Mère nature s'était depuis longtemps endormi. Son chant était tel le souffle paisible du dormeur. Le soleil, lui-même, passait le plus clair de son temps sur son lit du nuage. Au milieu de ce monde ralentit, au pied d'un chêne et devant un bon feu, était assis Prophetix. Il bougeait comme s'il craignait de réveiller ceux qui dormaient, par un geste trop brusque, ou trop bruyant.
En cette période, il se sentait vieux. La veille, il avait entendu des bruits de combats venant de Saint Bertrand. Même en hivers, les hommes continuaient à se battre. Il se sentait las, lui, le dépositaire d'un savoir qui s'étiolait de jour en jour. Lui, le gardien d'une connaissance qui s'oubliait petit à petit. Combien d'hommes étaient encore capables de regarder l'arbrisseau devenir arbre ? Combien d'individus entendait encore les chants de dame nature ? Aveuglés par leur soif de supériorité, ils oubliaient les vieux enseignements.
Un bruit de pas dans la neige le sorti de ses pensées. Il tourna le regard pour y voir une fillette courir vers lui. Il l'accueillit d'un sourire, tandis qu'il la regardait avec tendresse. Lui, ne serait bientôt plus qu'un souvenir du passé. Un souvenir qui allait être oublié, comme bien d'autres avant lui. Mais l'enfant qu'il voyait courir vers lui, cette fillette débordant d'énergie, Elle, représentait l'avenir.
Et bien Imala, comptes-tu réveiller tous les dormeurs ? Commença-t-il d'une voix chaleureuse. Viens donc t'asseoir avec moi près du feu. Et laisse donc un vieil homme te parler un petit peu. T'ai-je déjà raconté à quel point la sagesse des chênes est importante ? À quel point leur savoir est phénoménal ? Celui-ci dors en ce moment. Mais je suis certains, que même dans son sommeil, il nous écoute.
Il s'arrêtât un instant de parler, comme si un souvenir lui était revenu. Puis, il reprit, toujours aussi chaleureux envers l'enfant.
Mais peut-être, es-tu venue pour entendre la suite de ce qui m'a été confié. Aimerais-tu, que je t'en parle à nouveaux ?
--Imala..
Ses yeux ne quittent pas la flamme qui s'élève , ravivée par le bois que le vieil homme vient de rajouter.
Orange, rouge, jaune, elle danse et se tord, ondule dans l'air, s'élève vers le ciel, joyeuse, lumineuse.
Imala s'approche un peu, se chauffe les mains au foyer.
- Jolie ton histoire, vieil homme !
Mais c'est quoi, ces dangers dont recèle le monde, comme tu dis ?
Et où est l'ombre, vieux sage ?
Et le jouvanceau, il était beau ? Comment étaient ses yeux ?
Non loin d'eux, le rouge gorge, sautille de pierres en branches. Il cherche quelque chose à picorer . L'hiver est rude cette année en Armagnac. La fillette se perd un instant dans le spectacle de cet oiseau. Si petit, si résistant, malgré le froid, le manque de nourriture, il survit.
Elle récite malgré elle, à voix haute, ces autres paroles du druide, délivrées la dernière fois :
Lorsque commencera l'An Mille qui vient après l'An Mille
Les animaux que Noé avait embarqués sur son Arche
Ne seront plus entre les mains de l'Homme
Que bêtes transformées selon sa volonté
Et qui se souciera de leur souffrance vivante ?
L'homme aura fait de chaque espèce ce qu'il aura voulu
Et il en aura détruit d'innombrables
Que sera devenu l'homme qui aura changé les lois de la vie
Qui aura fait de l'animal vivant une motte de glaise
Sera-t-il l'égal de Dieu ou l'enfant du Diable ?
Sourcils froncés, front plissé, elle se concentre, essaie de comprendre. Mais les mots glissent sur elle. Elle s' avance un peu plus près du vieil homme. De toute sa petite taille, elle le toise gentiment , curieuse de la suite :
- ça y est, elles sont ouvertes mes oreilles. Dis moi tout, vieux sage !
--Prophetix
De vieux sage, le voilà qu'il était descendus à vieil homme. Décidément. Cependant de voir cette soif d'apprendre chez cette fillette. Certes, cela pouvait parfois être fatiguant, mais pourtant... Les enfants étaient plein de vie, ils en avaient besoin.
Et bien, que voilà une fillette curieuse. L'ombre, ma chère enfant, ce trouve dans la haine, la colère et la peur. Chacun de nous en possède une parcelle de cette ombre. Mais nous possédons aussi la lumière. On peut la retrouver dans l'espoir, l'amour et la compassion. La seule façon de ne pas nourrir l'ombre, c'est de se tourner vers la lumière. Quand aux dangers que recel le monde. Il appartiens aux adultes de les connaitre. Tu es trop jeunes pour qu'on te les dévoiles. Toi, il t'appartiens de profiter de ta jeunesse et d'écouter les adultes. Car, ils sont là pour te protéger.
Prohphétix offrit un sourire à Imala, avant de poursuivre.
Je peux cependant te renseigner sur le jouvenceau. Si certaines mauvaises langues ont dit qu'il était quelconques, de nombreuses femmes le décrivent tel un prince charmant. Quand à ces yeux, ils étaient de couleurs marron. Mais, il te faut savoir une chose. On raconte que chaque fois qu'il regardait la damoiselle, c'est comme si les étoiles que l'on peut voir dans le ciel, la nuit, venaient prendre place dans ces yeux.
L'homme, laissa la jeune fille à son imagination, en profitant pour prendre Possession d'une bourse. Il l'ouvrit et jeta un peu de poudre sur le feu. Les flammes se mirent à virer au vert et à l'orangé. Il prit une inspiration et lança d'une voix forte.
Maintenant, écoute et entend.
Je vais te révéler une chose dont tu devra te souvenir.
N'aie pas peur des mots, car sinon l'ombre te dévorera
Accepte les et fait en tes alliés.
Lorsque commencera l'An Mille qui vient après l'An Mille
L'enfant sera lui aussi vendu
Certains se serviront de lui comme d'une quintaine
Pour jouir de sa neuve peau
D'autres le traiteront comme un animal servile
On oubliera la faiblesse sacrée de l'enfant
Et son mystère
Il sera comme un poulain qu'on dresse
Comme un agneau qu'on saigne qu'on abat
Et l'homme ne sera plus rien que barbarie
Prophetix fit une pause. Il prit possession d'une autre bourse, inséra sa main dedans et en retira une poignée de poudre. Il jeta celle ci sur le feu. Les flammes devinrent plus claire, comme porteuse d'un nouvel espoir.
Mais aie confiance, mon enfant, car l'espoir est permis.
Après les jours noirs du commencement de l'An Mille qui vient après l'An Mille
S'ouvriront des jours heureux
L'homme retrouvera le chemin des hommes
Et la terre sera ordonnée
L'homme connaîtra une seconde naissance
L'Esprit saisira la foule des hommes
Qui communieront dans la fraternité
Alors s'annoncera la fin des temps barbares