Castelreng
- Narbonne - Toujours dans la taverne...
Les seuls bruits qui sétaient fait entendre, furent la remise en place des chaises et lentrechoquement des chopes que la tenancière ramassa en maugréant. La salle petit à petit avait repris son accueillante présentation. Installés à la table la plus proche de la cheminée qui, par ses bûches flambantes, apportait une douce chaleur, Castelreng et Nolanna ne pipaient mots, plongés tous les deux dans leurs réflexions. Agissait-il bien en voulant contraindre sa sur à renoncer à ses aventures hasardeuses ? Il était conscient que vouloir diriger la vie de Nane nétait pas chose à faire. De quel droit dailleurs se permettait-il de vouloir imposer son bon vouloir ? Cependant, pour rien au monde il ne voulait quil lui arrive quoi que ce soit. Tout ce quil voulait nétait en fait que légitime finalement ; la soutenir dans cette épreuve et surtout, surtout, que rien ne lui arrive. Plus il réfléchissait, plus il se disait donc quil avait plus que grandement raison de vouloir interférer dans les projets de la blonde.
Il en était donc là dans sa méditation lorsque la voix tonitruante de son capitaine se fit entendre, le sortant de ce fait de ses pensées. Tournant la tête vers larrivant, dun signe de la main, il lui fit signe de prendre place à la tablée.
Nous allons devoir nous rendre sous peu à Castelnaudary. Je veux une bonne escorte. Hélie et Pierric seront aussi du voyage ils pourront nous être utiles à distraire Nane des projets que jai en tête pour elle enfin je lespère
Pour sûr que Merer devait se demander de quoi était à lui parler Cordas, ce dernier nayant jusque là pas pris la peine de lui expliquer quoi que ce soit. Voyant que son capitaine affichait une drôle de mine, le Ténébreux eut vite fait den déduire que Merer avait, comme à son habitude, la gorge sèche. Aussi fit-il signe à la tenancière dapporter de quoi se rafraichir le gosier. Chopes ambrées et mousseuses furent déposées sur la table contre quelques écus. Alors quil portait ses lèvres à sa pinte de bière, regardant par-dessus le récipient, ses deux vis-à-vis, restés pour le moment silencieux, il réalisa enfin que Merer ne devait pas comprendre de quoi il en retournait. Dans un soupir de résignation, Castelreng posa son godet sur table et en quelques phrases dites sur un ton grognon, le mit au fait des turpitudes de sa sur. Le fait de reprendre de nouveau ce récit, aussi court fut-il cette fois ci, replongea notre homme dans une étouffante colère.
Il faut absolument quelle vienne ici ! Il nest pas question quelle saventure sur les routes toute seule comme elle compte le faire !! Crénom dun chien !!! Elle est devenue complètement folle !!
De rage il donna un violant coup de poing sur la table, faisant trembler dangereusement les chopes sy trouvant et reprit dune voix meurtrière.
Quil sy cache longtemps dans son monastère Marcj !! Car croyez-moi !! Le jour il en sortira il va savoir comment je mappelle !!! Beau-frère ou pas je vais en faire de la pâtée pour cochon !! Cest moi qui vous le dis !! Satané breton !! Abandonner femme et enfants de la sorte !! Quil prie ! Quil sen use les genoux à nen plus pouvoir se relever !
Le regard en lame de couteaux, il regarda tour à tour Nolanna et Merer, simaginant ses mains se resserrant sur le cou de son breton de beau-frère alors quil était à serrer sa chope à sen blanchir les jointures. Il vida sa bière dun grand trait comme voulant refroidir un tant soit peu la rage qui était à le faire bouillir, claqua ensuite létain contre le bois en maugréant.
Sil arrivait quoi que ce soit à Nane il en serait le seul responsable . Comme si je navais déjà pas assez à faire avec ma femme et mes enfants !!
Il savait à lavance que son épouse ne serait pas ravie de le voir une fois encore quitter Narbonne même si il ne doutait pas quelle se ferait elle aussi du soucis pour Nane. Se voyant que trop rarement depuis un certain temps, elle, prise pas sa passion nouvelle de lélevage porcin, lui pris par bin par ses obligations dirons nous, cette séparation ne serait pas pour lui plaire. Réalisant ce fait, il redoutait déjà les retrouvailles avec sa tendre moitié. Non quil la craignait, loin de là, mais il se voyait davance baisser la tête pour éviter les projectiles quelle ferait voler. Se perdant quelque peu dans ses pensées qui étaient à voguer vers son épouse adorée, Il limaginait à faire les cent pas rageusement dans son boudoir après quHélie l eut informé de ses projets. Secouant la tête pour revenir au présent et laisser pour le moment sa prochaine scène de ménage qui lui tira tout de même un sourire, Cordas saccouda en bord de table.
Bien ! À présent sil vous vient des idées pour parvenir à trainer Nane jusquici je vous écoute Il nous reste je pense, du temps pour établir une bonne stratégie. Dans quelques heures elle aura mon pigeon et je suis certain quelle ne manquera pas dy répondre.
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