--_domino_
L'oisillon a perdu ses ailes mais point encore sa vertu. La cape à peine glissée sur le côté que la fée carabosse en profite pour lui faire un sort et hop le bossu la jette au loin.
Le masque ne peut pas être contrarié.
Du coup, le bosselé filou a répondu à sa diatribe caramélisée en plantant dans sa chaire tendre, ce petit triangle fragile entre cou et épaule, un chemin humide à la pointe de sa langue, de ses lèvres, et même un rien de canine. Les plumes tressautent, sagitent, dabord un rien raidi par ce corps tendu, comme la souris saisie dans la gueule du chat, puis frissonnent comme un murmure, un souffle, un abandon. A croire que la souris est au paradis.
Le bonbon est ma foi tout à fait consommable. Mes chicots en sont sortis indemnes.
Je n'en dirais pas autant de mon âme, que je perdrais volontiers en plus cavalières cabrioles, foi de Bossu!
Le Rossignol se penche vers les pavillons, inutile de crier ce faux vieux a louïe fine.
Ne vous a t-on point appris Bossu quil faut se méfier de ses souhaits de peur quils ne se réalisent ?
Susurre-t-elle dune voix rendue rauque par une montée de désir pour ces choses illicites et inconnues, à loreille de son cavalier alors même que leurs jambes sont entremêlées dans une position plus que suggestive. Puis, notre drôle doiseau, face au Bossu redressé, pose ses mains sur son torse et joue avec la cordelette qui ferme la chemise et dit de sa voix chantante
Ce soir Bossu, vous mavez volée trois choses sans mesme y accorder une quelconque limportance.
Cest pour vous apprendre la valeur de ces petites choses que je vais vous voler à vostre tour. Apres ma foy nous serons quittes si vous voulez bien !
Le masque ne peut pas sourire.
Elle ne le laisse pas répondre ni s enfuir en guise de protestation - mais le voudrait il ?-, son corps est pressé tout contre le sien, leurs jambes toujours emmêlés, sa taille toujours ceinte de ce bras plein de force et leurs mouvements sajustent aux trilles de la mandoline, balancement de hanches, tressautements des fesses bien galbés sous le velours noirs.
Tout dabord vous mavez volé un bout doreille, que vous vous étes acharné à grignoter et suçoter tel ce fameux caramel de vos petites dents pointues et voraces .
en échange de quoi .... je vous vole votre nez, que dis-je !
Vu la grandeur de lappendice nasale ce serait plutôt un cap, une péninsule, le phare d'alexandrie !
Elle se penche et tandis qu'il reluque sans doute sa poitrine, dénoue la ficelle qui retient le faux gros pif et le confisque en allant ... le planquer dans son corsage. La main du bossu la ramène et la plaque à lui a nouveau, peut être aurait il ajouté quelque chose de son cru -une protestation pour cette profanation ?- mais impérieuse, elle en profite pour chuchoter.
Ce sera mon trophée. Et puis ... avouez quil sera mieux là.
Les deux billes noires brillent de malice. Et sans le laisser souffler des vfois qu'il se mette à réfléchir pas bon, ca un bossu qui pense !
Enfin, vous m'avez volé un baiser, le tout premier pour ainsi dire, qui fut déposé la en ce creux vierge de toute autre main que les miennes, bien que point saint je vous l'accorde, en échange de quoi j'exige donc une compensation .... équilibrée naturellement ...
Sa main se glisse a nouveau dans celle de son partenaire, les doigts s'enlace, le masque baisse la tête. On dirait qu'il regarde cet entrelacs vivants. Instant fugace. Lemplumée se redresse et même mieux se hisse, à la pointe des pieds vers ce visage grimé ou seul un petit nez véritable trône désormais coince entre des yeux pochés et des sourcils broussailleux. Mille roulements de tambours dans une tour vermeille. Les deux billes sombres se plantent dans les prunelles du vieillard, un rien troublées. Le tenant ainsi captif et lui intimant l'ordre silencieux de ne pas bouger au risque de troubler l'instant magique. Les mains se libèrent et remontent en frôlement vers les visages, et soulève lentement le bas du masque lunaire, la bouche d'argent venant orner le nez de la damoiselle. Deux lèvres ourlées esquissent un sourire puis, se rapprochant viennent prendre possession de leur du, leurs homologues, voleuses exquises de chaire tendre, insatiables sans gènes, les voleuses volées. Tout d'abord à peine un souffle puis un affleurement, peau contre peau, puis une impression plus profonde moins chaste. Le vieux qui ne perds jamais le nord aura tenter de glisser sa langue, c'est certain, le piaf lâchant un petit cri de surprise, ce sera reculé, Apres tout ce fichu cabossé est capable de lui voler son vol ! Pas question de le laisser faire. Elle replace son masque. Ils se font face un moment. Elle se penche vers lui, lui tourne autour au sens littéral et vient se plaquer dans son dos
Et maintenant mon troisième.