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[RP] Soirée contes et légendes bretonnes

Mumia
[Dans l'après-midi]
Mais pourquoi diable avait-il proposé à Cael d'organiser une soirée contes et légendes bretonnes ? dans quel plan galère s'était-il encore fourré ? non pas que la perspective d'écouter de la jeune femme des récits qu'il ne connaissait pas l'embête, bien au contraire, il était friand de cela, mais mince, préparer pour tout un village, comme ça, sans préparation aucune, une veillée qu'il voulait magique et inoubliable l'obligeait à une organisation rigoureuse à laquelle il n'était pas habitué...
Depuis le matin il courrait un peu partout dans le village. Village que, rappelons le, il ne connaissait que trop peu. Ce qui était un handicap de plus dans sa quête du Graal, ou plutôt des Graal pour être précis.
D'abord dégoter les plus beau œufs de Saint-Claude. Il en avait dans son panier, soigneusement rangé, quelques douzaines. Le lait non plus ne fut pas trop un souci, tant les vaches franc-comtoises étaient réputées pour la qualité de leur production. Il prit ensuite la direction de l'étal des meuniers sanclaudiens. Lui qui fut meunier à Vannes put reconnaître du premier coup d'œil la farine qui lui convenait. De la farine de sarrasin, évidemment. Celle qu'il avait sous les yeux et qu'il avait achetée lui semblait de toute première qualité. Voilà, il avait les ingrédients de base.
Manquaient deux choses capitales. Des saucisses. Ben oui, pas de galettes/saucisses sans saucisses, et bonnes de surcroît ! il courut dans les ruelles, venelles de Saint-Claude à la recherche du charcutier que lui avait conseillé, un peu plus tôt dans la journée, ce grand épicurien de Tristan. Enfin il l'avait trouvé. Le bougre ne lui avait pas menti ! non contentes d'être belles à regarder, ces saucisses au doux fumet étaient absolument délicieuses...
Dernier point, et non des moindres...là il savait où aller, et n'avait aucun doute quant à la qualité du produit. Il se rendit à l'auberge où séjournait Pumae et elle eut la gentillesse de lui céder deux des futs de chouchen dont elle ne se sépare jamais. Du chouchen vannetais, forcément, et de toute première qualité. Il faut dire que le Duc d'Hennebont, son époux, n'était pas le dernier à apprécier le chouchen de qualité et que ses caves regorgeaient de trésors liquoreux.
Et c'est ainsi qu'on retrouvait Mumia affairé à préparer la pâte à crêpes pour une armada. Paume sur le front, asséné de manière violente.


Gast ! quel idiot !!!


Furent les seuls mots qu'il prononça avant de se débarrasser prestement de son tablier. Il enfila une cape chaude, ça n'était pas le moment de prendre froid, et se dirigea vers l'atelier de sa forgeronne préférée. Après quelques légitimes explications sur le pourquoi du comment, elle cessa immédiatement l'objet sur lequel elle s'acharnait pour lui créer la plus plate et plus large poêle qu'elle put faire. Il fut comblé au delà de ses espérances pour cet ustensile indispensable à la bonne organisation de sa soirée. Après l'avoir chaleureusement (héhé non, vous ne saurez pas comment ! ) remerciée, il reprit la direction de l'endroit où ils allaient évoluer en soirée et se remit, l'esprit tranquille, aux fourneaux, passant mentalement en revue les contes qu'il connaissait pour faire le bon choix.

[La soirée]


Et voilà, on y était. Cael était arrivée plus tôt pour mettre littéralement la main à la pâte. Tout en oeuvrant ils avaient parlé du pays, de Vannes, de la Bretagne, ainsi que d'autres sujets plus théologiques mais non moins intéressants.
L'annonce de cette veillée s'était rependue en ville. Chaque sanclaudien était évidemment convié. Au delà d'un hommage à sa Bretagne natale, il concevait cette soirée comme un cadeau à l'accueil que lui avaient réservé les sanclaudiens.
Ces derniers commençaient à arriver et à s'installer autour des tables qu'ils avaient mises en place dans l'après-midi. Il passait de table en table, saluant les uns, bisant les autres, servant qui un verre de chouchen, qui une galette, qui les deux. Malgré l'apparente décontraction dont il faisait preuve, la petite boule qu'il avait dans le ventre lui rappelait que, comme il l'avait promis à Cael, condition sine qua non pour qu'elle accepter de conter, il devait ouvrir le bal.
Les invités servis, il se mit en leur centre et prit la parole.


Mes amis, merci d'avoir répondu à notre invitation. La Bretagne est une terre de légende, sa culture celte est riche d'histoires que l'on se transmet oralement, à la veillée, les longues soirées d'hiver. Un peu comme ce soir...

il sourit

Avant de vous conter une de ces légendes, j'aimerai, pour que vous soyez vraiment dans l'ambiance, que vous fermiez les yeux quelques instants...

Il attend qu'ils s'exécutent. Une fois que la grande majorité le fait (il y a toujours des réfractaires !), il reprend la parole, d'une voix douce et chaude.

Nous sommes au cœur de la forêt de Brocéliande, elle même au cœur d'une fière nation appelée Bretagne, aux confins du monde connu...
c'est l'aube. La rosée du matin s'est doucement muée en brume qui monte délicatement des fougères qui parsèment le lieu. Le soleil darde ses premiers rayons sur la clairière, tandis qu'au loin on aperçoit un cerf qui brame. Caché dans les fourrés, un korrigan observe lui aussi en silence la majesté de l'instant.


Il garde quelques instants le silence, le temps que chacun puisse vraiment s'imprégner de l'atmosphère qui règne en Brocéliande. Puis il reprend.

Vous pouvez rouvrir les yeux, si vous le souhaitez.

Je vais vous narrer un conte de chez nous sur, justement, ces curieux êtres qui peuplent nos forêts...

A Riantec, il y avait autrefois une veuve qui avait un fils. Tous deux vivaient pauvrement, et ils étaient obligés de tirer la charrue à tour de rôle parce qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour acheter une paire de bœufs.

Néanmoins, la veuve tirait parti de tout ce qu'elle pouvait et sa cabane était tenue très proprement.

On ne tarissait pas d'éloges sur elle, dans le pays, et on aurait bien voulu qu'elle se tirât d'affaire.

Malheureusement, les temps étaient rudes alors, et personne ne pouvait les aider autrement qu'en leur donnant parfois du pain et quelques galettes de blé noir. Cela n'empêchait pas le fils d'être un beau garçon courageux au travail.

Il but une gorgée de chouchen, puis reprit :

Or, une nuit, la veuve eut un songe : elle se vit dans une grande forêt à la poursuite d'un attelage tiré par deux bœufs blancs et noirs.

Au bout d'une course épuisante, elle parvenait enfin à rattraper l'attelage et elle le ramenait à la maison. Elle fut très impressionnée par ce rêve, et, le matin, elle dit à son fils :

- Allons à la foire d'Hennebont pour y chercher une paire de bœufs
- Mais, ma mère, répondit le fils, nous n'avons pas le moindre argent !
- Cela ne fait rien, dit-elle, je sais que j'en trouverai. Ils partirent donc pour la foire d'Hennebont. Ils marchaient d'un pas rapide et,
à la croisée de trois chemins, ils virent un petit un petit homme sortir de dessous la terre et venir vers eux.
Où allez-vous comme cela ? demanda le petit homme.
- À la foire, à Hennebont, répondit le fils, pour acheter une paire de bœufs Mais nous n'avons pas d'argent pour payer.
- Si vous descendez avec moi dans ce trou, dit le petit homme, et si vous savez vous comporter comme il faut, je vous garantis que vous ne manquerez de rien. Ils suivirent le petit homme et s'engagèrent dans un trou, au milieu d'un buisson.

Le trou leur paraissait bien trop petit pour eux, mais quand ils descendirent, ils ne sentirent aucun gêne.

Ils furent alors saisis d'étonnement, car ils se trouvaient dans une grande maison remplie d'enfants qui n'étaient pas plus grands qu'un sabot de bois.

C'étaient tous des korrigans. On leur dit que le père était très malade et sur le point de mourir, mais que s'ils connaissaient quelque remède, ils en seraient récompensés largement. La veuve réfléchit et demanda qu'on allât lui chercher des herbes.

Nouvelle pause, afin que chacun puisse s'imprégner de la légende...

Les korrigans sortirent et revinrent peu après, apportant ce que la femme avait demandé.

Alors elle confectionna des tisanes et les fit boire au malade. Celui-ci commença à se sentir mieux.

- Si vous sauvez mon mari, leur dit la mère des korrigans, vous ne manquerez jamais plus de rien.

Ils restèrent là trois jours et trois nuits à soigner le père des korrigans, mais ils ne trouvaient pas

le temps long et s'imaginaient être là seulement depuis trois heures.

Le père des korrigans fut bientôt guéri. Il dit à la veuve et à son fils :

- Venez avec mon épouse et moi-même. Nous vous donnerons une maison et tout ce qu'il faut pour bien y vivre.

Ils arrivèrent à un grand bois dont les arbres n'avaient pas été élagués depuis bien longtemps. Le korrigan se dirigea vers une grosse pierre que, malgré sa petite taille, il souleva sans difficulté. Il y avait là un trou, très profond, mais très étroit, comme celui que la veuve et son fils avaient emprunté pour aller chez les korrigans.
Le petit homme leur demanda d'y pénétrer. Ils descendirent et furent bien étonnés de ce qu'ils voyaient :

il y avait là une grande maison, avec de beaux meubles et de la vaisselle abondante, et de bons lits avec des couvertures.

Par la fenêtre, on voyait une prairie bien verte, avec des vaches et des bœufs qui paissaient.

- Tout cela est à vous, dit le père des korrigans. Vous mérité puisque vous m'avez sauvé la vie.

Mais je dois vous avertir qu'un grave danger vous menace.

Dans huit jours, quelqu'un viendra ici. C'est mon père. Il est vieux et très méchant. Il viendra ici pour vous effrayer et tenter de vous chasser. Si vous refusez de partir, il vous tuera après avoir prononcé contre vous toutes sortes de malédictions. Mais je vais vous dire ce qu'il faut faire.

Quand vous l'entendrez arriver, que la mère se place au pied du lit tandis que le fils se cachera dessous.

Mon père aura un énorme couteau et un arc avec sept flèches, mais quand il tirera, jetez-vous par terre et il ne pourra vous atteindre.

Il essaiera alors de vous tuer avec son couteau et c'est alors que votre fils interviendra.
Mais, je vous l'assure, s'il vous attrape, il vous tuera. La huitième nuit, la mère et le fils entendirent un grand bruit et commencèrent à trembler.

Ils virent le vieux korrigan qui tempêtait et jurait.

- Ah ! criait-il, je vous vois et vous êtes à moi ! Il les poursuivait l'un et l'autre. La mère se plaça au pied du lit tandis que le fils se cachait dessous.

Il tira ses sept flèches, mais la veuve s'était jetée par terre et elle ne fut pas atteinte. Alors, le vieux korrigan brandit son couteau, qui était presque aussi grand que lui-même, et se précipita vers la pauvre femme.
Mais, à ce moment, le fils sortit de dessous le lit et lui coupa la tête. Alors, à ce même moment, arrivèrent des korrigans en grand nombre, ils étaient sûrement plus d'une centaine. Ils riaient et dansaient de joie en répétant :
- Que s'est-il donc passé ici ? Que de plaisir nous allons avoir ! Il est mort, le barbare, le cruel qui nous tyrannisait ! Nous allons faire la fête.

Nous danserons et nous planterons un arbre en signe de notre liberté. Et les korrigans manifestaient bruyamment leur joie.

Quant à la veuve et son fils, ils vécurent tranquillement dans la maison que leur avaient donnée les korrigans, et ils ne manquèrent jamais de rien...

Il sourit, content de ne s'en être pas trop mal sorti. Il espérait que chacun avait pris autant de plaisir à l'écouter que lui à narrer. D'un sourire et d'un signe des mains, il invita Cael à prendre la suite et alla s'installer parmi ses amis.
Cael
[Dans l'après midi : Chez la vieille Berthe : Une petite bâtisse isolée au Nord de Saint Claude sur le chemin des fontaines en direction du Hameau de Chaumont]

Loup, en voyant arriver sa mère, se précipita vers elle. Caëlliane l'attrapa au vol et l'embrassa très fort. Elle le serra un moment contre elle puis le reposa au sol. Elle se dirigea alors vers la vieille Berthe qui s'était appuyée sur le pas de la porte. La bretonne lui déposa une bise affectueuse sur la joue en lui soufflant : "Je suis de retour... Ça a été avec Loup ?"

La vieille femme la détailla en opinant de la tête... Sacrée Berthe, elle avait compris, la vieille, qu'un truc cloché chez sa bretonne ! Comme à son habitude, elle ne posa aucune question. Les deux femmes rentèrent dans la cuisine alors que Loup se précipita dans la bergerie... Moutons, lapins, poules étaient sans aucun doute, compagnie bien plus amusante que celle des deux femmes.

Caëlliane tira le tabouret près de la cheminée et s'assit face au feu. Berthe s'acharnait sur une pâte à pain espérant au fond d'elle que la Bretonne romprait le silence. Caëlliane finit par dire dans un souffle :
" Saint Claude m'en veut décidément !"

Berthe arrêta de pétrir sa boule de pâte pour regarder la jeune femme. Que dire ? Rien... Berthe se contenta de lancer sans conviction : "Maaais nooon !"
Caël rétorqua dans le seconde qui suivit avec une profonde amertume dans la voix : "Bien sûr que si Berthe... La dernière fois que j'ai mis les pieds ici, je cherchais Musa partout.... Et quand je l'ai finalement trouvé... Il était dans un état pitoyable... et ne savait soutenir qu'une idée ... c'est dans cette forêt avec les miens que je désire mourir .... "

Berthe s'était approchée et la serrait contre elle. Caëlliane leva ses yeux humides vers elle et lui souffla : "Je n'aurai peut être pas du... demander à Milosz de m'accompagner ici... Depuis mon arrivée, je n’ai aucun signe de sa présence… "

Loup rentrant dans la pièce, Caël se tut. Après quelques instants de silence, Caëlliane lança aussi gaiement que possible : « Au fait, ce soir, je vous emmène tous les deux à une soirée contes et légendes. Vous vous préparez … pendant que moi, je vais équiper l’âne. ! »

Avant de se mettre en route, dans sa besace, la bretonne genevoise fourra quelques petits « trucs »…. que Loup regarda avec curiosité. Elle se pencha vers son fils et lui fit « chuuuuut » Le gamin lui souffla : « Il sera là, l’autre ? » …. Caëlliane soupira en entendant le mot « l’autre ». Elle souffla à son fils en agitant son index tendu devant le nez « Loupinien » : « Loup, je te rappelle ce que nous avons convenu, toi et moi… Tu as le droit de ne pas l’apprécier… mais dans tous les cas de figure, tu te dois de rester respectueux et poli. »

Le gosse opina de la tête et Caël ajouta simplement : « De toute façon, il ne sera pas là… »

Une petite heure après, Loup perché sur le dos de l’âne, Berthe et Caëlliane à pedibus jambus prenaient la direction de Saint Claude.

[La soirée]

Tout en gardant un œil sur Loup, Caëlliane aida comme elle put Mumia dans ses préparatifs.

Berthe avait profité quant à elle de l’occasion pour aller faire un tour au marché…. Elle ne reviendrait que pour l’heure prévue du début des contes.

La fausse tranquillité de son compatriote breton amusait profondément la genevoise. Elle avait gardé de lui le souvenir d’un homme rigoureux, perfectionniste… Quand il faisait les choses, elle avait toujours eu la sensation qu’il cherchait à bien les faire…

Malgré une pâte à galettes aux particularismes « mumians », l’ex breton d’une rotation parfaite du poignet lissait la pâte sur la crêpière avec élégance donnant ainsi naissance à d’admirables galettes… bien rondes et bien fines !

Tout le monde ayant sa galette, Mumia se lança dans l’histoire. Caël, avec Loup sur les genoux, l’écouta avec ravissement. A la fin de l’histoire, Caël se mit à applaudir Mumia… Loup qui avait des yeux remplis de paillettes de bonheur en fit de même.

Ouuuups… c’était donc son tour, à la Caël ! Elle se leva et sentit ses joues s’empourprer. Ses yeux circulèrent rapidement dans la pièce… Elle esquissa un petit sourire… se disant que finalement, ce n’était pas plus mal que Milosz ne soit pas dans les parages. Elle se positionna au centre des personnes présentes en faisant bien attention à ce que son sac soit à portée de sa main. Elle jeta un œil à sa progéniture à qui elle fit le plus beau sourire possible étant donné les circonstances… Elle souffla un bon coup et prit enfin la parole. (Les joues en feu)


« Alors pour commencer, je vous dis : Noz Vat y Degmer mat ce qui signifie Bonsoir et bienvenue ! »

Elle marqua une pause et reprit sur un ton jovial :

« Malgré tout le respect que j’ai pour mon duc…. avant de vous conter une histoire de chez nous… je veux apporter une petite précision à son histoire … »

Elle ouvrit alors des grands yeux océans qui se posèrent avec amusement sur Mumia. D’une voix volontairement murmurée, en se penchant vers l’avant, elle ajouta pour l’assemblée : « Mon Duc, ici présent,…. a oublié un détail en racontant son histoire…. C’est que vous n’être pas breton…. Or…. Est-ce qu’un non breton sait ce qu’est un Korrigan ? »

Elle se redressa dans un geste vif et dit en posant avec énergie ses mains sur ses hanches : « Hé bien, moi, je dis que vous ne savez pas… Alors comme vous ne savez pas…. Je vais vous le conter ! »

Elle posa son index en travers de ses lèvres et souffla en faisant longer son regard tout le long de l’assemblée : « Maiiiiis chuuuuuut…. Ne dites rien à mon Duc… je ne voudrai pas qu’il me punisse pour manque de respect ! »

Elle marque une pause ou elle scruta tout le monde. Puis elle reprit :
« Alooors, un korrigan… c’est un être bien particulier…. Parfois, on l’imagine avec des grandes oreilles ! » Elle sortit de son sac deux plumes rousses de poules et les planta dans ses cheveux au dessus de ses oreilles.
« Parfois, on l’imagine avec un gros nez…. » Elle sortit de son sac une coquille vide et vernis d’œuf d’oie et l’enfila en équilibre sur son nez.

« Parfois, on l’imagine fluet …. » Elle se redressa fièrement et fit deux petits bonds légers en avant.

« Mais souvent…. le korrigan, on l’imagine tout petit et avec un grooooos ventre… »
Elle attrapa un petit coussin qu’elle glissa sur son ventre par-dessous sa chemise. Elle s’accroupit et se mit à marcher en canard : « Voilà comment on s'imagine le plus souvent un Korrigan… mais personne n'en a vu réellement... donc nul ne sait à quoi il ressemble réellement... Mystèèèèère !»

Elle se redressa et sans rien ôter de son accoutrement, elle alla s’asseoir sur le tabouret au centre de la pièce. Sa langue vint rapidement humidifier ses lèvres, puis elle reprit la parole d’une voix feutrée comme si elle racontait un terrible secret : « Il fut un temps où les Korrigans vivaient en harmonie avec nous les hommes. Mais avec l'arrivée de la nouvelle religion, vous savez la foi en Aristote, en Christos… les Korrigans ont été obligés de se cacher de nous… »

La voilà qui sauta du tabouret et se cacha derrière. Prenant alors une grosse voix : « Alors depuis, nous qui vivions sur terre, nous sommes partis vivre sous terre…. »

Assise à nouveau sur le tabouret, face à l’assemblée, elle dit de sa voix normale : « Pourquoi ? Pourquoi petit Korrigan….dis moi pourquoi ? »

Se recachant derrière le tabouret et reprenant sa grosse voix : « parce que vous les hommes, vous nous compariezt à des démons … et c’était injuste….nous qui vous rendions pleins de service… comme passer le balais, vous coudre des rideaux…vous faire des gâteaux …. Toutes les nuits, nous rendions vos demeures propres et jolies…. Aaah mais maintenant, il est vrai que notre attitude a changé! Mais que voulez-vous? A force d'être rejeté, nous avons décidé de vous le faire payer. Bon rien de grave mais quelques farces par-ci par-là, ça nous change les idées!!! »

Assise à nouveau sur le tabouret, face à l’assemblée, elle dit de sa voix naturelle mais empreinte de surprise : « Maiiis… maiis… alors c’est vous qui me piquez mes braies durant la nuit…. »

Se recachant derrière le tabouret et reprenant sa grosse voix : « Aaah mais ma petite fille, n'hésite surtout pas à partir à notre recherche … car si tu sais te montrer sympathique nous, nous te ferions découvrir notre monde…. Mais surtout notre trésor !"

Caël ressortit de derrière le tabouret, ôta ses plumes, son coussin et son gros nez et dit en s’asseyant : « Mais à ce jour …. Nul humain n’a encore su trouvé ce fameux trésor. Vous savez, donc, pourquoi les bretons sont aujourd’hui partout…. Ils cherchent le trésor des Korrigans….. même mon Duc … il cherche le trésor … Mais, je crois qu’il en a trouvé un autre ici.»

Caëlliane fit un clin d’œil à Ober. A l’intention des personnes présentes, elle ajouta : « Si, vous souhaitez entendre une autre légende des fééries bretonnantes, je suis entièrement à votre disposition, ce soir… mais avant… laissez moi, le temps de rafraîchir mon gosier. »

Attrapant la main de Loup au passage, Caëlliane alla se chercher un verre d’eau fraîche…. Le chouchen serait pour plus tard.

Hrp : Korrigan est le mot breton pour designer lutin

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Caëlliane Woronvë : 33 rue des Fleurs d'Or - Genève
Tristan_masselet
En ressortant de chez Hermine , Tristan passa devant une maison bien bruyante !! Il reconnut la maison de Mum , et se dit qu'après le coup reçu sur la tête , ça lui ferait du bien de voir son ami et de faire un epetite pause .

Il entra , et d'emblée l'odeur des saucisses l'attira . Mum racontait une histoire de son pays , et Tristan adorait les histoires ...Il aurait fallu qu'il rentre à son auberge , mais l'ambiance de fest noz , et aussi l'odeur des saucisses lui donna envie de rester ..

Une dame charmante lui apporta une saucisse , dans une drôle de galette , comme tristan n'en avait jamais vu . un instant il eût envie de demander de la cancoillotte avec sa saucisse , mais visiblement , ça ne se faisait pas chez Mumia !

Il goûta , c'était bon , même si le fromage chaud lui manquâit un peu . L'histoire de Mumia était bien intéressante , elle lui rappelait les histoires qu'on racontait à la ferme de son père pendant les veillées !

Puis la dame , qui lui avait apporté la saucisse sans cancoillotte , expliqua cette histoire , donnant des détails sur les corps iguant . Il avait entendu cela , car il avait fréquenté un breton dans sa jeunesse . Ce devait être une manie issue des druides que de tout raconter avec des histoires de corps . Il se souvint de cet ami breton ... il parlait lui aussi tout le temps d'histoires de corps ... les corps iguant bien sûr , mais aussi les corps morts , et les corps moran ... tout ça étant des histoires de marins bretons ....

Il resta un peu , juste pour voir s'il n'y avait pas une autre histoire ou ..une autre saucisse ..., et aussi pour saluer son ami
Mumia
Tandis qu'il narrait la légende, il vit entrer discrètement son ami Tristan. Il était heureux qu'il soit venu, lui l'ambassadeur de Franche-Comté en Bretagne. Il connaissait forcément mieux que quiconque l'état d'esprit qui régnait en Bretagne. Et il put découvrir la spécialité bretonne de galettes / saucisse même si, dans sa précipitation, il s'était très légèrement planté dans la recette. Il espérait que personne ne s'en apercevrait...

Et puis il avait laissé la parole à Cael. Il piqua un fard à ses premiers mots. Il détestait être pris à défaut et là ce fut le cas...bon ça ne dura pas bien longtemps mais il pestait contre lui même d'avoir omis de présenter les korrigans.

Et puis il faudrait qu'il ait une petite conversation avec Cael. Il n'était plus duc depuis quelques mois déjà. Il n'aimait déjà pas qu'on l'appelle "mon duc" alors qu'il l'était, c'était encore pire depuis qu'il avait rendu son titre. Et pourtant cet acte avait touché tellement de gens que beaucoup, avec gentillesse, continuaient à l'appeler ainsi...mais à Saint-Claude il n'était qu'un pauvre vagabond aux yeux des habitants et il comptait bien le rester.

Et puis il fut captivé par la manière de conter de Cael. Il éclata de rire à plusieurs reprises lors de sa description de ce qu'est un korrigan. Elle était indéniablement douée. Il se jura de lui demander si elle n'était pas barde.

Les yeux de beaucoup de personnes présentes brillaient de mille feux tandis qu'elle vivait littéralement l'instant. Cette simple constatation le remplit de joie. Leur but était atteint.

Il se souvenait de soirées, à Vannes, où le conteur portait un flambeau qu'il donnait à la personne de son choix à la fin de son récit, pour qu'à son tour le nouveau porteur du flambeau conte une légende de sa connaissance. Ces soirées là duraient jusqu'à ce que le soleil se lève. Secrètement, il espérait que des sanclaudiens leur fassent partager les contes locaux.

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Blancacorvinus
Blanca était assise en tailleur, non pas au premier rang réservé aux enfants, mais au second rang: celui des gens qui ne sont plus suffisamment naïfs pour croire aux contes de fées, mais ayant conservé un pied dans le monde de l'enfance et de l'imaginaire au fond de leur coeur.

Elle goûta avec plaisir aux galettes et aux saucisses préparées par Mumia et au moment où il commença à conter une histoire, elle alla se servir d'un verre de chouchen au bon goût de miel avant de caler confortablement son séant sur un coussin.

L'histoire de Mumia la fit bien rire. Elle s'imaginait les petits korrigans dansant en rond. Elle en avait entendu parler lors de son voyage en Bretagne et cela lui rappela de bons souvenirs. Puis une femme qu'elle ne connaissait pas se mit à leur parler des fameux korrigans et se mit à sauter partout. Cela fit beaucoup rire Blanca qui elle aussi aimait interpréter tous les rôles quand elle racontait une histoire.

L'assemblée les applaudit joyeusement et des verres de chouchen circulèrent à nouveau dans la salle. Les discussions reprirent mais Blanca capta quelques regards de Mumia qu'elle interpréta comme une invitation à poursuivre les récits. Elle se leva donc et alla se poster face à l'assistance.

Bonsoir tout le monde. Noz vat. Alors moi je vais vous raconter une histoire que chacun de vous doit connaître par ici, puisqu'elle est "bien de chez nous"... il s'agit de l'histoire de la Vouivre!

Blanca fit une petite pause le temps que les discussions se terminent puis lorsqu'elle sentit que l'attention se portait vers elle, enchaîna:

La Vouivre était une créature mystérieuse qui rôdait autrefois dans les forêts, les montagnes et les lacs de Franche-Comté. Rares sont ceux qui ont pu l'observer de près, mais on dit qu'elle avait un corps de serpent, des ailes de chauve-souris et qu'à son front, brillait une pierre précieuse, un diamant tellement énorme qu'il aurait suffit à faire vivre tout un royaume pendant 100 ans.

Blanca désigna avec ses bras une montagne d'écus imaginaires.

Cette créature passait la plupart de son temps sous terre, dans une grotte ou dans les ruines d'un château, se tenant éloignée des hommes. Lorsqu'elle sortait de son repaire, c'était pour aller se baigner ou se désaltérer près d'une rivière tranquille miroitant sous les feuillages, un étang paisible au milieu d’un bois ou une source courant sous la mousse ou s’étalant dans un bassin de pierre.
Bien évidemment le diamant de la Vouivre attira la convoitise des hommes. Nombreux furent ceux qui tentèrent de s'en emparer par la force, affrontant la Vouivre dans des duels sanglants dont elle ressortait toujours vainqueur, réduisant ses agresseurs en bouillie.


Elle sourit en voyant le regard des plus jeunes s'émerveiller, imaginant déjà cette immense créature se dressant face à eux.

Jusqu'au jour où... un jeune homme s'y prit un peu différemment. Au lieu de se rendre dans l'antre de la Vouivre et la défier directement, il monta la garde nuit après nuit devant la grotte et attendit qu'elle en sortît. La nuit venue, la Vouivre apparut et s'envola vers l'ouest. Le jeune homme revint le lendemain soir et à la même heure que le soir précédent, il la vit s'envoler et partir vers l'ouest. Le troisième jour, il prit son cheval et aussitôt qu'elle sortit, il la suivit à travers la forêt, ne la quittant pas des yeux un instant. Il la vit suspendre son vol et se poser près d'un petit lac tranquille et laissa son cheval un peu plus loin, se rapprochant pour l'observer.

Blanca mima quelqu'un en train de se cacher derrière des fourrés et imaginant la Vouivre en train de se baigner au clair de lune.

Elle s'approcha de l'eau puis, portant ses griffes à son front, ôta le diamant qui l'ornait et le déposa sur la berge. Le jeune homme aurait pu sortir de sa cachette pour s'en emparer, mais il fut plus malin. Il avait compris que la Vouivre était un animal d'habitudes et qu'il pouvait prendre tout son temps pour l'observer. Une fois ses ébats aquatiques terminés, la créature rejoignit la berge, replaça le diamant à son front, puis s'envola.

Le jeune homme repartit donc au village, expliquant sa trouvaille. Il réunit plusieurs hommes costauds et ensemble ils partirent à la nuit tombée pour rejoindre le lac, attendant la venue de la Vouivre.
Lorsque celle-ci arriva, elle fit ainsi que le jeune homme l'avait dit, elle ôta le diamant, le posa et entra dans l'eau pour se baigner. Quand elle se fût suffisamment éloignée de la berge, le jeune homme donna le signal:

Taïauuuuuuuuuuuuu!!!!

Tous les hommes sortirent de leur cachette et coururent vers la berge. L'un d'eux s'empara du diamant et la Vouivre s'envola aussitôt pour le poursuivre, se guidant dans la nuit avec les reflets de la lune sur la pierre. A l'instant où elle le rattrapa, ses griffes se refermèrent sur un vulgaire miroir. Folle de rage, la Vouivre reprit son envol mais autour d'elle des dizaines de reflets mouvants partaient dans des directions opposées et la Vouivre ne savait plus auquel se fier.


Blanca fit une petite pause, arrivant à la conclusion de son récit:

En effet, le jeune homme avait pris soin de munir chaque homme d'un petit miroir qu'ils dirigeaientt en direction de la Vouivre pour la désorienter, tandis que le véritable diamant était savamment caché sous une couverture. Tandis que la Vouivre volait en cercles, perdue, affligée, les hommes s'enfuirent sans demander leur reste et disparurent dans la nuit.

Quant à la Vouivre, on dit encore qu'elle sort parfois la nuit, à la recherche de son diamant perdu, et qu'il vaut mieux éviter de se promener près des points d'eau au risque de la croiser et de payer de sa vie pour ce crime impuni.

Quant au diamant, sitôt que les hommes arrivèrent au village, fiers de leur capture, en ouvrant la couverture, tout ce qu'ils y trouvèrent, ce fut un oeuf.

Voilà l'histoire de la Vouivre, mes amis!
Pauline56
Une belle légende de Franche Comté
Citation:
Il faisait très froid : la neige s’entassait contre les obstacles en formant d’énormes congères. Dans la grande salle du château ornée de tapisseries et trophées de chasse, devant la vaste cheminée, le baron de Montjoie et sa fille Claudine assis côte à côte, écoutaient ravis deux ménestrels qui chantaient en s’accompagnant l’un d’une mandore, l’autre d’une viole.


Leur chanson était si poignante que Claudine sentit les larmes lui monter aux yeux. L’abbé du château, toute la maison du baron, les hommes d’armes de veille qui avaient été conviés étaient aussi sous le charme car jusque là le baron avait écarté toute distraction au château malgré l’insistance de Claudine.

Le lendemain il réunit tout le monde, regarda l’écusson de Montjoie et leur parla :

« Autrefois un seigneur cupide et dur habitait un château triste, triste pour les hommes d’armes, les serviteurs, la famille du seigneur et le seigneur lui-même. Ce seigneur avait une fille qui clandestinement faisait la charité …. »

Le baron sembla se trouver mal dans sa confession mais il se ressaisit :

« Mais qu’arriva-t-il ? Un miracle ! »

Il saisit, caché dans un vase, une rose superbe dont le parfum envoûta l’assistance.

« Cette rose a été prise par le seigneur avare dans le tablier de sa fille où il croyait trouver ce qu’elle destinait aux pauvres ! Dieu avait changé le pain en rose ! le père reconnut un miracle. »

Le baron quitta aussitôt la salle avec la rose mystérieuse. Claudine songea aux paroles de son père qui lui avaient dû coûter d’humiliations.

Le lendemain et les jours suivants, les trouvères chantèrent de nouvelles ballades et en particulier celle écrite par Claudine dont voici le refrain :


Rose est en mon cœur
Comme en le vôtre éclose
Elle parfume ma vie et la rend douce tant
Que partager ma joie devient besoin bien grand
Comme en le vôtre éclose.

Le baron répandit depuis ce jour sa bonté et Montjoie fut bien dénommé.

Quand Claudine mourut, jeune hélas, elle fut portée dans la chapelle du château

Tristan_masselet

Tristan adorait les contes . Grands seigneurs , belles demoiselles , cotoyaient les monstres les plus affreux .

Il avait eu envie , après le récit de la Vouivre , de parler de la Dame Verte , cette divinité des champs si gentille et si amoureuse qu'elle égarait les beaux jeunes gens la nuit et séduisait les chevaliers l'hiver .
Ou de la fée Arie , cette fée du logis qui récompense les enfants en faisant tomber de grosses noix dodues devant eux , quand ils sont bien sur le chemin de l'école .

Toutefois , il est un conte qu'il adorait parmi tous , cétait celui que l'on racontait dans son village de naissance : Laviron .


Il s'approcha des premiers rangs , guettant toujours si un pot de cancoillotte ne trainait pas sur la table où attendaient les saucisses , puis il prit la parole :

Je suis originaire de Laviron , village de ma jeunesse , de ces moments de la vie , où tout n'est que féérie et merveilleux .Ce joli petit village du plateau du Lomont , ne possède actuellement qu'un petit chateau de bois et de pierre , tenu par deux pauvres écuyers : Pierre et Girard De Villers* .

Mais les anciens grimoires font état d'un chateau bien plus imposant sur la colline du Peu au dessus du village de Laviron . Ce lieu est réputé comme celui où se ressemblent les sorcières les nuit de Sabbat , mais le curieuxpeut y apercevoir les restes d'un château entouré de broussailles et de sapins.

Là vivait jadis un seigneur avare, dont le coeur était fermé à tout sentiment d'équité, et qui, pour assouvir sa passion sordide, soumettait sans cesse ses vassaux à de nouvelles exactions, et volait le bien de ses voisins. Il est enterré au milieu de ses trésors, mais il ne peut y trouver le repos. Il voudrait pouvoir échanger son sépulcre splendide contre la tombe de terre fraîche où dort si bien le paysan ; mais il est condamné à rester là où il a vécu, et il passe la nuit à se rouler sur son or et à gémir.

Dieu, touché de ses souffrances et des prières que ses descendants ont fait faire pour son repos, a cependant ramené l'espoir dans son coeur, et lui a permis de venir dans ce monde chercher quelqu'un qui le délivre.

Tous les cent ans, jour anniversaire de a mort , quand l'obscurité commence à envelopper les montagnes, le vieux seigneur sort de son manoir, tenant une clef rouge et brûlante entre les dents. Il rôde dans les champs, entre dans les enclos, et s'approche de la ville, offrant à tout le monde son visage cadavérique et sa clef enflammée.

Celui qui aurait le courage de prendre cette clef et de le suivre deviendrait à l'instant même possesseur d'immenses trésors, et délivrerait cette pauvre âme des tourments qu'elle endure. Jusqu'à présent, personne n'a encore osé se rendre à son appel...



* Pierre et Girard de Villers étaient effectivement écuyers de Laviron en 1438 .
Hermine.
Hermine, après avoir fait valser son pot de soupe, arriva chez ce fameux Mumia dont tout le mode parlait.
Curieuse de nature, elle entra, entendant rires et joyeux brouhaha.

Bon nombre de ses amis étaient présents et chacun, visiblement, prenait parole à son tour pour conter.

L'enchanteresse écouta ces histoires qui lui firent lui rappeler son père, né à Brest. Celui-ci lui contait souvent des histoires de sa Bretagne natale et hermine se souvint d'une ballade qu'il aimait à chanter à sa mère.

Elle pris alors place au centre et se mit à chanter !


On dit que cette harpe que je caresse pour toi
Fut sirène chantant sous la mer autrefois,
Souvent au soir elle nageait sur les vagues claires
Pour voir son bien aimé sur le rivage vert.

Mais elle l'aimait en vain : il la fit soupirer
Et la nuit de ses larmes ses longues tresses baigner.
Le ciel, prenant pitié de ces amours vaines,
Changea en douce harpe cette belle sirène.

Sa gorge pommelée, son avenant visage,
Ses charmes donnèrent à la harpe leur grâce;
Ses cheveux ondulant sur ses épaules blanches,
Devinrent des cordes d'or pour égrener romances.

Voici, depuis longtemps, que la harpe à son tour
A su mêler aux plaintes le langage d'amour;
Elle a appris à jouer lais gracieux et sons
D'amour d'où viennent et mes pleurs et mon chant.


Une fois son chant terminé, elle retrouva sa place, attendant nouveau conte.
Pauline56
Pauline écouta puis se mise a chanter également, Apprennons tous ensemble cette jolie chanson de fin d année,
Allez tous ensemble
La Chanson de la Tante Airie

Citation:
premier couplet

Vêtue comme une paysanne
Coiffée de son beau diairi
Elle traverse la campagne
Sur son petit âne gris

REFRAIN

Connaissez vous tante Arie
La bonne fée de ce pays,
Tous les enfants rêvent d’elle,
Et l’approche de Noël.

Deuxième couplet

En passant le long des routes
Des villages , des hameaux,
Elle regarde , elle écoute,
Elle prend un peu de repos.

Troisième couplet

Elle termine les ouvrages
Des mamans trop fatiguées,
Elle va redonner courage,
Aux ouvriers épuisés.

Quatrième couplet

Les enfants sages à Noël
Auront de jolis cadeaux,
Et pour que la nuit soit belle,
Des bonbons et des gâteaux.
Larousse
Berthe aux grand pieds

Lorsque Pépin le Bref décida de se marier, ses conseillers partirent en quête d'une fiancée de bonne noblesse dans divers pays. Mais le roi ne parvenait pas à faire son choix. Jusqu'à ce qu'un trouvère qui avait parcouru une bonne partie du monde vînt lui chanter la beauté de Berthe, fille du roi de Hongrie, aussi intelligente que fine et sage. Elle n'avait qu'un seul défaut : l'un de ses pieds était trop grand.

«Les pieds restent cachés sous les jupes», se dit le roi. «Qu'on amène donc Berthe à Paris! »

Conte de Berthe au grand pied
Pépin fit alors charger trente chevaux d'or et d'argent, équipa une douzaine de chevaliers le plus richement du monde, et la troupe prit le chemin de la Hongrie. La belle Berthe n'était pas joyeuse après avoir donné son consentement, quand il lui fallut quitter son pays natal et sa famille. Mais ses parents lui dirent pour la réconforter.

«C'est dans la douce France que tu t'en vas, ma chérie! Où trouverais-tu plus beau pays au monde? Nous ne t'oublierons pas, sois-en sûre! »

Et Berthe s'en alla donc vers la France. En route, son cortège fit une halte chez le duc de Mayence, qui s'étonna fort en voyant la princesse Berthe. Ce duc avait une fille, Alista, qui ressemblait à Berthe comme une soeur. Sauf les pieds, qu'elle avait justement très petits, comme des pieds de fillette. Il ne fut donc pas étonnant que les deux demoiselles se prissent vite d'amitié l'une pour l'autre. Berthe était si enchantée de sa nouvelle amie qu'elle proposa d'en faire sa suivante, et de l'emmener avec elle en France.

Lorsque tout le monde arriva à Paris, la princesse hongroise était si lasse de son long voyage qu'elle fit cette proposition à sa nouvelle amie

«Chère Alista, je t'en prie, remplace-moi ce soir. Que l'on te présente au roi à ma place. Cela ne durera pas longtemps, et de toute façon les gens n'y verront rien. Nous nous ressemblons tellement! »

Alista accepta très volontiers : elle se revêtit de l'une des plus belles robes de la princesse hongroise et se rendit à la salle de réception pour la cérémonie de la présentation. Seulement, cela lui plut très fort de se trouver ainsi auprès du roi! Alors elle décida de remplacer sa maîtresse pour toujours.

Alista paya - très cher - deux serviteurs, qui enlevèrent Berthe et l'emmenèrent en secret dans la forêt la plus profonde. Là, ils avaient ordre de la tuer. Mais ils n'en eurent pas le coeur, ils hésitèrent devant tant de beauté. Ils l'abandonnèrent donc à son sort, et s'en retournèrent à Paris. La pauvre Berthe erra longtemps dans la forêt obscure, elle se déchirait les jambes dans les fourrés épineux, dormait à même le sol nu et se nourrissait de fraises et de framboises. Jusqu'à ce qu'un jour, elle débouchât en une prairie où elle vit une petite chaumière. C'était là que vivait le charbonnier Simon, avec sa femme et ses deux filles. Berthe vécut neuf ans et demi dans la cabane du charbonnier, et jamais elle ne trahit sa véritable identité.

La reine de Hongrie Blanchefleur n'oubliait pas sa fille. Dès qu'elle en avait l'occasion, elle envoyait des messages en terre de France, et était fortement inquiète de ne recevoir de sa fille que de très brèves informations. On peut comprendre qu'Alista n'adressait à la cour de Hongrie que des mots très prudents. Aussi, quand la reine de Hongrie invita sa fille à venir la voir en son pays, Alista lui répondit qu'elle ne pouvait faire le voyage, étant malade. Cela décida la reine de Hongrie

«Je vais aller voir Berthe en France! »

Ce fut en vain que le roi son époux tenta de la dissuader d'entreprendre un si long et si pénible voyage.

«Si Berthe a supporté ce voyage, je le supporterai bien aussi, moi!»

déclara-t-elle. Et elle se mit en route.

En apprenant cela, Alista eut grand-peur. Elle se mit vite au lit, en se déclarant malade. Ce fut ainsi que la reine de Hongrie trouva celle qu'elle croyait être sa fille, au lit dans une chambre obscure, aux rideaux tirés.

La reine se jeta sur la fausse Berthe dans son lit, et se mit à caresser sa fille comme un bébé. Ce fut alors qu'elle remarqua que celle qui était dans le lit avait bien le même visage que Berthe, mais avait des petits pieds : tous deux semblables.

«Tu n'es pas ma fille!»

s'exclama la reine. Et elle se hâta d'aller raconter au roi cette nouvelle stupéfiante.

Le roi Pépin le Bref se fâcha très fort. Il fit venir Alista devant lui, et elle, tout en pleurs, avoua tout. Ensuite le roi entendit les deux serviteurs qui avaient été chargés de l'horrible besogne, et eux aussi confessèrent tout. Ils menèrent le roi jusqu'à l'endroit de la forêt où ils avaient abandonné la malheureuse princesse hongroise.

Le roi fit rechercher Berthe, et il chercha lui même, dans toutes les directions. Il commençait à se faire à l'idée qu'elle avait dû périr dans la forêt, quand il parvint lui aussi à la chaumière du charbonnier. Là, devant la maisonnette, il vit une très belle jeune femme qui rapportait une cruche d'eau de la fontaine. Et il remarqua aussi queBerthe au grand pied l'un de ses pieds était chaussé d'un très grand sabot.

Pépin l'interpella

«Dites-moi qui vous êtes! Vous devez me suivre, je suis le roi de France!»

Berthe, effrayée, répondit

«Ah, Sire, ne me faites pas de mal! Je suis la reine de France, la fille du roi de Hongrie, l'épouse de Pépin!»

«Et Pépin, c'est moi!»

s'exclama le roi, tout heureux. Et il prit Berthe sur son cheval. Tout se termina très bien. Le roi fut miséricordieux, car Berthe au grand pied et aussi au grand coeur, plaida en faveur de tous. Sauf d'Alista, qui fut honteusement chassée de Paris. Les deux serviteurs reçurent une bonne volée de coups de bâton, mais ensuite le roi les récompensa richement parce qu'ils n'avaient pas tué Berthe, comme ils en avaient reçu l'ordre. Le charbonnier Simon, qui ne parvenait pas à croire qu'il avait hébergé chez lui durant dix ans la reine de France, fut élevé au rang de chevalier, et reçut comme armoiries une fleur d'or sur champ d'azur.
La reine de Hongrie pleurait, puis riait, et se réjouissait fort de n'avoir pas écouté les conseils de son époux, qui ne voulait pas la laisser aller en France. Qui sait comment tout cela aurait fini, si elle ne s'était pas décidée à ce voyage!

«Mais si vous n'aviez pas retrouvé Berthe»,

disait-elle au roi Pépin,

«je vous jure que de mes propres mains je vous aurais raccourci d'une tête!»

Peu de temps après les retrouvailles, on célébra de façon grandiose, pour la deuxième fois, le mariage de Pépin le Bref, mais cette fois avec la véritable Berthe, fille du roi de Hongrie. Et les époux royaux vécurent ensemble de longues années heureuses, et ils régnèrent avec une grande sagesse sur le doux pays de France.

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``Etre contestée! Cest etre constatée``
Mumia
Et les contes se succédaient et les orateurs se succédaient. Il écoutait chacune des histoire, tantôt souriant, tantôt riant. Il veillait à ce que chacun voit son verre toujours plein.
Il était vraiment content de voir la réussite de cette soirée. Un peu de l'esprit breton l'avait accompagné jusqu'à ces contrées reculées où l'hiver était rude. Si la température extérieure était froide, à l'intérieur l'ambiance était chaleureuse et Mumia avait chaud au cœur.

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