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[RP] Du rouet et du couperet ~ Au Matefaim

Clkikoz
Plus ivre d’espérances déçues que d’alcool, harassée par le poids de la solitude, CLkikoz s’effondre en pleurs sur sa couche. Entre deux sanglots, un murmure de prières s’élève vers le Tout-Puissant.

Peu à peu la fatigue l’emporte, la jeune femme ne ressemble plus qu’à une boule de souffrance, sa respiration s’entrecoupe de soubresauts, sa main agrippe le drap rêche et froid.

Un champ de coquelicots... un homme étendu, le sourire aux lèvres relevant sa moustache...elle l’observe, le reconnaît, son cœur s’accélère...sa main se détend sur le drap... il est là, si proche, si serein...

Un arc-en-ciel lui sert de couverture...

Une femme en descend et s’approche... Toute vêtue de rouge, elle se confond avec les coquelicots... D’une voix vigoureuse elle se présente :

Bonjour bel ami ! Je suis Vivacité !

Elle entame une danse, tournoyant sur elle-même...

Apparait alors une autre beauté dans une robe d’un orange chatoyant... Tendrement, elle se penche sur le jeune homme qui ouvre les yeux. Elle lui murmure langoureusement :

Mon Doux-Ami, je suis Intimité...

et lui dépose tendrement un baiser sur les lèvres.

Le bonheur se lit sur le visage de l’homme... Le jaune de l’arc-en-ciel s’incarne à son tour, laissant place à une merveille qui vient enlacer le bienheureux :

Bien-Aimé, je serai pour toi Eternité... lui chuchota-t-elle entre deux caresses...

La main sur le drap se perd en doux va-et-vient pleins de tendresse... Pour aussitôt se refermer en un point rageur...

Du ciel une forme verte parée de colliers de vipères s’abat sur le pré, un rire machiavélique fuse :

Médisance pour vous détruire !!!

Immédiatement une vieille, enserrée dans des haillons bleu nuit se précipite, arrachant Eternité des bras du brave innocent, accompagnant son geste de paroles venues d’outre-tombe :

Place garce ! Cet homme est mien maintenant ! Ombre ne le laissera pas ! Il lui appartiendra !!!

Un ricanement persifleur retentit de la gorge putride de la troisième mégère dégringolée des nues dans un fatras de chiffons indigo :

Aaahh !! aaahhh !! aaahhh !!!! Toi le jeunot !!! tu mourras !!! Raillerie te le dis !!! à trépas tu iras !!!

La nuit recouvre brusquement le champ de coquelicots, Une dernière forme fantomatique au linceul violet se glisse contre le cœur de l’homme. Un bras se lève... un poignard surgit ... Un grondement lugubre retentit :

A moi, mon gars, Traitrise t’emportera vers les rives de l’au-delà...

La bataille s’engage, Vivacité, Intimité, Eternité accrochent le jeune homme tiraillé par Médisance, Ombre, Raillerie et Traitrise...

Ecartelé il geint, des perles de diamant roulent sur ses joues... Les femmes lâchent prise et s’évaporent vers les cieux détachant leurs initiales sur un ciel de feu....


Un hurlement retentit dans sur la place :

NNNNNNNNNNOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!!!

La bouchère se réveille en nage, le visage trempé des pleurs que lui arrachent ces cauchemars de plus en plus nombreux....
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---fromFRMarieDouce
[Échoppe Du Couperet]

Alors qu’elle se dirigeait vers sa demeure, MarieDouce, tenant dans ses bras une Majda sur le point de s’endormir, entendit un hurlement retentir, sortant de chez sa voisine et amie CLkikoz.
CLkikoz a écrit:
NNNNNNNNNNOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!!!

Ne faisant ni un, ni deux, la jeune femme resserra son étreinte sur sa fille puis poussa la porte de l’échoppe de la bouchère. Craignant qu’elle se fut blessée en décapitant un quelconque morceau de carcasse de cochon ou de vache, MarieDouce la chercha du regard dans la boucherie. Non, elle n’y était pas…

Grimpant l’escalier le plus rapidement qu’elle pouvait, elle découvrit son amie en pleurs, allongée sur son lit. Posant doucement sa fille aux côtés de CLkikoz, MarieDouce lui prit la main.


« Mon amie, que vous arrive-t-il ? Vous ne semblez pas bien !!! » lui dit-elle, tout en lui tapotant la main d’un geste qu’elle voulait tout de même rassurant.

Pendant ce temps, Majda assise près de sa marraine, menton tremblotant, sur le bord de se mettre à hurler, regardait les deux femmes, tour à tour …

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( Signature en construction ... )
Clkikoz
CLkikoz surprise par la présence de son amie se demandait comment elle était arrivée là... et Majda aussi...

Dans un sanglot elle les salua :


Bon... jour... mon amie... et vous.... ma fill... filleu... filleule...

Elle se redressa, essuya son visage qu’elle sentait tout humide et prit sa tête entre ses mains, jetant un regard hagard tout autour d’elle.

Pardonnez-moi, j’ai dû m’endormir... Majda... vous me l’aviez laissée...

Son visage inquiet laissait paraître la bataille intérieure qu’elle livrait pour se souvenir.

Oh MarieDouce, serai-je inconsciente au point de l’avoir laissée seule pour me reposer ?

Le rouge lui montait aux joues, elle se sentait coupable mais quelque chose, une image violente, du feu, un homme, des femmes... passaient devant ses yeux... son corps se mit à trembler...elle avait froid, un froid étrange coulait en ses veines.

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---fromFRMarieDouce
Propos incohérents, discours décousu ...

MarieDouce écoutait son amie qui semblait prise d'un soudain délire dont elle ne comprenait pas le sens.

« Allons-allons, calmez-vous mon amie ! Ne vous inquiétez pas, Majda n'était pas avec vous. Nous revenions chez-nous lorsque je vous ai entendu crier. J'ai accouru, craignant une quelconque blessure à votre couperet. Je me souviens, il n'y a pas si longtemps, j'étais venue vous accueillir à la sortie de l'Hospice suite à une entaille que vous vous étiez faite à la jambe ...»

MarieDouce s'inquiétait de plus en plus. CLkikoz semblait désespérée, perdue, troublée. Jamais elle n'avait vu son amie dans un état aussi lamentable. Ne trouvant de justes mots pour l'apaiser, elle ne put que lui suggérer qu'un seul conseil.


« Douce amie, pourquoi n'iriez-vous pas vous reposer au couvent? En ses murs, vous pourriez y retrouver une certaine paix. Vous semblez épuisée mon amie. Je crains pour vous, pour votre santé et pour votre moral ...» lui suggéra-t-elle.

Tout en surveillant sa fille du coin de l’œil, MarieDouce vit que finalement, Majda détournait son attention des deux femmes. Elle venait de découvrir la petite croix qu'elle portait à son cou et tentait de faire passer la chaînette par-dessus sa tête ...

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Clkikoz
Avec un effort démesuré, CLkikoz posa un pied au sol et attrapa un châle dans lequel elle s’enveloppa.

Doucement, elle vint déposer un baiser sur le front de Majda et s’assit sur le bord du lit, regardant son amie qu’elle avait effrayée par un cri.

Elle se souvenait maintenant, ce même cri l’avait réveillée en sursaut. C’était donc elle qui avait hurlé...


Merci mon amie de vous soucier pour moi, mais je vais bien, ce n’était qu’un cauchemar, un horrible cauchemar dans lequel Mitani se trouvait pris entre la vie et la mort... Je n’ai pas supporté.

Ces rêves affreux sont de plus en plus nombreux.

Un instant elle fit silence, se remémorant les scènes diaboliques de la nuit. Un nouveau frisson, un nouveau soupir...rapidement, elle passa sa main devant ses yeux, chassant les images qui y défilaient. Au loin et pourtant si proche d’elle, elle entendait la voix rassurante de MarieDouce. Il lui fallut un instant pour en comprendre le sens.

Ah... le couvent, oui, le couvent, le monastère, le couvent... sans doute doit-on y être bien pour ne pas en revenir...
Je ne sais pas mon amie, j’ai fait un long séjour déjà à Chalon, mes prières ont semblé si vaines que je me demande si je ne dois pas agir plutôt que d’attendre un signe...

Je verrai mon amie, je verrai...

Voulant rasséréner son amie, elle esquissa un sourire.

C’est gentil d’être venu, merci....
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---fromFRMarieDouce
À peine rassurée, MarieDouce observait son amie se lever, se pencher sur sa fille. Elle s’était enroulée dans un châle comme si le temps s’était rafraîchi. Pourtant, en cette saison, malgré l’heure matinale, l’air y était doux et tiède.

Non, CLkikoz n’allait pas aussi bien qu’elle le laissait supposer. MarieDouce connaissait assez bien son amie, alors, elle ne lui posa aucune question. Il en avait toujours été ainsi entre elles. Jamais elles ne se questionnaient l’une l’autre. Elles savaient qu’elles pouvaient toujours compter l’une sur l’autre en cas de besoin.

Mais lorsque CLkikoz évoqua le nom de son Tendre-Aimé Mitani, dont l’absence et le silence la faisaient cruellement souffrir, MarieDouce prit peur et ne pu se retenir.


« CLkikoz ? Dites-moi, vous n’envisagez tout de même pas rejoindre votre bien-aimé et vous laisser … vous laisser … ?? !!!» lança-t-elle, laissant en suspens le reste de sa question.

Un sentiment d’accablement s’abattit sur MarieDouce lorsque CLkikoz dit …


… que je me demande si je ne dois pas agir plutôt que d’attendre un signe...

« Mon amie ? Que puis-je faire pour vous aider, dites-le-moi, je vous en prie ! » demanda MarieDouce qui, en même temps, déliait un à un les petits doigts de sa fille qui tenait fermement sa petite croix et qui tirait de toutes ses forces ...
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Clkikoz
Son inquiétude semblait contagieuse, tout comme sa kikozite... Elle ne voulait pas faire peur à son amie et lorsqu’elle l’entendit lui poser la question sur ce qu’elle allait faire, elle savait de quoi voulait parler MarieDouce. Elles se connaissaient si bien toutes les deux.

Doucement, elle posa sa main sur le bras de son amie et la rassura :

Non, mon amie, non... je dois vivre... s’il revient je veux pouvoir lui sourire... vous savez bien que je tiens à lui, mais je suis si inquiète de n’avoir pas eu de ses nouvelles... Je crains que les moines ne lui aient pas remis la réponse à la question qu’il me posait : « Dois-je vivre ? »

Le simple fait de parler de lui la réchauffa... elle s’approcha de la fenêtre et le regard perdu sur la petite place poursuivit :

Quand je suis rentrée, ma réponse était chez lui, j’espérais qu’il l’eut trouvée avant mon retour... Hélas, il n’est pas sorti du monastère... J’ai donc fait porter ce courrier là où il avait pris retraite... Mais le coursier n’est pas revenu... et l’échoppe est encore fermée...

Elle se retourna, le visage éclairé par une idée :

Mon amie, je vais partir... je le trouverai... où qu’il soit... Je vais vous priver des services d’Estela et lui demander de m’accompagner. Elle m’aidera, je suis si fatiguée, mais je dois le retrouver, lui parler...

Soudain un nouveau voile de tristesse traversa son regard.

... s’il n’est pas trop tard...

Après un silence, elle ajouta :

Je vous demanderai de surveiller la boucherie, et... et son échoppe. Si jamais nos chemins se croisent, dites-lui que je reviendrai... que je lui suis fidèle... que... je n’aime que lui...

A nouveau son regard s’illuminait de l’espérance qui ne l’avait jamais abandonnée vraiment.

Vous pourrez passer de temps en temps, je vous prie ?
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---fromFRMarieDouce
Laissant s'échapper un petit soupir de soulagement, MarieDouce fut heureuse de voir que son amie n'avait pas l'intention de se laisser mourir. Laissant CLkikoz parler et ainsi en connaître un peu plus sur ses intentions, MarieDouce reprit doucement la parole.

« Je crois bien que vous avez raison concernant les moines. Et puis, vous savez les coursiers ne sont pas aussi fiables qu'on le prétend ... Estela... Si elle doit partir avec vous, et bien, je me retrouverai bien seule mais bon, je comprends que vous ayez besoin d'elle à vos côtés.»

MarieDouce était heureuse que son amie reprenne espoir mais tout en comprenant le besoin de son amie de partir à la recherche de son Tendre-Aimé, se sentait déjà bien seule. S'approchant de CLkikoz, MarieDouce se fit rassurante.

« Inquiètez-vous pas mon amie. Je passerai régulièrement visiter votre échoppe ainsi que celle de Mitani. Et si, par bonheur, il réapparaît, je lui transmettrai votre message. Je lui rappellerai que vous l'aimez et n'attendez qu'un signe de sa part. Je tâcherai de le retenir afin qu'il puisse attendre votre retour. »

Voyant que son amie avait repris courage, MarieDouce souleva sa fille, la posa contre sa hanche puis se dirigea vers la porte.

« Mon amie, je vais retourner chez-moi et coucher cette petite peste ... Je crois qu'elle a besoin d'un peu de repos. Elle a passé la dernière nuit chez Esteta pendant que j'aidais Enduril à mettre au monde son 3e enfant. Allez courage mon amie et passez nous voir avant votre départ »

La jeune femme s'approcha puis posa sa main libre sur l'épaule de CLkikoz.
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Clkikoz
Oh ! Combien son amie lui faisait du bien. La jeune éplorée se sentait mieux et avait toute confiance en ce projet qui lui paraissait le meilleur, mais aussi en son amie qui savait toujours trouver les mots pour réconforter, pour calmer, pour espérer...

Gentiment elle lui sourit et la remercia :


Merci MarieDouce, je sais que je peux compter sur vous en toutes circonstances... et je suis désolée pour Estela, mais sincèrement, je ne me sens pas la force de partir seule. Vous savez combien cette petite m’est chère et dévouée...

Regarder Majda sur la hanche de sa mère lui décocha un tendre sourire, empreint de la douce envie de pouvoir un jour, elle aussi offrir un tel reposoir à un fruit de l’amour aussi beau que la petite Shaggash.

Mais aux paroles MarieDouce, cette belle image s’effaça brusquement.

Mon amie ! je vous en conjure, jamais plus n’appelez votre fille ainsi... Vous ne savez que trop ce que la peste, ce fléau est venu faire dans ma vie, alors, je vous en supplie, ne donnez plus jamais à votre fille ce nom porteur de tant de malheurs...

Elle posa sa main sur celle de son amie qui tenait amicalement son épaule et plongea un regard taciturne dans les yeux de la jeune mère :

Promettez-moi MarieDouce, promettez-moi, je vous prie...
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---fromFRMarieDouce
À peine le funestre mot prononcé, MarieDouce le regretta amèrement. Si elle pouvait apprendre à réfléchir à ses paroles avant de les lancer ainsi ! Secouant la tête, elle regarda tristement son amie.

« Je suis désolée, c'était vraiment pas intentionnel de ma part. Je vous prie de m'excuser... »

Au regard implorant que lui jeta Clkikoz, la jeune mère baissa la tête, honteuse puis quelques instant plus tard, la releva, doucement.

« CLkikoz ? Je suis vraiment navrée, veuillez me pardonner. .. Je vous promets de ne plus jamais, ô grand jamais-, de n'utiliser ce mot à mauvais escient.»

Se sentant vraiment mal à l'aise, la jeune femme retira doucement sa main de sous celle de son amie puis prit congé.

« Je vais vous laisser mon amie. Majda est fatiguée et je crois que je le suis également. Bon courage dans votre quête et puisse Aristote éclairer votre chemin et guider vos pas jusqu'à votre bien-aimé.»

MarieDouce laissa donc Clkikoz à ses préparatifs puis sortit de la boucherie pour aller coucher sa fille qui était plus que fatiguée ...
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Clkikoz
CLkikoz remise du choc qu’avait produit cette expression "petite peste" qui se voulait tendre, sourit à la promesse de MarieDouce :

Vous êtes toute pardonnée mon amie, mais votre fille mérite beaucoup mieux que ce surnom... Un petit papillon, vous vous souvenez... c’était tellement mignon.

La bouchère déposa un baiser sur la joue potelée de sa filleule.

Allez vous reposer toutes les deux, je ne sais pas si j’aurais le temps de passer vous dire au-revoir, je dois avertir Estela, fermer les bureaux et mettre une annonce.
Et je suis si pressée de commencer ma quête, comment n’y ai-je pas pensé avant ?

Elle soupira et raccompagna son amie et sa filleule jusque sur la place, refermant son châle sur ses épaules pour plus de décence.

A bientôt mon amie, prenez soin de vous et de votre famille...

Aussitôt son amie sortie, elle s’installa pour rédiger son annonce, enfila une robe, saisit un bout de brioche et sortit en direction du tableau d’affichage.
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Clkikoz
Estela n’avait pas été longue à préparer son baluchon : quelques frusques, un beau morceau de pain et un grimoire pour les pauses. Elle avait approché le plaisir de la lecture dans le silence que lui imposait celui de sa voix.

Alors qu’elle arrivait "Au Couperet", la bouchère confectionnait une pancarte à accrocher sur la porte de l’échoppe.

Sitôt rédigée, CLkikoz lui demanda de l’accrocher bien visible sur la porte. Estela s’éxécuta et vérifia que l’affiche était visible depuis la place. Elle indiquait :


Citation:

La boucherie « Au Couperet » sera fermé jusqu’au retour de sa propriétaire CLkikoz
Merci de votre compréhension.



Elles fermèrent les jalousies, la porte et se rendirent à l’Oranger vérifier le plein des cuisines. Estela voyant la grande fatigue de la médiatrice lui prit son balluchon et silencieusement elles se dirigèrent vers la sortie de la ville.
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---fromFRMarieDouce
Revenant du Cercle des pouilleux, MarieDouce revenait chez-elle lorsqu'elle remarqua les fines herbes et plantes qui commençaient à se flétrir devant l'échoppe de son amie Clkikoz.

« Flûte de zut !!! J'allais oublier !!!» dit-elle

Puisant de l'eau fraîche à la fontaine, elle revint arroser les plantes de son amie. Poussant la porte " Du Couperet", elle entreprit d'ouvrir les volets des fenêtres. Restant dans l'échoppe près d'une heure, MarieDouce referma les fenêtres lorsque la pièce fut aérée.

Il règnait un tel silence en ces lieux que l'absence de son amie se fit cruellement ressentir.

Elle ressortit de chez CLkikoz, refermant tout doucement la porte derrière elle. Alors que MarieDouce se dirigeait vers sa demeure, une idée lui vint ...

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Clkikoz
Marcher, prier, marcher, quémander des nouvelles... dormir si peu et si mal... CLkikoz avait cherché en vain son Amour retiré quelque part... De guerre lasse, elle avait décidé de rentrer chez elle.

Plus elle approchait de la petite place, plus un secret espoir tentait de percer.

Il fallait qu’elle en parle. Estela l’avait écoutée tout le temps de leur recherche, sans jamais montrer de signes de faiblesse, sans jamais émettre le moindre doute. Cette petite copiste avait su apporter tout son soutien à la médiatrice. Et encore aujourd’hui, elle était présente, le sourire réconfortant, le regard clair et les gestes mesurés, apportant réconfort dans le plus grand respect.

CLkikoz s’arrêta et se tourna vers la jeune muette :


Si jamais il était là ? S’il était rentré ?

Estela ne comprenait pas cet acharnement qui durait depuis l’époque où la peste avait frappé dans le village, mais elle se contenta d’un soupir contenu.

Elles traversèrent la place le regard rivé sur l’échoppe du tisserand. Tout était fermé... L’espoir reprit sa place enfoui au plus profond de leur cœur.

Remarquant que les plantes n’avaient pas souffert de la sècheresse, CLkikoz eut une pensée émue pour son amie MarieDouce. Elle était venue comme elle le lui avait promis. Cette femme est la bonté même...

Un coup d’œil au colombier, les pigeons étaient tous là, mais sans message.

La vie devait reprendre son cours. CLkikoz ouvrit l’échoppe et envoya Estela au bureau du médiateur afin de commencer à classer les documents qui devaient attendre sur le bureau :


Allez Estela, je pense que nous avons toutes deux à faire. Je vous laisse commencer à ranger au bureau et je vais passer les commandes, le couperet va à nouveau reprendre du service...

Un regard alentour, un soupir... CLkikoz jeta sa besace dans un coin et regarda s’éloigner Estela. Un frisson lui parcourut l’échine, le couperet, oui, mais le rouet... Quelque chose lui faisait penser que jamais plus elle ne l’entendrait et une larme glissa mollement sur sa joue. Elle ne prit pas la peine de l’essuyer, elle avait tellement l’habitude maintenant que ses yeux se noient qu’elle n’y prêtait plus attention.

Elle regagna sa pièce à vivre au-dessus de son échoppe et se laissa tomber sur sa couche, le regard perdu dans le vague de ses souvenirs.

Elle resta longtemps à retracer le parcours qui l’avait menée jusqu’à la demande en mariage que lui avait faite Mitani en ce jour merveilleux où elle avait reçu le baptême et puis tous ces obstacles qu’ils avaient traversés... la peste, les disputes qui se terminaient toujours par de douces réconciliations et enfin ce besoin impérieux qu’il avait eu de se retirer au monastère.

Les doutes qu’elle avait eus, les espoirs qu’elle avait nourris, tout défilait dans sa mémoire... Quatre-vingt jours bientôt qu’elle ne l’avait pas vu... Mais ses traits restaient gravés, jamais elle ne pourrait l’oublier... si seulement elle avait pu avoir un mot sur ce qu’il devenait... mais rien, personne ne savait où il se trouvait, ou personne n’osait le lui avouer...

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Clkikoz
Le travail avait repris... le couperet s’activait, les marmites chauffaient un bon ragout pour la taverne où CLkikoz continuait à donner des conseils...

Le rouet était toujours silencieux... Aucune nouvelle...

Aucune, hormis cette étrange pensée de Dame Proxima que la bouchère était allé voir quelques fois, afin de se faire inscrire sur le Boulassomètre.

L’étrange femme lui avait dit, après l’avoir fixée de son regard d’azur :

"Dans un cœur troublé par le souvenir, il n'y a pas de place pour l'espérance. L'instant est béni. Tout le reste est souvenir."

Ces quelques mots tournaient dans la tête de la bouchère.
Cela faisait le temps d’une saison que son prétendant s’était éloigné pour le monastère. Il n’avait donné qu’un seul signe de vie et des plus funestes : il appelait la mort... et depuis, rien... pas une colombe, pas un messager, pas un passage au village...

Lors de sa quête, elle n’avait trouvé personne pour la rassurer, ou au contraire achever ses espérances...

Disparition...
      Déception...
          Appréhension...
                Résignation...

Elle en était là ! Résignée à ne plus savoir, à ne plus le voir, à n’avoir plus d’espoir...

Et ces mots de la Boulassienne tournaient, virevoltaient, s’entrechoquaient dans sa tête...

"Dans un cœur troublé par le souvenir, il n'y a pas de place pour l'espérance. L'instant est béni. Tout le reste est souvenir."

Son cœur était troublé... troublé par les souvenirs, et l’avenir lui avait paru si sombre que jamais elle ne le regardait... L’espérance s’était noyée dans son chagrin, enfouie au plus profond de son cœur brisé par l’épreuve... Les espoirs avaient pris une couleur noire au fond des chopes dont il lui arrivait d’abuser pour oublier que le malheur avait frappé à sa porte un soir de mai... alors qu’il y a un an, un soir de mai aussi, c’était le bonheur qui s’était présenté.

Comme la vie lui paraissait étrange, tout comme cette Dame Proxima...

"L’instant est béni..."

Jamais plus elle ne regardait l’instant, cette femme avait raison... Ses amis, les voyait-elle encore ?
Oh ! bien sûr elle parlait avec eux, leur servait un verre de temps en temps, les savait là... mais profitait-elle de ces instants ?
Trop de souvenirs la hantaient encore...

Seule cette contrainte de voyage qu’elle avait promis vers la Savoie la maintenait dans l’action afin que lors de son départ, les habitués de la taverne y retrouvent la chaleur et les bons petits plats qu’elle y dispensait.

Dame Proxima avait vu juste, il fallait laisser au souvenir la place qui lui revenait et ne pas lui permettre de tout envahir.
Prier ne lui avait pas rendu son Bien-Aimé, cela lui avait juste pris du temps, permis une parenthèse dans le souvenir qui dès qu’il le pouvait venait l’étouffer.

CLkikoz se leva, et alla ouvrir la fenêtre qui donnait sur la petite place.

"L’instant est béni ..."

Le tilleul magnifique accueillait des oiseaux, un peu plus au-delà les clients entraient et sortaient de l’Oranger.

Elle prit un grand bol d’air et chercha encore cette bénédiction de l’instant.

La fontaine ne s’était pas tarie malgré la chaleur estivale. Une douce senteur de plantes aromatiques venait chatouiller ses narines. Il y avait aussi cette délicieuse odeur de brioche que son amie cuisait.

La jeune bouchère croisant ses bras, ramena ses mains sur ses épaules, sentit ses muscles se détendre par la douce pression qu’elle y exerçait.

Ses yeux s’ouvraient peu à peu sur un nouveau monde lui semblait-il.

Au loin, des voix lui parvenaient du marché, jamais elle ne les avait entendues aussi bien.
Un cheval s’engagea sur la place. Reconnaissant un de ses amis, elle se mit à sourire, lui fit un signe de la main et brusquement, décidée à bénir l’instant comme le lui avait laissé entendre Dame Proxima, elle referma la fenêtre et se mit à fouiller dans ses tissus.

Un beau coupon vert émeraude lui paraissait tout à fait bien. Elle sortit ciseaux, fil et aiguille et commença à réaliser une nouvelle robe.

Ce faisant, elle mit un air sur les paroles que ce troubadour de passage lui avait écrites, laissant de côté la complainte qui ne l’avait pas quittée depuis des jours et des jours...

Depuis la petite place, on pouvait entendre un chant mélodieux parlant de Rossignol et de Rosier...

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